Mère migrante

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Mère migrante est la photographie la plus célèbre de Dorothea Lange et peut-être la plus connue du programme de la [[Farm Security Administration. Elle est devenue le symbole de la crise de 1929 aux États-Unis.

Fichier:Lange-MigrantMother02.jpeg
Dorothea Lange, Mère migrante (Migrant Mother), 1936

Histoire

De nombreux photographes ont failli passer à la postérité comme les auteurs d'une seule photographie ; ce fut le cas de Robert Capa, avec son soldat espagnol mais aussi de Dorothea Lange avec sa Mère migrante (Migrant Mother).

Beaucoup de détails concernant la prise de cette photographie ont été recueillis. Lange revient au printemps 1936 d'une mission en solitaire pour la FSA, le coffre chargé de pellicules, lorsqu'elle dépasse un panneau indiquant un camp de ramasseurs de petits pois. Pendant trente kilomètres elle se demande si elle ne devrait pas faire demi-tour, ce qu'elle se décide finalement à faire. C'est là qu'elle rencontre Florence Owens Thompson. Elle est mariée et a sept enfants qui se nourrissent comme ils peuvent, de trouvailles. Ils ne peuvent plus partir car ils ont vendu les pneus de leur voiture. Lange s'approche et prend cinq clichés en dix minutes. Elle parle avec la femme qui lui donne son âge, 32 ans, et lui explique tout cela. Dorothea Lange s'approche graduellement et réalise ce portrait.

Analyse

Cette scène véhicule des valeurs universelles : la photo aurait pu être prise à n'importe quelle époque, n'importe où dans le monde. Elle ne donne aucune information concernant le lieu et la date : elle aurait pu être prise lors du tremblement de terre de Los Angeles, sur le port de New York, après les attentats du 11 septembre 2001, dans une cage d'escalier de la région parisienne. De fait, cette image fait désormais partie de l'inconscient collectif, transcendant ses contingences temporelle et spatiale.

La mère protège ses enfants en faisant face à l'inconnu, qui se trouve derrière la photographe. Elle est inquiète mais résolue. L'image est silencieuse et provoque chez l'observateur une sorte d'angoisse sourde renforcée par une structure fort simple qui lui confère un pathos limité et calme, presque discret.

La photographie provoque la colère de Stryker lorsqu'il apprend que Lange l'a retouchée en y obscurcissant le pouce qui se trouve dans le coin inférieur droit. Ce pouce aurait introduit une note comique dans la photo qui aurait détonné avec le reste de l'image, mais Stryker, en tant qu'agent de l'État, veille sans cesse à ce que la réalité soit rapportée avec exactitude. On peut rétrospectivement affirmer qu'en retouchant ainsi sa photographie, Lange franchit le pas qui sépare l'observation neutre et désintéressée de l'art.