Jerash
Jerash جرش | ||
Forum ovale et Cardo maximus au sud de l'ancienne cité. | ||
Administration | ||
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Pays | Jordanie | |
Province | Jerash | |
Démographie | ||
Population | 41 651 hab. (2009) | |
Géographie | ||
Coordonnées | 32° 16′ 43″ nord, 35° 53′ 23″ est | |
Divers | ||
Site(s) touristique(s) | Gérasa2 | |
Localisation | ||
Géolocalisation sur la carte : Jordanie
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Jerash[1] est le chef-lieu de la province de Jerash dans le royaume de Jordanie. La population de l'agglomération dépasse 120 000 habitants.
La ville moderne s'est établie autour du site de l'antique cité de Gérasa, parfois francisée en Gérase.
Le site archéologique est inscrit depuis 2004 sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'Unesco[2].
Histoire
Gérasa a été fondée à la fin du IVe siècle av. J.-C., sur une implantation ancienne. Selon ses habitants, la ville aurait été fondée par Alexandre le Grand en faveur de vétérans de son armée, sous la direction de Perdiccas. Cette prétention s'est exprimée tardivement sous la forme d'une monnaie frappée pendant le règne de Caracalla au nom « d'Alexandre de Macédoine, fondateur de Gérasa[3] ». Néanmoins la cité n'a pris son essor qu'au IIe siècle av. J.-C., les fouilles n'ayant pas permis de trouver les traces d'un établissement antérieur[4].
La ville fit partie de la Décapole. Elle fut conquise en 84 av. J.-C.[5] par Alexandre Jannée qui y est mort en pendant le siège d'une forteresse voisine, Régaba. Elle est prise par le Nabatéen Arétas III en , et enfin par les Romains (Pompée) en Ces derniers en firent une ville opulente : Gérasa reçut même la visite de l'empereur Hadrien en 129.
Gérasa devient siège d'un évêché au IVe siècle. Elle est ensuite pillée par les Perses en 614, puis les Arabes en 635. Elle subit ensuite plusieurs tremblements de terre, dont le plus dévastateur fut probablement celui de 747-748, qui affecta violemment de nombreuses autres villes de la région. Le coup de grâce lui fut donné par les affrontements entre musulmans et croisés lors des croisades, où le temple d'Artémis fut transformé en forteresse par les Arabes.
Les premières fouilles furent effectuées dans les années 1920-1930 par les membres de l'équipe américano-britannique de l'université Yale, de l'American School of oriental research, et de la British School of Jerusalem ; après la publication de Kraeling publiée en 1938, sorte de rapport de toutes les fouilles faites sur le site jusque-là, celles-ci connaissent un moment de flottement avant d'être reprises véritablement dans les années 1980, notamment sous la forme d'un projet de coopération international, faisant appel à des archéologues du monde entier, le Jerash Archaeological Project. Chaque équipe se vit attribuer une portion du site à fouiller et à rénover. L'équipe française, dirigée par Jacques Seigne, s'occupe encore aujourd'hui de la rénovation du sanctuaire de Zeus.
Jérash moderne a connu une extension très rapide et atteint désormais 135 000 habitants, selon le recensement de 2004. Cet accroissement rapide de la population est dû à l'immigration intérieure et à l'arrivée de nombreux réfugiés palestiniens.
Site archéologique
Un grand nombre de monuments ont été dégagés et, souvent, reconstitués.
Arc d'Hadrien
L'arc de triomphe a été érigé à l'extérieur de la ville, au sud de l’hippodrome, en 129-130, pour la visite de l'empereur Hadrien à Gérasa. L'arc était à l'origine destiné à servir de nouvelle porte de la ville, Hadrien, selon une inscription, voulant fonder un nouveau quartier de la ville dans ce secteur. Cependant, ce projet de construction n'aurait pas été mené à bien, faute de moyens à cette époque.
Après des travaux de restauration, certains effectués avec les pierres d'origine entre 2003 à 2008, la porte à trois ouvertures a retrouvé sa hauteur d'origine de 21 m, pour une largeur totale de plus de 25 m.
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L'arc d'Hadrien, vers 1900.
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L'arc d'Hadrien reconstruit, en 2008.
Hippodrome
L'hippodrome de Gerasa est probablement l'un des plus petits du monde romain. À l'époque byzantine, fortement touché par les tremblements de terre, il ne fut pas reconstruit, mais occupé par la population locale, notamment pour abriter des ateliers de poterie, visibles grâce aux fameux fours en brique ; un diacre y fit édifier son église en réaménageant trois locaux désaffectés de l'hippodrome, qu'il pava de mosaïques.
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L'hippodrome, vu du nord : piste et substructions des gradins. Arc d'Hadrien reconstruit au fond à gauche.
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L'hippodrome, vu du nord : piste et substructions des gradins. Arc d'Hadrien en reconstruction.
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L'hippodrome vu du sud, en regardant vers la ville.
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Piste et section de gradins, vues du sud.
Temples de Zeus et d'Artémis
Les deux grands temples de Zeus et d'Artémis furent construits essentiellement au milieu du IIe siècle apr. J.-C., entretenant une rivalité entre les fidèles de chacune des deux divinités.
Un autre temple, sous l'église Saint-Théodore, était probablement dédié à Dionysos. Un quatrième temple, réduit à ses fondations, a été nommé « temple C » par les membres de l'équipe américano-britannique des années 1930, aucun indice n'ayant été retrouvé pour dire à quel dieu il était voué.
Forum ovale
Le forum ovale se trouve au pied du temple de Zeus. Ses dimensions sont de 90 × 80 mètres. L'ovale est bordé de colonnades. L'endroit a été choisi stratégiquement, couvrant une dépression naturelle. Pour compenser cela, le forum a été construit sur une sous-structure de 6 à 8 mètres de haut. Le contour en forme de poire n'est pas typique d'un forum romain et la vocation de la place du marché ovale reste controversée : c'était soit un lieu de commerce, soit un lieu de sacrifice.
Le forum ovale de Gerasa est probablement le plus grand forum de l'Empire romain : faisant à la fois office de place publique, d'agora et de marché (de nombreuses boutiques ont été retrouvées à ses abords), c'est un élément architectural essentiel de l'urbanisme de la ville qui permet, par un artifice de style, de faire la jonction visuelle entre le cardo maximus et le sanctuaire de Zeus qui semble se trouver dans la continuité de la voie principale de la cité.
Thermes
Deux établissements de bains, qui s'étendaient au niveau du tétrapyle nord, sont en grande partie effondrés. Les « bains de Placcus », peu fouillés, mais apparemment de taille remarquable, étaient situés de l'autre côté du wadi de Jérash, c'est-à-dire du côté ouest de la ville, à côté de la cathédrale Saint-Théodore, juste au-dessous de la « Clergy House ». On distingue encore les vestiges des fours de l'hypocauste servant à chauffer le caldarium ; une inscription de l'extrême fin du Ve siècle en attribue la construction à l'évêque Placcus.
Marché
Le macellum ou marché, probablement le plus beau monument de la ville avec le nymphée dédié à la Tyché de la ville, était un lieu central pour le commerce, fortement présent dans la cité, comme on peut le voir d'après les nombreuses boutiques qui bordent les rues, notamment au pied du sanctuaire d'Artémis.
Habitations
Les vestiges d'habitations sont relativement sommaires, et il s'agit en majorité de réoccupation de bâtiments publics de l'époque romaine : deux maisons ont été découvertes du côté oriental du wadi, recouvertes de mosaïques, dont l'une décrit un cortège bachique, et une seconde, les quatre saisons, thème que l'on rencontre assez fréquemment dans la région (voir notamment à Madaba) ; du côté ouest de la ville, la « maison des Bleus » est ainsi nommée d'après une inscription, ainsi qu'une splendide demeure d'époque byzantino-omeyyade, dont les vestiges apparents datent essentiellement de la période arabe[6] ; enfin, un quartier d'habitation situé au nord-ouest de la cathédrale Saint-Théodore a été dégagé et fouillé rapidement dans les années 1930, comptant des structures domestiques individuelles, probablement destinées à loger les membres du clergé de la cathédrale. Cet ensemble se trouve aujourd'hui à nouveau enfoui sous le remblai résultant du dégagement du sanctuaire d'Artémis. À proximité se trouve la « Clergy House », encore visible, considérée par Kraeling comme un logement pour le clergé, mais dont la destination reste encore aujourd'hui douteuse, faute de fouilles approfondies.
Théâtres
Les deux théâtres : un théâtre au nord de la ville, l'autre au sud, situés respectivement à côté des sanctuaires d'Artémis et de Zeus. Ces théâtres ont été remarquablement bien restaurés et accueillent des spectacles locaux, généralement en période estivale.
Mur d'enceinte
Une muraille entoure encore presque toute la ville : après avoir laissé à l'abandon ses premiers murs créés avant notre ère, la cité s'entoura d'un nouveau rempart qui réduisit ses dimensions, la ramenant à la porte sud et laissant à l'extérieur toute la zone allant de la porte sud à l'arc d'Hadrien, et comprenant l'hippodrome.
Églises paléochrétiennes
Au IVe siècle, la communauté chrétienne était nombreuse et on a retrouvé les traces de treize églises aux sols recouverts de mosaïques, dont une cathédrale, la cathédrale Saint-Théodore. On a trouvé aussi les restes d'une synagogue de la même époque, située au nord-ouest du sanctuaire d'Artémis.
Galerie
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La cité antique de Gérasa avec la ville moderne en arrière-plan.
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Temple d'Artémis
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Temple de Zeus
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Tétrapyle nord et cardo maximus
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Le nymphée reconstitué.
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Théâtre sud
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Accès au temple de Dionysos, cathédrale Saint-Théodore.
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Trois Églises
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Porte nord
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Théâtre nord
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Cardo maximus
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Macellum
Notes et références
- arabe : jaraš, جرش
- UNESCO Centre du patrimoine mondial, « Jerash Archaeological City (Ancient Meeting Place of East and West) - UNESCO World Heritage Centre », sur whc.unesco.org (consulté le )
- Maurice Sartre, D'Alexandre à Zénobie, Ed. Fayard, (ISBN 978-2-213-60921-8), p. 82, note 61.
- Maurice Sartre, ibidem, p. 117, note 22.
- Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XIII, v, 4-5
- Cette maison a été étudiée et restaurée par l'équipe polonaise dirigée par Michel Gawlikowski
Voir aussi
Bibliographie
- André Gagné, « De l’intentio operis à l’intentio lectoris : Essai herméneutique à partir de l’épisode du démoniaque de Gérasa (Mc 5,1-20) », Théologiques, vol. 12, nos 1–2, , p. 213–232 (lire en ligne)
- Maurice Sartre, D'Alexandre à Zénobie. Histoire du Levant antique, IVe siècle av. J.-C. : IIIe siècle apr. J.-C., Fayard, , 1194 p. (ISBN 978-2-213-60921-8, présentation en ligne)
- Jacques Seigne, « Jerash, Jordanie. Sanctuaire de Zeus et matériaux de construction », Revue archéologique du centre de la France, no 18 (supplément), , p. 91-101 (lire en ligne).
Articles connexes
Liens externes
- Jerash
- Visite de Jerash
- Recensement jordanien 2004, Arabe
- (en) Jerash, Jordans authority for tourism
- (en) Jerash
- Ressource relative à l'architecture :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :