Sitiveni Rabuka

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Sitiveni Rabuka
Illustration.
Sitiveni Rabuka en 2020.
Fonctions
Premier ministre des Fidji
En fonction depuis le
(1 an, 5 mois et 10 jours)
Président Ratu Wiliame Katonivere
Gouvernement Rabuka IV
Prédécesseur Ratu Josaia Voreqe Bainimarama

(6 ans, 11 mois et 17 jours)
Président Ratu Sir Penaia Ganilau
Ratu Sir Kamisese Mara
Gouvernement Rabuka II et III
Prédécesseur Ratu Sir Kamisese Mara
Successeur Mahendra Chaudhry
Chef de l'opposition parlementaire des Fidji

(2 ans et 1 jour)
Prédécesseur Ro Teimumu Kepa
Successeur Ratu Naiqama Lalabalavu
Président du Grand Conseil des Chefs

(2 ans)
Prédécesseur Création du poste
Successeur Ratu Epeli Ganilau
Président du gouvernement militaire
(chef de l'État et du gouvernement)

(1 mois et 28 jours)
Gouvernement Rabuka I
Prédécesseur Élisabeth II (monarchie constitutionnelle)
Timoci Bavadra (Premier ministre)
Successeur Ratu Sir Penaia Ganilau
(président de la République)
Biographie
Nom de naissance Sitiveni Ligamamada Rabuka
Date de naissance (75 ans)
Lieu de naissance Nakobo (Fidji)
Nationalité Fidjienne
Parti politique SODELPA
(2014-2015 ; 2016-2020)
Alliance populaire (depuis 2021)
Conjoint Suluweti Camaivuna Tuiloma
Religion méthodiste[1]

Sitiveni Rabuka
Chefs d'État fidjiens
Premiers ministres des Fidji

Sitiveni Rabuka, né le , est un général et homme politique fidjien. Célèbre pour avoir mené deux coups d'État en 1987, il fut par la suite nommé Premier ministre de 1992 à 1999 et de nouveau depuis [2]. Il fut également un joueur international de rugby[2].

Rabuka est le Roko Tui du conseil provincial de Cakaudrove dans la Région septentrionale. Il était le seul membre à vie du Grand Conseil des Chefs, malgré sa condition de roturier, jusqu'à sa dissolution en 2012.

L'évolution politique et idéologique de Rabuka est assez singulière puisqu'il mena à deux coups d'État en 1987 au nom du nationalisme indigène, avant de se reconvertir en apôtre de la tolérance, du dialogue inter-ethnique et du multiculturalisme. Aujourd'hui, il commente fréquemment l'actualité, et ses points de vue sur les grands thèmes socio-politiques contemporains sont publiés par les médias fidjiens. Il mène le Parti libéral social-démocrate « Sodelpa » aux élections législatives de 2018. Sous sa direction, le parti progresse, mais sans parvenir à l'emporter. Il est évincé de la direction du parti en . Il démissionne du Parlement ainsi que de son parti peu après. Après avoir conclu un accord de coalition avec son ancien parti, il est confirmé par le Parlement comme premier ministre le [2].

Carrière militaire

Sitiveni Rabuka fit ses études dans des écoles militaires de Nouvelle-Zélande dans les années 1970, puis fut formé par diverses écoles militaires en Inde et en Australie. De 1980 à 1981, il participa à la FINUL. De 1983 à 1985, il commanda les forces armées fidjiennes qui participaient aux opérations de maintien de la paix au Sinaï.

Coups d'État de 1987

En 1987, Sitiveni Rabuka était colonel, mais n'avait aucune expérience en tant qu'homme politique. Lorsqu'il mena un premier coup d'État le pour renverser le gouvernement démocratiquement élu du Premier ministre Timoci Bavadra, il surgit soudainement sur le devant de la scène.

Il explique avoir agi pour défendre la suprématie politique des indigènes fidjiens, qu'il jugeait menacée par le gouvernement Bavadra, à forte composante indo-fidjienne. Il abroge la Constitution, puis remet le pouvoir au gouverneur général Ratu Sir Penaia Ganilau, un chef de haut rang. Rabuka le presse de mener une politique favorable aux intérêts indigènes.

Ganilau refuse toutefois de reconnaître l'abrogation de la Constitution, dont Rabuka juge qu'elle confère trop de droits politiques aux Indo-Fidjiens. En conséquence, Rabuka mène un second coup d'État le , abolit la monarchie fidjienne, et, le , remet le pouvoir à un « gouvernement de transition » ; Ganilau obtient le poste de président, et Ratu Sir Kamisese Mara celui de premier ministre. Rabuka, lui, garde le contrôle de l'armée et se fait nommer ministre de l'Intérieur.

Bien plus tard, Rabuka présenta publiquement ses excuses quant à ces coups d'État, et affirma regretter d'avoir entravé la démocratie[3].

Les coups d'État de 1987 marquèrent un tournant dans l'histoire du pays.

La décennie 1990

En 1990, le gouvernement de transition, sous l'œil de Rabuka, préside à l'instauration d'une nouvelle constitution, qui vise explicitement à garantir la suprématie politique des indigènes. Les Indo-Fidjiens se voient privés de toute possibilité d'obtenir une majorité de sièges au Parlement, et se voient interdire l'accès aux fonctions de premier ministre et de président. Rabuka prend la tête d'un nouveau parti, le Soqosoqo ni Vakavulewa ni Taukei (SVT, ou « Parti politique fidjien »). Il remporte les élections législatives de 1992 et devient premier ministre, mais en 1994 la défection de plusieurs de ses députés entraîne une nouvelle élection.

Le SVT en sort à nouveau vainqueur, et Rabuka demeure premier ministre, mais avec une majorité affaiblie. Rabuka se rapproche alors de Jai Ram Reddy, leader du National Federation Party à forte majorité indo-fidjienne. Cette alliance informelle et inattendue dû aux positions adoptées jusque-là par Rabuka, marque une évolution dans son positionnement politique. Son entente avec Reddy est cruciale à l'élaboration d'une nouvelle Constitution, en 1997, qui accorde une influence politique plus importante aux électeurs indo-fidjiens. La Constitution de 1997, qui va permettre l'élection d'un Premier ministre indo-fidjien deux ans plus tard, reçoit le soutien explicite de Rabuka, qui a alors opéré une volte-face et abandonné en grande partie ses doctrines nationalistes.

Rabuka participe aux élections législatives de 1999, mais est vaincu par le candidat travailliste Mahendra Chaudhry. Pour la première fois de son histoire, Fidji a alors un Premier ministre indo-fidjien. Rabuka accepte sa défaite électorale.

2008 : Manager de l'équipe de rugby des Îliens du Pacifique

En , l'équipe des Îliens du Pacifique de rugby à XV visite l'Europe pour affronter l'Angleterre, la France et l'Italie. Il est le manager de l'équipe[4].

2016 : retour en politique

Le , le Parti libéral social-démocrate (ou « Sodelpa », conservateur), principal parti d'opposition au Parlement, choisit Sitiveni Rabuka comme nouveau chef du parti, après la démission de Ro Teimumu Kepa. Cette dernière exprime son désaccord avec ce choix, tandis que plusieurs cadres du Sodelpa démissionnent pour protester contre Rabuka[5]. Il exprime à nouveau ses regrets pour ses actions en 1987, et redemande formellement pardon à toutes les personnes affectées[6]. Il mène le parti aux élections législatives de . Sous sa direction, le Sodelpa progresse, obtenant 39,9 % des voix et vingt-et-un sièges sur cinquante-et-un, demeurant le principal parti d'opposition[7].

Seul candidat, il devient chef de l'opposition parlementaire le , ayant été nominé par Ro Teimumu Kepa ainsi que par Biman Prasad, le chef du Parti de la fédération nationale[8]. Il se fait ministre fantôme de l'Économie, des Entreprises publiques et du Service public dans son propre cabinet fantôme[9].

Fin , il est défié pour la direction du parti. Le , les députés du parti élisent Viliame Gavoka comme chef, écartant ainsi Sitiveni Rabuka qui avait maintenu sa candidature pour le poste. Viliame Gavoka estime que le parti s'est fracturé en factions sous la direction de Rabuka, et qu'il convient de le rassembler[10]. Les députés du Sodelpa élisent par ailleurs Ratu Naiqama Lalabalavu comme chef de l'opposition parlementaire, dissociant ainsi ce poste de celui de chef du parti[11]. Le , Sitiveni Rabuka démissionne du Parlement, expliquant que le manque de confiance du gouvernement à son égard est un obstacle à la coopération entre le gouvernement et l'opposition en vue de « créer l'harmonie et le progrès et l'unité aux Fidji »[12]. Le , il quitte le Sodelpa[13] et fonde l'Alliance populaire, avec lequel il participe aux élections du [14].

Son parti recueille 35,8 % des voix et 21 sièges sur 55 dans un Parlement sans majorité, derrière le parti Fidji d'abord du Premier ministre Frank Bainimarama qui a perdu sa majorité absolue. Celui-ci fait déployer l'armée, rapportant des violences ethniques non confirmées et que cela était nécessaire pour « maintenir la loi et l'ordre »[2]. Dans un climat politique tendu, Sitiveni Rabuka accuse le gouvernement d'alimenter « la peur et le chaos » et de vouloir « embraser la nation en fonction de critères raciaux[2]. ». Le 20 décembre, un accord est conclu pour un gouvernement de coalition majoritaire comprenant l'Alliance populaire, le Parti de la fédération nationale et le Sodelpa. Sitiveni Rabuka est alors pressenti pour devenir Premier ministre[15],[16],[17]. Dans un climat politique tendu, il accuse le gouvernement d'alimenter « la peur et le chaos »[2]. Il est confirmé comme Premier ministre par le Parlement par 28 voix contre 27 pour le Premier ministre sortant[2]. Son allié, Biman Prasad, Fidjien d'origine indienne (les Fidji comptent une importante minorité indienne) est nommé vice-Premier ministre[2].

Le 24 décembre 2022, Sitiveni Rabuka est confirmé au poste de premier ministre des îles FidjI[18].

Notes et références

  1. (en) "Rabuka Can Preach: Methodist Church", Fiji Sun, 29 juin 2016
  2. a b c d e f g et h Le Monde avec AFP, « Aux Fidji, l’opposant Sitiveni Rabuka confirmé comme premier ministre », Le Monde,‎ 24 déembre 2022 (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Rabuka regrets coups », TVNZ, 2 novembre 2007
  4. (en) "Pacific Islanders looking for a revolution as they prepare to tour Europe", Daily Telegraph, 18 octobre 2008
  5. (en) "Sitiveni Rabuka wins leadership of Fiji's SODELPA", Radio New Zealand, 24 juin 2016
  6. (en) "Rabuka presents traditional apology, asks for support", Fiji Times, 24 juin 2016
  7. (en) "FEO concludes results entry, FijiFirst to remain in power", Fiji Broadcasting Corporation, 18 novembre 2018
  8. (en) "Rabuka is Leader of the Opposition", Fiji Times, 26 novembre 2018
  9. (en) "Opposition releases shadow cabinet portfolios", Fiji Broadcasting Corporation, 28 novembre 2018
  10. (en) "Fiji's main opposition party chooses a new leader", Radio New Zealand, 27 novembre 2020
  11. (en) "High chief elected Fiji's new Opposition Leader", Radio New Zealand, 9 décembre 2020
  12. (en) "Fiji's opposition leader Sitiveni Rabuka resigns as member of Parliament", Radio New Zealand, 7 décembre 2020
  13. (en) "Rabuka resigns from SODELPA", Fiji Times, 9 décembre 2020
  14. Fiji's main political rivals deadlocked after parliamentary election, BBC news, 18 decembre 2022.
  15. (en) "New government ready to lead", Fijian Broadcasting Corporation, 20 décembre 2022
  16. (en) "Coalition formed between Fiji's SODELPA, National Federation Party and People's Alliance Party after deadlocked election results", Australian Broadcasting Corporation, 20 décembre 2022
  17. « Aux Fidji, l’opposition conclut un accord pour évincer le premier ministre », Le Monde, 20 décembre 2022
  18. « Aux Fidji, l’opposant Sitiveni Rabuka confirmé comme premier ministre », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

== Liens externes ==a