Miocène

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Miocène
Notation chronostratigraphique N1
Notation française mp
Notation RGF m
Niveau Époque / Série
Période / Système
- Érathème / Ère
-- Éonothème / Éon
Néogène
Cénozoïque
Phanérozoïque

Stratigraphie

DébutFin
Point stratotypique mondial 23,03 Ma Point stratotypique mondial 5,333 Ma

Faune et flore

Reconstitution d'un paléopaysage du Miocène et de sa faune nord américaine.

Le Miocène est la première époque du Néogène et la quatrième de l'ère Cénozoïque. Précédée par l'Oligocène, elle s'étend de 23,03 ± 0,05 à 5,332 ± 0,005 millions d'années[1] et est suivie par le Pliocène.

Le nom « Miocène » a été créé par Charles Lyell à partir du grec μείων (meioon, moins) et καινός (kainos, nouveau), moins récent, car cette période comporte moins d'invertébrés marins modernes que le Pliocène.

Durant sa première moitié, le Miocène connait une période de réchauffement puis d'optimum climatique. La végétation tropicale remonte vers le nord, favorisant l'expansion des faunes africaines, et notamment des hominidés, en Europe et en Asie. À partir de 14 millions d'années (Ma), le climat connait une tendance au refroidissement et à l'assèchement, qui se poursuivra avec des fluctuations pendant le Pliocène, jusqu'à parvenir aux cycles glaciaires du Pléistocène.

Subdivisions

Les subdivisions du Miocène sont définies par les abondances relatives de foraminifères et de nanofossiles calcaires.

Miocène inférieur
Aquitanien (23,03 ± 0,05 à 20,43 ± 0,05 Ma)
Burdigalien (20,43 ± 0,05 à 15,97 ± 0,05 Ma)
Miocène moyen
Langhien (15,97 ± 0,05 à 13,65 ± 0,05 Ma)
Serravallien (13,65 ± 0,05 à 11,608 ± 0,005 Ma)
Miocène supérieur
Tortonien (11,608 ± 0,005 à 7,246 ± 0,005 Ma)
Messinien (7,246 ± 0,005 à 5,332 ± 0,005 Ma)

Paléogéographie

Fichier:Middle Miocene geography.jpg
Carte de paléogéographie au Miocène moyen (14 Ma).

Les continents poursuivent leur dérive. Les Amériques continuent à s'éloigner de l'Afrique et de l'Europe.

La principale différence avec la géographie actuelle est la séparation de l'Amérique du Nord et de l'Amérique du Sud. L'Amérique du Sud accentue son choc avec les plaques du Pacifique, ce qui produit un mouvement de subduction qui entraine l'élévation de la Cordillère des Andes et l'extension vers le sud de la péninsule mésoaméricaine.

Les montagnes jeunes situées dans le Nord-Ouest de l'Amérique du Nord et en Europe (Alpes) continuent leur surrection. Des dépôts datant du Miocène sont communs partout sur la Terre. Les affleurements marins se retrouvent dans des zones proches des côtes modernes.

La plaque indienne poursuit sa collision avec l'Asie, l'Himalaya continue son élévation, processus encore actif de nos jours. L'océan Téthys finit de disparaitre pour laisser la place à la Mer Méditerranée, la Mer Noire, et la Mer Caspienne. Vers la fin du Miocène, le détroit de Gibraltar se ferme et la Méditerranée s'assèche, épisode dénommé crise de salinité messinienne. Cet épisode se termine au début du Pliocène par la réouverture du détroit de Gibraltar.

Le climat devient plus sec à la fin du Miocène, la température baisse et l'humidité de l'air diminue, l'Australie devient semi-aride.

Vie

Flore

L' « Arbre au sang de dragon » (Dracaena cinnabari) est considéré comme l'un des vestiges des forêts subtropicales du Mio-Pliocène de Laurasie, qui ont maintenant presque disparu d'Afrique du Nord.

À différentes périodes du Miocène, le Sahara était au moins localement couvert de forêts humides. Ceci a été confirmé par la découverte de milliers de dents de petits mammifères trouvées dans des pelotes de régurgitation de rapaces. Ces dents appartenaient notamment à une dizaine d'espèces de petits lémuriens vivant dans les arbres, et elles étaient accompagnées de restes d'amphibiens, de petits reptiles proches des caméléons et de rongeurs[2]. Ces restes évoquent un milieu enforesté et humide (500 mm à 1 200 mm d'eau/an) avec des clairières assez grandes et nombreuses pour que s'y développent de petits rongeurs.

Martin Pickford pense que cette forêt a commencé à reculer il y a 10 millions d'années, avant que, vers 7 millions d'années, les forêts humides se réduisent à la zone intertropicale, alors que l'Égypte entamait elle aussi une phase d'aridification[3]. À la fin du Miocène, les forêts tropicales africaines ont régressé en laissant la place à de vastes savanes où les graminées se diversifient. De nouvelles espèces capables d'assimiler plus efficacement le dioxyde de carbone apparaissent.

Faune

Le mégalodon est l'animal le plus du Miocène.
Empreinte fossile de camélidé (Lamaichnum alfi Sarjeant and Reynolds, 1999) provenant de la formation géologique de Barstow (en) (Miocène) du bassin de Rainbow (en) en Californie.
Fossile de grand crabe (Archaeogeryon peruvianus) du Miocène (MHNT).

Les mammifères marins sont moins nombreux qu'actuellement, mais les faunes marine et terrestre sont quasiment modernes.

Sur le territoire de l'actuelle Europe de l'Ouest et de la France, on peut notamment trouver des castors, loups, chevaux, cerfs, chameaux, proboscidiens[4] et rhinocéros (ex : Diaceratherium aurelianense et Brachypotherium brachypus[5]), de nombreux oiseaux dont corbeaux, canards, hiboux... vivant à cette époque.

Toutes ou presque toutes les familles d'oiseaux existent à la fin du Miocène. Les quelques oiseaux fossiles post Miocène qui ne peuvent être placés dans la classification sont simplement trop abimés plutôt qu'équivoques dans leurs caractères. C'est durant le Miocène que les oiseaux marins atteignent leur plus grande diversité.

Les algues brunes appelés Kelp prolifèrent, supportant ainsi de nouvelles espèces, des loutres de mer, des poissons et des invertébrés. Les requins modernes apparaissent ainsi que les mégalodons. Les cétacés se diversifient, avec entre autres l'apparition des cachalots et l'évolution de dauphins, baleines et marsouins ; leurs ancêtres, les Archaeoceti, disparaissent, les Pinnipèdes évoluent vers des formes plus adaptées à un environnement aquatique.

Seules l'Amérique du Sud et l'Australie, toutes deux isolées, présentent des faunes de mammifères marsupiaux, ancestrales des mammifères placentaires.

En France, cette faune a commencé à être identifiée par les paléontologues et géologues de la fin du XIXe siècle, par exemple dans le bassin rhodanien (encore en exploration[6]) par Depéret[7],[8],[9],[10] et au début du XXe siècle, notamment dans les faluns de l'Orléanais et de Touraine par Mayet[11],[12], en Indre-et-Loire[13], en Maine-et-Loire[14], dans le Bassin Aquitain (Gascogne, Aquitaine, Gers[4],[15],[16]).

Hominidés

Le Proconsul, primate fossile emblématique des Hominoidea

Au début du Miocène, on assiste à l'expansion puis à une forte diversification en Afrique des Hominoidea (grands singes, ou singes sans queue), apparus tout à la fin de l'Oligocène. Doté d'un cerveau un peu plus volumineux que ses prédécesseurs, le Proconsul (vers 20 Ma) est le plus connu des Hominoidea. Dès cette époque, les grands singes forment plusieurs familles, dont les Hylobatidae (gibbons) qui se répandent en Asie du sud-est, et les Hominidae qui sortent d'Afrique et apparaissent en Europe vers 17 Ma, à la faveur d'un épisode de réchauffement climatique et d'expansion des forêts.

Vers 15 Ma, les Hominidae se scindent en deux sous-familles, les Ponginae qui occupent toute l'Asie méridionale, de la Turquie jusqu'à la Chine, et les Homininae en Afrique et en Europe. C'est le temps de la « planète des singes » hominidés. Avec plusieurs dizaines d'espèces fossiles connues (il n'en reste aujourd'hui que huit), les Hominidae occupent toutes les niches écologiques des forêts de l'Ancien Monde[17].

À partir de 14 Ma, la tendance générale passe au lent refroidissement et assèchement du climat, qui devient progressivement plus saisonnier. À la fin du Miocène, les savanes et les prairies se développent tandis que le couvert arboré régresse, se réduisant essentiellement à la zone intertropicale. La crise de salinité messinienne qui s'est déroulée il y a 5,96 à 5,33 millions d'années a peut-être été renforcée par la réduction des précipitations. Les Homininae d'Europe, espèces arboricoles, végétariennes et frugivores, s'éteignent à la fin du Miocène. Sur le continent européen se met en place une autre « planète des singes » avec l'arrivée d'un cercopithécoïde (singe à queue), le Mésopithèque (en). Ce cercopithécoïde qui annonce l'expansion des singes à queue, notamment les macaques en Asie et, plus tard, les babouins en Afrique, est un folivore strict, spécialisation alimentaire mieux adaptée à des environnements devenus à la fois moins arborés et plus saisonniers[17].

Les homininés africains sont bien plus mal connus que leurs cousins européens. La période allant de 12 Ma à 7 Ma a livré très peu de fossiles en Afrique, ce qui ne permet pas d'imaginer une phylogénie même provisoire. Dans ce continent considéré comme le berceau de la lignée humaine, la fragmentation des forêts en zone intertropicale n'exclut pas l’existence d’îlots forestiers de dimensions plus réduites, comme la forêt claire (mêlant espaces arborés et espaces graminéens). D'ascendance encore indéterminée, les premiers hominines sont connus à partir de 7 Ma, avec Sahelanthropus tchadensis, puis Orrorin tugenensis (5,9 Ma) qui montre une bipédie avancée tout en conservant des membres supérieurs adaptés à la vie arboricole. Le refroidissement et l'assèchement climatiques n'empêchent pas l'existence de paysages mosaïques (rivières, lacs, marécages, zones boisées, îlots forestiers, savane arborée, prairies herbeuses et zones désertiques) dans lesquels apparaissent au Pliocène vers 4,2 Ma les australopithèques, à la bipédie plus affirmée. Il faut attendre 2,8 Ma et l'orée du Pléistocène pour trouver le premier fossile attribué au genre Homo[18].

Notes et références

  1. (en) GeoWhen database
  2. Étude publiée par l'académie des sciences (Palévol 2006) à partir des découvertes de Martin Pickford (paléontologue au MNHN) et de ses collègues de l'université de Menoufia (Égypte), dans l'actuel désert libyque d'Égypte
  3. Publication de Paléoévolution, 2006, citée par le Figaro (article du 15/10/2007)
  4. a et b C. Bulot et L. Ginsburg, « Gisements à Mammifères miocènes du Haut-Armagnac et âge des plus anciens Proboscidiens d'Europe occidentale », Comptes-Rendus de l’Académie des Sciences de Paris, 2e série, vol. 316, no 7,‎ , p. 1011-1016.
  5. E. Cerdeño, « Étude sur Diaceratherium aurelianense et Brachypotherium brachypus (Rhinocerotidae, Mammalia) du Miocène moyen de France », Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle, vol. 15, nos 1-4,‎ , p. 25-77.
  6. C. Guérin et P. Mein, « Les principaux gisements de mammifères miocènes et pliocènes du domaine rhodanien », Doc. Lab. Géol. Fac. Sci. Lyon, no 49,‎ , p. 131-170.
  7. Charles J.J. Depéret, La faune de mammifères miocènes de la Grive-Saint-Alban (Isère) et de quelques autres localités du bassin du Rhône : documents nouveaux et révision générale, H. Georg, , 93 p..
  8. J. Viret, Catalogue critique de la faune des mammifères Miocènes de La Grive Saint-Alban (Isère), A. Rey & Co, , 102 p..
  9. Claude A. Gaillard, « Mammifères miocènes nouveaux ou peu connus de La Grive-Saint-Alban (Isère) », Archives du Museum d'histoire naturelle de Lyon (Rey & Co), vol. 7, no 2,‎ .
  10. P. Mein, « Composition quantitative des faunes de mammifères du Miocène moyen et supérieur de la région lyonnaise », Paléobiologie continentale, vol. 14, no 2,‎ , p. 339-346.
  11. L. Mayet, Étude des mammifères miocènes des sables de l'Orléanais et des faluns de la Touraine, Lyon, A. Rey, coll. « Annales de l'Université de Lyon » (no 24-27), (lire en ligne).
  12. Léonard Ginsburg, « Les faunes de mammifères terrestres du Miocène moyen des Faluns du bassin de Savigné-sur-Lathan (France) », Geodiversitas, vol. 23, no 3,‎ , p. 381-394 (lire en ligne, consulté le ).
  13. Léonard Ginsburg, « Les mammifères des sables du Miocène inférieur des Beilleaux à Savigné-sur-Lathan (Indre-et-Loire) », Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle, vol. 11, no 2,‎ , p. 101-121.
  14. Léonard Ginsburg et Michel Bonneau, « La succession des faunes de mammifères miocènes de Pontigné (Maine-et-Loire, France) », Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle, vol. 16, nos 2-4,‎ , p. 313-328 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  15. S. Baudelot et A. Collier, « Les faunes de mammifères Miocènes du Haut-Armagnac (Gers, France) : Les Gliridés (Mammalia, Rodentia) », Geobios, vol. 15, no 5,‎ , p. 705-727 (résumé).
  16. P.-O. Antoine, F. Duranthon et P. Tassy, « L'apport des grands mammifères (Rhinocérotidés, Suoidés, Proboscidiens) à la connaissance des gisements du Miocène d'Aquitaine (France) », Mémoires et travaux de l'Institut de Montpellier, no 21,‎ , p. 581-590 (lire en ligne, consulté le ).
  17. a et b Pascal Picq, Premier homme, Flammarion, , p. 34 et 35
  18. Michel Brunet et Jean-Jacques Jaeger, « De l’origine des anthropoïdes à l’émergence de la famille humaine », Comptes Rendus Palevol, vol. 16, no 2,‎ , p. 189-195 (DOI 10.1016/j.crpv.2016.04.007, lire en ligne [PDF])

Bibliographie

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Voir aussi

Articles connexes