Triumph Bonneville

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La Bonneville est un modèle de moto créé et commercialisé par la firme anglaise Triumph.

Historique

La « Bonnie » est une des motos les plus célèbres de la production anglaise. Son histoire commence sur le désert de sel de Bonneville, dans l'Utah, le 6 septembre 1956. Ce jour-là, Johnny Allen atteint 342 km/h sur une machine utilisant un moteur de 650 cm3 provenant d'une Triumph Tiger 110.

Bien que ce record n'ait pas été officiellement homologué, l'usine décide de rendre hommage à l'homme et à sa machine en présentant, en 1959, la T120 Bonneville (T120 parce que capable d'accrocher les 120 mph -soit environ 193 km/h-). C'est le début d'un modèle qui fait encore aujourd'hui partie de la gamme.

Modèles

T120

Bonneville Modèle 1962

La T120 est donc présentée en 1959. Elle utilise un bicylindre en ligne calé à 360°, quatre temps, de 649 cm3. La boîte de vitesses est à quatre rapports. Ce moteur n'est pas une réelle nouveauté, puisque ce n'est qu'une évolution double carburateurs de celui qui équipait les Tiger 110, lui-même dérivé des 500 Speed Twin et Tiger 100. Il développe 47 chevaux, pour 166 kg à sec. Côté partie cycle, le cadre est un double berceau, le freinage est confié à des tambours simple came.

En 1963, le moteur abandonne la boîte de vitesses séparée pour une construction unit, le cadre devient un simple berceau dédoublé sous le moteur.

En 1968, le frein avant devient à double came.

En 1971, le cadre devient à double berceau.

Ce cadre est assez innovant en ce sens que la poutre centrale, véritable épine dorsale, faite d’un tube cintré de gros diamètre, sert également de réservoir et de radiateur d'huile, une innovation venue de la course et vue également chez le préparateur français Georges Martin. Ce cadre a été dessiné par un nouveau centre de Recherche et Développement commun avec le groupe BSA. Ce centre fut très critiqué[1], car coûteux et totalement coupé de l'usine de Meriden, de par son implantation dans le luxueux manoir d'Umberslade Hall [2]. Solide et rigide, ce cadre améliore nettement la tenue de route sous réserve de bons combinés ressorts amortisseurs arrière et d'un durcissement des ressorts de fourche. Cependant les premières versions sont un cauchemar pour la chaîne de production et pour la maintenance : le moteur entièrement monté n'entre pas dans le cadre et il faut d'abord démonter les boîtiers enfermant les culbuteurs, puis installer le moteur dans le cadre, reboulonner les boîtiers (avec des joints neufs) et enfin régler à nouveau le jeu aux culbuteurs.

La production de la T120 prend fin en 1973, au profit de sa remplaçante, la T140.

T140

Boneville T140
Bonneville T140 TSS

En 1973 la T140 reprend le flambeau derrière la T120. Le moteur voit son alésage augmenter de 5 mm, la cylindrée passant à 744 cm3. La boîte de vitesses est à cinq rapports et le cadre est toujours un double berceau. Le frein avant est un simple disque pincé par un étrier Lockheed venu de l'Austin Mini cooper, les plaquettes étant cependant munies d'une garniture différente et l’etrier habillé d'un élégant cache chromé. L'arrière reste à tambour. Elle est vendue 1735 €.

Il existe deux versions de cette moto : l'américaine avec guidon relevé et réservoir en goutte d'eau de 13 L qui est la plus iconique (photo ci contre) et la version européenne, plus utilisable sur route à vitesse soutenue (guidon bas) avec un réservoir de 17 L plus anguleux donnant une meilleure autonomie. (On retrouve ces variantes sur l'autre moto emblématique de la production anglaise, la Norton commando, déclinée en versions fastback, roadster, interstate, et même Hi-rider qui reprend les codes esthétiques -et peu pratiques- des choppers américains). L'exportation sur le marché américain, où la Bonneville était très appréciée (et utilisée en course tout-terrain par Steve Mc Queen en personne) a toujours été considérée comme une priorité par la firme Triumph.

En 1976, la Bonneville adopte un disque de frein à l'arrière et la sélection se met aux standards japonais, avec un sélecteur qui migre sur le côté gauche de la moto.

En 1977, une série limitée de 1 000 exemplaires, appelée Queen Jubilee, commémore les 25 ans du règne de la reine Élisabeth II. Elle se distingue par ses coloris rouge, blanc et bleu sur un réservoir argent.

En 1979, la Bonneville se met à la mode des chopper avec le modèle Special. Il arbore un guidon haut, un échappement 2-en-1, et une roue plus large à l'arrière. Une version à simple carburateur, plus facile a régler (pas de synchronisation) mais un peu moins puissante est commercialisée sous l'appellation Tiger.

L'allumage classique par vis platinées est remplacé à partir de fin 1977 par un modèle électronique (le Lucas RITA) plus facile à régler avec un pistolet stroboscopique, et au réglage plus constant dans la durée mais ce composant n'est , comme bien des produits Lucas, pas au dessus de tout soupçon (les utilisateurs et concessionnaires préfèrent le remplacer par un système CDI Boyer-Brandsen en cas de panne).

Bien que le système électrique soit passé en12V avec le négatif à la masse (la norme continentale), les bobines d'allumage restent en 6V et sont donc survoltées pour faciliter les démarrages à froid, une résistance ballast entrant ensuite en jeu pour éviter (pas toujours) le claquage des enroulements primaires ou secondaires.

Les carburateurs dus au sous traitant AMAL sont remplacés à partir de 1978 par des modèles censément plus modernes, d'aspect extérieur plus anguleux avec un couvercle de boisseau en plastique, ils nécessitent des pipes d'admission parallèles. Malheureusement ces composants s'avèrent peu durables. (le corps de boisseau s'ovalise avec les vibrations ), et on verra fleurir en post-monte des kits pour adapter des carburateurs japonais plus fiables.

Une option d'époque est le montage de roues en alliage léger "à bâtons" produites aux USA par Lester à la place des roues à rayons ...mais leur aspect moderne déplaît aux puristes.

Il est également décliné une version TT (tout terrain) avec un échappement relevé qui n'est pas une vraie machine d'enduro mais permet de rouler sur les mauvais chemins (les motos de Steve Mc Queen et des équipes participant aux six-jours internationaux ou ISDE avaient des parties cycle et des suspensions spéciales dues au constructeurs artisanaux Colin Seeley ou Don Rickman).

En 1981, pour fêter le mariage entre le prince Charles et Lady Diana, Triumph présente une série spéciale Royale, avec de nombreux éléments polis ou chromé, un double disque à l'avant et des amortisseurs Marzocchi. La même année, la Bonneville executive tend les bras aux grands voyageurs. Elle offre deux sacoches latérales, un top-case et un énorme carénage tête de fourche fixé sur le guidon.

En 1983, la TSS était censée freiner l'ascension des modèles japonais et relancer Triumph. Il s'agit de l'adaptaion à l'usine d'une culasse à 4 soupapes par cylindres précédemment proposée en kit post achat par le préparateur Les Harris. Le moteur développe 60 chevaux mais il perd en souplesse et en rondeur d'utilisation. Certaines versions comportent un démarreur électrique mais l'alternateur (du sous traitant Lucas PLC) et la batterie trop faibles associés à un moteur haute compression rendent son fonctionnement peu sûr.

A cette époque la firme Triumph subit le contrecoup de l'ère Thatcher. En effet, après de nombreux déboires dans la restructuration de l'industrie moto britannique (fusion cahotique de BSA, Triumph Norton, Villiers, parsemée de dépots de bilan successifs) l'usine de Meriden, dernier bastion de l'industrie motocycliste britannique, est devenue une Coopérative Ouvrière (la presse française fait des comparaisons avec l'entreprise horlogère LIP). Le gouvernement conservateur étant par principe hostile à toute subvention, alors même qu'une modernisation des machines outils est devenue une nécessité criante [3] la faillite est inévitable et l'usine ferme.

Entre 1985 et 1988, la production de la Bonneville reste assurée par Les Harris. Elle est équipée d'une fourche Paioli, d'amortisseurs Marzocchi et de freins Brembo. Certaines motos sont équipées (d'origine ou en post-monte) d'un bloc cylindre aluminium revêtu électriquement par un alliage de chrome nickel silicé type Nikasil (à la place du traditionnel bloc fonte réalésable 5 fois) fabriqué par un sous traitant de Moto Guzzi. Un kit avec une courroie crantée à la place de la chaîne de transmission primaire triplex est parfois installé d'origine sur les quelques dernières dizaines Triumph produites par Les Harris.

Mais, en 1988, John Bloor, propriétaire de Triumph, décide de ne pas reconduire la licence d'exploitation. Il lancera plus tard une nouvelle usine Triumph à Hinckley centrée sur des modèles à 3 et 4 cylindres inspirés par la production japonaise. L'image de marque de l'industrie britannique est en effet durablement entachée par les problèmes de fiabilité et d'obsolescence que le public associe aux bicylindres verticaux "à l'anglaise" (vibrations et fuites d'huile). C'est l'arrêt de la « Bonnie ».

La Bonneville eut néanmoins son heure de gloire au cinéma, Richard Gere chevauche une T140 dans Officier et Gentleman.

Bonneville 2000

Bonneville 2000
Bonneville T100
Bonneville America
Bonneville Speedmaster

En 2000, l'homme qui avait mis un terme à la carrière de la Bonneville lui redonne vie. John Bloor surfe sur la vague néo-rétro et propose la nouvelle Bonneville. Le moteur est toujours un bicylindre en ligne quatre temps calé à 360°. Sa cylindrée est désormais de 790 cm3, délivrant 62 chevaux. Le cadre reste un double berceau.

En 2001, la gamme s'étoffe avec l'arrivée de la Bonneville America (grand guidon et position plus typée cruising, calage du moteur à 270°) et la Bonneville T100 Centenial Edition qui commémore les 100 ans de la marque (chrome, finition plus soignée, compte-tours).

En 2002, la version Speedmaster propose une alternative légèrement plus sportive à l'America, avec un guidon plat et deux disques de frein avant.
Les carters de la Bonneville standard, auparavant chromés, sont désormais en aluminium polis. Les carters chromés restent disponible en option[4].

En 2003, les Triumph Bonneville America et Bonneville Speedmaster sont renommées simplement Triumph America et Triumph Speedmaster.

Pour 2005, la cylindrée des moteurs de la T100, la Speedmaster et l'America est portée à 865 cm3, avec l'adoption du moteur qui équipait jusque-là la Thruxton.

Pour le millésime 2007, la Bonneville standard adopte le moteur de 865 cm3. Speedmaster et America délaissent leurs jantes respectivement à cinq bâtons et à rayons pour des jantes à douze bâtons.
La Bonneville est déclinée en une édition spéciale noire mat, appelée Bonneville Black. À l'instar de la Ducati Mostro Dark, elle représente le modèle d'entrée de gamme, à prix plancher : 7 790 €.

En 2008, la gamme Modern Classics adopte l'alimentation par injection. Afin de ne pas dénaturer l'esthétique générale néo-rétro, le corps des injecteurs est camouflé dans un simili-carburateur.

Pour 2009, la Bonneville adopte des jantes à bâton en alliage coulé, un silencieux d'échappement modifié, un selle plus plate et plus étroite. Elle est complétée, sur la Bonneville SE, par un indicateur de rapport engagé, un compte-tour et de carters moteur polis. Les autocollants Triumph sur le réservoir sont remplacés par des écussons.

La Bonneville a fait l'objet de nombreuses éditions spéciales.

En 2005, Triumph présente neuf Bonneville T100, dont la décoration est l'œuvre du créateur Paul Smith. Elles s'appellent [5] :

  • Union Flag With Naked Lady
  • Multi-Stripe
  • Multi-Chequer
  • Chequer
  • Slogan Paisley
  • Multi-Swirl
  • Multi-Roundel
  • Live-Fast
  • Chevron Paisley

L'usine décide de produire deux séries limitées à 50 exemplaires chacune de deux modèles : la Multi-Union et la Live Fast. Elles sont numérotées, toutes les deux vendues 11 700 € et reçoivent un certificat d'authentification[6].

En 2008, pour les cinquante ans de la Bonneville, Triumph dévoile deux séries limitées. La première est un exemplaire unique vendue aux enchères au profit de l'Unicef et imaginée par Ewan McGregor. Le réservoir, qui porte la signature de l'acteur, et le garde-boue avant sont recouverts d'une peinture aux reflets cuivrés. La seconde est habillée par le créateur de vêtement Belstaff, et se pare d'une peinture noire, rehaussée de filets dorés[7].

En 2009, elle reprend les couleurs du modèle Monaco de l'horloger Tag Heuer, pour fêter les cinquante ans de cette montre[8].

Les coloris disponibles sont :
Bonneville :

  • 2001 : Scarlet Red/Silver et Forest Green/Silver
  • 2002 : Scarlet Red/Silver, Forest Green/Silver et Sky Blue/Silver
  • 2003 et 2004 : Cardinal Red et Jet Black
  • 2005 : Jet Black, GoodWood Green et Aegean Blue
  • 2006 : Jet Black, GoodWood Green et Aluminium Silver
  • 2007 : GoodWood Green, Aluminium Silver et Jet Black
  • 2008 : Jet Black, Claret, Aluminium Silver et Fusion White
  • 2009[9] et 2010[10] : Jet Black et Fusion White

Bonneville SE :

  • 2009[11] et 2010[12] : Jet Black et Pacific Blue/Fusion White
  • 2011 : Phantom Black, Pacific Blue/Fusion White et Intense Orange/Phantom Black

Bonneville T100 :

  • 2002 : Lucifer Orange/Silver
  • 2003 : GoodWood Green/Aztec Gold et Sapphire Blue/Opal White
  • 2004 : GoodWood Green/Aztec Gold, Sapphire Blue/Opal White et Jet Black/Opal White
  • 2005 : Jet Black/Opal White et Jet Black/Tangerine
  • 2006 : Tangerine/Opal White et Jet Black/Tornado Red
  • 2007 : Jet Black/White, Jet Black/Tornado Red et Lucifer Orange/Aluminium Silver (limitée à 100 exemplaires)
  • 2008 : Jet Black/Tornado Red, Jet Black/Fusion White, Claret/Aluminium Silver et Forest Green/New England White
  • 2009[13] : Jet Black/Fusion White, Claret/Aluminium Silver et Forest Green/New England White
  • 2010[14] : Jet Black/Fusion White et Forest Green/New England White

Bonneville America :

  • 2002 : Cardinal Red/Silver et Jet Black/Silver
  • 2003 : Cardinal Red/Silver, Jet Black/Silver et Caspian Blue/Silver
  • 2004 : Jet Black, Caspian Blue/Silver et GoodWood Green/Silver
  • 2005 : Jet Black, GoodWood Green/Silver et Mulberry Red/Graphite
  • 2006 : Jet Black, Graphite/Silver et Mulberry Red/Graphite
  • 2007 : Phantom Black, Phantom Black/Sunset Red, Phantom Black/Tornado Red et Pacific Blue/New England White
  • 2008 et 2009[15] : Phantom Black, Pacific Blue/New England White et Pacific Blue/Aegean Blue
  • 2010[16] : Phantom Black et Pacific Blue/New England White

Bonneville Speedmaster :

  • 2003 : Jet Black/Tornado Red et Jet Black/Racing Yellow
  • 2004 : Jet Black, Jet Black/Tornado Red, Jet Black/Racing Yellow et Jet Black/Sky Blue
  • 2005 : Jet Black, Jet Black/Tornado Red et Jet Black/Neon Blue
  • 2006 : Jet Black, Jet Black/Sunset Red et Jet Black/Neon Blue
  • 2007 : Phantom Black, Phantom Black/Sunset Red, Phantom Black/Tornado Red et Mulberry Red
  • 2008 : Phantom Black, Phantom Black/Tornado Red et Pacific Blue/Aluminium Silver
  • 2009[17] et 2010[18] : Phantom Black et Phantom Black/New England White

Les ventes en France de la Triumph Bonneville[19]:

  • 2001: 444 ex.
  • 2002: 4933 ex.
  • 2003: 7160 ex.
  • 2004: 6481 ex.

En Octobre 2015, Triumph présente sa nouvelle gamme de Bonneville avec pas moins de 5 modèles :

  • la Bonneville T120 et la Bonneville T120 Black, équipées du nouveau moteur bicylindre de 1200 cm3 développant 80 ch et 105 Nm de couple à 6550 tr/min,
  • la Thruxton et la Thruxton R, sportives de la gamme Bonneville, équipées du même moteur de 1200 cm3 dans sa version développant 97 ch et 11.4 mkg à 4950 tr/min,
  • la Street Twin, entrée de gamme équipée cette fois-ci du moteur bicylindre de 900 cm3 de 55 ch.

Fin 2018 Triumph présente une version améliorée de sa Street Twin. Le moteur est toujours le 900 cm3 mais celui-ci développe désormais 65 ch à 7500 tr/min. Le couple reste identique avec 80 Nm. Cette nouvelle version voit par ailleurs son équipement amélioré avec notamment un nouveau frein à disque Brembo à 4 pistons de 310 mm à l'avant et une nouvelle fourche à cartouche. Par ailleurs quelques détails de finitions sont améliorés par rapport à la version précédente comme une selle légèrement plus épaisse. La boite de vitesses reste identique avec ses 5 rapports.

Début 2019 c'est au tour de la nouvelle Speed Twin de faire son apparition au sein de la gamme Triumph. Reprenant une désignation historique au sein de la marque ce roadster, à l'apparence classique, embarque le bicylindre 1200 cm3 "High Power" des Thruxton.

Notes et références

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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