Maximilien Ier (empereur du Saint-Empire)

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Maximilien Ier
Illustration.
Portrait de l'empereur Maximilien Ier par Albrecht Dürer.
Titre
Empereur du Saint-Empire

(10 ans, 11 mois et 8 jours)
Couronnement Autoproclamé avec l'autorisation du pape Jules II
Prédécesseur Frédéric III
Successeur Charles Quint
Archiduc régnant d'Autriche

(25 ans, 4 mois et 24 jours)
Prédécesseur Frédéric III
Successeur Charles Quint
« Roi des Romains »

(32 ans, 10 mois et 27 jours)
Couronnement
Prédécesseur Frédéric III
Successeur Charles Quint
Régent de Bourgogne

(12 ans, 5 mois et 13 jours)
Souverain Philippe le Beau

(5 mois et 21 jours)
Souverain Charles de Gand
Successeur Marguerite d'Autriche
Duc consort de Bourgogne

(4 ans, 7 mois et 8 jours)
Prédécesseur Marguerite d'York
Successeur Jeanne de Castille
Biographie
Dynastie Maison de Habsbourg
Nom de naissance Maximilian von Habsburg
Date de naissance
Lieu de naissance Wiener Neustadt
Drapeau de l'Archiduché d'Autriche Archiduché d'Autriche
Date de décès (à 59 ans)
Lieu de décès Wels
Drapeau de l'Archiduché d'Autriche Archiduché d'Autriche
Sépulture Château de Wiener Neustadt puis dépalcé dans l'Hofkirche à Innsbruck (corps)
Église Notre-Dame à Bruges (cœur)
Père Frédéric III
Mère Aliénor de Portugal
Conjoint Marie de Bourgogne
(1477-1482)
Anne de Bretagne
(1490-1492; annulé)
Blanche-Marie Sforza
(1494-1510)
Enfants Philippe le Beau
Marguerite d'Autriche

Maximilien Ier (empereur du Saint-Empire)
Souverains du Saint-Empire

Maximilien d'Autriche ou Maximilien Ier, né le à Wiener Neustadt et mort le au château de Wels, est un prince de la maison de Habsbourg, fils de l'empereur Frédéric III.

Ayant épousé en 1477 Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, il est duc consort de Bourgogne jusqu'en 1482, puis, de 1482 à 1494, régent de l'État bourguignon pour son fils Philippe (Philippe le Beau), et de nouveau de 1506 à 1507, pour son petit-fils Charles (Charles Quint).

Veuf dès 1482, il intervient dans la succession du duc de Bretagne François II, mort en 1488, en épousant (par procuration) sa fille, la duchesse Anne ; mais la cour de France refuse cette alliance menaçante pour le royaume et impose à Anne de Bretagne d'épouser Charles VIII, rompant ses fiançailles de 1482 avec la fille de Maximilien, Marguerite.

Archiduc d'Autriche, il devient roi des Romains en 1486 et prend la succession de son père en 1493 à la tête de la maison de Habsbourg ; dans le cadre impérial, il assume alors les fonctions d'empereur, en tant que roi des Romains jusqu'en 1508, se proclamant alors empereur avec l'accord du pape.

Son règne est marqué par le rétablissement militaire et politique de la situation de la maison de Habsbourg et par une modernisation de l’administration du Saint-Empire romain germanique.

Biographie

Au cours de la seconde moitié du XVe siècle, la menace pesant sur la maison des Habsbourg est sans précédent : tandis que l’empereur Frédéric III s'enlise depuis 1477 dans une guerre désastreuse avec le roi de Hongrie Mathias Corvin, les ducs de Bavière de la maison des Wittelsbach montent en puissance dans le Saint-Empire méridional. Frédéric III finit par perdre tous ses fiefs de Hongrie et en est réduit à courir le pays en demandant l'hospitalité aux monastères qu'il trouve sur sa route. Dans ces circonstances dramatiques, il fait placer son cousin Sigismond sous tutelle, expulse tous les nobles apparentés aux Wittelsbach de leurs terres et en 1486 fait élire son fils Maximilien Ier roi de Germanie[1], couronné comme roi des Romains à Aix-la-Chapelle le .

Origines familiales et famille

Maximilien est le fils de Frédéric III (1415-1493) et d'Aliénor de Portugal[2] (1434-1467). Il a une sœur, Cunégonde (1465-1520).

En août 1477, il épouse la duchesse Marie de Bourgogne (1457-1482), fille et héritière de Charles le Téméraire, mort le 5 janvier 1477. Au moment de son mariage, Marie est en guerre contre le roi de France Louis XI au sujet de la succession de Charles le Téméraire.

De leur mariage naissent deux enfants :

La guerre de Succession de Bourgogne (1477-1482)

La puissance bourguignonne en 1477

Du fait de son mariage, Maximilien se trouve à la tête des possessions bourguignonnes, qui incluent des fiefs français : le duché de Bourgogne (Dijon), le Nivernais, le Charolais, le comté de Flandre, le comté d'Artois, et des fiefs d'Empire : le comté de Bourgogne (Dole), le comté de Hainaut, le duché de Brabant, le duché de Luxembourg, etc.

L'offensive française en Bourgogne (janvier-mars 1477)

Mais le roi de France, Louis XI, veut abattre la puissance de la maison de Bourgogne, branche cadette de la dynastie royale des Valois. Peu de temps après la mort du Téméraire, il a fait occuper le duché de Bourgogne et le comté de Bourgogne, avec une forte résistance dans cette province qui relève de l'Empire.

La guerre franco-bourguignonne aux Pays-Bas (1477-1482)

Le mariage de Marie avec l'archiduc d'Autriche, Maximilien Ier de Habsbourg, entraîne une offensive française vers les Pays-Bas, avec l'occupation du comté d'Artois. Puis la situation militaire se stabilise en 1478.

Maximilien réussit à vaincre l'armée française le à Guinegatte, mais Louis XI continue à le harceler.

En 1481, Maximilien et Marie désignent Jean VI Rolin avec Juste, évêque (es) de Ceuta, et Claude Carondelet, doyen de Besançon, comme ambassadeurs à Rome.

Le traité d'Arras (1482)

Lorsque Marie meurt, victime d’une chute de cheval, le , Maximilien se déclare régent, ce qui suscite une opposition dans les villes du comté de Flandre. Gand envoie une délégation à Paris pour négocier avec Louis XI.

La situation amène Maximilien à négocier la paix avec Louis XI. Le , ses États sont partagés par le traité d’Arras. Le duché de Bourgogne est réintégré dans le domaine du roi de France ; la fille de Maximilien, Marguerite, est fiancée au dauphin de France avec une dot incluant plusieurs des possessions de la maison de Bourgogne, occupées par l'armée française : la Flandre, l'Artois, le comté de Bourgogne, le Charolais et Château-Chinon. Marguerite part ensuite vivre à la cour de France.

Les Pays-Bas bourguignons après la mort de Charles le Téméraire (1477-1493)

Le Grand Privilège des Pays-Bas (11 février 1477)

La mort de Charles le Téméraire amène les provinces et villes des Pays-Bas bourguignons à profiter de la jeunesse et de l’inexpérience de Marie de Bourgogne et à revendiquer des avantages en échange de leur loyauté face à Louis XI. Une des revendications est la suppression du Grand Conseil de Malines, créé par Charles le Téméraire en 1473. Le 11 février, Marie accorde une charte, le Grand Privilège des Pays de par deça, qui abolit l'ensemble des mesures prises par le Téméraire pour renforcer le pouvoir du souverain.

Les révoltes dans les Pays-Bas bourguignons (1482-1493)

Les Pays-Bas plongent pour dix ans dans la guerre civile[pas clair] qui oppose les villes soutenues par une partie de la petite noblesse au pouvoir central. Les campagnes militaires se succèdent et le sort des armes est changeant. Châteaux, villes et villages passent de main en main et paient un lourd tribut au passage de la soldatesque. La famine, provoquée par les mauvaises récoltes, et la peste, propagée par le déplacement des troupes, déciment la population et rendent l’économie exsangue. Aux prises avec une répression parfois sanglante des troupes maximiliennes, la rébellion des villes, qui n’est plus soutenue par la France, s’essouffle d’elle-même.

À la différence des villes flamandes, hostiles à Maximilien, les villes brabançonnes se divisent : Bruxelles déroule le tapis rouge à Philippe de Clèves, placé à la tête de la rébellion le , suivie par Louvain et la plupart des autres villes ; seules Anvers, Malines, Lierre et Vilvorde restent fidèles à Maximilien.

Soumises par Albert de Saxe, commandant en chef de l'armée bourguignonne, les villes rebelles paient cher leur rébellion : amendes et indemnités de guerre sont tellement lourdes à porter qu’elles pèseront durablement sur leur pouvoir politique.

Autres révoltes de cette période :

Les relations avec la France de la mort de Louis XI au traité de Senlis (1483-1493)

La succession de Louis XI

La mort de Louis XI en 1483 incite ses vassaux à se rebeller contre la régente Anne de France, fille de Louis XI au cours de la Guerre folle, qui se termine par la défaite des rebelles, notamment le duc de Bretagne François II.

La crise de succession de Bretagne (1488)

Mais se pose alors la question du sort de l'héritière de Bretagne, la duchesse Anne. Maximilien se pose en prétendant et réussit à l'épouser par procuration en 1490. Pour la cour de France, cela représente une menace sérieuse. Il est donc décidé de faire annuler ce mariage et de donner Anne de Bretagne comme épouse à Charles VIII, ce qui signifie l'annulation des fiançailles avec Marguerite et la renonciation à sa dot. Le mariage a lieu le 17 novembre 1491 à Rennes. Cela représente un casus belli pour Maximilien.

Le traité de Senlis (1493)

En 1493 est signé le traité de Senlis, qui rétablit la situation antérieure au traité d’Arras : la Flandre, l'Artois, le comté de Bourgogne, le Charolais et Château-Chinon sont rendus la maison de Bourgogne. Marguerite est autorisée à quitter la cour de France.

La guerre avec les cantons suisses (1487-1488)

Son règne s'ouvre sur des concessions à la Confédération des XIII cantons : en 1487, les Confédérés obtiennent de Maximilien par la négociation qu'il garantisse leur indépendance, leurs droits et privilèges par le traité de « Politique perpétuelle » signé à Constance. Pour la première fois, un prince Habsbourg reconnaît formellement des libertés à l'intérieur de ses terres. De leur côté, les citoyens de la Confédération s'engagent à « agir en tout comme sujets du roi des Romains et du Saint-Empire ». Mais la France et la Hongrie se démènent pour empêcher le rapprochement des Confédérés et du Saint-Empire, si bien qu'en 1488 les villes de Zurich, Berne, Zoug et Soleure repoussent silencieusement la proposition de Maximilien. Cet acte d'union s'anéantit finalement de lui-même lorsqu'en 1491 la Confédération, à l'instigation du roi de France, signe un traité d'amitié et de non-agression avec les ducs de Bavière.

Une nouvelle arme : les « lansquenets » et la ligue de Souabe

La rivalité de la France et de Maximilien Ier sur l'héritage bourguignon devait se solder par une série de guerres en Flandres et en Bourgogne, prémices à une opposition séculaire entre les rois de France et la dynastie des Habsbourg. La Confédération suisse, grande pourvoyeuse de mercenaires pour les deux camps, se trouve entraînée involontairement dans le conflit. Dans chaque ville et chaque village de la Confédération, on trouve un parti pro-français et un parti pro-Habsbourg qui rivalisent de violence et d'avidité pour les soldes de mercenariat. Les cantons du centre de la Suisse penchent plutôt pour la France, cependant que Berne et Zurich sont du parti Habsbourg. Maximilien Ier s'efforce en vain d'empêcher ses sujets de la Confédération d'aller s'engager comme mercenaires en France. Comme ces « Reisläufer » grossissent inexorablement les rangs français au détriment de l'armée de Maximilien, ce dernier met sur pied une arme comparable, les « lansquenets » recrutés en Allemagne méridionale.

Les manigances de Frédéric III pour accroître sans cesse le nombre d'adhérents à sa ligue de Souabe finissent par irriter la Confédération qui considère la Souabe méridionale comme incluse dans sa sphère d'influence. La noblesse de Souabe, les villes d'empire et même le petit peuple s'animent d'une haine graduelle contre les Confédérés. Cela tient d'une part à ce qu'au cours du XVe siècle, le sud de l'Allemagne avait plus d'une fois été ravagé par les coups de main des cantons fédérés, et d'autre part à ce que ces cantons sont des concurrents objectifs de la Souabe sur le plan commercial et économique. En bref, les cantons républicains s'opposent à la Souabe aristocratique. La concurrence entre les mercenaires des deux régions (mercenaires suisses et lansquenets) se superpose à ce contexte tendu. La formation de la puissante ligue de Souabe, qui se dresse maintenant face à la ligue des Confédérés, remplit d'aise et de fierté la noblesse et les bourgeois de Souabe, et suscite une conscience politique nouvelle. Ces circonstances font que les peuples du nord et du sud du Rhin deviennent de plus en plus étrangers l'un à l'autre.

La réforme institutionnelle du Saint-Empire

Portrait de l'Empereur Maximilien Ier par Bernhard Strigel (vers 1500).

L’Autriche des Habsbourg se redresse de façon spectaculaire entre 1489 et 1491. La succession problématique de Louis XI en France permet à Maximilien d'entrer enfin en possession de son fief de Bourgogne ; il récupère en 1490 le Tyrol et l'Autriche antérieure. La mort inattendue de Matthias Corvin, en 1490, soulage la frontière de l'est, permettant à Frédéric III de récupérer ses possessions conquises par le Roi de Hongrie et à Maximilien de réunir pour la première fois dans l'histoire toutes les terres Habsbourg sous une même couronne.

Maximilien devient empereur à la mort de son père en 1493 ; en 1494, Philippe le Beau devient souverain régnant des Pays-Bas bourguignons et du comté de Bourgogne.

Maximilien Ier entreprend, en tant que roi des Romains, de renforcer l'administration centrale. Lors de la Diète à Worms de 1495, il lance une profonde réforme du Saint-Empire (Reichsreform). Les électeurs obtiennent du roi de pouvoir se constituer en parlement. En contrepartie, ce Reichstag autorise la collecte d'un impôt impérial, le Gemeiner Pfennig (de), pour permettre à l'empereur de mener la guerre contre la France dans la péninsule italienne, et contre les Turcs en Hongrie. Pour mettre un terme définitif aux tiraillements, Maximilien décrète à Worms une paix impériale, la paix perpétuelle de 1495, à laquelle le nouveau tribunal d'Empire, le Reichskammer, est chargé de veiller.

Contestation des cantons confédérés

Si la Confédération « suisse[note 1] » est toujours formellement membre du Saint-Empire, elle ne reconnaît pas les décrets de la diète de Worms, et, à l'exception de Berne, n'a pas envoyé de délégation au Reichstag. Les guerres de Saint-Gall en 1489-90 amènent le tribunal du Reichskammer à citer en justice les cantons de Saint-Gall et d'Appenzell, et les condamne à la mise au ban de l'empire. Les Confédérés ont intercédé à plusieurs reprises auprès du Reichstag et de Maximilien, la dernière fois en 1497 à Innsbruck ; mais aucun point d'entente n’a pu être trouvé, les Confédérés se refusant à reconnaître la souveraineté du tribunal impérial. D'autres procès similaires condamnent Mulhouse et Rottweil, pour faire pression sur ces alliés de la Confédération et les amener à accepter la réforme de l'Empire. En février 1499, des escarmouches entre l'armée des Habsbourg et les milices confédérées dégénèrent entre Bâle et Maienfeld. En l'espace de quelques mois, les chevaliers de la ligue de Souabe, puis l'armée conduite par Maximilien lui-même subissent une série de défaites presque ininterrompues. Maximilien, qui doit reprendre la lutte contre la France dans le Piémont et le Milanais, est contraint de signer le traité de Bâle, qui exempte de fait les cantons confédérés de l'impôt de guerre impérial et leur reconnaît une large souveraineté.

Lutte contre l’invasion française en Italie

Le frère du duc de Milan Ludovico Sforza faisant route en 1499 vers Zürich pour enrôler des mercenaires (d'après le Lucernois Schilling).

Dès mars 1495, Maximilien s'est opposé aux prétentions françaises sur le royaume de Naples et a rejoint la ligue de Venise.

En 1498, le fils du duc d'Orléans devient roi de France sous le nom de Louis XII et fait immédiatement valoir ses droits sur le duché de Milan, entamant ainsi les guerres d'Italie. Tandis que Maximilien doit soutenir la guerre de Souabe contre les cantons helvétiques confédérés, Louis XII marche sur le duché de Milan. Le duc en place, Ludovic Sforza, cherche alors à se ménager aussi bien l’empereur Maximilien que les Confédérés pour combattre la France, et va jusqu'à faire se réconcilier les deux parties, car sans une paix dans les Alpes, il ne lui est possible de recruter ni mercenaires suisses, ni lansquenets.

Et en effet, malgré les manœuvres de diplomates français auprès de l'assemblée délibérative de la Confédération pour empêcher un armistice, le Milanais parvient avec force argent à acheter la paix entre l'Autriche et les cantons rebelles. Alors que le condottière Trivulce, au service des Français, entre dans Milan le 6 septembre, l’empereur et les Confédérés signent la paix de Bâle (). Le 18 octobre, Louis XII fait une entrée triomphale dans Milan et se fait couronner duc du Milanais. Profitant du soulèvement de la population, Ludovico Sforza, fort de contingents suisses, retrouve brièvement son trône au début du mois de février 1500, mais il est trahi et arrêté ; les Français gouverneront désormais le duché jusqu'en 1513.

En 1507, le pape Jules II qui, par l’élimination de César Borgia, a pu s'emparer d'une partie de la Romagne, exige de la république de Venise la cession de nouveaux territoires. Désavoué par le Sénat, il crée la ligue de Cambrai et appelle l'empereur Maximilien Ier à attaquer la République. Le , à la cathédrale de Trente, Maximilien se proclame empereur élu des Romains, avec l'autorisation du pape Jules II.

Prétextant de son couronnement pour son voyage à Rome, Maximilien s'enfonce en en territoire vénitien à la tête d'une imposante armée et marche sur Vicence, mais il est battu à Cadore, au col de Mauria et à Pontebba par l'armée vénitienne de Bartolomeo d'Alviano. Ce sont les Français, membres de la Ligue, qui portent l'année suivante le coup décisif aux Vénitiens (bataille d'Agnadel). Le pape, alors inquiet de la puissance française en Italie du Nord, se retourne vers l'empereur Maximilien et ses lansquenets : ensemble, ils concluent la Sainte Ligue (dont la France est cette fois exclue) et, avec l'aide des Suisses (que les Français n'ont pas suffisamment payés) les mettent en déroute à la bataille de Novare (1513). Simultanément, une alliance avec les Anglais, désireux d'étendre leurs possessions du Calaisis, permet de lancer une vaste contre-attaque dans l'Artois et le Hainaut : ainsi, au cours de l'été 1513, Maximilien assiste en personne à la chute de Thérouanne et de Tournai.

Les Français reviennent à Milan en 1515 sous le règne de François Ier et, après la bataille de Marignan, font prisonnier Maximilien Sforza, homme-lige des Confédérés. C'est ainsi qu'à la fin du règne de Maximilien, les Français se sont maintenus, au prix de coûteuses opérations, en Italie du Nord.

Statu quo à l’est

Afin de réduire les pressions grandissantes sur l'Empire par les traités entre les gouvernements de la France, Pologne, Hongrie, Bohême et Moscovie, ainsi que de sécuriser la Bohême et la Hongrie pour les Habsbourg, Maximilien rencontra les rois de la dynastie Jagellon Vladislas Jagellon, roi de Hongrie et de Bohême, et Sigismond Ier, roi de Pologne, à Vienne en 1515. Les mariages arrangés çà et là amenèrent la Hongrie et la Bohême sous le contrôle des Habsbourg une décennie plus tard.

Maladie et mort

Maximilien meurt d'une attaque d'apoplexie, le . Il en avait déjà subi deux autres, en 1515 et en 1517, et ne se déplaçait plus qu'en litière.

Son fils étant mort en 1506, son successeur à la tête de la maison de Habsbourg est son petit-fils Charles (1500-1558), déjà souverain des Pays-Bas, comte de Bourgogne (arborant aussi le titre de « duc de Bourgogne »), roi de Castille et roi d'Aragon, qui est élu empereur l'année suivante.

Titres

Généalogie

Ascendance

Mariages et descendance

L'empereur Maximilien avec son fils Philippe Ier de Castille, sa femme Marie de Bourgogne, ses petits-fils Ferdinand et Charles Quint, et Louis II de Hongrie (époux de sa petite-fille Marie), XVIe siècle, musée d'histoire de l'art de Vienne.
Maximilien et Marie.

Maximilien épouse en 1477 Marie de Bourgogne dont il a trois enfants :

Maximilien épouse le Anne de Bretagne. Cependant le roi de France Charles VIII réagit en envahissant la Bretagne, annulant le mariage en s'appuyant sur le traité du Verger qui interdisait à Anne de Bretagne de se marier sans l'accord du roi de France. En 1494, Maximilien épouse Blanche-Marie Sforza (1472-1510).

On lui connaît une douzaine d'enfants illégitimes[4], dont :

Points particulier

La succession de Maximilien sur le trône impérial

Après sa mort, le , la succession est difficile entre Charles, petit-fils de Maximilien Ier (et futur Charles Quint) et François Ier, roi de France.

Si ces deux concurrents sont officiellement en compétition devant une Europe jurant sa neutralité à la suite des accords de paix du traité de Londres, nous savons que, de son côté, le roi d'Angleterre Henri VIII craignait la montée en puissance de François Ier.

Cette crainte est partagée par le pape Léon X, puisque les États de l'Église sont, au nord, géographiquement proches de la France, comme ils le sont, au sud, du Saint-Empire romain.

Aussi, au moyen de deux lettres écrites début 1519 (la première le 19 février) et par l'intermédiaire du cardinal Campeggio alors envoyé auprès du cardinal anglais Wolsey, Léon X poussa Henri VIII à se présenter à la succession de Maximilien comme empereur des Romains.

On sait d'ailleurs que le favori du pape, qui s’était attiré sa sympathie en luttant à travers ses écrits contre le protestantisme, avait aussi celle de l'empereur Maximilien Ier. De son vivant, celui-ci avait même, en 1513 puis 1516, proposé à Henri VIII de fusionner leurs deux royaumes, en l'instituant son fils adoptif et héritier (avec, comme idée stratégique, de combiner une attaque sur la France par le nord grâce à l’Angleterre et par l’est via le Saint-Empire) — un projet resté sans lendemain et dont on peut se demander s'il était réellement dans les intentions de Maximilien.

Néanmoins, le , Henri VIII d'Angleterre se porte candidat à l'Empire[réf. nécessaire].

La réforme de l'armée bourguignonne

Maximilien, qui avait assisté à la victoire de cavaleries numériquement inférieures à celles de leurs adversaires, qui avait reçu en cadeau à Trèves en 1473 un exemplaire de l'ordonnance de Saint-Maximin, et qui avait hérité de son beau-père Charles le Téméraire des restes de son armée et du principe de la lance mixte, procéda à une réforme fondamentale de l'armée bourguignonne dans laquelle la cavalerie avait joué un rôle primordial. Bien que très attaché à la culture chevaleresque, il réduit le nombre des cavaliers, qui lui coûtent trop cher, ses moyens financiers étant limités, et augmente le nombre des fantassins, en faisant appel aux milices communales flamandes, puis en recrutant des lansquenets dans l'Allemagne du Sud. Il libère l'infanterie de sa dépendance par rapport à la cavalerie, ce qui permet d'y développer un esprit de corps. Il persuade de jeunes nobles d'y servir comme officiers ou comme double-solde, ce qui en renforce la qualité et la morale. Il l'équipe principalement de longues piques suisses et la fait entraîner selon le modèle suisse. Cette nouvelle infanterie lui permet de remporter sa première grande victoire contre les gens d'armes français à Guinegatte en 1479, après la déroute de sa propre cavalerie. Il conserve toutefois sa cavalerie lourde et l'emploie avec succès lors de ses campagnes[7].

Les tournois

Pour mettre un terme aux « tournois à la masse de bois », forme héréditaire de joutes des « sociétés » ou guildes de chevaliers, qui étaient particulièrement violents, il introduisit le « pas d'armes » qu'il découvrit aux Pays-Bas bourguignons à la suite de son mariage avec Marie de Bourgogne et qui se développa en Allemagne[8].

Il encouragea la course lors des tournois, dangereuse du fait de l'emploi de lances acérées, mais moins coûteuse car on la pratiquait avec les armures de guerre ordinaires. Elle attirait les jeunes nobles ambitieux mais peu fortunés que Maximilien essayait de s'allier. Les tournois étaient annoncés par un héraut qui diffusait le défi dans tout l'Empire. Ils indiquaient le thème allégorique, la date et le lieu du tournoi, les noms de l'auteur du défi et du juge. Les prix à gagner étaient répartis en différentes catégories, dont le Stechdank, pour le gagnant des combats et le Zierdank pour le costume le plus intéressant. Pour Maximilien, le tournoi, exercice chevaleresque avant tout, représentait une part essentielle de son rôle de souverain. Son livre de tournois Freydal sauvegarde la mémoire de ses exploits qui y étaient inscrits. Il indique qu'il prit part à 64 manifestations et participa à 192 joutes[8].

Il favorisa la course « ball-trap » et le « lancer de disque » lors desquels un mécanisme à ressort projetait en l'air un bouclier ou un disque retenu par les cales lorsque l'adversaire atteignait le point adéquat. Cette explosion évoquait les boucliers en bois du tournoi médiéval qui volaient en éclat sous le choc de la lance. Par cet artifice, l'empereur faisait allusion à ses actes de bravoure à l'époque de son mariage à Landshut, quand de jeunes et courageux chevaliers chevauchaient en tenant devant eux des poêles ou des miroirs en guise de boucliers, les morceaux de bois symbolisant le miroir explosé. Il aimait rappeler les temps où les chevaliers faisaient assaut de hardiesse et de témérité[8].

Tous les détails de ces tournois sont présentés dans les planches gravées décrivant son cortège triomphal qu'il fit sculpter par Hans Burgkmair. Il est notoire qu'il professait un traditionalisme délibéré.

L'un des derniers grands tournois qu'il organisa eut lieu lors du double mariage Habsbourg à Vienne en 1515. Le tournoi y joua un rôle central. Six tableaux lui sont consacrés dans le livre des tournois du duc Guillaume IV de Bavière, preuve de son importance[8].

Anecdotes

  • Maximilien a envisagé un moment de se faire élire pape, mais dans un but très matérialiste : pour se débarrasser de l'emprise de Rome et épargner ainsi des sommes considérables.
  • Quand il partait en voyage, il emmenait avec lui un grand coffre dans lequel il rangeait des documents très importants et qu'il appelait, par plaisanterie, « mon cercueil ».
  • Il est le mécène d'un Livre de prières de Maximilien et du Theuerdank.

Notes et références

Notes

  1. Le mot revêt à l'époque une signification insultante ; voyez l'article « guerre de Souabe ».

Références

  1. Hermann Wiesflecker, Maximilian I., Vienne/Munich 1991, p. 390.
  2. Francis Rapp, Maximilien d'Autriche, Paris, Tallandier, 2007.
  3. a et b (en) « Presentation Coin (Doppelguldiner) Showing Maximilian I (1459–1519) », sur metmuseum.org (consulté le ) (descriptif de la pièce).
  4. Maximilien d'Autriche sur Arte.tv
  5. Leopoldo de Austria (en espagnol).
  6. Barbara Disquis
  7. sous la direction de Patrice Franchet-d'Espèrey et de Monique Chatenet, en collaboration avec Ernest Chenière, Les Arts de l'équitation dans l'Europe de la Renaissance, Arles, Actes Sud, , 447 p. (ISBN 978-2-7427-7211-7), Gendarmes et reîtres, la cavalerie Renaissance entre tradition et modernité (page 267).
  8. a b c et d sous la direction de Patrice Franchet-d'Espèrey et de Monique Chatenet, en collaboration avec Ernest Chenière, Les Arts de l'équitation dans l'Europe de la Renaissance, Arles, Actes Sud, , 447 p. (ISBN 978-2-7427-7211-7), Les tournois des Habsbourg en Europe centrale (page 370)

Annexes

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Bibliographie

Livres en français

  • Francis Rapp, Maximilien d'Autriche : souverain du Saint Empire romain germanique, bâtisseur de la maison d'Autriche (1459-1519), Paris, Tallandier, coll. « Biographie », , 310 p. (ISBN 978-2-84734-053-2).
  • Amable Sablon du Corail, La Guerre, le prince et ses sujets : les finances des Pays-Bas bourguignons sous Marie de Bourgogne et Maximilien d'Autriche (1477-1493), Turnhout, Brepols, coll. « Burgundica » (no 28), , 632 p. (ISBN 978-2-503-58098-2, présentation en ligne).

Articles en français

  • Arnaud Rusch, « Une victoire de papier face aux défaites des armes : l'exemple de Maximilien Ier et de son Triomphe par Hans Burgkmair et Albrecht Dürer (1512-1526) », dans Martin Galinier et Michel Cadé (dir.), Images de guerre, guerre des images, paix en images : la guerre dans l'art, l'art dans la guerre, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, coll. « Études », , 357 p. (ISBN 978-2-35412-176-1, lire en ligne), p. 123-148.
  • Gisela Neagle, « Écrire au père, écrire au prince : relations diplomatiques et familiales dans la correspondance de Maximilien Ier et de Marguerite d'Autriche », Publications du Centre européen d'études bourguignonnes, vol. 53 « Rencontres de Calais (20 au 23 septembre 2012) : Négociations, traités et diplomatie dans l'espace bourguignon (XIVe – XVIe siècles) »,‎ , p. 219-234 (DOI 10.1484/J.PCEEB.5.101186).
  • Georges Bischoff, « Maximilien Ier et la Franche-Comté : noblesse comtoise et noblesse autrichienne (1477-1495) », Publications du Centre européen d'études bourguignonnes, vol. 32 « Rencontres de Montbéliard (26 au ) »,‎ , p. 85-97 (DOI 10.1484/J.PCEEB.2.302258).

En allemand

  • (de) Hermann Wiesflecker, Kaiser Maximilian I. : das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, t. 1 : Jugend, burgundisches Erbe und Römisches Königtum bis zur Alleinherrchaft, 1459-1493, Munich, R. Oldenbourg Verlag, , XVI-608 p. (ISBN 3-486-47391-3, présentation en ligne).
  • (de) Hermann Wiesflecker, Kaiser Maximilian I. : das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, t. 2 : Reichsreform und Kaiserpolitik : 1493-1500 : Entmachtung des Königs im Reich und in Europa, Munich, R. Oldenbourg Verlag, , XVII-574 p. (ISBN 3-486-47891-5).
  • (de) Hermann Wiesflecker, Kaiser Maximilian I. : das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, t. 3 : Auf der Höhe des Lebens ; 1500-1508 ; Der grosse Systemwechsel ; Politischer Wiederaufstieg, Munich, R. Oldenbourg Verlag, , XXVIII-622 p. (ISBN 3-486-48331-5 et 3-7028-0098-0).
  • (de) Hermann Wiesflecker, Kaiser Maximilian I. : das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, t. 4 : Gründung des habsburgischen Weltreiches, Lebensabend und Tod, Munich, R. Oldenbourg Verlag, , XXVIII-691 p. (ISBN 3-486-49971-8).

Filmographie

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