Aníbal Cavaco Silva

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Aníbal Cavaco Silva
Illustration.
Aníbal Cavaco Silva en 2008.
Fonctions
Président de la République portugaise

(10 ans)
Élection 22 janvier 2006
Réélection 23 janvier 2011
Premier ministre José Sócrates
Pedro Passos Coelho
António Costa
Prédécesseur Jorge Sampaio
Successeur Marcelo Rebelo de Sousa
Premier ministre de Portugal

(9 ans, 11 mois et 22 jours)
Président António Ramalho Eanes
Mário Soares
Gouvernement Xe, XIe et XIIe
Législature 4e, 5e et 6e
Coalition PPD/PSD
Prédécesseur Mário Soares
Successeur António Guterres
Président du Parti social-démocrate

(9 ans, 8 mois et 17 jours)
Prédécesseur Carlos Mota Pinto
Successeur Fernando Nogueira
Ministre des Finances et du Plan

(1 an et 2 jours)
Premier ministre Francisco Sá Carneiro
Diogo Freitas do Amaral
(intérim)
Gouvernement VIe
Prédécesseur António de Sousa Franco (pt)
Successeur João Morais Leitão
Biographie
Nom de naissance Aníbal António Cavaco
Silva
Date de naissance (84 ans)
Lieu de naissance Boliqueime (Portugal)
Nationalité portugaise
Parti politique PPD/PSD (jusqu'en 2006)
Profession Économiste
Universitaire
Religion Catholicisme

Signature de Aníbal Cavaco Silva

Aníbal Cavaco Silva
Premiers ministres du Portugal
Présidents de la République portugaise

Aníbal António Cavaco Silva [ɐˈniβɐɫ ɐ̃ˈtɔɲu kɐˈvaku ˈsiɫvɐ][1], né le à Boliqueime, est un homme d'État portugais, président de la République de 2006 à 2016.

Ministre des Finances durant un an, de 1980 à 1981, il est élu président du Parti social-démocrate (PPD/PSD) en 1985, met fin à la grande coalition avec le Parti socialiste (PS) et remporte les élections législatives anticipées, devenant ainsi Premier ministre du Portugal. Il assume cette charge dix ans durant, jusqu'en 1995, puisque sa politique fut approuvée lors des scrutins parlementaires de 1987 et de 1991, remportant enfin, durant ce dernier, la majorité absolue.

Candidat à l'élection présidentielle de 1996, il est cependant vaincu par le socialiste Jorge Sampaio ; après cet échec, Cavaco Silva décide alors de se retirer du jeu politique.

Cavaco Silva fait son retour politique en 2006 en se présentant une nouvelle fois à l'élection présidentielle, qu'il remporte dès le premier tour avec 50,6 % des voix. Il entre en fonction le 9 mars, devenant le premier président issu du centre droit depuis la révolution des Œillets de 1974. Il est réélu en 2011 dès le premier tour.

Biographie

Jeunesse, études et mariage

À l'âge de dix ans, il fut envoyé à la ferme par son grand-père, afin de le punir de ses mauvais résultats scolaires. Il retourna à l'école quelques années plus tard et se distingua comme un élève particulièrement brillant.

Il partit ensuite pour Lisbonne, et intégra l'Institut supérieur de sciences économiques et financières (ISCEF) de l'université technique de Lisbonne (UTL), dont il sortit licencié en 1964. C'est cette même année qu'il épouse Maria Alves da Silva, une professeure de philologie allemande avec qui il aura deux enfants.

Devenu professeur assistant à l'ISCEF en 1966, il quitte le Portugal deux ans plus tard pour travailler à l'université d'York, au Royaume-Uni. Il y obtient son doctorat en économie en 1973. En 1974, il retourne dans son pays natal et obtient, de nouveau, un poste de professeur assistant à l'ISCEF, avant de devenir professeur à l'université catholique portugaise (UCP) l'année suivante.

À partir de 1979, il exerce la fonction de professeur extraordinaire à la nouvelle université de Lisbonne, puis obtient le poste de directeur du bureau des études de la Banque du Portugal.

Il y fait son retour entre 1996 et 2004, comme consultant pour le comité directeur. Par la suite, il devient professeur à l'Institut supérieur d'économie et de gestion (ISEG), qui a succédé à l'ISCEF.

Carrière politique

Ministre des Finances et du Plan

Peu après la révolution des Œillets, il rejoint le Parti populaire démocrate (PPD) de Francisco Sá Carneiro. Quand ce dernier accède au poste de Premier ministre le , il nomme Aníbal Cavaco Silva ministre des Finances et du Plan dans le VIe gouvernement constitutionnel.

À ce poste, il se forge une réputation de libéral, démantelant les régulations qui, selon lui, mettent un frein au développement de la libre entreprise. Il n'est toutefois pas reconduit dans le gouvernement formé par Francisco Pinto Balsemão en , un mois après la mort de Sá Carneiro.

Président du PSD

Le , la gauche portugaise remporte nettement les élections législatives avec 54 % des voix et 138 sièges à l'Assemblée de la République. Toutefois, le Parti socialiste (PS) de Mário Soares décide de faire alliance avec le Parti social-démocrate (PSD) au sein d'une grande coalition, le « Bloc central », à laquelle Cavaco Silva refuse de prendre part.

À la suite de son élection à la tête du PSD le , il met fin au Bloc central, forçant le président António Ramalho Eanes à convoquer des élections législatives anticipées le .

Premier ministre

Son parti ayant remporté le scrutin à la majorité relative avec 88 sièges sur 250, Aníbal Cavaco Silva est nommé Premier ministre le [2]. Sa situation parlementaire est alors précaire : il peut compter sur le soutien des 22 députés du Centre démocratique et social (CDS), ce qui lui assure 110 voix, contre 95 à la gauche, mais pas sur celui des 45 élus du nouveau Parti rénovateur démocratique (PRD).

Aníbal Cavaco Silva s’entretenant avec le président américain, Ronald Reagan (, Bureau ovale).

Durant les deux premières années de son mandat, le PRD s'abstint très fréquemment, permettant à Cavaco Silva de gouverner. Mais en 1987, l'Assemblée de la République vote une motion de censure à l'encontre de son gouvernement, obligeant le président Mário Soares à organiser de nouvelles élections législatives le .

Le jour du scrutin, le PSD s'impose largement avec 50,22 % des suffrages et 148 députés sur 250. C'est la première fois depuis la révolution des Œillets qu'un parti remporte la majorité absolue au Parlement. Le 18 août, Cavaco Silva est reconduit dans ses fonctions, et forme son second gouvernement, qui sera le premier depuis la révolution des Œillets à se maintenir en fonction tout au long de la législature.

Candidat à un troisième mandat aux élections législatives du , il réussit à conserver sa majorité absolue en obtenant 50,6 % des voix et 135 députés sur 230. Son troisième cabinet entre en fonction le 31 octobre.

Son mandat à la tête du gouvernement, le plus long de l'histoire démocratique portugaise avec neuf ans, onze mois et vingt-deux jours, a été marqué par une politique de baisse d'impôts et de dérégulation économique. Au cours de cette période, le Portugal a connu une croissance économique à la fois forte et ininterrompue, et a adhéré à l'Union européenne, ce qui lui a permis d'être bénéficiaire de fonds communautaires.

Toutefois, la crise économique européenne de 1993, qui fait remonter le chômage au Portugal, et l'usure du pouvoir finissent par avoir raison de sa forte popularité. Il renonce alors à disputer les législatives du , qui sont finalement remportées par le Parti socialiste (PS) d'António Guterres.

L'échec de 1996

Le , Aníbal Cavaco Silva se présente à l'élection présidentielle contre le maire de Lisbonne et candidat du PS Jorge Sampaio, qui le défait par 53,9 % des suffrages contre 46,1 %. À la suite de cette défaite, il se retire de la vie politique.

Dans le cadre de la campagne électorale pour les élections législatives anticipées du , il refusa de soutenir le dirigeant du PSD et Premier ministre sortant Pedro Santana Lopes.

Président de la République portugaise

Des rapports compliqués avec José Sócrates
A. Cavaco Silva avec J. Sócrates et D. Medvedev en à Lisbonne.

Le , il annonce son intention de se présenter à l'élection présidentielle du , qu'il remporte dès le premier tour avec 50,6 % des suffrages[3].

Ayant prêté serment le , Aníbal Cavaco Silva devient le dix-neuvième président de la République du Portugal et le premier issu du centre droit depuis la révolution des Œillets du .

Son mandat était initialement marqué par sa volonté d'entente mutuelle avec le gouvernement socialiste de José Sócrates, le chef de l'État ayant fait référence à la nécessité d'une « coopération stratégique » entre eux. Il a par la suite encouragé au dépassement des clivages partisans, au nom de l'intérêt national, et ce alors que le Parti socialiste détenait la majorité absolue au Parlement.

Toutefois, certains moments de sa présidence furent clairement marqués à droite. Ainsi, en , le Parlement adopte une résolution pour l'organisation d'un référendum légalisant l'interruption volontaire de grossesse. Cavaco Silva saisit alors le Tribunal constitutionnel sur la constitutionnalité du scrutin et de la question posée. La participation ne s'étant élevée qu'à 42 % des inscrits, le résultat était facultatif. Il décida toutefois de ne pas mettre son veto à la loi votée ensuite par l'Assemblée de la République.

Il a également refusé d'approuver la loi relative aux unions de fait, alertant sur « le risque d'une tendance à égaliser deux réalités différentes »[4], celle réformant le régime juridique du divorce, au motif que « il est important de ne pas faire abstraction de la vie matrimoniale du Portugal contemporain »[5], ainsi que le nouveau statut politico-administratif de la Région autonome des Açores.

Le , il annonce, lors de la prise de fonction du second cabinet Sócrates, désormais minoritaire à l'Assemblée de la République, vouloir être « une référence de stabilité » et réaffirme sa promesse de « coopération stratégique » avec l'exécutif[6]. Un peu plus de quatre mois plus tard, le , il demande au Tribunal constitutionnel de contrôler la conformité de la loi autorisant le mariage homosexuel avec la Constitution[7]. Ce recours, qui ne concernait pas l'interdiction d'adopter, est rejeté par le tribunal le 8 avril[8]. Il attend toutefois le 17 mai, veille de la date limite, pour promulguer le texte, regrettant qu'il n'ait pas fait l'objet d'un consensus parlementaire[9].

Soutien du gouvernement conservateur
Cavaco Silva en compagnie de la présidente brésilienne Dilma Rousseff à Lisbonne.

Lors d'un discours au Centre culturel de Belém, le , il se déclare candidat à l'élection présidentielle de 2011. Il en profite alors pour faire le bilan de son mandat, se posant en rassembleur de la classe politique face à la crise économique mondiale et défendant désormais l'exercice d'une « magistrature active », en opposition à la « magistrature d'influence » de son premier mandat, tout en rappelant que « le président ne doit ni gouverner, ni légiférer ». Il annonce en outre que ses dépenses de campagne ne dépasseront pas la moitié du minimum légal, fixé à environ quatre millions d'euros[10].

Le , il est réélu au 1er tour avec 53,14 % des voix[11] pour un nouveau mandat de cinq ans, face à cinq autres candidats, dont le socialiste Manuel Alegre qui obtient 19,8 % et qu'il avait déjà battu en 2006. Il prête serment le 9 mars et entame ainsi son second mandat de cinq ans.

À peine deux semaines plus tard, le 23 mars, il doit affronter une crise politique liée aux difficultés budgétaires du Portugal, qui conduit à la démission du Premier ministre, José Sócrates[12]. La veille, il avait affirmé, lors d'un déplacement à Porto, que la rapidité avec laquelle la crise évoluait avait « réduit sa marge de manœuvre »[13]. Il annonce, le 31 mars la dissolution du Parlement et la convocation d'élections anticipées pour le 5 juin, après avoir réuni le Conseil d'État dans l'après-midi[14].

Le scrutin ayant été nettement remporté par les partis du centre droit, il nomme, le 15 juin, le président du Parti social-démocrate, Pedro Passos Coelho, au poste de Premier ministre.

Le 19 août, Anibal Cavaco Silva émet des réserves quant à une inscription dans la Constitution portugaise d'une « règle d'or » visant à contrôler les déficits, comme l'ont proposé le président de la République française, Nicolas Sarkozy, et la chancelière fédérale allemande, Angela Merkel. « Cela reflète un énorme manque de confiance des décideurs politiques par rapport à leur propre capacité à conduire de bonnes politiques budgétaires » affirme le chef de l'État, alors que la situation économique du Portugal est jugée préoccupante par des agences de notation et par des institutions mondiales comme le FMI. Le président Cavaco Silva prend la situation « d'inscrire dans la Constitution une variable endogène telle que le déficit budgétaire, qui ne peut être directement contrôlée par les responsables politiques, théoriquement très étrange »[15].

Références

  1. Prononciation en portugais du Portugal retranscrite selon la norme API.
  2. « M. Cavaco Silva chargé de former le gouvernement. L'irrésistible ascension d'un austère professeur », Le Monde, 22 juillet 1987.
  3. « Anibal Cavaco Silva a remporté la présidentielle portugaise dès le 1er tour », Le Monde, 22 janvier 2006.
  4. (pt)« Les évêques appuient le veto de Cavaco Silva », Agência Ecclesia, le 24 août 2009.
  5. (pt)« Cavaco Silva met son veto à la loi sur le divorce », Diário IOL, le 20 août 2008.
  6. (pt)« Cavaco insiste sur la « coopération stratégique » et promet d'être « une référence de stabilité » » Público, le 26 octobre 2009.
  7. (pt) « Cavaco envoie le texte sur le mariage homosexuel au Tribunal constitutionnel », Público, le 10 mars 2010.
  8. (pt)« Le Tribunal constitutionnel dit que le mariage gay est constitutionnel », Público, le 8 avril 2010.
  9. (pt)« Cavaco Silva promulgue la loi permettant le mariage homosexuel », Público, le 17 mai 2010.
  10. (pt)« Cavaco Silva a évoqué le travail fait au cours des cinq dernières années », Público, le 26 octobre 2010.
  11. Résultats officiels de l'élection présidentielle de 2011, commission nationale des élections
  12. (pt)« Sócrates désire et va aux élections », Público, le .
  13. (pt)« Cavaco dit qu'il se retrouve avec peu de marges de manœuvre pour agir », Diário de Notícias, le .
  14. (fr)« Portugal : élections anticipées le 5 juin, sous la forte pression des marchés », L'Express, le .
  15. (fr)« Le président portugais émet des doutes sur l'utilité de la « règle d'or » », Le Parisien - Aujourd'hui en France, .

Annexes

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Articles connexes

Liens externes