Territoire libre de Trieste

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Carte du Territoire libre de Trieste présentant sa division en zone A (administrée par les États-Unis et le Royaume-Uni) et B (administrée par la Yougoslavie).

Le Territoire libre de Trieste (Territorio Libero di Trieste en italien, Svobodno tržaško ozemlje en slovène et Slobodna teritorija Trsta en serbo-croate) était un État neutre qui exista de 1947 à 1954.

Il était formé de la ville de Trieste, d'une partie de l'Istrie et d'une bande côtière qui le reliait à l'Italie, un territoire de 738 km² hébergeant environ 330 000 habitants. Créé après la Seconde Guerre mondiale, il fut finalement divisé entre l'Italie et la Yougoslavie.

Histoire

En 1921, l'Italie annexa formellement les parties de l'Empire austro-hongrois qu'elle avait capturée pendant la Première Guerre mondiale, dont Trieste, l'Istrie et ce qui est maintenant l'Ouest de la Slovénie. Elle fit de même en 1925 avec l'État libre de Fiume (désormais Rijeka en Croatie). Dans ces zones annexées, les parties rurales étaient habitées par des Slovènes au Nord et des Croates au Sud-Est, tandis que les Italiens formaient la majorité des habitants de Trieste, Rijeka et des villes de l'Istrie.

Pendant les années 1920 et 1930, les populations slaves se plaignirent de discriminations et d'une italianisation forcée de la part du régime fasciste et de nombreux Croates et Slovènes émigrèrent en Yougoslavie ou rejoignirent le mouvement de résistance TIGR, qui commit plus d'une centaine d'actes terroristes à Trieste pendant ces années. Les populations allemandes et italiennes vivant en Yougoslavie au même moment émirent des plaintes similaires et un certain nombre émigrèrent également.

L'Italie combattit avec les forces de l'Axe au début de la Seconde Guerre mondiale. Lorsque le régime fasciste s'effondra en 1943, la Croatie et la Slovénie (qui allaient former à nouveau plus tard la Yougoslavie) annexèrent formellement les territoires, mais les forces allemandes les occupèrent. La 4e armée yougoslave et le 9e corps d'armée slovène capturèrent Trieste le 1er mai 1945. L'armée néo-zélandaise arriva sur les lieux le lendemain. L'armée allemande se rendit à l'armée néo-zélandaise qui força ensuite l'armée yougoslave à se retirer, ce qu'elle fit le 12 juin 1945 [1] [2].

Le 10 février 1947, la signature du traité de paix avec l'Italie établit le Territoire libre de Trieste. Ce territoire était cependant divisé en deux zones : la zone A (222,5 km², dont Trieste, 262 406 habitants) était administrée par les forces américaines et britanniques tandis que la zone B (515,5 km² et 71 000 habitants) l'était par l'armée yougoslave. Le territoire ne fonctionna donc jamais comme un État totalement indépendant, mais son statut fut néammoins respecté et il émit sa propre monnaie et ses timbres.

En 1954, un « mémorandum de compréhension » fut signé entre l'Italie et la Yougoslavie. Il établissait l'administration civile provisoire de la zone A à l'Italie et de la zone B à la Yougoslavie. Le traité d'Osimo, en 1975, acheva de façon définitive la division du Territoire libre de Trieste entre les deux pays.

Démographie

À la fin des années 1940 et pendant celles qui suivirent la division du territoire, près de 40 000 personnes (principalement italiennes) choisirent de quitter la zone B pour s'installer en zone A ou en Italie pour diverses raisons — certaines furent intimidées et plus ou moins contraintes, d'autres ne préféraient tout simplement pas vivre en Yougoslavie. Elles furent surnommées optanti en Yougoslavie, mais se nommèrent elles mêmes esuli (« exilées » en italien). Environ 14 000 Italiens choisirent de rester dans la zone yougoslave, désormais partagée entre la Croatie et la Slovénie.

Selon les estimations du gouvernement militaire allié, la zone A comprenait en 1949 environ 310 000 habitants, dont 239 200 Italiens et 63 000 Slovènes. Des sources italiennes contemporaines donnent un nombre de Slovènes moins important (32 000 à 40 000).

Selon le recensement yougoslave de 1945, la partie de l'Istrie qui devait devenir la zone B abritait 67 461 habitants, dont 30 789 Slaves, 29 672 Italiens et 7 000 personnes d'autres nationalités. Des sources italiennes donnèrent quant à elle 36 000 à 55 000 Italiens contre 12 000 à 17 000 Slaves.

Voir aussi

Liens internes

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