Manifestations et émeutes consécutives à la mort de George Floyd

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Manifestations et émeutes consécutives à la mort de George Floyd
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À Minneapolis, le .
Informations
Date Depuis le
(3 ans, 11 mois et 28 jours)
Localisation Minneapolis (Minnesota, États-Unis)
Caractéristiques
Revendications Antiracisme
Opposition aux violences policières
Nombre de participants Plusieurs milliers
Types de manifestations Marches, blocages routiers,
incendies volontaires, pillages, vandalisme, lynchages
Bilan humain
Morts 8

Les émeutes de 2020 à Minneapolis-Saint-Paul sont une série d'émeutes provoquées par la mort de George Floyd le 25 mai 2020. Le jour suivant, des manifestations sont organisées contre le racisme et les violences policières. Celles-ci se transforment en émeutes sous la forme d'incendies criminels, de vandalisme et de pillages. Le 29 mai 2020, plus de 170 commerces sont pillés ou endommagés et la police recense une dizaine d'incendies[1].

Les émeutes s'étendent rapidement à toutes les grandes villes du pays.

Contexte

Violence policière aux États-Unis

Les cas fréquents de violence policière et du recours mortel à la force par les forces de l'ordre ont conduits les mouvements pour les droits civiques à protester contre l'absence responsabilisation de la police (en) lors d'un incidents meurtriers. Les émeutes de Watts, en 1965, sont une réponse notable aux violences exercées contre le mouvement afro-américain des droits civiques[2]. En 1992, une vidéo amateur où l'on voit plusieurs policiers passer un tabac pendant plusieurs minutes l'angelino afro-américain Rodney King fait le tour du monde et est le déclencheur d'une semaine d'émeutes[3].

Durant les années 2010, plusieurs affaires de violences policières mortelles visant des Afro-Américains sont fortement médiatisées. Lorsqu'en 2013, le surveillant de voisinage George Zimmerman, qui a tiré une balle dans le ventre de Trayvon Martin, 17 ans, est déclaré non coupable, les antiracistes afro-américains s'organisent en un mouvement, Black Lives Matter. Il s'amplifie dès l'année suivante, en réaction aux morts de Michael Brown, Eric Garner et Laquan McDonald (en), tués par des policiers blancs[3]. Au cours des années suivantes, il met en lumière de nombreuses autres affaires, comme celles concernant Freddie Gray en 2015 et Philando Castile (en) en 2016[4].

Selon le chercheur Jesse Jannetta, spécialiste des questions de justice et de police, les violences policières aux États-Unis proviennent notamment de « la latitude des policiers à user de la force, d’un point de vue juridique, avec notamment la notion d’« immunité qualifiée » [qui empêche les officiers de police d’être poursuivis pour des actions discrétionnaires dans l’exercice de leurs fonctions]. » La justice a ainsi beaucoup de mal à poursuivre des officiers de police impliqués dans la mort de citoyens[5].

Pandémie de Covid-19

Les émeutes se déroulent pendant la pandémie de Covid-19 aux États-Unis. Au début des émeutes, le 26 mai 2020, l'État du Minnesota recense 21 960 cas et 899 morts[6]. Des mesures exceptionnelles ont été prises par le gouvernement du Minnesota afin de limiter l'étendue de la pandémie.

Mort de George Floyd

Le 25 mai 2020, George Floyd, un homme noir de 46 ans, est menotté et interpellé suite à l'intervention d'une équipe de policiers. On le soupçonne d'avoir utilisé un faux billet de 20 dollars[7]. Pendant 7 minutes, George Floyd est maintenu au sol par un policier qui appuie son genou sur son cou[8]. Malgré les interpellations des passants et les protestations de l'homme au sol, il finit par perdre connaissance et est déclaré mort quelques minutes plus tard à l'Hennepin County Medical Center (en)[9].

La vidéo de l'interpellation provoque un grand émoi dans le pays et des manifestations sont organisées dès le 26 mai.

Déroulement

26 mai

Le 26 mai vers midi une foule de quelques centaines de personnes manifeste devant le poste de police de la 3e circonscription de Minneapolis pour exprimer leur indignation concernant les violences policières. La manifestation tourne au vandalisme du commissariat et des voitures de police sont caillassées. À 20 heure, la police en tenue anti-émeute disperse la foule avec des gaz lacrymogènes.

27 mai

Des manifestations ont lieu sur l'avenue Chicago Sud. La police utilise des gaz lacrymogènes et tire des balles en caoutchouc sur la foule. De nouvelles dégradations ont lieu en début de soirée sur l'AutoZone puis des vidéos circulent sur Twitter, Facebook et d'autres plateformes de médias sociaux montrant l'Autozone en feu sur East Lake Street. Un magasin Target situé à proximité est pillé par une foule d'une centaine de personnes. Un homme est tué par balle par un prêteur sur gages qui pensait qu'il cambriolait son commerce.

28 mai

Incendie du poste de police du 3e district

L'état d'urgence est décrété à Minneapolis par le maire Jacob Frey et 500 soldats de la Garde nationale du Minnesota sont déployés dans le secteur.

En matinée, une trentaine de commerces de Minneapolis ont été endommagés par des émeutiers. À Saint-Paul, un magasin Dollar Tree et un Target sont pillés et un restaurant Wendy's incendié. Le département de police de Saint-Paul signale que 170 commerces ont été endommagés ou pillés jeudi et des dizaines d'incendies ont été allumés.

Dans la soirée du 28 mai, des manifestants mettent le feu à des bâtiments voisins du poste de police du 3e district. Les clôtures entourant l'installation sont démolies et la police utilise des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Le bâtiment du 3e district est envahi par les manifestants plus tard dans la nuit, et le bâtiment lui-même finit par être incendié.

Une femme est retrouvée décédée dans sa voiture lors de cette deuxième nuit de violence[10].

29 mai

Entretien avec un résident de Minneapolis, le 29 mai, par la Voice of America

Jacob Frey tient une conférence de presse concernant les émeutes où il condamne les actions des manifestants comme étant inacceptables. Frey déclare que les personnes engagées dans les émeutes seront tenues responsables des dommages causés à la communauté et que Minneapolis est forte comme l'enfer.

Dans la matinée,le reporter de CNN Omar Jimenez et son équipe de tournage sont arrêtés par des agents de la patrouille de l'État du Minnesota en plein direct à la télévision. Jimenez s'est identifié comme journaliste ainsi que l'équipe mais les autorités ont déclaré que l'équipe n'avait pas suivi les ordres et les ont retenus quelques heures le temps que CNN publie une déclaration affirmant que cette arrestation violait les droits du premier amendement des journalistes. L'équipe est libérée dans la journée après une intervention du gouverneur du Minnesota, Tim Walz.

Manifestations dans d'autres villes

Amérique du Nord

Drapeau des États-Unis États-Unis

Les manifestations de protestation et les émeutes s'étendent à tout le pays, « de New-York à Los Angeles », et le siège de CNN à Atlanta est incendié[11].

Le 29 mai à Détroit, un individu fonce dans les manifestants avec une voiture et ouvre ensuite le feu contre eux, tuant un manifestant de 19 ans avant de prendre la fuite[12], le même jour un officier de police est tué et un autre est blessé lors d'une fusillade lors d'un rassemblement à Oakland[13].

Le 30 mai, des centaines de manifestants convergent en direction de la Maison-Blanche à Washington D.C, et les services secrets « verrouillent » le palais présidentiel et les services de sécurité de la maison blanche sont placés en état d’alertes et de vigilance par mesure de sécurité. Des tensions éclatent entre la police et les manifestants devant la résidence présidentielle. Une fusillade éclate dans le centre d'Indianapolis durant une manifestation tuant un manifestant[14] et deux voitures de police foncent dans la foule à New-York[15].

San Francisco

Le soir du 30 mai, des dégâts causés sur des voitures de police et des agressions sur des officiers de police poussent la maire London Breed à déclarer un couvre-feu immédiat jusque 5 heures du matin. Elle déclare : « Ce que nous voyons ce soir — la violence, le vandalisme et les crimes commis dans notre ville, pas contre la propriété mais contre d'autres personnes — c'est quelque chose que nous ne tolérerons pas ».

Sur la Bay Street d'Emeryville, plusieurs établissement dont H&M, Best Buy, GameStop, sont la cible de pillards à partir de 20 heures 30. Des centaines de personnes parviennent à dévaliser les magasins et emporter avec eux des télévisions, des téléphones ou des vêtements[16].

Los Angeles

Le 30 mai, à Los Angeles, des milliers de personnes défient le couvre-feu imposé par les autorités locales et vandalisent, incendient et pillent de multiples commerces[17].

Drapeau du Canada Canada

Le 31 mai, des manifestations s'étendent jusqu'au Canada, des milliers de manifestants dénoncent la mort de George Floyd à Montréal[18].

Europe

Drapeau de l'Allemagne Allemagne

Les manifestations s'étendent jusqu'en Europe, 2 000 personnes se rassemblent le 30 mai devant l'ambassade des États-Unis à Berlin, les manifestants demandent justice pour George Floyd[19].

Drapeau de l'Irlande Irlande

Le 31 mai, une manifestation rassemblant 150 personnes à eu lieu dans la capitale irlandaise Dublin[20]

Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni

Le 31 mai des milliers de manifestants rendent hommage à George Floyd à Londres[21] et une centaine de manifestants rendent hommage à George Floyd à Manchester[22].

Le Liverpool Football Club apporte également sont soutient aux manifestants[23].

Océanie

Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande

Le 1 juin, les manifestations s'étendent jusqu'en Océanie, une manifestation a eu lieu dans la principale ville néo-zélandaise Aukland[24].

Violences contre les journalistes

Plusieurs dizaines de journalistes ont été directement pris à partie par les forces de l’ordre, ciblés par des tirs de balles en caoutchouc ou de gaz lacrymogènes alors que leur carte de presse était bien visible. Une journaliste a notamment perdu l'usage d'un œil après avoir été touchée au visage par une balle en caoutchouc[25].

L’institut Freedom of the Press et le site Bellingcat ont indiqué, après quatre nuits d'affrontements, avoir recensé 50 exemples de journalistes « agressés par les forces de l’ordre »[26].

Réactions

Le président américain Donald Trump déclare que la mort de George Floyd est une « tragédie » qui « n'aurait jamais dû se passer ». Il a également condamné les émeutes : « La mémoire de Floyd est déshonorée par les émeutiers, les pillards, les anarchistes » tout en accusant « les antifas et autres groupes d'extrême-gauche de terroriser les innocents, détruire des emplois, de nuire aux entreprises et d'incendier des bâtiments »[27].

Le 31 mai, dans un tweet, le président annonce qu'il désignera les Antifa comme une organisation terroriste[28].

Notes et références

  1. (en-US) « More than 170 St. Paul businesses looted or damaged, dozens of fires set, police say », sur Twin Cities, (consulté le )
  2. (en) Helizabeth Hinton, From the War on Poverty to the War on Crime: The Making of Mass Incarceration in America, Harvard University Press, , 68–72 p. (ISBN 9780674737235, lire en ligne).
  3. a et b Maxime Tellier, « États-Unis : les violences policières contre les noirs en quelques grandes dates », sur France Culture, (consulté le ).
  4. (en) John Eligon, « One Slogan, Many Methods: Black Lives Matter Enters Politics », sur The New York Times, (ISSN 0362-4331, consulté le ).
  5. « « La police aux Etats-Unis est à l’aise avec l’usage de la force » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  6. « Situation Update for COVID-19 - Minnesota Dept. of Health », sur www.health.state.mn.us (consulté le )
  7. « Etats-Unis: nouveaux incidents et manifestations après la mort d'un Noir arrêté par la police », sur L'Obs (consulté le )
  8. (en-US) « Video Of Fatal Arrest Shows Minneapolis Officer Kneeling On George Floyd's Neck For Several Minutes », (consulté le )
  9. (en-US) KARE, « 4 Minneapolis police officers terminated for involvement of George Floyd death », sur KBJR, (consulté le )
  10. « Woman Found Dead Inside Car In North Minneapolis Amid 2nd Night Of Looting, Fires »,
  11. « Live update: Riots break out across America after George Floyd death », sur foxnews.com,
  12. « Décès de George Floyd: un manifestant tué, nouvelles violences à Minneapolis », sur www.leprogres.fr,
  13. « Two Federal Protective Service officers shot, one killed in Oakland protests »,
  14. « Multiple shootings, at least one person killed in downtown Indy as protests turn violent »,
  15. « VIDEO. Mort de George Floyd : deux voitures de police foncent sur la foule à New York »,
  16. (en-US) « Roving Gangs Of Looters Ransack Emeryville Stores Along Bay Street », (consulté le )
  17. (en-US) « LA Mayor Garcetti: "This has moved from being a protest, to vandalism to destruction" », sur FOX 11, (consulté le )
  18. « Des milliers de manifestants à Montréal dénoncent la mort de George Floyd »,
  19. « Gerechtigkeit für George Floyd»: Demo vor US-Botschaft »,
  20. « More than 150 demonstrate against death of George Floyd in Dublin in solidarity with protesters in US »,
  21. « Mort de George Floyd: Des manifestants au cœur de Londres »,
  22. « Hundreds take to the streets of Manchester to protest over the death of George Floyd in the US »,
  23. « Mort de Floyd. Liverpool montre sa solidarité avec les manifestants »,
  24. « INFO Mort de George Floyd: des manifestations jusqu'en Nouvelle-Zélande »,
  25. « Aux Etats-Unis, des journalistes ciblés par la police », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  26. « Aux Etats-Unis, des journalistes ciblés par la police », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  27. (en-US) Brooke Singman, « Trump vows to stop 'mob violence' amid riots over George Floyd death », sur Fox News, (consulté le )
  28. (en-US) Ronn Blitzer, « Trump announces US to designate Antifa as terrorist organization following violent protests », sur Fox News, (consulté le )