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Terrence Malick

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Terrence Malick
Description de cette image, également commentée ci-après
Terrence Malick à Austin (Texas), en 2011.
Nom de naissance Terrence Frederick Malick[1]
Naissance (80 ans)
Ottawa, Illinois, États-Unis
Nationalité Drapeau des États-Unis Américaine
Profession Réalisateur
Scénariste
Producteur
Films notables La Balade sauvage
Les Moissons du ciel
La Ligne rouge
The Tree of Life

Terrence Malick, né le à Ottawa (Illinois) , est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain.

Sa carrière de réalisateur couvre environ quatre décennies mais sept films à peine portent sa signature. La rareté, l'originalité, la puissance visuelle et la vision très personnelle de son cinéma marquent durablement le public, la critique et la profession[2]. Grâce à The Tree of Life, Malick remporte la Palme d'or à Cannes en 2011. Le cinéaste est entouré d'une aura de mystère[3] car ses apparitions en public et ses interviews sont extrêmement rares[4].

Ses longs métrages sont souvent considérés comme des œuvres majeures du cinéma américain[5]. Malgré son retrait de la scène publique et son désir de rester dans le circuit indépendant, il est régulièrement sollicité par plusieurs grandes vedettes qui ne lui cachent pas leur admiration[6].

Biographie

Jeunesse et formation

Terrence Malick[N 1] est né soit à Waco, Texas, soit à Ottawa, Illinois, le [7]. Il est élevé par sa mère, Irene Malick[8] et son père, Emil Malick, fils d'immigrés assyriens de religion chrétienne[9]. Emil a suivi le Lake View High School à Chicago en 1930 avant de travailler dans une compagnie pétrolière au Texas (ce qui pourrait expliquer la confusion sur le lieu de naissance du jeune Terrence). Son grand-père, Abvimalek Malick (ou Maleck) qui travaillait dans l'assurance pour le New York Life à Chicago, était originaire du village assyrien Goghtapa, dans la région d'Ourmia (Iran)[10], touché par le massacre des Assyriens pratiqué par l'Empire ottoman[11].

Malick étudie dans les universités d'Harvard et Oxford. À Harvard, il suit notamment les cours de Stanley Cavell[12]. À la suite d'un contentieux avec son directeur de recherches Gilbert Ryle, il ne soutient pas, à Oxford, sa thèse de doctorat portant sur le concept du monde chez Søren Kierkegaard, Martin Heidegger et Ludwig Wittgenstein[13]. Il enseigne ensuite la philosophie au MIT et traduit de l'allemand Le Principe de raison, de Heidegger[14].

En parallèle, il s'inscrit à un cours de cinéma et sort diplômé du Center for Advanced Studies de l'American Film Institute en 1969.

Révélation critique, puis hiatus (1971-1998)

Le cinéaste en 1993.

Il participe d'abord, comme script doctor, à l'élaboration de plusieurs scénarios dont celui de L'Inspecteur Harry (Dirty Harry) avant d'écrire et réaliser son premier long-métrage, La Balade sauvage (Badlands)[12]. Suit Les Moissons du ciel (Days of Heaven), un drame avec Richard Gere sur le travail à la ferme qui lui vaut prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1979.

Le réalisateur suscite le mystère pour les vingt années d'écart entre Les Moissons du ciel et La Ligne rouge. Jamais dans l'histoire du cinéma, un cinéaste n'aura autant attendu entre deux productions. Néanmoins, on sait qu'il écrivit plusieurs scripts et qu'il travaillait sur le projet Q, film explorant l'origine du monde qui deviendra The Tree of Life.

Retour et consécration (1998-2010)

En 1998, Malick revient avec un film de guerre, La Ligne Rouge (The Thin Red Line), qui évoque la sanglante bataille de Guadalcanal durant la guerre du Pacifique, d'après le roman de James Jones. Le film explore l'intimité des soldats par le biais d'un monologue intérieur en voix-off (caractéristique principale de Malick). Le film est un grand succès critique et public, avec notamment un Ours d'or à la 49e Berlinale.

En 2005, sort Le Nouveau Monde, un film qui réitère les aspirations esthétiques du cinéaste (célébration de la nature, intériorité des personnages, multiplicité des points de vue, violence). Cette œuvre revient sur l'histoire de l'Amérindienne Pocahontas et sa rencontre avec le colon anglais John Smith dans l'Est américain du XVIIe siècle.

En 2010, la projection très attendue du nouveau film de Malick, The Tree of Life, n'a pas lieu lors du 63e Festival de Cannes. Le long métrage n'est pas présenté en raison de retards de montage. Mais il est néanmoins sélectionné à Cannes l'année suivante et y remporte la Palme d'or, décernée par le jury officiel présidé par Robert De Niro.

The Tree of Life met en vedette Brad Pitt, Sean Penn et Jessica Chastain. Il raconte l'histoire du monde, la présence divine omnipotente ainsi que le destin d'une famille américaine des années 1950 marquée par un drame. Le film par son panthéisme et sa cosmogonie[réf. nécessaire], est souvent comparé à 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick ou aux films d'Andreï Tarkovski, avec leurs nombreuses interrogations mystiques. Sa construction alambiquée et ses images peu conventionnelles divisent la critique. Les fans crient au génie et y voient l'un des plus beaux films de tous les temps, les sceptiques reprochent au cinéaste une débauche kitsch et une obsession mystique proche d'une propagande New Age. Lors des premières projections cannoises, le film est autant sifflé qu'applaudi[15]. Le film divise à sa sortie mais par la suite, la critique sera plutôt enthousiaste. Malick est présent à Cannes lors de la projection officielle du film[16], mais ne fait aucune apparition publique, que ce soit sur le tapis rouge, lors de la conférence de presse, ou au gala de clôture pour recevoir sa récompense ; il s'est fait représenter par ses producteurs Bill Pohlad et Dede Gardner[17].

Virage expérimental (depuis 2011)

Fichier:Terrence Malick and Christian Bale at Austin City Limits filming for Song to Song, 2011.jpg
Le cinéaste dirigeant Christian Bale pour Knight of Cups.

Malick enchaîne les tournages à une vitesse accélérée par rapport aux décennies précédentes ; ainsi, de 2011 à 2016, en comptant les sorties futures, le cinéaste va réaliser 4 longs métrages et un documentaire.

En 2012, il signe d'abord nouveau virage intimiste avec À la merveille (To The Wonder), un drame passionnel porté par des interrogations religieuses qui prend pour décor le mont Saint-Michel (la « merveille » du titre), avec Ben Affleck, Olga Kurylenko et Javier Bardem. La réception publique et critique est encore plus brutale que pour sa précédente réalisation. À la merveille est souvent qualifié d'œuvre médiocre et d'auto-parodie de son style mystique et grandiloquent.

En 2015, Malick revient à la compétition de la Berlinale avec Knight of Cups, interprété par Christian Bale, Natalie Portman et Cate Blanchett. Le film porte sur les interrogations existentielles d'une célébrité du show-business en perte de repères à Los Angeles. Le long métrage, radical par ses images, le peu de dialogues et la priorité donnée à la voix-off, repart bredouille après avoir de nouveau divisé les festivaliers.

En 2016, sort Voyage of Time, un documentaire en IMAX, commenté par Brad Pitt et Cate Blanchett, sur la naissance et la mort de l'univers.

2017 voit la sortie de Song to Song, un film d'intrigues amoureuses sur fond de musiques, tourné à Austin. Le tournage du film a été révélé par une vidéo très rare d'un tournage de Malick en 2011[18],[19]. Le film rassemble une partie du casting de Knight of Cups augmenté de Ryan Gosling, Rooney Mara et Michael Fassbender.

En 2018, il s'éloigne d'Hollywood et de ses stars glamours pour venir tourner en Europe l'histoire vraie de Franz Jägerstätter, un Autrichien opposé au régime Nazi durant la Seconde guerre Mondiale. Radegund est mené par August Diehl, révélé au grand public international par Inglorious Basterds. Le reste de la distribution compte Bruno Ganz, Michael Nyqvist ou encore le Belge Matthias Schoenaerts [20].

Vie privée

La vie privée de Malick est très mystérieuse : peu d'éléments ont filtré dans les médias et de nombreuses zones d'ombre persistent, notamment sur la période de vingt ans qui sépare Les Moissons du ciel de La Ligne rouge. Il s'est marié à trois reprises : de 1970 à 1976 avec Jill Jakes[21], de 1985 à 1998 avec la Française Michèle Morette qu'il rencontre à Paris en 1980 et qui est aujourd'hui décédée[22] et, depuis 1998, avec Alexandra Wallace, son amour de jeunesse[23].

Il a longuement vécu en France avec sa seconde épouse et a profité de son retrait de l'industrie du cinéma dans les années 1980 et 1990 pour voyager à travers le monde et reprendre des études d'archéologie et de civilisations anciennes[6],[24],[25]. Il parle un français parfait et a été supporter du Paris Saint-Germain lorsqu'il vivait à Paris[25].

Il vit aujourd'hui à Austin, au Texas[26].

Malick souhaite rester dans l'ombre de la presse et du public : ses contrats stipulent qu'il ne sera pris aucune photographie de lui et qu'il n'a aucune obligation d'assurer la promotion de ses films. Les clichés publics du cinéaste sont très rares et datent du tournage de La Balade sauvage et de La Ligne rouge. Le cinéaste a le culte du secret comme le cinéaste Stanley Kubrick ou l'écrivain J.D. Salinger. Néanmoins, plusieurs photos du cinéaste ont été prises par des paparazzis en 2011, lors du tournage de Knight of Cups.

Le style de Terrence Malick

D'un perfectionnisme particulièrement pensé, les réalisations de Malick dénotent un travail d'ampleur sur la forme à tout point de vue : composition des plans, lumière, mouvements de caméra, montage, musique, bande sonore... Sa marque esthétique vient de sa technique axée sur l'improvisation des acteurs et l'utilisation très novatrice du Steadycam. Ses longs métrages s'ancrent tous dans le thème américain et romantique du rapport spirituel de l'individu à la nature et du lien entre grands espaces et possibilités introspectives[12].

À partir de la Ligne rouge, Malick rompt avec le récit encore linéaire de ses deux premières œuvres, même si l'usage très particulier d'une voix-off plurielle provoque déjà des décalages temporels. Il évolue alors vers un style expérimental aux temporalités multiples, fait de pure sensation plastique et d'émotion extra-visuelle qu'accompagne son habituelle fascination mystique pour le monde naturel[27]. Le point d'orgue de cette mutation est The Tree of Life, conçu comme un vaste poème épique, tant sur la création du monde que sur le quotidien difficile d'un jeune garçon texan dans les années 1950[28],[29].

Une caractéristique de son cinéma est donc le recours à la « narration décentrée »[30]. Il s'agit, selon Michel Chion, d'une voix-off qui « ne recoupe pas exactement ce qu’on voit et manifeste une connaissance des faits différente et désaxée par rapport au récit qui se déroule sous les yeux du spectateur. »[31]. Terrence Malick est un réalisateur atypique, il a très peu tourné (sept longs métrages en une quarantaine d'années) et ses films témoignent d'une ambition manifeste (style ample, élégiaque et cosmogonique, un goût prononcé pour les images métaphysiques et épiques, plans contemplatifs et picturaux, tournage sur des sites témoignant d'une proximité avec la nature etc.).

Filmographie

Réalisateur et scénariste

Court métrage

Longs métrages

Prochainement :

Producteur

Distinctions et nominations

Notes

  1. Son nom de famille, Malick, dérive du mot arabe Maleck signifiant « ange ».

Références

  1. (es) Rodrigo Fonseca, « Aos 67 anos, Terrence Frederick Malick é a grande aposta de Cannes este ano », sur Globo, (consulté le ).
  2. (fr) (en) Brett McCracken, « 39 Facts About Terrence Malick », sur StillSearching, (consulté le ).
  3. (fr) Samuel Blumenfeld, « Terrence Malick, au compte-gouttes », Le Monde, no 87 (Spécial Festival de Cannes 2011),‎
  4. (fr) (en) « Terrence Malick Interview: a fascinating chat with the elusive director », sur LA Video Filmmaker, .
  5. Fiche cinémathèque française sur Terrence Malick
  6. a et b François-Guillaume Lorrain, « Le mystérieux M. Malick », le Point,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Hwanhee Lee, « Terrence Malick », sur Sensesofcinema (consulté le ).
  8. (en) Lloyd Michaels, Terrence Malick, University of Illinois Press, , 144 p. (ISBN 978-0252075759).
  9. (en) Zenda, « ZENDA - February 1, 1999 », sur Zindamagazine, (consulté le ).
  10. Voir TERRENCE MALICK, zindamagazine.com
  11. Voir « ici »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )
  12. a b et c Article sur Terrence Malick de l'encyclopédie Universalis, consulté le 26 juillet 2013.
  13. (en) Thomas Deane Tucker et Stuart Kendall, Terrence Malick : Film and Philosophy, (ISBN 9781441150035, présentation en ligne)
  14. Martin Heidegger, The Essence of Reasons, traduction T. Malick, Evanston, Northwestern University Press, 1969
  15. François-Guillaume Lorrain, « Malick divise Cannes avec Tree of Life », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « Terrence Malick pops at the tree of life premiere », sur Awards Daily
  17. « Cannes 2011 judgement day », sur The Guardian
  18. « What we know Terrence malick », sur Hollywood Reporter
  19. « Terrence Malick Mystery Project Set Video with Christian Bale », sur YouTube, filmée par un anonyme
  20. https://www.leblogducinema.com/actualites/news/radegund-encore-un-nouveau-malick-848243/
  21. (en) « Terrence Malick », Turner Classic Movies (consulté le )
  22. (en) Luke Blackall, « The secret life of Terrence Malick », The Independent, Royaume-Uni,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  23. (en) Scott Feinberg, « Toronto 2012: Terrence Malick's Wife Makes Bizarre Statement About 9/11 on Eve of Anniversary », The Hollywood Reporter,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  24. (en) Richard Corliss, « Terrence Malick’s To the Wonder: A Gush of Cosmic Rapture », Time Entertainment, (consulté le )
  25. a et b (en) Jason Solomons, « Terrence Malick: The return of cinema's invisible man », The Guardian, (consulté le )
  26. (en) Graeme Wood, « Brave Thinkers 2011: Terrence Malick », The Atlantic, (consulté le )
  27. Serge Kaganski, « The Tree of Life : un voyage mystique », Les Inrocks,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. Sophie Benamon (Studio Ciné Live), « The Tree of Life, de Terrence Malick », lexpress.fr, 14 avril 2011.
  29. Thomas Sotinel, « "The Tree of Life" : Terrence Malick s'égare entre famille et cosmos, lemonde.fr, 14 avril 2011 et 23 mai 2011
  30. Michel Chion, Narration décentrée (Decentered narration), in Chion, Glossaire / Glossary, 2003.
  31. Idem
  32. Selon Michel Chion, le terme « balade » s’est vu pourvu d’un second « l » à l’occasion de la sortie vidéo du film.

Voir aussi

Film documentaire

Bibliographie

Liens externes

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