Taupe

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Taupe
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu :
l'appellation « Taupe » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Description de cette image, également commentée ci-après
Une Taupe d'Europe (Talpa europaea) et son terrier, illustration extraite de Illustrierter Leitfaden der Naturgeschichte des Thierreiches, 1876.

Taxons concernés

Peuvent être génériquement appelées taupes : parmi les Talpidae :

Autres familles :

La Taupe est un nom vernaculaire ambigu en français, pouvant désigner plusieurs espèces différentes de petits mammifères fouisseurs vivant dans des galeries souterraines, dites taupinières. Ce nom vernaculaire est aussi à la base de plusieurs noms vulgaires créés pour la nomenclature scientifique en français.

Désignations

Le nom vernaculaire Taupe est issu du latin talpa[1], et désigne en français des mammifères insectivores fouisseurs, sans oreilles apparentes et plus ou moins aveugles, appartenant en premier lieu au genre Talpa et surtout à l'espèce T. europaea. Dans le langage commun, ce terme désigne également des espèces d'animaux très différentes des points de vue anatomique et systématique, même si, à première vue, leur physique et leur comportement se ressemblent. C'est par exemple le cas des taupes de Chine et des taupes dorées africaines. Il s'agit là d'un exemple classique de convergence évolutive.

Par extension, le terme est utilisé pour désigner de nombreuses espèces, souvent aveugles, ou presque, comme des rongeurs : les rats-taupes et les hamsters-taupes ou même un poisson comme le requin taupe et un insecte la taupe-grillon.

Physiologie, comportement et écologie

Les caractéristiques générales des taupes sont celles des petits mammifères fouisseurs qui creusent et vivent dans des galeries souterraines, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur comportement ou leur physiologie respective. Elles naissent avec une vue parfaitement développée, et deviennent aveugles ou presque (selon les espèces) au fil du temps[réf. nécessaire].

Les différentes espèces de « taupes »

Le terme taupe désigne avant tout les taupes européennes du genre Talpa. En France, il désigne plus particulièrement l'espèce la plus courante, la taupe d'Europe (Talpa europaea) mais aussi la Taupe d'Aquitaine (Talpa aquitania) sur la façade atlantique et la Taupe aveugle (Talpa caeca) en Provence-Alpes-Côte d'Azur. En Suisse et en Belgique, seule la Taupe d'Europe est présente.

La sous-famille des Talpinae à laquelle appartient le genre Talpa regroupe de nombreuses espèces qui partagent plus ou moins les mêmes caractéristiques sur le continent eurasiatique mais aussi nord américain. La plupart de ces taupes n'ont par ailleurs pas de nom vernaculaire spécifique, mais sont appelées spontanément « taupe » du fait de leurs morphologie et comportement. Elles sont proches des desmans, une des trois sous-familles des Talpidae. Une espèce américaine à nez étoilé, appelée Condylura cristata, est désignée par de nombreux noms français commençant par Condylure ou taupe.

Au sens large, il existent aussi en Australie les taupes marsupiales qui ont une anatomie naturellement très différente de celles des taupes eurasiatiques et en Afrique les taupes dorées. On distingue le groupe taxonomique de ces espèces aisément. Le mouvement des membres pour écarter la terre ne se fait pas dans le même plan pour les taupes marsupiales et pour les Talpinae. Les ressemblances entre les taupes marsupiales et les taupes dorées sont plus nombreuses. Les taupes dorées africaines mâles disposent d'un cloaque contrairement à la plupart des mammifères.

Galerie

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Noms français et noms scientifiques correspondants

Liste alphabétique des noms vulgaires ou des noms vernaculaires attestés[2] en français.
Note : certaines espèces ont plusieurs noms et, les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, l'espèce la plus connue des francophones.


Aspects culturels

Mythologie et croyances

Par analogie avec l'animal qui perce le sommet de la taupinière, les pattes de taupes sont réputées éloigner les maux de dents des enfants, voire des nourrissons. Après capture, les taupes étaient mutilées vivantes et les pattes portées en amulette ou en collier par les enfants. En Alsace, les pères préfèrent tuer les taupes. Les pattes de taupes mâles sont destinées aux garçons alors que les pattes des taupes femelles plutôt aux filles[10].

Outre les pattes, on utilise aussi le sang, la peau, voire la terre de la taupinière, pour l'élaboration des remèdes populaires et autres pratiques magiques[11].

Destruction des taupes

Taupe tuée par une taupière.

En raison des dégâts causés à l'agriculture par les taupes, elles ont longtemps été capturées et tuées par les personnes dont c'est la profession, les taupiers, le plus souvent à l'aide de pièges appelés taupières.

Dérivés linguistiques

Couleur gris taupe

La couleur terre de nombreuses taupes est à l'origine du gris taupe :

Un nom vernaculaire comportant le terme « taupe » est aussi attribué à quelques espèces d'aspect ou comportement approchant comme les rats-taupes, rats taupiers ou hamsters-taupes. D'autres ont un rapport plus lointain, comme la couleur pour le Requin-taupe et la Porcelaine taupe ou encore les galeries creusées par la Taupe-grillon.

Généralement munies d'yeux minuscules (d'où la croyance erronée qu'elles sont aveugles, caractéristique strictement applicable à la Taupe aveugle, Talpa caeca[12]) et cachées dans leur trou, les taupes ont aussi inspiré des surnoms, expressions du langage familier :

  • les étudiants de classes préparatoires scientifiques (Maths sup, Maths spé) sont communément appelés « taupins » car travaillant ardemment sans jamais sortir de leur « trou » ;
  • en espionnage, certains agents doubles ou agents dormants sont appelés des « taupes » en argot ;
  • un "feutre taupé" est confectionné avec des poils de lièvre, de taupe, de loutre, etc. Voir une chanson de Charles Aznavour, « Le feutre taupé » ;
  • dans la Sarthe, les dents de taupe (sous le nom de collier de taupe ou dentier de taupe) étaient autrefois une amulette censée protéger le nourrisson des douleurs lors de la percée des premières dents ;
  • l'expression « myope comme une taupe » ;
  • « une vieille taupe », pour désigner une personne âgée à la vue basse ou casanière ;
  • La Vieille Taupe était aussi le nom d'une librairie d'ultragauche, Le nom provient d'une citation très répandue de Karl Marx sur la révolution[13], qui est une reprise d'une formule de Hegel citant le Hamlet de Shakespeare[14]. Rosa Luxemburg avait donné ce nom à un texte de 1917[15].

Ces métaphores sont fréquemment reprises dans des titres ou œuvres de fiction. Dans le conte Tom Pouce des frères Grimm en 1819, le héros a d'abord volontairement trouvé refuge dans un trou de taupe. Elle est également un personnage du conte La petite Poucette d'Andersen. Le titre du roman policier People of Darkness (Le Peuple des ténèbres ou Le Peuple de l'ombre) de Tony Hillerman paru en 1980 rappelle que certaines tribus de Navajos possèdent comme emblème les taupes désignées comme le « peuple de l'ombre »[16].

Œuvres sur les taupes

Fichier:Wuppertal Langerfeld Krtek.jpg
La petite taupe

Les taupes sont à la fois des animaux redoutés et fascinants pour l'Homme. Elles ont été des personnages principaux dans des fables, des romans et des nouvelles pour les adultes et les enfants.

Dessins animés

Littérature adulte

  • John le Carré, La taupe, Paris, Knopf, 1974.

Littérature jeunesse

  • Kenneth Grahame, Le Vent dans les saules (titre original : The Wind in the Willows), Methuen Publishing, 1908
  • Nico Bally, Taupe : Le premier voyage extraordinaire de Jules Verne, 2013
  • Werner Holzwarth, De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête, 1989.
  • Bruno Heitz, Louisette, la taupe, Paris, Sed, 2004.

Notes et références

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « taupe » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. Attention aux appellations et traductions fantaisistes circulant sur l'Internet.
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj ak al am an ao et ap (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0444518770), 9780444518774. 857 pages. Rechercher dans le document numérisé.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  5. a b c d e f et g Nom en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada.
  6. Nom français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen.at.
  7. Voir définition donnée par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.
  8. Talpa aquitania sur le site de l'INPN, consulté le 22 janvier 2020.
  9. (en) V. Nicolas, J. Martínez-Vargas, J. & J.P. Hugot, Talpa aquitania sp. nov. (Talpidae, Soricomorpha), a new mole species from SW France and N Spain. Dans Mammalia, 2017.
  10. Françoise Loux, « La taupe et les dents », L'orgue et la dent : pratiques et savoirs populaires relatifs aux dents,‎
  11. Marie-Charlotte Delmas, Dictionnaire de la France mystérieuse. éditions Place des éditeurs, 2016 (ISBN 2258136598 et 9782258136595).
  12. Philippe Blondel, S'taupons les taupes !, Larousse, , p. 9
  13. « Nous reconnaissons notre vieille amie, notre vieille taupe qui sait si bien travailler sous terre pour apparaître brusquement… » Karl Marx
  14. « Souvent, il semble que l’esprit s’oublie, se perde, mais à l’intérieur, il est toujours en opposition avec lui-même. Il est progrès intérieur - comme Hamlet dit de l’esprit de son père : "Bien travaillé, vieille taupe!" » G. W. F. Hegel
  15. Rosa Luxemburg, La vieille taupe, mai 1917, sur le site de marxists.org
  16. Philippe Blondel, S'taupons les taupes !, Larousse, , p. 5

Voir aussi

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Articles connexes