Civilisation inca

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L'empire inca (Tahuantinsuyu, « les quatre quartiers » en quechua) s'étendait à son apogée de la Colombie jusqu'à l'Argentine et au Chili, par delà l'Équateur, le Pérou, la Bolivie - c’est-à-dire la partie occidentale de l'Amérique du Sud, longeant l'océan Pacifique et la cordillère des Andes. Cela représente un territoire long de 4 000 km et couvrant une superficie de plus de 3 millions de km². La capitale était Cuzco, ville de l'actuel Pérou.

Le mot « inca » ne désigne pas une ethnie, mais la caste qui vint à dominer, politiquement, ce vaste ensemble. Avec une majuscule, l'Inca était le chef suprême.

Les Incas formèrent un des trois grands empires de l'Amérique précolombienne. L'empire inca regroupait de nombreux peuples différents et jusqu'à plus de 700 langues différentes furent parlées sur son territoire ; cependant les Incas imposèrent le quechua comme langue officielle. Ils vécurent du XIe siècle au XVIe siècle. La fin de l'empire inca coïncide avec la mort du dernier empereur lors de la conquête espagnole en 1533.

Le Machu Picchu, cité Inca.

Religion

Le culte du Soleil

Dans les Andes animistes, chaque communauté avait pour tradition de se réclamer originaire ou descendante de tel lieu sacré, de telle étoile ou de tel animal. C'est dans ce contexte que les Incas se veulent être les fils du soleil appelé Inti en quechua. Pour leur contemporains, les victoires militaires et la politique éclairée des souverains incas semblent confirmer cette origine merveilleuse. Les Incas imposent donc le culte du soleil comme culte officiel dans l'empire : l'idole solaire doit se substituer à la myriade de dieux adorés dans l'empire. Il ne s'agit pas pour autant d'un culte monothéiste mais plutôt d'un animisme d'État.

Pour instituer le culte, les Incas bâtissent des temples dédiés principalement au soleil. Le plus célèbre de tous est le Coricancha, temple du Soleil de Cuzco. Ce temple, principal dans l'empire, servait aussi de lieu de culte à d'autres entités divines comme Mama Quilla, la lune et Illapa divinité de la foudre, de l'éclair et du tonnerre.

Le temple du Soleil à Cuzco, véritable saint des saints de l'empire n'a pas subsisté aux ravages de la conquête. Il n'en reste aujourd'hui que quelques descriptions ainsi que quelques murs témoins de la splendeur de l'ouvrage. Il fut construit avec des pierres de taille s'ajustant parfaitement les unes dans les autres, sans ciment. La circonférence faisait plus de 365 mètres. À l'intérieur du temple trônait, entre autres trésors, un disque d'or représentant le Soleil ainsi qu'une représentation du panthéon Inca. Il s'y trouvait également un jardin sacré où tous les éléments de la nature étaient représentés sous la forme de statuettes entièrement en or, métal symbolique du soleil.

En signe d'allégeance ou de véritable vénération, les peuples soumis par les Incas bâtirent dans leurs provinces de nombreux lieux de culte du soleil. Certains sont encore visibles de nos jours, ils témoignent de l'extension géographique du culte. Au Pérou, on trouvera le temple de Vilcashuaman. Près du plus haut sommet du Pérou, le Huascaran, se trouvait un temple où avaient lieu des sacrifices. En Bolivie, un temple du Soleil avait aussi été érigé sur la isla del Sol du lac Titicaca. À Caranqui, Équateur, se trouve un temple qui autrefois contenait des jarres pleines d'or et d'argent. La principale fête de l'empire était l'Inti-Raymi. Elle se déroulait au solstice d'hiver pour eux, le 21 juin, et était le jour le plus court. En remerciement à toutes les bonnes choses de l'année précédente, elle servaient également à demander la protection du soleil pour les semences qui allaient commencer bientôt.

Pour l'office du culte, les chroniqueurs nous rapportent qu'un tiers des terres cultivées dans les communautés étaient attribuées au Soleil. La mise en culture de ces terres constituait à la fois une forme de culte et une forme d'imposition économique.

Adoration de Viracocha

Bien que le culte du soleil soit apparu comme le culte officiel institué dans l'empire, il apparaît au travers de nombreux récits et témoignages que les Incas observaient une vénération envers un dieu créateur/civilisateur désigné sous le nom de Pachacamac sur les côtes du Pérou et Viracocha dans les hautes terres de l'empire. Ce dieu bénéficiait d'une situation toute différente de celle du Soleil ; en effet, pour ce dieu, ni terres consacrées, ni temples, tout juste le fameux temple de Pachacamac au Pérou. Les prières incas qui nous sont parvenues attestent pourtant d'une ferveur et de considérations spirituelles se rapprochant d'un culte monothéiste. Garcilaso de La Vega, nous rapporte que Viracocha aurait été le véritable dieu des Incas, le Soleil étant quant à lui une divinité de vitrine dans les Andes animistes. Toutefois, il est bon de préciser que Viracocha, ou Wiracocha, est dieu bien antérieur au incas, commun dans toutes les cultures pré-incas. Pachacamac est un dieu de la côte centrale du Pérou, dont les origines sont incertaines. Quoiqu'il en soit, les premières traces du site de Pachacamac remontent à l'époque de la civilisation Lima, mais c'est avec la civilisation Ishmay, civilisation locale qui se situait entre les fleuves Rimac et Lurin (100-1450 après JC), que ce site prit son apogée.

Culte aux Huacas

Lorsque les Incas imposent le culte du Soleil, ils « destituent » les dieux locaux mais n'interdisent pas l'exercice des croyances animistes qui dans l'ensemble conforte et renforce le culte du Soleil qui se pose en clé de voûte du système. Parmi les croyances tolérées figure le culte aux Huacas. Dans la langue Quechua, le terme Huaca peut désigner tout ce qui sort de l'ordinaire et par extension, cela désigne tout ce qui est susceptible de faire l'objet d'un culte dans le contexte animiste. Les huacas sont des personnages, ou un lieu de l'espace géographique (comme une montagne, une rivière ou même un arbre), sacrés ou divins, associés à une divinité particulière, plus exactement des lieux où réside un esprit, comme dans toutes les religions animistes. Il en existait partout sur le territoire inca. Ces sites sont parmi les lieux saints les plus importants pour la population de l'empire inca. De nombreux sacrifices y étaient pratiqués, quotidiennement, saisonnièrement, et annuellement, pour satisfaire ces dieux. Sacrifices et intermédiaires permettaient aussi aux chefs spirituels de la communauté de communiquer avec les huacas (les esprits), afin d'obtenir des conseils ou de l'aide.

Prêtres et « femmes choisies »

Les prêtres vivaient dans tous les temples et autres sanctuaires religieux importants. Ils remplissaient les fonctions de devins, sorciers, et médecins. Le titre de prêtre en chef à Cuzco était Villac umu. Celui-ci était marié et son autorité était en concurrence avec celle de l'Inca. Villac umu avait le pouvoir sur tous les temples et édifices religieux, et il pouvait nommer ou révoquer les prêtres.

Les « femmes choisies », appelées aclla (« vestales » ou, pour les Espagnols, « vierges du Soleil ») étaient au service du Dieu-Soleil (Intip-aclla) ou de l'Inca (Incap-aclla). Elles devaient suivre une formation particulière et seules les plus qualifiées étaient choisies dès leur plus jeune âge. Elles vivaient dans la aclla-huasi (« maison des aclla ») et consacraient la plupart de leur temps à tisser les vêtements portés par l'Inca et les prêtres.

Les princesses de sang royal étaient les Nustas, et l'une d'entres était appeler à devenir la Coya, l'épouse principale de l'Inca.

Divination

Fichier:Coca.jpg
Feuilles de coca

La divination tenait une place prépondérante dans la civilisation inca. Avant chaque action, on faisait appel à celle-ci et rien d'important ne pouvait être entrepris sans avoir auparavant consulté les auspices. La divination était utilisée aussi bien pour diagnostiquer des maladies que pour prédire le déroulement des batailles, exorciser ou punir un crime. La divination permettait aussi de déterminer quels sacrifices devaient être faits à quels dieux. Les Incas croyaient que la vie était contrôlée par des forces invisibles. Pour les représenter, les prêtres avaient recours à la divination.

Il existait plusieurs méthodes de divination : on pouvait observer des araignées se déplacer ou analyser la disposition que les feuilles de coca prennent sur une assiette plate. On pouvait boire aussi de l'ayahuasca qui a des effets hallucinogènes en affectant le système nerveux central. Cette boisson permettait d'entrer en contact avec des puissances surnaturelles. Des prophéties pouvaient être aussi faites à partir de l'étude des poumons d'un lama blanc sacrifié.

Sacrifice

À chaque occasion importante, on offrait un sacrifice, humain ou animal. Beaucoup de sacrifices étaient quotidiens afin de célébrer le culte du soleil. Certains sacrifices étaient pratiqués lors du changement du maître de l'empire. Lors de sacrifices de masse, une des particularités de plusieurs civilisations précolombiennes, jusqu'à 200 enfants pouvaient être sacrifiés. Les « femmes choisies » du Temple du Soleil pouvaient parfois être sacrifiées. Les hommes et femmes offerts en sacrifice devaient être en bonne condition physique et de parfaite constitution. Les victimes des sacrifices étaient souvent prises parmi les peuples défaits et considérées comme une partie du tribut.

Selon la légende, une petite fille de dix ans, Tanta Carhua, avait été choisie par son père pour être sacrifiée à l'empereur Inca. L'enfant, supposée physiquement parfaite, fut donc envoyée à l'empereur à Cuzco où des fêtes et des parades étaient données en l'honneur de son courage. Elle a été enterrée vivante dans une tombe des montagnes andines.

Il faut cependant remarquer que les sacrifices humains se faisaient lors de périodes de grand troubles, losque l'Inca était malade ou décédé. Les enfants, considérés purs, rencontraient l'empereur et des célébrations étaient faites en leur nom. Selon les croyances des incas, l'enfant sacrifié devenait un dieu une fois emporté par la mort. Avant d'être enterré vivant, l'enfant buvait de la chicha, un alcool, apparemment pour atténuer la perception de ses sens. Pour l'honorer, les prêtres conduisaient des cérémonies qui l'accompagnaient tandis que son esprit quittait la terre. Le même genre de rites est attestés dans d'autres sociétés précolombiennes, notamment celle des Aztèques.

Société

Une société hiérarchisée

La hiérarchie dans l'empire inca reprend l'organisation traditionnelle des communautés andines. L'Inca est à la fois chef de son clan et souverain de tout l'empire. L'organisation communautaire est à la base de la structure de l'empire. Dans de nombreux cas, l'Inca conquérant veille à ne pas bousculer l'organisation traditionnelle des populations à assimiler et laisse en place les autorités traditionnelles et leur confie des instructeurs du clan inca pour les informer des lois de l'empire et les instruire dans la religion officielle. Ces autorités locales étaient donc encadrées et rendaient comptes à des supérieurs hiérarchiques qui tous étaient membres du clan Inca.

D'une manière générale, il existait trois classes : d'une part la classe laborieuse constituée des paysans et artisans, d'autre part la classe de gouvernance locale et enfin au sommet, la classe dirigeante de souche inca qui tenait toutes les rênes de l'empire. Cette classe dirigeante était organisée comme un clan ordinaire dont les membres étaient appelés aux plus hautes fonctions au sein de l'empire, qu'elles soient religieuses, militaires ou administratives.

Cette société était donc basée sur un système de castes et on ne pouvait que très difficilement et exceptionnellement changer de rang. Un individu de la classe laborieuse pouvait accéder à la classe dirigeante suite à un exploit militaire ou grâce à quelque autre mérite. Il arrivait, dans un but politique, que des dirigeants coopératifs de peuples vaincus obtiennent des postes à responsabilités, souvent celui de Kurakas.

Organisation sociale suivant la tranche d'âge :

  • 1 – 9 ans : À Partir de 5 ans, ils aident aux tâches ménagères.
  • 9 – 16 ans : Tâches selon leurs capacités, s'occupent des troupeaux de lamas.
  • 16 – 20 ans / 20 – 25 : messagers, bergers des lamas, accompagnent les seigneurs comme pages ou serviteurs.
  • 25 – 50 ans : fondent un foyer avec deux obligations :
    • Payer les impôts, coloniser les régions éloignées (principe de fortification du royaume)(Mitimae)
    • Effectuer le service militaire aux postes frontières ou comme réserviste.

L'administration de l'empire

L'empire est divisé en quatre régions : Chinchasuyu, Antisuyu, Cuntisuyu et Collasuyu, comme était divisée la ville de Cuzco en quatre « districts ». Les grandes zones sont elles-mêmes sous divisées en provinces, elles-mêmes sous divisées en des structures plus petites jusqu'à ce qu'on arrive à des structures de quelques familles.

Pour arriver à contrôler cet immense empire, de nombreuses voies existaient pour relier entre elles toutes les villes de l'empire et permettre à l'empereur d'exercer son contrôle jusqu'aux confins du pays. Des représentants de l'autorité de l'Inca sont présents à tous les niveaux de la structure administrative. Pour faciliter la communication, des voies sont réservées aux messagers impériaux et voyageurs officiels. Ces voies royales (plus de 25 000 km) étaient conçues pour les piétons, les population ne connaissant pas la roue, et les caravanes de lamas, la plupart étaient pavées et des auberges se trouvaient tout le long de ces routes.

L'administration de l'empire se faisait à grande échelle et on pouvait décider de déplacer des populations dans un but économique ou politique. Le système de communication mis en place sous les Incas était d'une très grande efficacité et a permis la gestion de cet immense empire.

Pas d'écriture mais des quipus

Exemple de quipu

Alors que l'empire inca était très structuré et bureaucratisé, l'écriture n'y existait pas. Pour le gérer, un système de quipus a été mis en place. Les quipus sont des messages codés sous la forme de nœuds de différentes sortes sur des fils de laine, coton ou autre matériau et de différentes couleurs. Ces quipus servaient aux statistiques de l'État : recensement très précis (nombre d'habitants par âge et par sexe), nombre d'animaux, état des stocks, tributs payés et dus des différents peuples, enregistrement de l'ensemble des entrées et sorties de marchandises des entrepôts de l'État, etc. Seuls les administrateurs connaissaient la clé des quipus : c'étaient les Quipucamayocs.

Il semblerait que les quipus aient aussi servi à notifier les grandes dates de l'Histoire et à consigner certains récits ou secrets religieux mais ceux-ci restent indéchiffrables de nos jours contrairement à certains quipus de statistiques.

L'importance de l'agriculture

L'empire inca était une théocratie : l'empereur, l'Inca, était considéré comme un dieu vivant et le culte du soleil, de l'Inti dont l'Inca était la représentation sur terre, était un des piliers de l'empire. Un autre pilier était constitué par l'agriculture.

L'organisation de l'agriculture

De fait, la structure de base de l'empire était constituée par l’ayllu. Il s'agit d'une communauté villageoise dont les origines seraient une même famille regroupée. Un territoire lui appartenait qu'elle gérait comme bon lui semblait. Un kuraka était à la tête de l’ayllu.
Le Kuraka était chargé de la répartition des terres, qui se faisait sur un modèle de parts, entre chaque membre membre du village apte à travailler.

Les travaux agricoles étaient divisées en trois temps :

  • La part de l'inca et de la famille royale,
  • Celle de chaque détenteur de lopin de terre, pour subvenir aux besoins de sa famille,
  • Celle qui appartenait au village, afin de subvenir aux besoins des plus démunis. Un système d'entraide entre les familles était très développé. En plus des terre collectives, il existait des réserves qui permettaient de palier le manque en cas de famine, ou quand venait une délégation de l'Inca.

Un autre devoir de chaque membre de la communauté consistait à s'occuper des travaux collectifs (comme l'entretien des canaux d'irrigation).
Ce système connaissait cependant des faiblesses : les kurakas abusaient parfois du système, s'enrichissaient et constituaient une nouvelle classe dont les privilèges étaient transmis par héritage.

Les types de culture

Fichier:Machu Picchu Lama.jpg
Un lama à Machu Picchu

À cette époque, l'agriculture était essentiellement une agriculture de montagne. La pomme de terre et de nombreux autres tubercules étaient les aliments de base. Ces végétaux sont sensibles et, les récoltes ne pouvant être garanties, des techniques de conservation étaient développées pour faire face à d'éventuelles années difficiles. La quinoa, une céréale, est plus facile à cultiver, elle pousse jusqu'à 4 000 m d'altitude. Autre culture répandue : le maïs. Bien que très apprécié, les conditions particulières pour sa culture limitent sa production et le maïs se trouvait souvent réservé aux offrandes ou réservé pour les fêtes. Pour développer cette culture, de nombreuses terrasses, les fameuses andenes, furent construites dont certaines perdurent jusqu'à de nos jours. Les Incas installèrent des réseaux d'irrigation comprenant canaux et aqueducs.

Autres plantes cultivées selon les régions : des tomates, des arachides, des haricots, des piments, des ananas, le cacao, etc. ainsi que la coca, très importante pour le peuple inca puisqu'elle est utilisée dans toutes les cérémonies.

Enfin, en ce qui concerne l'élevage, viande et laine provenaient essentiellement des lamas et alpagas.

Arts et sciences

Voir l'article détaillé : Art inca [[Image:Ollantaytambo.jpg|380px|thumb|right|Ruines Incas d'Ollantaytambo

Terrasses de Pisac
Mur Incas à Cuzco

En sciences, les Incas ont acquis beaucoup de connaissances dans certains domaines tels que les mathématiques, basées sur un système quadridécimal (base 40) et non décimal, ou l'astronomie. Capables de voir les solstices ou équinoxes, leur calendrier à la fois lunaire et solaire leur permettait de gérer au mieux les cultures. Certaines traditions expliquent que le déclin de l'empire fut décrit dans les astres cent ans avant l'arrivée effective des espagnols. Leur système d'irrigation complexe est une autre de leurs œuvres d'art inexpliquées léguées à leurs descendants. Dans le domaine de l'agriculture, leur avance était considérable. Ils avaient l'un des premiers laboratoires agronomiques du monde. En effet, sur les terrasses de Moray, les scientifiques modernes se rendirent compte que chaque niveau avait une température différente. Ceci aurait permit aux Incas d'étudier l'acclimatation des céréales, tubercules et autres plantes servant à leur alimentation. Ils purent faire des croisements et des améliorations de certaines familles.

En effet, les Incas étaient même en avance par rapport aux Européens dans le domaine médical. L'utilisation de la quinine (pour traiter la malaria) et de nombreuses autres plantes leur permettaient de guérir de nombreuses maladies et de soulager diverses souffrances. Ils avaient une très bonne connaissance des plantes et de leurs bénéfices. Les Incas pratiquaient même la chirurgie, notamment les trépanations crâniennes, utilisant la coca comme anesthésiant.

Les Incas maîtrisaient l'art architectural. Leurs constructions sont imposantes et ingénieuses, souvent orientées à des fins utilitaires. Le nombre de bâtiments et autres constructions réalisés est vraiment élevé. L'un des secrets élucidés est celui de la forme des fenêtres et portes des temples. La forme trapézoïdale permet à l'édifice de résister beaucoup mieux aux tremblements de terre, très fréquents dans ces régions. En s'installant à Cusco, les espagnols ont d'ailleurs repris comme fondation de leur bâtiments les restes des temples incas. Quant aux routes, ils améliorèrent le réseau laissé par la civilisation Huari, ou Wari, qui leur permit de sillonner l'ensemble de l'empire dont le Chemin de l'Inca. Il ne fallait aux chasquis, les coursiers de l'empire, que deux jours pour atteindre Quito, capitale actuelle de l'Equateur, en partant de Cusco. Parmi toutes leurs constructions figurent des ponts de corde suspendus allant jusqu'à cent mètres, des relais de poste, des canaux d'irrigation, des aqueducs, des silos, des forteresses, des temples, des palais, les andenes, etc. Le matériau principal était la pierre mais ils n'utilisaient pas de mortier pour les joindre entre elles, elles devaient s'emboîter parfaitement en ne laissant aucun espace vide. On peut voir encore de nos jours ces merveilles entre autre à Cuzco avec sa forteresse Sacsayhuaman et surtout sur le fameux site de Machu Picchu.

Histoire de l'empire inca

Origines des Incas

Différents témoignages ont été recueillis quant à l'origine des Incas. Selon la légende de Manco Capac et Mama Ocllo, les Incas descendent de Manco Capac. Celui-ci serait sorti du lac Titicaca avec sa sœur-épouse Mama Ocllo, envoyés par Viracocha, le dieu créateur, pour apporter la civilisation aux hommes après le grand déluge qui avait tout dévasté.
Ils voyagèrent jusqu'à ce que le bâton magique en or de Manco s'enfonce totalement dans la terre pour leur désigner le lieu où s'établir : la terre de ce lieux serait suffisamment riche pour les accueillir. C'est là qu'ils fondèrent la première ville Inca qui deviendra Cuzco, c'est-à-dire le « nombril du monde » en quechua. Manco Capac enseigna alors aux hommes l'agriculture et l'artisanat, et Mama Ocllo enseigna aux femmes l'art du tissage.

À l'heure actuelle, l'origine géographique des premiers Incas reste discutée, l'hypothèse la plus probable étant qu'ils provenaient des rives du Lac Titicaca. Il s'agirait d'un groupe d'hommes menés par Manco Capac ; après une migration vers le nord, celui-ci s'allie avec quelques communautés quechuas pour déloger les habitants de la vallée du Cuzco. Ce sont dès lors tous les descendants de ces premiers colons ainsi que leurs alliés qui sont considérés comme Incas.

Création et expansion de l'empire

Expansion de l'empire inca (1438-1527)

La région de Cuzco n'est pas inhabitée, de nombreux autres peuples y vivent et les Incas, à leur arrivée, n'y sont qu'un groupe parmi d'autres. Quelques querelles surviennent entre les différents peuples mais elles sont bénignes. Les Incas participent à une confédération avec d'autres groupes en occupant un rang subordonné et non dominateur. Ils adoptent la langue Quechua de leurs suzerains, la propageant ensuite sur tout le territoire.

La confédération repose sur deux moitiés : Le Hanan, la moitié du haut, et le Hurin, la moitié du bas dont font partie les Incas. Le Hanan détient les pouvoirs politiques et religieux, et le Hurin, les pouvoirs militaires. Cette répartition des pouvoirs explique en partie la montée en puissance par les armes du groupe Inca. Petit à petit, ils prennent de plus en plus d'importance dans la confédération. Pendant près de trois siècles, les populations avoisinantes leur versent des tributs mais ce n'est véritablement qu'au milieu du XIVe siècle que les Incas créent un État à leur nom.

Sous Sinchi Roca, puis Lloqui Yupanqui, Mayta Capac et Capac Yupanqui, il renforcent leur position dans le bassin de Cuzco. Pour avoir pillé les villages aux alentours et repoussé les attaques adverses, on leur reconnaît un rôle prépondérant dans la confédération. Ainsi, à la mort de Capac Yupanqui, Inca Roca s’empare du contrôle de la confédération, et les Incas imposent leurs lois à toutes les tribus.

Son successeur, Yahuar Huacac, n'est pas aussi brillant et une conspiration met fin à son règne. Mais vers 1400 les Incas reprennent leur expansion avec Viracocha Inca. Malgré tout, leur territoire ne dépasse pas un rayon de 40 kilomètres autour de Cuzco.

Avec Viracocha l'empire Inca conforte sa domination sur la région et étend son territoire. Personne dans les environs ne peut résister à la puissance inca hormis les Chancas qui la mette en danger en 1438. Mais eux aussi seront défaits et soumis aux Incas par Pachacutec, le fils de Viracocha. Après cette victoire, l'expansion de l'empire continue bien au-delà des territoires voisins malgré des querelles intestines pour le pouvoir. De 1445 à 1450 Pachacutec étendit son territoire jusqu’au lac Titicaca, en 1463, il lève une armée qu’il confie à son fils Tupac Yupanqui afin de soumettre à l’autorité des Incas les immenses territoires séparant Cajamarca de Cuzco. Enfin en 1523 les Kara, dernière tribu à s’opposer aux Incas, capitulent. Plus rien ne peut arrêter l’expansion de l’empire et l’empereur parvient jusqu’au sud de l’actuelle Colombie.

À son apogée, l'empire inca s'étend sur le Pérou (berceau originel), la Bolivie, l'Équateur et une partie de la Colombie, de l'Argentine et du Chili.

La conquête espagnole et la fin de l'empire

[[Image:WikiEn Francisco Pizarro.png|thumbnail|right|180px|Francisco Pizarro en 1528]] Mais déjà l’empire va devoir affronter un nouveau fléau : l'arrivée des Espagnols en 1527 affaiblit l'empire en apportant des maladies. L'empereur Huayna Capac en meurt sans choisir de successeur. Ses deux fils se disputent la succession et l'empire se divise en deux : Atahualpa au Nord et Huascar au Sud. La guerre civile fait rage et Atahualpa prend le dessus et élimine Huascar. Lorsque Francisco Pizarro et ses hommes sont de retour au Pérou en 1532, ils ne sont pas perçus comme une menace, au contraire : selon une légende, le dieu Viracocha devait revenir sur terre de par delà la mer pour rétablir paix et prospérité dans l'empire. Pizarro ressemble à ce personnage mythique et est accueilli sans crainte.

Lors d'une rencontre entre Pizarro et l'empereur, ce dernier est capturé par les Espagnols. Les Incas n'osent pas les attaquer de peur de mettre en danger la vie de leur empereur-dieu. Alors que Atahualpa est aux mains des Espagnols, ses armées prennent enfin le contrôle de tout le territoire et réunifient l'empire. Mais Pizarro alimente les querelles et encourage la rébellion des peuples dominés par les Incas. L'empire se morcelle… Toutefois, les Incas espèrent encore et souhaitent retrouver leur empereur. Pizarro propose une rançon : la pièce où est enfermé Atahualpa doit être remplie d'or. Les Incas obéissent mais Pizarro ne tient pas sa promesse et fait exécuter l'empereur déchu le 29 août 1533.

Les Espagnols se lancent alors à la conquête de tout le territoire, soutenus par les peuples rebelles. Arrivés à Cuzco, ils pillent la ville et mettent sur le trône le demi-frère de Huascar, Manco Inca. Celui-ci est à la solde des Espagnols et est totalement impuissant face à la dislocation de l'empire inca.

À partir de 1548, on peut dire que l'hégémonie espagnole est totale. La résistance des incas continuera durant plusieurs décennies, avec à leur tête : Tisoc, Manco Inca, Sayry Túpac, Tito Cusi y Túpac Amaru, qui sera décapité par les espagnols quarante ans après leur arrivée. La résistance aura un sursaut aux XVIIe et XVIIIe siècles, le plus important épisode sera celui de Túpac Amaru en 1780, toujours avec l’objectif avorté de restaurer l’antique empire du Tawantinsuyo.

La conquête espagnole s'accompagne de pillages, d'apport de maladies qui déciment les populations, de la famine (ce que les Incas, un peuple prospère, n'avaient jamais connu du fait de l'utilisation de silos pour faire face aux mauvaises années), de l'asservissement des indiens et de l'évangélisation de la population. Celle-ci va se faire essentiellement en langue quechua (prononcer quetchua) et des peuples jusqu'alors insoumis aux Incas devront eux aussi apprendre cette langue qui est aujourd'hui encore parlée par sept millions de personnes en Amérique du Sud.

La démographie indigène durant la colonisation est la suivante :

  • 1525 : 12 000 000 habitants
  • 1553 (après la première phase de la conquête) : 8 200 000 habitants
  • 1575 (gouvernement du vice-roi Rancisco de Toledo) : 8 000 000 habitants
  • 1586 : 1 800 000 habitants
  • 1754 : 615 000 habitants

La terrible chute de population, enregistrée à partir de 1575, correspond à la « pacification » définitive du Pérou et à la généralisation du travail forcé dans les encomiendas et les mines, où près de cinq millions d'indiens furent engloutis en moins d'un quart de siècle. Notons l’arrivée des esclaves africains, utilisés dans les mines de Potosi, car l'hécatombe dans la population indigène affecte les autres secteurs d'activités tels que l'agriculture et l'élevage.

Les empereurs incas

La liste des empereurs incas s'appelle la Capaccuna (en quechua les plus puissants parmi les êtres humains). Avant Viracocha Inca les empereurs incas sont semi légendaires et les dates de leurs règnes sont incertaines.

Les rois de Vilcabamba

Entre 1533 et 1572 une partie des fils de Huayna Capac se révolte contre les Espagnols et se réfugie dans la région de Vilcabamba. Leur pouvoir reste théorique.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Les Incas, Alfred Métraux, Seuil, coll. Points Histoire, 1983, ISBN: 2020064731, 190 p.
  • Histoire des Incas, Franklin Pease G.Y., Maisonneuve et Larose, 1995, ISBN : 2706811382, 187 p.
  • La Découverte et la Conquête du Pérou d'après les sources originales, Albert García, Libr. C. Klincksieck, 2000, ISBN: 2252018011, 778 p.
  • Le secret des Incas. Un peuple en guerre contre le temps, William Sullivan, Ed. du Rocher, 2000, ISBN : 2268035336, 266 p.

La civilisation inca par le prisme de sa pensée religieuse.

  • Les Incas : énigmes et mystères, Didro, Les mystères de l'histoire, 2001, ISBN : 2910726258, 220 p.
  • Les Incas, Henri Favre, PUF, Que sais-je ?, huitième édition mise à jour, 2003, ISBN: 2130532977, 127 p.

Fictions en pays Inca

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur les Incas.

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