Poétique

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La poétique désigne l'étude et la théorisation de la création artistique (du grec poiesis, « créer »).

Discipline instaurée par Aristote dans La Poétique (vers -335), elle désigne plus particulièrement de nos jours l'étude des formes littéraires et notamment de la stylistique, de la narratologie, des figures de style. Elle est « l'étude de l'art littéraire en tant que création verbale »[1].

Tzvetan Todorov distingue, par exemple, trois grandes familles de théories de la poésie dans la tradition occidentale : le premier courant développe une conception rhétorique qui considère la poésie comme un ornement du discours, un plaisir ajouté au langage ordinaire; un deuxième courant démontre que la poésie inverse les propriétés rationnelles du langage en communiquant ce qu'il ne saurait traduire; le troisième met l'accent sur le jeu du langage poétique qui attire l'attention sur lui-même, plus que sur le sens qu'il porte.

Cette dernière théorie de l'autonomie du langage poétique a été exposée par Roman Jakobson au début du XXe siècle, dans un chapitre de ses Essais de linguistique générale. Étudiant les fonctions de la communication, Jakobson montre que la fonction poétique, contrairement aux autres, se centre sur le signe lui-même, et plus précisément sur le signifiant (il s'agit, pour une large part, d'un travestissement de Jakobson par les structuralistes, qui lui même travestit Saussure (il le cratylise, lui fait dire l'arbitraire du signe là où chez Saussure il n'y avait que convention) pour survaloriser la poésie futuriste Russe[2]. D'après Jakobson, si la fonction poétique se centre d'abord sur le message, elle n'oblitère absolument pas les autres fonctions, il s'agit seulement d'une différence de quantité. Du reste, cette définition met '"sur le même plan le slogan, le mot d'esprit et le poème"[3].). Cette approche linguistique a malgré tout le mérite de proposer une définition qui évite la confusion entre la poésie comme art du langage (valeur de la forme) et la poésie comme catégorie esthétique (valeur du contenu). Cette juxtaposition des deux valeurs du terme a longtemps figuré dans les dictionnaires et traités littéraires. Au XIXe siècle, par exemple, dans un ouvrage intitulé Poétique (Cours complet de littérature à l'usage des séminaires et des collèges rédigé d'après les meilleurs critiques anciens et modernes), l'abbé Piron répond à la question « En quoi consiste la poésie du vers ? » : « Pour donner une définition précise de la poésie du vers, nous dirons qu'un vers est poétique ou véritablement vers quand son expression a une élévation, une force, un agrément dans les mots et les tours, qu'on ne trouve point dans le même genre traité en prose ; en un mot, quand il montre le langage ennobli, enrichi, paré, élevé au-dessus de ce qu'il est quand il n'est que de la prose. »

Meschonnic propose une définition synthétique, en opposition à la philosophie, la linguistique, la rhétorique, la stylistique, la critique littéraire, la philologie et la sémiotique - la poétique aurait été, d'après lui, "avalée, et occultée" par ces approches. Il propose donc : "le travail de la poétique est dans telle ou telle œuvre, la reconnaissance de son mode de signifier, de son historicité, et l'examen de ses propres concepts à l’œuvre dans la lecture d'une œuvre"[4].

Notes et références

  1. Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, article « Poétique », p. 193, Paris, 1995
  2. Antoine Compagnon, Le Démon de la théorie
  3. Henry Meschonnic, Politique du rythme, p. 147
  4. Henry Meschonnic, Politique du rythme, p. 148

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