Sofia Goubaïdoulina

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 25 avril 2020 à 21:07 et modifiée en dernier par Bot de pluie (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Sofia Goubaïdoulina
Description de cette image, également commentée ci-après
Sofia Goubaïdoulina en 1981.

Naissance (92 ans)
Tchistopol, RSSA tatare, RSFS de Russie
Drapeau de l'URSS Union soviétique
Activité principale Compositrice
Lieux d'activité Moscou, puis Allemagne
Éditeurs Éditions Sikorski
Maîtres Nikolaï Peïko, Vissarion Chebaline
Enseignement Conservatoire de Kazan, conservatoire de Moscou
Récompenses Prix Polar Music (2002), Prix Bach de Hambourg (2007)

Sofia Asgatovna Goubaïdoulina (en russe : София Асгатовна Губайдулина) est une compositrice russe, née le à Tchistopol, en RSSA tatare (RSFS de Russie, Union soviétique), qui réside en Allemagne depuis 1991. Elle est l'auteur d'une centaine d'œuvres, relevant de différents genres : la symphonie, le concerto, la musique de chambre, les œuvres pour la scène, mais aussi la musique de film et de télévision.

Biographie

Sofia Goubaïdoulina effectue ses études musicales au Conservatoire de Kazan, où sa famille a déménagé en 1932. Elle étudie dès 1949, avec Grigory Kogan (piano) et Albert Leman (composition) et en sort diplômée en 1954. Elle poursuit son cycle au conservatoire de Moscou pour étudier le piano avec Iakov Zak et la composition avec Peïko[1].

Pendant ces mêmes années, de 1954 à 1959, elle est assistante de Dmitri Chostakovitch. Après son diplôme supérieur en 1963 et avoir été reçue au sein de l'union des compositeurs, elle étudie la composition avec Vissarion Chebaline[2],[3]. Sa première œuvre importante, un quintette avec piano, y fut créée en 1958[3].

Compositrice indépendante, « elle puise son inspiration aux sources de la poésie et de la spiritualité », ce qui rend parfois ses relations difficiles avec l'Union des compositeurs soviétiques et notamment Tikhon Khrennikov[3].

Entre 1963 et 1985, elle compose dix-neuf musiques de film[3].

En 1969 et 1970, Sofia Goubaïdoulina fonde un studio expérimental de musique électronique et devient membre de l'Ensemble Astreya (1975–1981), aux côtés des compositeurs Viatcheslav Artiomov et Viktor Sousline (depuis 1991)[2], avec qui elle improvise sur des instruments rares d'Europe de l'Est, ainsi que sur des instruments rituels. Elle compose en 1972 Stufen, symphonie en sept mouvements, et en 1976 L'heure de l'âme sur un poème de Marina Tsvetaïeva[3].

En 1988, le musicologue Nicolas Slonimsky considère que les compositeurs « Alfred Schnittke, Edison Denisov (prénommé ainsi en hommage à Thomas Edison) et Sofia Goubaïdoulina sont très estimés parmi les compositeurs du monde entier[note 1] ».

En 1981, le violoniste Gidon Kremer interprète son concerto Offertorium et la fait connaître du monde musical international[5]. Outre Kremer, d'autres artistes ont été séduits par l'œuvre de la compositrice, tels que le Kronos Quartet, le Quatuor Arditti, le percussionniste Mark Pekarski, Valery Popov, Vladimir Tonkha, les chefs d'orchestre Simon Rattle, Guennadi Rojdestvenski et les solistes Mstislav Rostropovitch[2] et Anne-Sophie Mutter. Cette dernière, lors de la découverte du concerto pour violon qui lui est dédié In tempus praesens (2007), a dit : « Ce fut, sans exagérer, la plus grande expérience que j'ai vécu avec une partition contemporaine. Cette pièce est d'une extrême densité émotionnelle »[6].

Influencée par ses origines tatares, qui ont un profond effet sur ses œuvres[2], et toutes formes de musiques rituelles[5], par la mystique chrétienne et la philosophie orientale, qui se reflètent dans le choix de ses titres ou l'usage de textes latins, allemands et italiens[2]. Elle a reçu de nombreux prix, dont le prix international du disque Koussevitzky (1989 et 1994), le prix Franco Abbiato (1991), le Heidelberger Künstlerinnenpreis (1991) et le prix de l'État russe (1992).

Depuis 1992, elle est installée près de Hambourg en Allemagne[7],[8], tout en gardant sa citoyenneté russe[9].

En 1998, elle est invitée au centre Acantes associé au festival d('Avignon[10].

Œuvres (sélection)

Son éditeur tient à jour le catalogue de ses œuvres[11].

  • Chaconne (1962) pour piano
  • Sonate (1965) pour piano en 3 mouvements (Allegro, Adagio et Allegretto)
  • Jouets musicaux (1969), 14 pièces pour piano
  • Toccata-Troncata (1971) pour piano
  • Invention (1974) pour piano
  • Introitus (1978) pour piano et orchestre de chambre
  • Hommage à Marina Tsvetaïeva (1984), pour chœur
  • Hommage à T. S. Eliot (1987), pour octuor et soprano
  • In croce (1979-92), pour violoncelle et orgue
  • Offertorium (1980), pour violon et orchestre. Commande de Gidon Kremer.
  • Rejoice!, sonate pour violon et violoncelle (1981)
  • Sieben Worte (1982), pour violoncelle, accordéon et cordes
  • Quatuor à cordes no 1 (1971)
  • Quatuor à cordes no 2 (1987)
  • Quatuor à cordes no 3 (1987)
  • Pro et Contra (1989) pour orchestre
  • Alléluia (1990) oratorio
  • Prière pour l'ère du Verseau (1991) — reprend les deux partitions précédentes, associées à l'oratorio Lauda, en une trilogie chorégraphique
  • Cantique au soleil de saint François d'Assise (1997), pour violoncelle, chœur et percussions
  • Trio pour violon, alto et violoncelle (1988)
  • Quatuor à cordes avec bande magnétique (1993)
  • In Erwartung, pour quatuor de saxophones et 6 percussionnistes (1994)
  • Passion selon saint Jean (2000)
  • Pâques selon saint Jean, oratorio (2002)
  • Réflexion sur le thème BACH (2002), commande du quatuor Brentano
  • In Tempus Praesens, concerto pour violon dédié à Anne-Sophie Mutter (2006/2007)

Prix et distinctions

Bibliographie

Discographie

Son éditeur, Sikorski, tient sa discographie[13].

Notes et références

Notes

  1. Texte original : « The names of Alfred Schnittke, Edison Denisov (who received his first name in honour of Thomas Edison) and Sophia Gubaidulina stand high in the ranks of world composers[4] ».

Références

  1. Theodore Baker et Nicolas Slonimsky (trad. Marie-Stella Pâris, préf. Nicolas Slonimsky), Dictionnaire biographique des musiciens [« Baker's Biographical Dictionary of Musicians »], t. 1 : A-G, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (réimpr. 1905, 1919, 1940, 1958, 1978), 8e éd. (1re éd. 1900), 4728 p. (ISBN 2-221-06787-8), p. 1526
  2. a b c d et e (en) Valentina Kholopova, « Gubaydulina, Sofiya Asgatovna », dans Stanley Sadie (éd.), The New Grove Dictionary of Music and Musicians, Londres, Macmillan, seconde édition, 29 vols. 2001, 25 000 p. (ISBN 9780195170672, lire en ligne)
  3. a b c d et e Frans C. Lemaire, Le destin russe et la musique : Un siècle d'histoire de la révolution à nos jours, Paris, Arthème Fayard, coll. « Les chemins de la musique », , 736 p. (ISBN 2-213-62457-7), chap. 13 (« La musique russe au féminin »), p. 533-547.
  4. Nicolas Slonimsky 1988, p. 250.
  5. a et b (de) Biographie sur le site de son éditeur, sikorski.de.
  6. Cité dans le livret du disque DG (2008), p. 23.
  7. Scène Magazine, mai 2013.
  8. Sax, Mule & Co, Jean-Pierre Thiollet, H & D, 2004 (p. 129).
  9. (ru) София Губайдулина: Нельзя включаться в ненависть (25 septembre 2014) sur russkoepole.de.
  10. « MUSIQUE CONTEMPORAINE. Ostracisée sous Staline pour son anticonformisme, la compositrice est l'invitée du centre Acanthes, rattaché au Festival d'Avignon. Sofia Goubaidulina, à suivre sur le «chemin d'erreur». Sofia Goubaidulina, Centre Acanthes, jusqu'au 26 juillet; loc. 04 90 15 24 02. », sur Libération.fr, (consulté le )
  11. Catalogue (28 avril 2017) [PDF] sur sikorski.de.
  12. (de) Sofia Gubaidulina - Von 1988 bis 1993 Mitglied der Akademie der Künste, Berlin (West), Sektion Musik. Seit 1993 Mitglied der Akademie der Künste, Berlin, Sektion Musik sur le site de l’Akademie der Künste
  13. Discographie (version septembre 2011) [PDF] sur sikorski.de.

Liens externes