Albert Londres

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Albert Londres
Image illustrative de l’article Albert Londres
Albert Londres en 1923.

Naissance
Vichy, Allier
Décès (à 47 ans)
À bord du Georges Philippar, au large du protectorat d'Aden (auj. Yémen), océan Indien
Nationalité Drapeau de la France France
Profession Journaliste, écrivain
Spécialité Reportage, journalisme d'enquête
Médias actuels
Média Presse écrite
Historique
Presse écrite Le Salut Public, Le Matin, Le Petit Journal, Excelsior, Le Quotidien, Le Petit Parisien, Le Journal

Albert Londres, né le à Vichy et mort le dans l'océan Indien, est un journaliste et écrivain français.

Cette maxime d’Albert Londres résume l’idéal de ce professionnel de l’information qui reste une référence pour de nombreux journalistes français :

« Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie[1]. »

Depuis 1933, le prix Albert-Londres récompense les meilleurs journalistes francophones.

Famille

Maison natale d'Albert Londres à Vichy.

Albert Londres naît le premier novembre 1884 à Vichy. Il était le fils de Jean-Marie Londres, chaudronnier, d'origine gasconne, et de Florimonde Baratier, d'une famille bourbonnaise. Son père était le fils d'un colporteur, parti de Labarthe-Rivière (Haute-Garonne), bourgade de Comminges ; après la mort de ce dernier, sa veuve était venue s'établir à Vichy avec ses trois enfants[2]. Le patronyme de Londres aurait d'abord été Loundrès, terme gascon désignant des zones humides ou marécages, puis Londrès[3].

Les premiers articles

Après le lycée, il part à Lyon en 1901 pour travailler en tant que comptable, puis décide de se rendre à Paris en 1903. Il y publie son premier recueil de poèmes en 1904. Outre Suivant les heures (1904), René Varennes signale les recueils ultérieurs de L’âme qui vibre (1905-1907), Lointaine, La Marche à l’étoile (1908-1910), ainsi qu’une pièce de théâtre en cinq actes et en vers : Gambetta , qui ne fut cependant jamais jouée.

Je m’enfermerai dans ma noble tour.
Cloîtré je ferai d’ardentes prières
Pour que l’amitié n’ait plus de frontières.
      
Et j’attendrai là le lever du jour
Où pas un n’aura de droit sur ses frères.
[Extrait de 175 Poètes bourbonnais, page 449, anthologie de René Varennes]

Il écrit occasionnellement des articles pour des journaux de sa région, avant de devenir correspondant parisien du journal lyonnais Le Salut Public. Cette même année naît sa fille Florise. Sa compagne, Marcelle Laforest décède un an plus tard.

En 1906, il commence sa carrière de journaliste parlementaire au Matin. Il est chargé d'écouter ce qui se dit dans les couloirs du Palais Bourbon, de le rapporter mais il ne signe pas encore ses articles. Lorsque la Première Guerre mondiale est déclarée en 1914, Albert Londres, réformé en raison de sa santé précaire et d'une faible constitution, devient correspondant militaire pour le journal au ministère de la Guerre. Correspondant de guerre par la suite, il est envoyé à Reims lors du bombardement de la ville, aux côtés du photographe Moreau. Le premier grand article de cet observateur est publié dans le journal Le Matin du 12 septembre 1914[4] ; il relate l'arrivée du journaliste sur le front de la Marne. Plus tard, Londres décrira l'incendie de la cathédrale de Reims, le 19 septembre 1914 ; cet article sera publié deux jours plus tard.

Le grand reportage

Albert Londres désire partir pour l'Orient mais la rédaction du Matin refuse. Commencent alors les reportages à l'étranger pour un autre quotidien, l'un des plus lus en France : Le Petit Journal. En 1915, il se rend au sud-est de l'Europe et raconte les combats en Serbie, en Grèce, en Turquie ou encore en Albanie. Errant sur les fronts, il voit, regarde et transmet. À son retour, il couvre la fin de la guerre en France. En 1919, pour ses reportages sur l'Italie, Albert Londres est licencié du Petit Journal sur ordre direct de Clemenceau[réf. souhaitée]. Faisant son métier, il rapporte que « les Italiens sont très mécontents des conditions de paix concoctées par Clemenceau, Lloyd George et Wilson. ».

Il travaille désormais pour le journal illustré Excelsior, « quotidien populaire de qualité » qui vient le chercher. En 1920, le journaliste réussit à entrer en Russie soviétique, décrit le régime bolchevik naissant, peint les portraits de Lénine et de Léon Trotski et raconte les souffrances du peuple russe. Il n'est pas à l'aise. « Albert Londres est abasourdi. Écœuré par ce qu'il découvre. Ce n'est pas de la propagande bourgeoise. Cela relève du bourrage de crâne martelé par des feuilles stipendiées. »[réf. souhaitée]

En 1922, il se rend en Asie. Il raconte le quotidien du Japon et la folie de la Chine (La Chine en folie). Il relate aussi les actions de Nehru, de Gandhi et de Tagore en Inde. Dès 1923, sa notoriété ne cesse de grandir et ses reportages commencent à être publiés sous forme de livres par les éditions Albin Michel, au travers d'Henri Béraud, autre grand reporter désormais directeur littéraire du Petit Parisien. Albert Londres écrit désormais pour ce journal et entreprend de nouvelles investigations en France.

Le reporter engagé

Bagnards et forçats

En 1923, il se rend en Guyane où il visite le bagne aux Îles du Salut, à Cayenne et à Saint-Laurent-du-Maroni. Décrivant les horreurs de ce qu'il voit, son reportage suscite de vives réactions dans l'opinion mais aussi au sein des autorités.

« Il faut dire que nous nous trompons en France. Quand quelqu'un – de notre connaissance parfois – est envoyé aux travaux forcés, on dit : il va à Cayenne. Le bagne n'est plus à Cayenne, mais à Saint-Laurent-du-Maroni d'abord et aux îles du Salut ensuite. Je demande, en passant, que l'on débaptise ces îles. Ce n'est pas le salut, là-bas, mais le châtiment. La loi nous permet de couper la tête des assassins, non de nous la payer. Cayenne est bien cependant la capitale du bagne. (...) Enfin, me voici au camp ; là, c'est le bagne. Le bagne n'est pas une machine à châtiment bien définie, réglée, invariable. C'est une usine à malheur qui travaille sans plan ni matrice. On y chercherait vainement le gabarit qui sert à façonner le forçat. Elle les broie, c'est tout, et les morceaux vont où ils peuvent. »

— Au bagne (1923)

Et le récit se poursuit :

« On me conduisit dans les locaux. D'abord je fis un pas en arrière. C'est la nouveauté du fait qui me suffoquait. Je n'avais encore jamais vu d'hommes en cage par cinquantaine. [...] Ils se préparaient pour leur nuit. Cela grouillait dans le local. De cinq heures du soir à cinq heures du matin ils sont libres – dans leur cage. »

Albert Londres dénonce aussi un fait que l'on ignore souvent : le « doublage ». « Quand un homme est condamné de cinq à sept ans de travaux forcés, cette peine achevée, il doit rester un même nombre d'années en Guyane. S'il est condamné à plus de sept ans, c'est la résidence perpétuelle. Combien de jurés savent cela ? [...] Le bagne commence à la libération. Tant qu'ils sont en cours de peine, on les nourrit (mal), on les couche (mal), on les habille (mal). Brillant minimum quand on regarde la suite. Leurs cinq ou sept ans achevés, on les met à la porte du camp. ». Nous pouvons imaginer la suite.

Son livre est une galerie de portraits : Hespel, Bel-Ami, Ullmo, Duez, Eugène Dieudonné, Roussenq, Marcheras... les bagnards sont des hommes ! – même si dans ce lieu, ils tendent à devenir des animaux. En 1924, il poursuit ses enquêtes sur les travaux forcés et se rend en Afrique du Norddes bagnes militaires accueillent les condamnés des conseils de guerre qui n'en finissent pas d'expier leur très grande faute (publication de Dante n'avait rien vu).

Les cyclistes et les fous

Il s'intéresse ensuite au Tour de France et dénonce l'impitoyable et intolérable exigence physique réclamée aux cyclistes dans ce « tour de souffrance », ainsi que la bêtise du règlement (Les Forçats de la route et Tour de France, tour de souffrance)[5]

Il se rend ensuite dans les asiles psychiatriques, y dénonce les mauvais traitements ou les carences alimentaires et sanitaires et rappelle que « notre devoir n'est pas de nous débarrasser du fou, mais de débarrasser le fou de sa folie » (Chez les fous).

Les opprimés et les exclus

Il s'intéresse au sort des Françaises conduites en Argentine pour y être prostituées. Son récit paraît en 1927 sous le titre Le chemin de Buenos Aires (La Traite des Blanches) aux éditions Albin Michel. Il démonte les arguments des bien-pensants et souligne la responsabilité collective dans un trafic qui fleurit sur la misère des femmes.

À l'automne 1927, Albert Londres s'engage dans une campagne en faveur de la réhabilitation du forçat évadé Eugène Dieudonné. Ancien membre présumé de la bande à Bonnot, Dieudonné avait été injustement condamné à mort puis aux travaux forcés à perpétuité pour tentative d’assassinat. La campagne de presse menée par Londres dans les colonnes du Petit Parisien porte ses fruits : Dieudonné obtient la grâce puis revient en France, aux côtés du reporter, le 28 octobre 1927. De cet épisode médiatique sera tiré un reportage publié aux Éditions de France en 1928. D'abord intitulé L'homme qui s'évada[6], il est réédité en 1932 sous le titre de Adieu Cayenne ! Nouvelle version de L'Homme qui s'évada[7].

En 1928, toujours pour Le Petit Parisien, il voyage du Sénégal au Congo et découvre que la construction des voies ferrées ou les intolérables exploitations forestières provoquent un nombre effroyable de morts parmi les travailleurs africains. « Ce sont les nègres des nègres. Les maîtres n'ont plus le droit de les vendre. Ils les échangent. Surtout ils leur font faire des fils. L'esclave ne s'achète plus, il se reproduit. C'est la couveuse à domicile. » Il conclut en critiquant la colonisation française qu'il compare défavorablement à la colonisation britannique ou belge (Terre d'ébène).

En 1929, alors que l'antisémitisme est très présent en Europe, il se rend en Palestine. Il rencontre la communauté juive et tombe face à un peuple exclu. Il se prononce alors pour la création d'un État israélien mais doute sérieusement d'une possible entente entre Juifs et Arabes. « Le déséquilibre démographique laisse présager des jours sombres : 700 000 Arabes contre 150 000 Juifs. » (Le Juif errant est arrivé).

Il part ensuite pour les Balkans et enquête sur les mécanismes du terrorisme des Comitadjis, des nationalistes macédoniens qui contestent la division de leur territoire entre la Bulgarie, la Serbie et la Grèce (Les Comitadjis). Cela sera son dernier reportage.

Disparition en mer lors d'un retour de Chine

Il meurt suite à l'incendie du Georges Philippar, paquebot de la Compagnie des messageries maritimes dans la nuit du 15 au 16 mai 1932 au large d'Aden alors que le navire le ramenait de Chine où il avait effectué une longue enquête.

Lors de sa construction deux ans plus tôt dans les Chantiers de Saint-Nazaire, le Georges Philippar avait déjà échappé à deux départs de feu dus à des problèmes sur le circuit électrique. Il semble que la puissance de 220v en courant continu délivré dans le navire et élevé pour l'époque, était trop forte pour le câblage du bateau. Lors de son voyage aller, les électriciens du bord n'ont cessé d'être sollicités pour traiter des courts-circuits, neutraliser des réseaux électriques victimes d'échauffements de câbles dangereux. Des câbles de secours ont même dû être achetés lors des escales techniques. Le Bureau Veritas avait ordonné, avant le départ, le déplacement du tableau électrique général, le jugeant insuffisamment protégé.

Les circonstances de sa mort, mort dans l'incendie ou mort noyé reste encore imprécises. Lors de l'évacuation du navire, M. Julien, un voisin de cabine d'Albert Londres, dit l'avoir entendu appeler à l'aide, bloqué dans sa chambre probablement, selon M. Julien, car il avait dû activer la fermeture électrique de sa cabine que le court-circuit qui avait provoqué l'incendie avait bloquée[8].

Dans son ouvrage Paquebots vers l'Orient[9], Philippe Ramona relate le témoignage de l'officier mécanicien de bord, un dénommé Sadorge, témoignage qui fit l'objet d'un procès-verbal lors de son audition pendant l'enquête sur la catastrophe[8] qui entend des appels provenant d'une cabine de luxe du pont immédiatement inférieur. Il aperçoit alors un passager qui sortait par le hublot et qui appelait à l'aide, tentant d'échapper aux fumées. Sadorge lui descend alors une manche à eau, sorte de tuyau de toile servant à laver le pont et à la lutte contre l'incendie[8]. L'homme, paniqué, s'en saisit et arrive à grimper jusqu'au pont des embarcations[8]. Le pensant hors de danger, Sardorge part s'occuper des passagers commençant à affluer et perdus sur le pont[8]. Or la manche à eau, attaquée par les flammes, céda, précipitant Albert Londres dans la mer[8]. La description physique faite par le mécanicien, correspond trait pour trait à celle de Londres, qui serait donc mort noyé, à l'instar de nombreux autres passagers.

Albert Londres semblait avoir découvert un grand scandale en Chine : « Il est question d'armes, de drogue, d'immixtion bolchévique dans les affaires chinoises », rapporte la biographie écrite par Pierre Assouline. Mais les écrits de son reportage brûlent également dans l'incendie. Le doute plane alors sur sa cause : accident ou attentat ? Les hypothèses d'un complot sont renforcées par la mort quelques jours plus tard, du couple d'ami qui voyageait avec Albert Londres sur le Georges Philippar. Rescapés de l'incendie, ils sont pris en charge dès leur arrivée à Brindisi, dans le sud de l'Italie par le pilote Marcel Goulette, spécialement mandaté par un grand quotidien français pour les ramener à Paris le plus vite possible. Ils meurent tous les trois dans l'écrasement sur les Apennins de l'avion de Goulette. Le Figaro de l'époque dénoncera alors un "complot bolchevique"[8].

Éléments critiques

On saisit au travers de sa biographie quelques traits de la personnalité d'Albert Londres : un homme curieux et rétif qui observe le monde et transmet ses impressions comme par devoir. Tous ses reportages interrogent les marges du monde, les zones d'ombre, les périphéries pourtant si centrales. Il dialogue avec les petits, les médiocres, les infâmes. Il investit le quotidien, peint des portraits et des tableaux. Albert Londres lutte au travers de ses écrits contre les injustices, les absurdités et les incohérences du pouvoir. Il lutte contre le silence en questionnant et en informant.

Ensuite, il est intéressant de voir qu'Albert Londres utilise souvent l'histoire pour expliquer l'actualité. Dans ses reportages sur les asiles psychiatriques, il revient en de nombreuses reprises sur l'article 64 du Code pénal de 1810 et sur la loi du 30 juin 1838. « À quoi peut aboutir, ad-mi-nis-tra-ti-ve-ment, la grande misère des fous criminels ? » se demande Londres. Il répond ironiquement et gravement : « À des vaudevilles. Ces vaudevilles ont deux auteurs. (...) L'un s'appelle : l'article 64 ; l'autre : la loi de 38. Ils se valent. S'ils ne partagent pas équitablement les droits d'auteur, c'est que l'un vole l'autre. L'article 64 fait bénéficier d'un non-lieu ou fait acquitter le personnage principal de la pièce, lequel porte toujours le nom d’« aliéné criminel ». Aussitôt, la loi de 38 s'empare du monsieur. » Terminant son reportage, il affirme : « La loi de 38 n'a pas pour base l'idée de soigner et de guérir des hommes atteints d'une maladie mentale, mais la crainte que ces hommes inspirent à la société. C'est une loi de débarras. » De plus : « La loi de 1838, en déclarant le psychiatre infaillible et tout-puissant, permet les internements arbitraires et en facilite les tentatives. (...) Sous la loi de 1838, les deux tiers des internés ne sont pas de véritables aliénés. D'êtres inoffensifs, on fait des prisonniers à la peine illimitée. »

Il est important de citer les mots de l'observateur pour comprendre qu'au-delà d'un simple reportage, Albert Londres met en accusation l'institution psychiatrique. Ses conclusions sont implacables et sans appel. L'intolérable des asiles s'explique directement au travers de cette loi qui régit la procédure de l'internement de l'aliéné mental. Albert Londres utilise essentiellement le terme « fou », sans doute parce que celui-ci ne renvoie pas au caractère discursif du pouvoir juridico-psychiatrique.

Albert Londres met en scène des situations, sait utiliser le témoignage afin d'informer et de sensibiliser l'opinion. Londres use d'une stratégie discursive pertinente en mêlant le fait, le descriptif à l'ironie. Si Albert Londres n'utilise pas toujours le « je », celui-ci est constamment implicite par le fait même qu'il se met en scène dans ses reportages. Il ne cache pas ses opinions et refuse les compromis. Il répond par exemple à l'éditorialiste du Quotidien en 1923 qui lui reproche de n'être pas dans la ligne du journal : « Messieurs, vous apprendrez à vos dépens qu'un reporter ne connait qu'une seule ligne, celle du chemin de fer. » (Florise Londres, Mon père, 1934 ; cité par Pierre Assouline.). Ne pratique-t-il pas en cela un « journalisme radical » ? Qui plus est, ses enquêtes qui font scandales débouchent à plusieurs reprises sur des changements concrets importants, par exemple l'abolition des bagnes par Albert Lebrun en 1938 : décision sur laquelle son récit a probablement eu une importance.

Son investigation dans les bagnes français, en Guyane ou en Afrique du Nord, suscite tant de réactions que les autorités doivent prendre position. Un nouveau gouverneur est nommé en Guyane. Si, le 14 septembre 1924, Londres écrit dans Le Petit Parisien que le bagne est supprimé, la réalité est en fait tout autre. Certes le cachot est supprimé, les peines de cellules sont réduites, la nourriture est améliorée, des salaires sont octroyés et les forçats sont désormais séparés en fonction de la gravité de leur peine. Mais ce n'est qu'en 1937 qu'un « décret-loi sonne le glas du bagne »[10]. Albert Londres permet également à Dieudonné, condamné sans preuve au bagne comme membre de la bande à Bonnot, de clamer son innocence en obtenant la révision de son procès et son retour en France. Il sera gracié. Indirectement également, Londres permet l'amélioration des conditions de vie dans les asiles. Ses violentes enquêtes et sa renommée incontestable obligent les autorités à réagir, parfois même... à réformer. C'est certainement l'un des premiers journalistes d'enquête qui soit.

Albert Londres, patriote, effectua comme agent secret plusieurs missions pour le gouvernement français, entre autres en URSS, pour y effectuer des repérages pour les éventuels assassinats de Trotski et Lénine[11].

Publications

  • Visions orientales, 1922, coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 2002.
  • Contre le bourrage de crâne, 1917-1918, Arléa, 1993.
  • Dans la Russie des Soviets, 1920, Arléa, 1993.
  • La Chine en folie, 1922, coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1997.
  • Au bagne, 1923, coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 2002. Première publication dans Le Petit Parisien en août-septembre 1923, puis Albin Michel (1923).
  • Dante n'avait rien vu, 1924, Arléa, 1997 ; coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1999.
  • Les Forçats de la route ou Tour de France, tour de souffrance, 1924, coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1996.
  • Chez les fous, 1925, coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1999.
  • Le Chemin de Buenos Aires, 1927, coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 2005.
  • Marseille, porte du sud, 1927, coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1999.
  • L'Homme qui s'évada, 1928, coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 2002 (publié au préalable sous le tire de Adieu Cayenne).
  • Terre d'ébène, 1929 (en ligne).
  • Le Juif errant est arrivé, 1930, coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1998.
  • Pêcheurs de perles, 1931, coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 2001.
  • Les Comitadjis, 1932, coll. « Motifs », Le serpent à plumes, 1997.
  • La Guerre à Shanghai, 1932, coll. « Arléa Poche », Arléa, 2008.
  • Œuvres complètes, Arléa, 2008.
  • Câbles & Reportages, Arléa, 2008.

Avant de se faire connaître en tant que journaliste, Albert Londres a publié quatre recueils de poèmes :

  • Suivant les heures, 1904
  • L'Âme qui vibre, 1908
  • Le poème effréné contenant Lointaine et La marche à l'étoile", 1911
Écrits rassemblés de façon posthume
  • Grands reportages à l'étranger, Arthaud, 2017, 896 p.

Sources

Notes et références

  1. Albert Londres, Terre d’ébène (La Traite des Noirs), récit, Paris, Albin Michel, 1929 (en ligne).
  2. Jean Débordes, Vichy au fil de ses rues, Thionne, Éditions du Signe, 1996, p. 153.
  3. Pierre Assouline, Albert Londres. Vie et mort d'un grand reporter (1884-1932), Paris, Balland, 1989, p. 25 ; Paul Mousset, Albert Londres, l'aventure du grand reportage, Paris, Bernard Grasset, 1972, p. 23.
  4. Il s'intitule « Visions de guerre ».
  5. Albert Londres, « Les Forçats de la route : l'abandon des frères Pélissier, Les frères Pélissier et leur camarade Ville abandonnent. Beeckman gagne la troisième étape », Coutances, 27 juin 1924.
  6. Albert LONDRES, L’Homme qui s’évada, Éditions de France, 1928.
  7. Albert LONDRES, Adieu Cayenne ! Nouvelle version de L’Homme qui s’évada, Éditions de France, 1932.
  8. a b c d e f et g Camille Lestienne, « Il y a 85 ans, la mort suspecte d'Albert Londres », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. Philippe Ramona, Paquebots vers l'Orient, Éditions Alan Sutton, 2001.
  10. Pierre Assouline, Albert Londres. Vie et mort d'un grand reporter (1884-1932), 1989.
  11. Pierre Assouline, Albert Londres. Vie et mort d'un grand reporter (1884-1932), Paris, Balland, 1989, p. 121.
  12. Voir la notice du fonds en salle des inventaires virtuelle des Archives nationales

Voir aussi

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Bibliographie

  • Florise Londres, Mon père, Albin Michel, 1934
  • Pierre Assouline, Albert Londres. Vie et mort d'un grand reporter (1884-1932), Balland, 1989 ; rééd. Gallimard « Folio »
  • Paul Mousset, Albert Londres, l'aventure du grand reportage, Bernard Grasset, Paris, 1972, 267 p.
  • Sophie Desmoulin, Albert Londres par lui-même, dans Regards croisés sur l'identité et l'altérité, A. Biglari, J. Bellarbre, S. Desmoulin (dir.), Limoges, PULIM, coll. "Constellations", 2011
  • Régis Debray, Shanghai, dernières nouvelles : la mort d’Albert Londres, Arléa, coll. « Arléa Poche », 2008
  • Didier Folléas, Albert Londres en terre d’ébène : récit, Arléa, coll. « Arléa Poche », 2009
  • Jean Lacouture, Les Impatients de l’histoire. Grands journalistes français de Théophraste Renaudot à Jean Daniel, Grasset, 2009
  • Albert Londres, Au bagne, Paris : Albin Michel, 1923 (Permalien : http://www.manioc.org/patrimon/FRA12006).

Bande dessinée

  • Laurent Maffre, L'Homme qui s'évada (d'après Albert Londres), Actes Sud BD, juin 2006. (ISBN 978-2-7427-6154-8)

Filmographie

  • Les Amants du bagne de Thierry Binisti (France 2004), 95 min, l'histoire de son voyage au bagne de Cayenne

Articles connexes

Liens externes