Éric Macé

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Eric Macé
Description de l'image Eric macé.jpg.
Naissance
Nationalité Drapeau de la France France
Profession
Formation

Éric Macé, né le [1], est un sociologue français.

Professeur des universités, il est directeur adjoint du Centre Émile-Durkheim - science politique et sociologie comparatives (UMR 5116), chercheur associé au CADIS (EHESS) et enseignant à la faculté de sociologie de l'université de Bordeaux.

Il développe une sociologie générale des rapports de pouvoir, appliquée notamment aux rapports de pouvoir dans la culture (sphère publique, médiacultures), relatifs au genre et aux ethnicités, et plus récemment s'agissant des guerres contemporaines postcoloniales.

Biographie

Docteur en sociologie en 1994 (EHESS), thèse intitulée Sociologie de la télévision, sociologie de l'expérience sous la direction d'Alain Touraine. Habilité à diriger des recherches en 2006, université Paris Descartes, mémoire intitulé Mouvements et contre-mouvements culturels dans la sphère publique et les médiacultures). Après 10 ans d'enseignements à l'UFR Communication de l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 (1998-2008), il est professeur de sociologie à l'Université de Bordeaux et directeur adjoint du Centre Émile-Durkheim (UMR CNRS 5116).

La sociologie des rapports de pouvoir s’intéresse à la manière dont les acteurs configurent conflictuellement les cadres, les catégories, les identités et les problèmes constitutifs d’une définition disputée du réel. Au contraire d’une sociologie de la domination qui suppose une objectivité surplombante des rapports sociaux et des rationalités impersonnelles, la sociologie du pouvoir décrit comment le pouvoir s’exerce et comment cet exercice relationnel est vulnérable, faisant des individus et des groupes des acteurs plutôt que des agents ou des victimes. Après une série de travaux portant sur les dynamiques des rapports de pouvoir jusque dans les médiacultures et au sein de la sphère publique, ses recherches portent dorénavant sur deux thématiques relatives aux rapports sociaux mondialisés : - Sociologie des guerres postcoloniales contemporaines : à partir des concepts de seconde modernité et de cosmopolitisation du monde proposés par Ulrich Beck, ainsi que de la notion de « cadres de guerre » développée par Judith Butler, il s’agit de comprendre en quoi les guerres contemporaines participent d’une mondialisation des rapports sociaux, principalement dans leur dimension postcoloniale. Un programme de recherche empirique est en cours intitulé « Imaginer et rencontrer l’ennemi. Enquête sur les représentations des militaires occidentaux contemporains ».

- sociologie comparative internationale des arrangements de genre : dans le prolongements des recherches portant sur la racialisation du sexisme, sur la question transgenre et sur les stéréotypes de genre, et dans le prolongement du raisonnement proposé dans l’ouvrage L’après-patriarcat (Seuil, 2015), il s’agit de décrire et de comparer les arrangements de genre propre à chaque société nationale contemporaine, depuis les diverses formes d’arrangements de genre « post-patriarcaux » au sein de l’Union Européenne jusqu’aux diverses formes d’arrangements de genre « composites » dans la plupart des autres sociétés nationales, notamment dans les sociétés où l’islam est majoritaire.

Réception critique

En 2004, il publie avec la sociologue Nacira Guénif-Souilamas un livre intitulé Les féministes et le garçon arabe.

Pour la sociologue Sylvie Tissot, les auteurs présentent les analyses pour interpréter « des comportements - le port du voile et le machisme des garçons issus de l’immigration post-coloniale -, qu’il ne s’agit pas de nier mais, comme tout fait social, d’expliquer »[2]. Un avis positif partagé par le sociologue Bernard Bier qui considère cette étude « d’un grand intérêt et qui ne devrait pas passer inaperçue, tant par la densité des analyses que par leur manière de prendre à rebrousse-poil nombre de discours communs et travaux de recherche »[3].

Beaucoup plus critique, la sociologue Liliane Kandel estime que l'ouvrage « est consternant, tant du point de vue sociologique que du point de vue féministe ». Elle déplore également que « ses analyses, ses « oublis », et ses confusions (volontaires ou non) sont partagés aujourd’hui par bon nombre de militants altermondialistes, anti-racistes et, même, par quelques... féministes[4] ». Pour Caroline Fourest, « ce condensé de sociologie approximative et victimaire a réussi l'incroyable exploit théorique de présenter le féminisme égalitariste et laïque comme le faux-nez du racisme post-colonial stigmatisant le « garçon arabe », tandis que les filles voilées seraient... l'avant garde de la modernité. »[5]

La sociologue Josette Trat juge de même qu'il « revient aux féministes de ne pas renoncer à leurs critiques ni à leurs combats sous le prétexte que cela alimenterait le stéréotype du garçon « arabe, musulman, terroriste et violeur » c'est l'« idée sous-jacente dans le petit livre polémique de Nacira Guénif-Souilamas et Eric Macé, Les Féministes et le garçon arabe, éditions de l’Aube, 2004. On croirait entendre certains militants politiques des années soixante-dix selon lesquels il n’était pas légitime de dénoncer des violeurs quand ils étaient immigrés sous le prétexte qu’on donnait une mauvaise image des travailleurs immigrés propre à encourager la répression. »[6]

Publications

  • Violence en France, avec Michel Wieviorka et al., Paris, Seuil, 1999.
  • Médias et violences urbaines. Débats politiques et construction journalistique, avec Angelina Peralva, Paris, La Documentation Française, 2002.
  • Les Féministes et le Garçon arabe, avec Nacira Guénif-Souilamas, La Tour d'Aigues, Éditions de l'Aube, 2004.
  • Penser les médiacultures, avec Éric Maigret, Paris, Armand Colin, coll. Médiacultures, 2005.
  • La Société et son double. Une journée ordinaire de télévision, Paris, Armand Colin, 2006.
  • Les Imaginaires médiatiques. Une sociologie postcritique des médias, Paris, éditions Amsterdam, 2006.
  • avec Éric Maigret et Mark Alizart, Stuart Hall, Paris, Éditions Amsterdam, 2007.
  • Introduction à la nouvelle édition de l'Esprit du temps d'Edgar Morin, Paris, Armand Colin, 2008.
  • Les Cultural Studies, une anthologie, avec Hervé Glévarec et Éric Maigret, Paris, Armand Colin, 2008.
  • Ce que les normes de genre font aux corps / ce que les corps trans font aux normes de genre, 2010.
  • Les pères dans la publicité - Une analyse des stéréotypes à l'œuvre, étude réalisée au sein de l'ORSE, en collaboration avec BETC Euro RSCG[7],[8]
  • avec F. Dubet, O. Cousin, S. Rui, Pourquoi moi ? L'expérience des discriminations, Paris, Seuil, 2013.
  • « La fiction télévisuelle française au miroir de The Wire : monstration des minorités, évitement des ethnicités », Réseaux, n°181, 2013.
  • « Paradigme du pouvoir vs paradigme de la domination », dans Oulc'hen Hervé (dir.), Les usages de Michel Foucault, PUF, Paris, 2014.
  • (avec Sandrine Rui), « Avoir 20 ans et ‘faire avec’ le genre. Call of Duty et Desperate Housewives, métaphores de l’asymétrie », dans Octobre Sylvie (dir.), Le genre et la culture, Paris, La documentation française, 2014.
  • L’après-patriarcat, Paris, Seuil, 2015.

Notes et références

  1. Macé, Éric (1964-....), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr (consulté le )
  2. Sylvie Tissot Les féministes et le garçon arabe Les Mots sont importants, 24 mars 2005
  3. Compte rendu de lecture par Bernard Bier, « Les féministes et le garçon arabe », Agora débats/jeunesses, vol. 37, no 1,‎ , p. 108-110 (lire en ligne)
  4. Analyse par Liliane Kandel, « Les "féministes et le garçon arabe" ou le discours de la confusion : Les noces enchantées du "post-féminisme" et de l'archéo-machisme », ProChoix, no 32,‎ , p. 39-54 (lire en ligne) [PDF]
  5. «Modernité trompeuse du féminisme religieux et sexiste.» dans la Revue des Deux Mondes : «Femmes, islam et République.» juin 2016
  6. Josette Trat : «Ordre moral et différentialisme au centre des modèles religieux catholiques et musulmans». Revue Contretemps, numéro douze «À quels saints se vouer ? Espaces publics et religions», éditions textuel, février 2005, pages 50 et 51
  7. « Les pères apparaissent incompétents dans la publicité », sur nouvelobs.com, (consulté le )
  8. Jean-Bernard Litzler, « Les pères ne sont pas à la fête dans la publicité », sur Le Figaro, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes