Maurice d'Agaune

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Saint Érasme et saint Maurice (à droite en armure), huile sur bois de Matthias Grünewald, c 1520-1524.

Maurice d'Agaune ou saint Maurice et ses compagnons coptes venus de Thèbes (soldats thébains), martyrs du Valais, sont des personnages légendaires morts pour leur foi vers la fin du IIIe siècle. La légende d'Agaune est née de l'invention de corps de martyrs, de la tradition de saint Maurice d'Apamée importée peut-être par le moine Jean Cassien, et du souvenir encore vivant de la legio felix[1].

Saint Maurice est fêté le 22 septembre[2] ou parfois le 27 décembre par confusion avec Maurice d'Apamée.

Selon une tradition légendaire, après la mort de Longin, la Sainte Lance aurait été transférée en Égypte, atteignant avant l'an 286 Thèbes, où saint Maurice l'aurait redécouverte. À la disparition de Maurice, la relique serait tombée dans les mains des empereurs romains païens qui ne lui accordent aucune attention jusqu'à ce que l'empereur Constantin converti au christianisme marque l'étendue de sa nouvelle Rome, Constantinople, en traçant ses limites avec la pointe de la lance. La lance devient ainsi un symbole de pouvoir dans le Saint Empire[3].

Les soldats de la légion thébaine reçurent l’ordre de tuer[4] tous les habitants près d'Octodure (Martigny) au nord des Alpes, qui avaient été convertis au christianisme par saint Materne. Le refus de saint Maurice et celui de sa légion d'obéir à cet ordre a été la cause d'un célèbre martyre, le massacre de la légion thébaine.

Les modèles chrétiens de Zabulon et Nephtali existent encore près de Sion en Suisse.Modèle:Langue compréhensible

Saint Sigismond, Burgonde, est le premier roi-saint chrétien au nord des Alpes. Il fonde un monastère qu'il dote puis, le 22 septembre 515, y inaugure la louange perpétuelle de saint Maurice. Dans les siècles qui suivirent la noblesse du royaume de Bourgogne (actuellement : Suisse Romande, Franche-Comté, Lyonnais, Savoie, Dauphiné, Provence) mais aussi du Saint Empire (depuis Henri IV) vouèrent un véritable culte à saint Maurice[4].

Le récit d'Eucher

Le martyre de saint Maurice, tableau maniériste représentant le saint barbu[5] Le Greco, 1580.

« Il y avait à cette époque une légion de soldats, de 6 500 hommes, qu'on appelait les Thébains. Ces guerriers, valeureux au combat, mais plus valeureux encore dans leur foi, étaient arrivés des provinces orientales pour venir en aide à Maximien. Comme bien d'autres soldats, ils reçurent l'ordre d'arrêter des chrétiens. Ils furent toutefois les seuls qui osèrent refuser d'obéir. Lorsque cela fut rapporté à Maximien, qui se trouvait alors dans la région d'Octodurum (Martigny aujourd'hui), il entra dans une terrible colère. Il donna l'ordre de passer au fil de l'épée un homme sur dix de la légion, afin d'inculquer aux autres le respect de ses ordres.

Les survivants, contraints de poursuivre la persécution des chrétiens, persistèrent dans leur refus. Maximien entra dans une colère plus grande encore et fit à nouveau exécuter un homme sur dix. Ceux qui restaient devaient encore accomplir l'odieux travail de persécution. Mais les soldats s'encouragèrent mutuellement à demeurer inflexibles. Celui qui incitait le plus à rester fidèle à sa foi, c'était saint Maurice qui, d'après la tradition, commandait la légion. Secondé par deux officiers, Exupère et Candide, il encourageait chacun de ses exhortations. Maximien comprit que leur cœur resterait fermement attaché à la foi du Christ, il abandonna tout espoir de les faire changer d'avis. Il donna alors l'ordre de les exécuter tous. Ainsi furent-ils tous ensemble passés au fil de l'épée. Ils déposèrent les armes sans discussion ni résistance, se livrèrent aux persécuteurs et tendirent le cou aux bourreaux. »

Iconographie

Saint Maurice (détail) par Matthias Grünewald

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Patronage

Saint Maurice est le saint patron du duché de Savoie[8], du Saint Empire romain germanique[4], des chasseurs alpins, des gardes suisses, des teinturiers et des malades de la goutte[9], ainsi que de nombreuses unités de l’armée française : il est ainsi le saint patron de l'infanterie et de la guilde des Têtes noires.

Devenu depuis le XIe siècle un saint pas seulement militaire mais essentiellement impérial et germanique, pas moins de 700 églises lui sont dédiées[10], telle à Angers, la cathédrale du diocèse.

Notes et références

  1. Albert Dufourcq, Françoise Monfrin, Etude sur les Gesta martyrum romains, De Boccard, , p. 26.
  2. Date de l'inauguration, le 22 septembre 1515, de l'abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune.
  3. (en) Jerry E. Smith, George Piccard, Secrets of the Holy Lance, Adventures Unlimited Press, , p. 105
  4. a b et c http://www.digi-archives.org/pages/besancon/besancon2009.html
  5. Au premier plan, un tronc d'arbre coupé symbolise leur future mort. À côté rampe un serpent près d'une roche grise sur laquelle se détache un papier blanc avec le nom de l'artiste inscrit en grec dessus. Maurice vêtu de bleu et de pourpre, entouré de ses compagnons et de son page lui tenant son casque, attend le martyr avec résignation. En arrière-plan, les soldats de la légion thébaine qui serpentent en procession. El Greco ne peint pas la scène en Suisse, mais dans la province de Tolède avec ses « cigarrales » (grandes maisons de campagnes sur les collines, entourées d'arbres fruitiers).
  6. Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien, Presses universitaires de France, , p. 937
  7. Edouard Aubert, Trésor de l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune décrit et dessiné, A. Morel, , p. 161
  8. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1965_num_6_7_937
  9. Le Petit livre des saints - Rosa Giorgi - Larousse - 2006 - (ISBN 2-03-582665-9)
  10. (de) G. Suckale Redlefsen, Mauritius : der heilige mohr, Menil Foundation, , p. 35

Voir aussi

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Bibliographie

  • Jean Prieur et Hyacinthe Vulliez, Saints et saintes de Savoie, La Fontaine de Siloé, , 191 p. (ISBN 978-2-8420-6465-5).
  • Louis Dupraz, Les Passions de S. Maurice d'Agaune : essai sur l'historicité de la tradition et contribution à l'étude de l'armée pré-dioclétienne (260-286) et des canonisations tardives de la fin du IVe siècle (« Studia Friburgensia », 27), Fribourg, Éditions universitaires, 1961.

Articles connexes