Bombardements du camp de réfugiés de Jabaliya

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Bombardements du camp de réfugiés de Jabaliya
Date Depuis le
Lieu Camp de réfugiés de Jabaliya, bande de Gaza (Drapeau de la Palestine Palestine)
Victimes Civils palestiniens
Militants du Hamas (selon Israël)
Type Frappes aériennes
Morts Au moins 203[1]
Blessés 147[2]
Auteurs Forces de défense israéliennes
Guerre Guerre Israël-Hamas de 2023
Coordonnées 31° 32′ 14″ nord, 34° 29′ 47″ est
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Bombardements du camp de réfugiés de Jabaliya
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Bombardements du camp de réfugiés de Jabaliya
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Bombardements du camp de réfugiés de Jabaliya

Les bombardements du camp de réfugiés de Jabaliya sont des opérations aériennes menées par les forces de défense israéliennes à partir du 9 octobre 2023 contre le camp de réfugiés palestiniens de Jabaliya, une zone densément peuplée de la bande de Gaza, dans le cadre de la guerre Israël-Hamas de 2023.

Plus de soixante personnes sont tuées lors des frappes aériennes du 31 octobre et une grande partie du marché est détruite[3]. Le lendemain, quarante-cinq personnes sont tuées lors d'une frappe aérienne et une partie d'un complexe résidentiel est détruit. Selon Israël, le camp est un bastion du Hamas et héberge d'autres groupes terroristes[4],[5],[6].

Les bombardements de Jabaliya ont suscité de nombreuses réactions de la communauté internationale, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme estime que ces opérations pourraient être des « crimes de guerre ».

Chronologie

Le camp de réfugiés de Jabaliya, situé au nord-est de la ville de Gaza, se développe sur une superficie de 1,4 kilomètre carré et comprend 26 écoles et 2 centres de santé[7]. Le marché du camp est le plus grand marché commercial de Gaza, il est considéré comme l'un des quartiers les plus animés de la bande de Gaza. Le camp abrite aussi une zone résidentielle, la « zone Al-Ternis » [8]. L'UNRWA dénombre 116 011 réfugiés palestiniens dans le camp [9].

Octobre

À la suite des frappes aériennes israéliennes sur d’autres zones de Gaza, les déplacés internes de Gaza fuient en masse vers le camp de Jabaliya[10]. Au moment de l’attaque, le marché est complet, les clients et les vendeurs s’approvisionnant en marchandises[11]. La frappe aérienne touche le quartier al-Trans du marché de Jabaliya, l'une des zones les plus peuplées du camp[12],[13],[14]. D'après les survivants de l'attaque, s'adressant à France 24, la frappe aérienne « a touché le cœur du marché », provoquant de nombreux morts. Plusieurs corps ne seront pas retrouvés avant plusieurs jours, faute de matériel médical[15].

Selon le Hamas, cinquante civils sont tués dans cette attaque[12]. Un secouriste du Croissant-Rouge s'adressant au New York Times déclare que le bilan s'élève à soixante personnes tuées. Le New-York Times décrit un marché détruit et rempli de débris de béton et de métal provenant des bâtiments environnants qui ont été touchés par les frappes[16]. Le ministère de la Santé de Gaza refuse de donner une estimation complète, mais fait état de « dizaines » de morts et de blessés[17]. D'après le ministère de l'Intérieur de Gaza, la frappe aérienne a initialement visé un immeuble résidentiel appartenant à la famille Abu Eshkayyah[18].

Le gouvernement israélien affirme que la frappe aérienne a visé des éléments du Hamas situés dans une mosquée du camp de Jabaliya[19].

Le 12 octobre, une seconde frappe aérienne touche un immeuble résidentiel du camp de Jabaliya, détruisant plusieurs appartements et tuant les membres de deux familles[20]. Le ministère de l'Intérieur de Gaza dénombre la mort de 45 personnes et la blessure d'au moins quatre autres civils[21]. Certains s'y sont réfugiés après avoir été déplacés de Beit Hanoun[22],[23].

Le 19 octobre, le camp est touché par une troisième frappe aérienne, tuant 18 réfugiés[24].

Le camp est bombardé pour la quatrième fois lors d'un bombardement particulièrement intense sur Gaza le 22 octobre. Plusieurs bâtiments sont touchés et au moins 30 corps retrouvés dans les décombres, selon l'unité de défense civile. Le ministère de l'Intérieur de Gaza déclare pour sa part qu'une attaque israélienne a touché un immeuble résidentiel, faisant de nombreuses victimes. Les hôpitaux affirment avoir du mal à soigner les blessés. Il y aurait 27 blessés[25].

Le 31 octobre, le camp est de nouveau bombardé par des avions de combat israéliens[26]. Tsahal déclare que l'attaque vise l'un des principaux dirigeants des attaques du 7 octobre, Ibrahim Biari, ainsi qu'un « vaste complexe de tunnels souterrains » situé sous le camp depuis lequel, selon Tsahal, Biari commandait les opérations[27]. Le Hamas nie la présence d'un quelconque commandant, ajoutant qu'Israël utilise ces affirmations pour excuser l'attaque contre les civils[10].

Atef Abu Seif, ministre de la Culture de l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas et critique bien connu du Hamas, parle de scènes « apocalyptiques » au Spiegel, affirmant la destruction d'une cinquantaine de maisons[28].

Le journaliste d'Al Jazeera, Anas Al Shareef, qui était sur place, déclare : « C'est un massacre massif. Il est difficile de compter le nombre de bâtiments ayant été détruits lors de la frappe »[29]. Nebal Farsakh, porte-parole du Croissant-Rouge palestinien, qualifie la scène d'« absolument horrible »[30]. Plus d'une centaine de personnes sont portées disparues sous les décombres[31]. Selon le ministère de l'Intérieur de Gaza, le camp est « complètement détruit », des estimations préliminaires faisant état d'environ 400 morts ou blessés[32]. Le directeur de l'hôpital indonésien de Gaza (en) fait état de plus de 50 morts[33].

Le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, confirme l'attaque du camp par des avions de combat israéliens[34]. Richard Hecht décrit la mort de civils comme une conséquence tragique de la guerre et accuse le Hamas d'utiliser la population locale comme bouclier humain, soulignant qu'un ordre d'évacuation vers le sud leurs avaient été transmis[35].

Novembre

Moins d'un jour après la frappe aérienne du 31 octobre qui a tué au moins 50 personnes, le camp subit une nouvelle attaque[36]. La Défense civile de Gaza qualifie la frappe aérienne de « deuxième massacre ». Elle détruit plusieurs bâtiments entourant le camp et tue au moins 80 personnes, en blessant des centaines d'autres[37]. Selon l'armée israélienne, la frappe a tué « le chef de l'unité de missiles antichar [du Hamas], Muhammad A'sar »[38].

Le 2 novembre, une nouvelle frappe aérienne touche l'école Abu Hussein parrainée par l'UNRWA, où vivent de nombreux Gazaouis déplacés[39].

Le 4 novembre, une porte-parole de l'UNRWA confirme des informations selon lesquelles Israël aurait mené une frappe aérienne contre une école gérée par l'ONU dans le camp de réfugiés de Jabaliya[40]. Selon le ministère de la Santé de Gaza, l'attaque contre l'école d'Al-Fakhoura fait quinze morts et des dizaines de blessés[40]. Selon l'UNRWA, au moins une frappe a touché la cour de l'école, où des familles déplacées ont installé leurs tentes[40].

Une frappe aérienne israélienne sur une maison proche d'un hôpital dans le camp de Jabaliya tue au moins 19 personnes le 8 novembre[41].

Réactions

Le médecin norvégien et militant pro-palestinien Mads Gilbert déclare : « Il ne fait absolument aucun doute qu'il s'agit d'un meurtre de masse »[42]. Melanie Ward, directrice générale de l'organisation à but non lucratif britannique Medical Aid for Palestiniens (en), affirme : « Cette attaque marque un nouveau creux et devra servir de signal d'alarme aux dirigeants et aux hommes politiques du monde entier : le droit international est totalement ignoré ; Israël a au contraire accru la férocité de ses attaques aveugles et disproportionnées »[43]. Médecins sans frontières condamne la frappe aérienne : « Assez, c'est assez ! »[44]. Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, est « consterné par le nombre élevé de victimes » et indique que le droit de se défendre n'implique pas le droit de tuer des civils[7].

Les attaques sont condamnées par les ministères des Affaires étrangères égyptien, saoudien, jordanien et qatari[45]. La Bolivie rompt ses relations diplomatiques avec Israël et la Colombie et le Chili rappellent leurs ambassadeurs[46].

Antonio Guterres, secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, indique être « atterré » par les bombardements du camp de réfugiés de Jabaliya[47]. Pour le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme les bombardements de Jabaliya sont susceptibles d'être un crime de guerre : les frappes aériennes pourraient être jugées disproportionnées, compte tenu du nombre élevé de victimes civiles et de l'ampleur des destructions matérielles[48],[49].

Notes et références

  1. Raja Abdulrahim et Ameera Harouda, « Israeli Airstrike Hits Marketplace in Gazan Refugee Camp, Killing Dozens », The New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  2. « At least 50 Palestinians killed in Israeli airstrike on Jabalia refugee camp, northern Gaza » [archive du ], sur www.aa.com.tr (consulté le )
  3. (en-US) Raja Abdulrahim et Ameera Harouda, « Israeli Airstrike Hits Marketplace in Gazan Refugee Camp, Killing Dozens » [archive du ], sur The New York Times, (ISSN 0362-4331, consulté le )
  4. (en-US) « Israeli airstrikes flatten apartments in Gaza's Jabaliya refugee camp, Israel says attack targeted Hamas », (consulté le )
  5. « Israeli airstrikes target Hamas in Jabaliya refugee camp; Gaza officials say civilians killed - CBS News », (consulté le )
  6. Fabian, « IDF says Jabaliya strike killed top Hamas commander, collapsed terror tunnels », The Times of Israel,
  7. a et b Samuel Ravier-Regnat, « Gaza : le monde arabe indigné par les frappes israéliennes contre le camp de réfugiés de Jabalia », sur Libération, (consulté le ).
  8. (en) « JABALIA CAMP » [archive du ], unrwa, (consulté le )
  9. (tr) « Israel airstrike strikes Gaza's Jabalia refugee camp resulting in multiple casualties - Turkiye Newspaper » [archive du ], Türkiye Newspaper (consulté le )
  10. a et b (en-US) Raja Abdulrahim et Ameera Harouda, « Israeli Airstrike Hits Marketplace in Gazan Refugee Camp, Killing Dozens », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  11. (en-US) Raja Abdulrahim et Ameera Harouda, « Israeli Airstrike Hits Marketplace in Gazan Refugee Camp, Killing Dozens », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  12. a et b (en) « Dozens of Palestinians killed and wounded in Israeli strikes on Jabalia Refugee camp » [archive du ], alarabiya, (consulté le )
  13. « Israel to impose 'total Gaza blockade', dozens killed in refugee camp hit » [archive du ], Al Jazeera, (consulté le )
  14. « Israel to impose 'total Gaza blockade', dozens killed in refugee camp hit » [archive du ], sur Al Jazeera, (consulté le )
  15. (en) « 'Many bodies are still under the rubble': Gazans speak out after Israeli bombardment » [archive du ], sur The Observers - France 24, (consulté le )
  16. (en-US) Raja Abdulrahim et Ameera Harouda, « Israeli Airstrike Hits Marketplace in Gazan Refugee Camp, Killing Dozens », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  17. (en) « First footage of Jabalia camp after Israel attack » [archive du ], albawaba, (consulté le )
  18. « At least 50 Palestinians killed in Israeli airstrike on Jabalia refugee camp, northern Gaza » [archive du ], www.aa.com.tr (consulté le )
  19. « Extensive attack in Gaza: IDF strikes Hamas structure, rocket barrage hits south » [archive du ], Israel National News, (consulté le )
  20. « 44 Palestinians from 2 families killed as Israel continues to pound Gaza » [archive du ], www.aa.com.tr (consulté le )
  21. (en) « Israel orders the evacuation of 1.1 million people from northern part of Gaza, the UN says » [archive du ], AP News, (consulté le )
  22. (en) « 45 Palestinians killed in IDF airstrike on residential building in Gaza's Jabaliya refugee camp » [archive du ], timesofisrael, (consulté le )
  23. (en) « "Horrifying": Gaza Assault Kills 44 Palestinians, 15 Children. Will Ceasefire End Bloodshed? » [archive du ], democracynow, (consulté le )
  24. « 18 Palestinians killed in Israeli air strikes on Gaza's Jabalia refugee camp -Hamas-run interior ministry =21 October 2023 », Reuters,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  25. « Israeli air attacks kill 30 in Gaza's Jabalia refugee camp: Civil defence » [archive du ], Al Jazeera, (consulté le )
  26. Mpoke Bigg, Zraick et Boxerman, « Images of the Jabaliya refugee camp show a large crater and widespread damage. », The New York Times (consulté le )
  27. (en-GB) « Dozens reported killed in Gaza refugee camp blast », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. (de) « Israelische Armee bestätigt Beschuss von Flüchtlingslager Dschabalia », Der Spiegel,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  29. « Chaotic scenes at Jabalia camp », Al Jazeera (consulté le )
  30. « Red Crescent trying to transfer casualties, situations 'absolutely horrific' », Al Jazeera (consulté le )
  31. « Rescue teams trying to evacuate people from under the rubble », Al Jazeera (consulté le )
  32. « Jabalia refugee camp 'completely destroyed' », Al Jazeera (consulté le )
  33. « More than 50 killed in Jabalia strike: Indonesian hospital director », Al Jazeera (consulté le )
  34. (en-GB) « Israel Gaza live news: Dozens reported killed in Gaza refugee camp blast », BBC News (consulté le )
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  36. « Israel-Hamas war live: Jabalia hit again a day after deadly Israeli attack =1 November 2023 », AlJazeera
  37. (en) Regan, Salman, Saifi, Tal et Tawfeeq, « Second Israeli airstrike in two days pummels Gaza refugee camp, deepening a growing outcry », CNN, (consulté le )
  38. (en) « Israel says new strike on Gaza refugee camp kills second Hamas leader, first evacuees reach Egypt », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  39. (en) « No place of refuge: Israeli strikes hit camps in Gaza », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  40. a b et c (en) Nidal Al-Mughrabi, Simon Lewis et Suleiman Al-Khalidi, « Palestinians say Israeli strike hits U.N.-run school as Blinken meets Arab leaders », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  41. (en) Nidal Al-Mughrabi, « Gaza interior ministry: Israeli air strike kills at least 19 near hospital », Reuters,‎ (lire en ligne)
  42. « 'Stop this mass killing': Doctor says US and Europe need to step in », Al Jazeera (consulté le )
  43. « Jabalia attack ‘should be wake-up call’ to world leaders, non-profit group says », Al Jazeera (consulté le )
  44. « MSF says ‘horrified’ by Jabalia refugee camp strike », Al Jazeera (consulté le )
  45. (en-US) Pacchiani, « Egypt, Jordan, Saudi Arabia and Qatar condemn Israeli strikes in Gaza’s Jabaliya », www.timesofisrael.com (consulté le )
  46. (en) Daniel Ramos, « Bolivia severs ties with Israel, others recall envoys over Gaza », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
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  48. « Guerre Hamas-Israël : pour l’ONU, les bombardements du camp de Jabalia «pourraient être des crimes de guerre» », sur Libération, (consulté le ).
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