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Adele Spitzeder

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Adele Spitzeder
Portrait en noir et blanc d'Adele Spitzeder en 1873.
Dessin en 1873 d'Adele Spitzeder provenant du Die Gartenlaube d'après une photographie.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Activités
Période d'activité
Père
Mère
Vue de la sépulture.

Adelheid Luise Spitzeder (/ˈaːdhaɪt ˈʃpɪtˌtseːdɐ/) dite Adele Spitzeder, née le à Berlin et morte le 27 ou à Munich, également connue sous son nom de scène d'Adele Vio, est une actrice et chanteuse de folklore allemande s'étant fait connaître pour ses escroqueries.

D'abord jeune actrice prometteuse, elle devient une banquière privée bien connue à Munich au XIXe siècle lorsque son succès théâtral décline. En dirigeant ce qui est peut-être le premier système de Ponzi connu, elle offre d'importants retours sur investissement en utilisant continuellement l'argent de nouveaux investisseurs pour rembourser les précédents. À l'apogée de son succès, des sources contemporaines la considèrent comme la femme la plus riche du royaume de Bavière.

En ouvrant sa banque en 1869, Adele Spitzeder réussit à repousser pendant quelques années les tentatives faites pour la discréditer, avant que les autorités ne puissent la traduire en justice en 1872. Comme la pyramide de Ponzi n'est pas encore illégale, elle n'est condamnée qu'à trois ans de prison sur des accusations de comptabilité défaillante et de mauvaise gestion de l'argent des clients. Sa banque ferme et 32 000 personnes perdent 38 millions de guldens, l'équivalent de près de 400 millions d'euros de 2017, provoquant une vague de suicides. Sa fortune personnelle en œuvres d'art et en argent lui est retirée.

Après sa libération de prison en 1876, Adele Spitzeder vit de dons de bienfaiteurs et tente en vain de travailler à nouveau à Altona et à Berlin. Elle quitte l'Allemagne pour Vienne, mais la police de cette ville empêche qu'elle vienne y jouer dans des représentations théâtrales ; elle retourne donc en 1878 à Munich, où elle publie ses mémoires. Elle est de nouveau arrêtée en 1880 pour avoir tenté d'ouvrir une nouvelle banque sans avoir les autorisations nécessaires, mais elle est ensuite libérée sans inculpation. Adele Spitzeder se produit en tant que chanteuse folklorique, vivant de l'aide d'amis et de bienfaiteurs, mais elle ne rompt jamais complètement avec sa vie condamnable, ce qui entraîne de nouveaux procès et des périodes d'incarcération.

Jamais mariée, elle entretient successivement plusieurs relations lesbiennes. En apparence, elle affiche le personnage d'une chrétienne pieuse qui aide les pauvres, ce qui contribue au succès de son entreprise.

Biographie

Jeunesse

Adelheid Luise Spitzeder naît le à Berlin[1],[2],[3],[4]. Elle est le septième enfant du chanteur d'opéra Josef Spitzeder et le premier enfant de la chanteuse d'opéra Betty Vio[1]. Pour son père, il s'agit du deuxième mariage ; il a auparavant épousé la cantatrice Henriette Schüler (1800-1830), avec qui il a eu six enfants[5]. En 1830, la mère d'Adele se rend à Berlin, où elle rencontre Josef Spitzeder au Königsstädtisches Theater, qu'elle épouse en 1831 à l'église Hedwigskirche[6]. Cette année-là, Josef se produit en tant qu'invité au Théâtre national de Munich, où il est acclamé par la critique[7]. Le roi Louis Ier lui offre ainsi qu'à sa femme, un salaire annuel de 6 000 gulden s'ils prennent un engagement permanent au Théâtre national, ce qui conduit la famille à déménager à Munich[8]. Lorsque Josef Spitzeder meurt subitement le [9], Louis Ier accepte d'aider Betty en payant les frais de scolarité des enfants[5]. Betty épouse ensuite Franz Maurer et prend un engagement au Carltheater à Vienne en 1840, où Adele Spitzeder fréquente une Höhere Mädchenschule (école pour filles) dirigée par l'ordre des Ursulines ; après un an, elle entre au pensionnat du couvent[5],[10],[11]. En 1844, elle et sa mère retournent à Munich, où la famille vit avec les demi-frères et cousins d'Adele Spitzeder[12]. À 16 ans, elle fréquente une école réputée, dirigée par Madame Tanche[5]. Après avoir quitté l'école de Tanche, elle suit des cours de langues étrangères, de composition et de piano[13].

Carrière d'actrice

Portrait en noir et blanc d'Adele Spitzeder vers 1852.
Adele Spitzeder alors jeune actrice (vers 1852).

Voulant suivre les traces de ses parents et contre la volonté de sa mère, Adele Spitzeder étudie avec les actrices de Munich Constanze Dahn et Charlotte von Hagn[14],[15]. En 1856[16] ou 1857, elle fait ses débuts à la Hofbühne à Cobourg et connaît un grand succès en jouant Deborah et Mary Stuart[17],[18]. Comme il n'y a pas de poste vacant à Cobourg, elle quitte la Hofbühne pour prendre un engagement à Mannheim avant de retourner à Munich pour quelques rôles invités au Théâtre national[19],[18]. Bien qu'on lui propose un contrat pour y jouer, elle sait qu'elle ne serait chargée que de jouer des rôles secondaires en raison d'une concurrence féroce et décide donc de travailler à la place au théâtre de Brno[20],[18]. D'après son autobiographie, son succès là-bas entraîne des conflits avec les autres acteurs, ce qui l'amène à rompre ses engagements au bout de six mois pour des raisons de santé[21]. Elle retourne ensuite à Munich pendant six mois pour récupérer[21],[22]. Malgré l'insistance de sa mère, elle retourne jouer à Nuremberg où elle est engagée pendant un an[23],[24]. Ensuite, elle joue à Francfort, Berne, Zurich, Mayence et Karlsruhe[25],[26]. Après être retournée à Munich afin de rendre visite à sa mère, elle reçoit une proposition pour un emploi intérimaire à Pest avec un salaire annuel de 3 000 gulden qu'elle refuse à la demande de sa mère[27],[28]. Sa mère lui offre 50 gulden par mois à vie si elle refuse le travail[27],[28]. Néanmoins, elle prend un dernier engagement dans l'arrondissement d'Altona[27],[28]. Pendant un de ses engagements, elle rencontre Emilie Stier, dont le nom de scène est Branizka, une camarade actrice avec qui elle commence bientôt une relation amoureuse[28].

Malgré plusieurs engagements sur une période de plusieurs années, elle ne réussit pas à obtenir un succès durable sur scène[1],[14]. La source contemporaine (1873) Der Neue Pitaval atteste qu'elle a le talent nécessaire mais attribue son manque de succès à son apparence[29],[Note 1]. Son comportement « masculin » est généralement mis en évidence, comme son tabagisme[Note 2] et son entourage de belles jeunes femmes[32].

Incapable de restreindre son style de vie, elle commence à vivre aux dépens de ses créanciers et accumule des dettes importantes à Hambourg et à Zurich tout en y travaillant[29]. En 1868, elle revient à Munich avec sa petite amie Emilie pour attendre des offres d'emploi des agents de théâtre mais n'en reçoit aucune[33]. Déprimée et sans le sou, elle n'a que l'allocation de sa mère de 50 gulden pour vivre[1],[34],[35]. L'argent, cependant, est insuffisant pour payer son style de vie ; elle réside dans des hôtels et des auberges avec sa petite amie et six chiens[1],[35],[Note 3].

Spitzedersche Privatbank

Adele Spitzeder est représentée comme une femme à l'allure sévère, en robe ample, avec une grande croix sur la poitrine et une note dans la main gauche.
Croquis d'Adele Spitzeder dans le numéro du du Harper's Weekly.

Adele Spitzeder doit rapidement emprunter de l'argent auprès de bailleurs de fonds pour maintenir son train de vie[1]. À la fin de 1869, elle rencontre la femme d'un menuisier dans le quartier Au de Munich, alors le quartier pauvre de la ville[37]. Après avoir gagné sa confiance, Adele Spitzeder affirme qu'elle connait quelqu'un qui lui verserait un rendement de 10 % chaque mois sur ses investissements. La femme lui donne 100 gulden et reçoit immédiatement 20 gulden, soit deux mois d'intérêts, avec la promesse d'un remboursement de 110 gulden au bout de trois mois[37]. Selon une histoire contemporaine dans Harper's Weekly, Adele Spitzeder place également une annonce dans le principal journal de la ville, le Münchner Neueste Nachrichten, demandant d'emprunter 150 gulden avec la promesse de 10 % d'intérêt après deux mois[38]. Une autre source contemporaine, un article de 1872 dans le Münchner Neueste Nachrichten citant son acte d'accusation, affirme que ses premières activités de prêt d'argent ont commencé au printemps de 1869[39].

Croissance des affaires

Les services bancaires d'Adele Spitzeder font rapidement parler d'elle grâce au bouche-à-oreille dans les communautés pauvres de Munich qui lui font de la publicité et, bientôt, de plus en plus de gens lui versent leurs économies[37],[5]. En 1869, elle fonde officiellement la Spitzedersche Privatbank[40]. Parce que ses clients sont principalement des travailleurs de la périphérie nord de Munich, en particulier de la ville de Dachau, sa banque devient également connue sous le nom de Dachauer Bank[5],[39],[41]. Certains agriculteurs vendent leur exploitation pour vivre uniquement des intérêts[41]. Beaucoup de chrétiens de la classe inférieure se méfient des prêteurs d'argent juifs, préférant faire affaire avec une chrétienne[5], et elle doit bientôt louer des chambres supplémentaires dans son hôtel pour accueillir jusqu'à quarante employés[5],[42]. Une de ses employées est Rosa Ehinger, dont la beauté et le charme sont utilisés par Adele Spitzeder pour attirer les jeunes hommes à la banque[43].

Les pratiques commerciales et la comptabilité d'Adele Spitzeder sont non conventionnelles et chaotiques[41]. L'argent est déposé dans de grands sacs et dans divers placards[44],[41],[45]. Ses employés, tous ou presque sans formation en comptabilité[46],[41], prennent régulièrement de l'argent, la comptabilité se limitant à enregistrer les noms des déposants et les sommes qu'ils versent, document souvent seulement signé d'une croix par ses clients analphabètes[37],[47]. Son entreprise repose uniquement sur le recrutement de nouveaux clients assez rapidement pour payer les clients existants avec l'argent nouvellement acquis[48],[49],[50]. Selon certaines sources, sa méthode est le premier système de Ponzi connu[51],[52]. Les publications contemporaines de langue anglaise, telles que Harper's Weekly, l'appellent « l'escroquerie Spitzeder »[53],[54]. Dans sa thèse de doctorat, Hannah Davies raconte le cas de Johann Baptist Placht, qui en 1874 est inculpé pour avoir dirigé un système Ponzi à Vienne, et note que les contemporains ont comparé son modèle d'entreprise à celui d'Adele Spitzeder[55]. Contrairement à Placht et à d'autres fraudeurs, Adele Spitzeder n'a jamais prétendu investir l'argent et n'a explicitement donné aucun titre de créance ou reconnaissance de dette, ce qui a paradoxalement conduit les clients à lui faire davantage confiance[5],[48],[55].

En , la propriétaire de l'hôtel dans lequel elle vit et travaille n'est plus disposée à tolérer la circulation des clients[56]. Adele Spitzeder emménage dans la maison au no 9 de la rue Schönfeld[Note 4] près de l'Englischer Garten qu'elle achète pour 54 000 gulden avec l'argent de ses clients[37],[58]. En comptant les employés de banque, 83 personnes travaillent chez elle, dont beaucoup sont des courtiers qui perçoivent une commission de 5 à 7 % pour chaque nouveau client[37]. Elle développe rapidement son entreprise et commence à acheter et à vendre des maisons et des terrains dans toute la Bavière, achetant 17 maisons dans des emplacements de premier choix rien qu'à Munich[37], [58]. En 1871, elle reçoit 50 000 à 60 000 gulden chaque jour, même après avoir réduit à 8 % par mois les intérêts payés[42]. Malgré la taille de son entreprise, la banque n'a pas de local propre et toutes les affaires sont faites d'abord à partir de ses chambres d'hôtel puis de sa maison[59]. En 1871, Adele Spitzeder est en possession de plusieurs millions de gulden et d'œuvres d'art évaluées à plusieurs millions[38],[60]. Selon un rapport contemporain dans Harper's Weekly, au plus fort de sa fortune en 1872, elle est considérée comme la femme la plus riche de Bavière[38].

Affrontements avec les autorités et concurrence

À partir de 1871, les autorités tentent de trouver des raisons légales de suspendre son activité, mais comme elle remplit ses obligations envers ses clients comme promis, elle évite une intervention officielle[41]. Alors que la ville de Munich commence à la taxer de Bankier 2. Klasse (« banquière de deuxième classe »), elle évite les appels à être inscrite au registre des sociétés à ce moment[42]. En 1872, le tribunal de commerce de Munich décide qu'elle doit inscrire son entreprise dans le registre des sociétés, révisant sa décision antérieure, qui comprenait des règles sur la bonne comptabilité[37]. Étant donné que la décision du tribunal ne s'applique qu'à son entreprise de prêt d'argent, pour contourner cette décision, elle cesse de prêter à titre personnel, se concentre sur les emprunts d'argent[61] et autorise ses employés à prendre de l'argent à la banque et à le prêter à des clients sous leur propre nom[62]. Certains de ses employés profitent de cette occasion pour s'enrichir, comme Franz Wagner, un commis aux écritures avec un salaire mensuel de 60 gulden, qui a ensuite acheté une maison pour 59 000 gulden[62].

Le succès de la Dachauer Bank conduit des clients à retirer de grandes quantités de fonds d'autres banques, en particulier la Sparkassen, menaçant son existence[63]. La direction de la Sparkasse de Munich discute pour la première fois de la concurrence d'Adele Spitzeder en , après avoir perdu quelque 50 000 gulden au profit de la banque de celle-ci[5]. À l'automne de 1872, le ministre bavarois de l'Intérieur doit signaler au roi que la Sparkasse d'Altötting est contrainte de recourir à des mesures drastiques pour payer tous ses clients qui souhaitent être remboursés pour réinvestir chez Adele Spitzeder et le président du gouvernement de Haute-Bavière note le que le grand nombre de retraits peut forcer la Sparkasse d'Ingolstadt demander le paiement de ses dettes pour pouvoir répondre aux demandes de paiement[63]. Des rapports similaires de retraits à grande échelle sont signalés par la Sparkassen de Traunstein et de Mühldorf[63]. En conséquence, le ministère bavarois de l'Intérieur place des annonces à grande échelle dans un grand journal le et le , avertissant les clients de ne plus investir chez Adele Spitzeder[64]. Le , la police de Munich publie également une longue déclaration détaillant le manque de fiabilité de la banque[63].

Image publique

Dessin : une femme à l'air strict avec une auréole au milieu de masses jubilatoires et de gens lui offrant de grosses sommes d'argent dans des sacs alors que deux hommes à l'air riche semblent ennuyés par cela.
Caricature d'Adele Spitzeder ouvrant une de ses soupes populaires, du Münchner Neueste Nachrichten.

Adele Spitzeder cultive l'image d'une femme déterminée et pieuse, soucieuse du bien-être public[65],[66]. Pendant les heures bancaires à sa maison dans la rue Schönfeld, elle est souvent vue assise sur une chaise en cuir surélevée au milieu de son bureau de banque, portant une chemise de nuit rouge et une croix autour de son cou, signant de manière démonstrative des notes pour l'argent qu'elle reçoit[67]. Dans les couloirs du bâtiment, des découpes des articles négatifs du Münchner Neueste Nachrichten sont affichées afin de démontrer qu'elle n'a rien à craindre d'une telle couverture[68]. Les longues files d'attente des clients sont souvent diverties par des groupes musicaux jouant à l'extérieur de la banque et elle fournit des repas et des boissons gratuits à la taverne « Wilhelm Tell » à côté[67],[69]. Elle n'autorise les dépôts qu'après que tous les paiements sont traités, ce qui prend souvent jusqu'à midi, créant ainsi de longues files de clients en attente qui renforcent l'impression qu'ils devraient se considérer chanceux d'être autorisés à lui verser de l'argent[70]. Les clients qui la contactent sont traités avec un langage grossier et direct, Adele Spitzeder leur disant qu'elle ne les a pas appelés et qu'elle ne leur donnerait aucune garantie[37],[67],[71]. Son honnêteté affichée, combinée à ses avertissements démonstratifs et l'accent mis sur le divertissement de ses clients, lui ont permis d'améliorer son statut auprès des gens ordinaires[71],[72].

Adele Spitzeder fait de généreuses donations à l'Église, ostensiblement pour la charité, et participe à des pèlerinages réguliers au sanctuaire Notre-Dame d'Altötting[73],[74]. Chaque fois qu'elle s'aventure dans l'arrière-pays, elle offre aux masses — qui l'accueillent souvent avec des acclamations et des cadeaux — de la bière et des collations copieuses[74]. Elle ouvre également la Münchner Volksküche (cuisine populaire de Munich) au Platzl, une taverne fournissant de la bière et de la nourriture à des prix réduits[Note 5] et pouvant accueillir jusqu'à 4 000 clients, renforçant son image en tant qu'« ange des pauvres »[5]. Au total, elle ouvre et exploite douze de ces soupes populaires[38]. Bien que financées par de l'argent volé, ses initiatives philanthropiques renforcent son image publique[76]. Son comportement pieux persuade également le clergé catholique local de soutenir ses efforts, lui amenant de nouveaux clients et la protégeant des critiques du gouvernement[43],[54],[77],[73].

La publicité générée par Adele Spitzeder attire rapidement l'attention des journaux locaux. La première de ses critiques vient du libéral Münchner Neueste Nachrichten qui, en 1870, commence à qualifier Adele Spitzeder de fraudeuse et continue à remettre en question son honnêteté et ses pratiques commerciales jusqu'à la fin[78]. En réaction à cela, elle place une annonce dans tous les grands journaux — à l'exception du Münchner Neueste Nachrichten, qui refuse de l'imprimer — défiant ses détracteurs de démontrer qu'elle incite ses clients à lui donner de l'argent ou qu'ils sont désavantagés[79]. Après avoir essayé de mettre fin aux critiques du Münchner Neuste Nachrichten en tentant, en vain, de soudoyer son rédacteur en chef August Napoleon Vecchioni[80], Adele Spitzeder se tourne vers le principal rival du journal, le Volksbote catholique-conservateur[81]. Ce journal, dont le tirage est similaire à celui du Münchner Neueste Nachrichten, connaît de graves difficultés financières qu'il résout grâce à un prêt de 13 000 florins contracté auprès d'Adele Spitzeder ; à son tour, le Volksbote répond à chaque critique du Münchner Neueste Nachrichten[82]. D'autres journaux catholiques conservateurs, en particulier le Das Bayerische Vaterland publié par Johann Baptist Sigl, la soutiennent également et décrivent la critique d'Adele Spitzeder comme des tentatives de la « capitale juive » de discréditer une femme pieuse et travailleuse, puisant ainsi dans l'antisémitisme[83],[84] de l'époque.

À partir de 1871, Adele Spitzeder commence à publier ses propres journaux[38],[85]. Elle obtient la propriété du Süddeutscher Telegraph, du Neue Freie Volkszeitung et de l'Extrablatt lorsque leurs éditeurs respectifs n'arrivent pas à rembourser leurs prêts[86]. De plus, elle fonde son propre journal, le Müncherer Tageblatt[87]. Sa popularité en dehors des murs de la ville est considérablement améliorée lorsqu'elle accorde à Theophil Bösl, l'éditeur du Freier Landesboten, un prêt de 14 000 gulden et que Bösl lui donne en retour, par écrit, l'assurance de ne pas rapporter négativement son activité[88]. Une couverture positive dans le Landesboten conduit un grand nombre de clients à se rendre à Munich pour investir avec la banque Dachauer[88].

Faillite et accusations criminelles

Adele Spitzeder résiste pendant quelque temps aux pressions exercées contre elle par les autorités[37] et le Münchner Neueste Nachrichten[37], principalement parce que les lois bancaires et les réglementations financières sont inexistantes[37] et parce que quelques années auparavant, la Bavière avait adopté une législation qui avait permis à presque toutes les entreprises de fonctionner avec très peu de surveillance[89]. En , une tentative du Münchner Neueste Nachrichten de la discréditer amène de nombreux clients à demander le remboursement de leurs investissements, mais entraîne également une augmentation du nombre de nouveaux clients[90],[91]. En , le directeur de la police de Munich doit admettre que l'attaque, dont la police espérait qu'elle mettrait fin aux affaires d'Adele Spitzeder, a échoué[91]. Le Münchner Neueste Nachrichten commence une nouvelle attaque contre Adele Spitzeder à l'automne de 1872, répétant les avertissements des autorités, expliquant les manières possibles dont le gouvernement pourrait intervenir et prophétisant la disparition immédiate de la banque[63].

En , les retraits dépassent clairement les investissements, forçant Adele Spitzeder à les limiter à une heure par jour entre six et sept heures du matin, sauf les mercredis et samedis[90]. Les autorités policières réussissent à convaincre 40 créanciers de présenter ensemble leurs créances au tribunal de district, qui ordonne ensuite un examen des livres de la banque[92]. Le , une commission d'enquête de cinq personnes arrive à la banque pour effectuer l'audit ordonné par le tribunal[93]. De plus, 60 clients, organisés par des banques privées rivales, visitent sa résidence et exigent tout leur argent, ce qui est plus que ce dont Adele Spitzeder dispose, entraînant en conséquence l'effondrement de la banque[94],[95].

Rosa Ehinger tente de s'enfuir avec les 50 000 gulden qu'elle prétend être un cadeau d'Adele Spitzeder mais les deux femmes sont arrêtées et l'argent saisi[5],[37]. La maison d'Adele Spitzeder est fermée par les forces de l'ordre, les soldats et les policiers étant placés sur les lieux pour sauvegarder les éléments de valeur restants et empêcher les actes d'agression de la population[96]. Pendant l'existence de sa banque, 32 000 clients ont été escroqués de 38 millions de guldens, soit environ 400 millions d'euros en 2017[37],[97]. Après examen, les actifs récupérés ne recouvrent que 15 % des investissements à rembourser[37]. Il s'ensuit une vague de suicides par des personnes qui ont tout perdu[37].

Adele Spitzeder est accusée de ne pas avoir tenu de registres, de détournement de fonds des clients et de gaspillage excessif d'argent ; elle est condamnée en à trois ans et dix mois de prison pour faillite frauduleuse[5]. Elle n'est pas déclarée coupable de fraude en soi parce que son plan d'affaires ne répondait pas à la définition de fraude de la loi[37]. Pendant et après le procès, elle refuse de reconnaître tout acte répréhensible et soutient que son entreprise était parfaitement légale[98]. L'absence d'exigences légales en matière de comptabilité et le fait qu'elle n'ait jamais annoncé de titres ont été acceptés comme circonstances atténuantes[98],[99]. Rosa Ehinger est condamnée à six mois d'incarcération pour avoir aidé Adele Spitzeder[43],[100]. Pour des raisons de santé, Adele Spitzeder est autorisée à rester dans la prison de la rue Baader, à Munich, où elle rédige ses mémoires[99],[101],[102].

Fin de vie et mort

Adele Spitzeder est libérée de prison le [103] en mauvaise santé, hémiplégique et incapable de monter seule les escaliers[104]. Pendant et après son séjour en prison, ceux qui en avaient profité l'abandonnent et les journaux qui la défendaient auparavant gagnent de l'argent en publiant des articles détaillés à son sujet[104]. Cependant, certains anciens clients, malgré leurs pertes, l'aident ; elle trouve un logement avec la veuve d'un juge et reçoit de l'argent[105]. Son médecin lui prescrit un séjour au sanatorium de Bad Wildbad où elle se rend aux frais de ses bienfaiteurs[106]. Peu de temps après son arrivée, elle est entourée de fans et reçoit de la publicité dans les journaux locaux[106]. Elle vit à Bad Wildbad pendant dix mois où elle commence à écrire de la musique pour le pianino[106]. Elle rencontre le directeur d'un théâtre à Altona qui lui propose un rôle d'invitée mais elle est reçue négativement[106]. Le journal local Altonaer Generalanzeiger commande la production de petits sifflets qu'il vend sous le nom de « sifflets Spitzeder » pour que les gens les utilisent lors de sa prochaine représentation[106]. Adele Spitzeder refuse cependant de jouer à nouveau sur la scène d'Altona et quitte la ville pour Berlin, où les gens l'attendent en espérant voir la célèbre fraudeuse[106]. Cependant, avant qu'elle ne puisse jouer, la police de Berlin empêche sa représentation et la contraint à quitter la ville le jour même, alors elle retourne à Munich[106]. Ne pouvant plus trouver de travail en Allemagne, elle part pour Vienne mais les autorités y interdisent tout contact entre elle et le directeur du théâtre[59],[107].

Incapable de se produire sous son propre nom, elle commence à composer de la musique et à jouer sous le pseudonyme d'Adele Vio[41],[59],[99],[107]. En 1878, elle publie ses mémoires intitulées Geschichte meines Lebens (Histoire de ma vie)[99],[108]. Elle y formule des projets pour après sa libération de prison, tels que l'ouverture d'une brasserie à Au, d'un grand restaurant dans l'ouest de Munich et d'un hippodrome près du château de Nymphenburg ; aucun de ces projets ne s'est concrétisé[99].

Après avoir publié ses mémoires, elle recommence à émettre des billets à ordre qui contiennent désormais des avertissements explicites qu'elle ne fournit aucune garantie et que le créancier renonce à tout droit de remboursement si elle n'est pas en mesure de les rembourser[109]. Elle est arrêtée le avec sa nouvelle compagne, Marie Riedmayer, qui avait pris soin d'elle après sa libération de prison[110]. Cependant, les procureurs locaux déterminent que les personnes qui étaient toujours disposées à lui donner de l'argent après tout ce qui s'était passé n'avaient pas besoin d'être protégées et Adele Spitzeder est libérée[110].

La surveillance constante de la police est trop dure à supporter et elle continue donc à jouer le rôle d'Adele Vio, subsistant plutôt grâce à des amis et des bienfaiteurs[41],[59],[99],[110]. Elle reçoit également les 50 gulden mensuels que sa mère lui fournit[111]. Des escroqueries mineures entraînent de nouveaux procès et des périodes d'incarcération[111].

Adele Spitzeder meurt seule et pauvre[97], d'un arrêt cardiaque à Munich le 27 ou [41],[59],[99] à l'âge de 63 ans et est inhumée dans la concession de sa famille à l'ancien cimetière du Sud de Munich avec ses parents[108],[111],[112],[113]. Sa famille a changé son nom à titre posthume en Adele Schmid[114].

Vie privée

Photographie d'une jeune femme aux cheveux épinglés, portant une robe blanche et un foulard partiellement transparent.
Josefine Gallmeyer, la première compagne d'Adele Spitzeder.

Adele Spitzeder ne s'est jamais mariée et elle a rejeté de nombreuses propositions de mariage, y compris celles d'hommes de l'aristocratie[38]. Malgré son attitude chrétienne démonstrative à une époque où la doctrine catholique officielle déclarait l'homosexualité comme étant un péché, elle avait tendance à avoir un entourage composé principalement de jolies jeunes femmes[32]. La première relation documentée d'Adele Spitzeder a eu lieu pendant son séjour à Brno avec l'actrice Josefine Gallmeyer[22]. Cependant, comme Gallmeyer était inconstante et s'ennuyait rapidement avec elle, cette relation prit bientôt fin et Adele Spitzeder quitta Brno pour Munich[22]. À un moment donné au cours de sa carrière d'actrice, elle a rencontré Emilie Stier (nom de scène Branizka) avec qui elle est revenue à Munich en 1868[28]. Au cours de son procès, le président du tribunal a souligné la relation intime entre les deux femmes, qui partageaient un lit « poitrine à poitrine »[32],[115].

La relation s'est poursuivie dans la carrière bancaire d'Adele Spitzeder que Stier soutenait activement, avec le Münchner Neueste Nachrichten dénonçant bientôt « deux filous qui prennent l'argent des gens »[116],[117]. Cependant, la relation amoureuse s'est terminée brusquement quand, après une dispute, Stier a quitté les lieux ; la raison de leur conflit est inconnue à ce jour[118]. La fin de la relation a déprimé Adele Spitzeder qui s'est enfermée dans ses chambres et n'a récupéré que parce que ses clients, désireux de pouvoir réinvestir dans sa banque, ont pris soin d'elle jusqu'à ce qu'elle se rétablisse[56].

À la recherche d'une nouvelle compagne, Adele Spitzeder a publié dans les journaux locaux une annonce pour une Gesellschafterin (« dame de compagnie »), un code connu pour désigner les femmes à la recherche d'une partenaire romantique féminine[119]. Parmi un grand nombre de demandeuses, elle a choisi une Française qui, apparemment, ne comprenait pas le code et a donc quitté sa maison après seulement quelques semaines[119]. Peu de temps après, Rosa Ehinger a emménagé dans la maison voisine avec sa mère[119]. Originaire d'Augsbourg, Rosa rêvait de devenir actrice, alors Adele Spitzeder, 19 ans son aînée, a emmené la jeune femme, qui a bientôt commencé à travailler dans sa banque, et l'a comblée de cadeaux somptueux[120],[Note 6]. Cependant, après l'arrestation d'Adele Spitzeder, Rosa Ehinger la désavoua et nia avoir eu une relation amoureuse avec elle[122]. Rosa a même tenté de faire valoir que le paiement de 50 000 gulden constituait des dommages-intérêts pour la réputation qu'elle avait subie en raison des rumeurs concernant son homosexualité, mais elle a été condamnée à rembourser la somme en totalité[123].

Après sa sortie de prison, Adele Spitzeder a été prise en charge par Marie Riedmayer, qui a de nouveau été décrite comme sa Gesellschafterin et qui l'a accompagnée à Bad Wildbad[110].

Dans la culture populaire

Gabriel Gailler a mis en scène l'histoire d'Adele Spitzeder sous forme de pièce pour marionnettes dans les années 1870[1]. En 1966, Reinhard Raffalt a créé la pièce Das Gold der Bayern pour le Bayerisches Staatsschauspiel. Créée au théâtre des Cuvilliés, elle raconte une histoire fictive de la vie de Spitzeder avec un roi fictif (Louis le Lion) qui met fin à la supercherie de Spitzeder[124].

En 1972, Martin Sperr écrit un téléfilm réalisé par Peer Raben et dans lequel Ruth Drexel jouait le rôle d'Adele Spitzeder[1]. La pièce Die Spitzeder de Sperr est jouée pour la première fois le [1]. En 1992, le Bayerischer Rundfunk diffuse le documentaire Adele Spitzeder oder das Märchen von den Zinsen (Adele Spitzeder ou le conte de fées sur l'intérêt) de Hannes Spring. Xaver Schwarzenberger adapte de nouveau l'histoire sous la forme d'un téléfilm intitulé Die Verführerin Adele Spitzeder (La séductrice Adele Spitzeder)[125]. Il est produit par le Bayerischer Rundfunk et l'ORF, avec Birgit Minichmayr dans le rôle d'Adele Spitzeder et est diffusé pour la première fois le [1],[126].

Publication

Notes et références

Notes

  1. Dans sa biographie d'Adele Spitzeder, Julian Nebel cite un contemporain la décrivant comme ayant « un visage carré pas très beau avec des traits rugueux, dont un nez long et large fait saillie; la bouche est large, le menton pointu, les yeux gris difficiles à lire, une vraie lesbienne butch »[30].
  2. Elle fumait de gros cigares[31].
  3. Adele raconte dans ses mémoires : « Le matin j'allais acheter moi-même mes chétives provisions et je les faisais cuire sur un fourneau portatif, dernier survivant de mon confortable mobilier d'autrefois. Dans l'après-midi, je prenais mon café et je fumais un cigare ; le soir, je m'en allais faire un frugal souper dans un restaurant à bon marché. »[36].
  4. Sur la porte est écrit : « Que Dieu protège cette demeure et ceux qui en franchiront le seuil ! »[57].
  5. Quelques kreutzer[75].
  6. Rosa Ehinger est sa « maîtresse attitrée »[121].

Références

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  6. Nebel 2018, p. 23. Phrase originale : « 1830 ging sie nach Berlin, wo sie am Königsstädtishen Theater Joosef Spitzeder kennenlernte, den sie 1831 in der Hedwigskirche heiratete. ».
  7. Welti 1893, p. 217.
  8. Strohmeyr 2014, p. 131.
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  15. Hitzig et Alexis 1873.
  16. Körner et Jahn 2005, p. 1864. « Die Tochter des Sangerchepaars Joseph S. und Betty Spitzeder-Vio wurde im Gesang ausgebildet und erhiert Schauspielunterricht, gab 1856 ihr Debüt als Schauspielerin in Coburg un war dann in Mannheim, München, Brünn, Nürnberg, Frankfurt, Karlsruhe und Altona engagiert. »
  17. Strohmeyr 2014, p. 133.
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  29. a et b Hitzig et Alexis 1873, p. 356.
  30. Nebel 2018, p. 39. Phrase originale : « Ein wenig schönes, eckiges Gericht mit groben Zügen, aus dem eine lange, breitflügelige Nase hervorsteht; breit ist der Mund, spitz das Kinn, die grauen Augen von schwer zu bedeutendem Ausdruck, ein richtiges Mannsweib. »
  31. Kulturbrief 1977.
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Articles connexes

Bibliographie

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Études

Classement par ordre alphabétique :

Pièces et romans

  • (de) Adele Spitzeder: Marionettenspiel um einen Münchner Finanzskandal im Jahre 1873 ; wortgetreue Wiedergabe einer alten Handschrift, Puppentheatermuseum, (OCLC 75843921)
  • (de) Christine Spöcker: Das Geldmensch. Ein tragikomisches Stück über den kapitalistischen Exzess der Adele Spitzeder, Bankfrau zu München, die 1872 durch Bankrott ihrer Dachauer Bank 30860 Gläubiger ins Unglück trieb. Fischer, Francfort-sur-le-Main 1973, (ISBN 978-3-10-074201-8).
  • (de) Karl Albrecht-Weinberger, Adele Spitzeder; Roman einer seltsamen Frau., Maindruck, (OCLC 36066656)
  • (de) Heidi Rehn, Tod im Englischen Garten: historischer Kriminalroman, Cologne, Emons Verlag, (ISBN 9783897055070)

Liens externes