Michel Aflak

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Né à Damas en 1912 dans une famille de la petite bourgeoisie grecque orthodoxe, Michel Aflak est le fils d’un nationaliste arabe convaincu, opposé à l’Empire ottoman puis à la présence française. Étudiant à la Sorbonne à partir de 1928, il s’y passionne pour l’histoire des idées politiques. C’est l’occasion pour lui de découvrir qu’un projet nationaliste global doit dépasser la seule revendication de l’indépendance pour envisager une reconstruction profonde de la nation arabe dans les domaines politique, économique, social et culturel. Le chrétien Michel Aflak rencontre à Paris son compatriote Salaheddine al Bitar, un musulman sunnite qui partage les mêmes préoccupations que lui, ce qui les conduit à fonder l’Union des Étudiants Arabes en France. Rentrés tous deux en Syrie, ils enseignent au lycée de Damas, l’un l’histoire et l’autre les sciences naturelles. Méfiant vis-à-vis des idéologies européennes, hostile au marxisme qui privilégie les interprétations économiques et accorde une trop grande place à la lutte des classes, opposé aux « sous-nationalismes » qui, encouragés par les puissances coloniales, ne servent qu’à perpétuer la division de la nation arabe, ennemi d’un fondamentalisme religieux qui entend dissoudre dans l’umma l’ensemble des masses musulmanes sans tenir compte de l’identité propre aux Arabes, Michel Aflak entend proposer une doctrine et des méthodes adaptées aux Arabes. Il perçoit clairement que la formulation d’une telle doctrine constitue l’une des conditions nécessaires de leur émancipation. Aflak et Bitar s’expriment tout d’abord dans les colonnes de la revue At Taliya – L’Avant-Garde –, qui rassemble des auteurs de diverses tendances opposées au maintien du régime des mandats français et anglais dans le Proche-Orient arabe. Cependant, dès 1936, ils constatent, lors de la victoire remportée en France par le Front Populaire, que leurs amis communistes se font beaucoup plus modérés, obéissant en cela aux consignes venues de Moscou. Cette constatation conduit rapidement à une rupture et à une clarification qui débouche, en 1939, à la création du Cercle de la Renaissance Arabe – al ihya al arabi. C’est l’occasion pour Aflak et Bitar d’être rejoints par Zaki al Arzouzi, un Alaouite d’Alexandrette qui s’est également imposé depuis plusieurs années, avec son Cercle de l’Arabisme, comme l’un des intellectuels capables de formuler les idées nécessaires à la résurrection de la nation arabe. La lutte engagée par les Palestiniens contre l’occupation anglaise et l’immigration juive orchestrée par le mouvement sioniste, la défaite subie par la France en 1940 puis la tentative de coup d’État de Rachid Ali en Irak en 1941 semblent créer des conditions favorables. La révolte irakienne est brisée en mai 1941 ; cependant, la mobilisation qu’elle a suscitée en Syrie a permis de nouveaux rapprochements, notamment avec Djamil as Sayid qui dirige la Ligue Nationale du Travail. Devenu un militant permanent à partir de 1943, Aflak se dépense sans compter pour développer le parti en gestation ; ce dernier réussit à canaliser la colère que déchaîne dans l’opinion arabe la prise de position de Roosevelt en faveur de la création d’un État juif en Palestine. La fondation de la Ligue Arabe, qui apparaît comme un instrument visant à pérenniser la domination britannique sur le Proche-Orient, amène aussi au parti de nouveaux militants. Le mouvement est interdit mais le soulèvement de Damas de mai 1945 renforce encore son audience et, le 3 juillet 1946 à nouveau autorisé, il peut publier le premier numéro du journal intitulé Al Baas qui revendique « la réalisation de l’unité arabe, la liberté et le socialisme ». Aflak y écrit qu’il faut « maintenant créer les conditions de la grande révolution arabe du vingtième siècle, qui permettra aux Arabes de réintégrer l’histoire ». Si le parti existe déjà dans les faits, son congrès fondateur officiel a lieu du 4 au 7 avril 1947 dans la grande salle du Café Rachid de Damas, en présence de deux cents délégués syriens et de nombreux observateurs venus de Palestine, du Liban, d’Irak et de Jordanie. Aflak est nommé secrétaire général du parti ; il exercera cette fonction jusqu’à sa mort à Paris en 1989.