Sikhisme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 22 mai 2003 à 15:55 et modifiée en dernier par Nataraja (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Le mot sikhisme provient du mot Sikh qui signifie disciple. Un Sikh est une personne qui croit en un seul dieu et dans les enseignements des Dix gourous, recueilli dans le Gourou Granth Sahib, le livre saint des Sikhs. Tandis que le Bouddhisme et Jainisme sont inspirés par des idées religieuses et sociales provenant d'un fonds exclusivement hindouiste (ou, plus précisément, pré-hindouiste), le sikhisme, de développement plus récent, a des liens très forts avec les idéaux de l’Islam.

Le sikhisme, comme religion, n'est pas une véritable nouveauté. Son fondement – le monothéisme - coïncide avec la doctrine musulmane, alors que le caractère dévotionnel prononcé de sa littérature et de plusieurs de ses doctrines sont conformes au concept de bhakti de l’hindouisme. Cependant, le sikhisme ne doit pas être considéré comme un simple mélange de deux religions plus anciennes, mais comme une religion véritablement nouvelle. Ses fidèles considèrent qu’elle a été authentifiée par une nouvelle révélation divine.

Le Gourou Nanak (1469-1538), le fondateur du sikhisme, naît dans le village de Talwandi, nommé maintenant Nankana Sahib, près de Lahore actuellement au Pakistan. Ses parents sont hindouistes et il appartient à la caste des marchands. Dès son enfance, Nanak est fasciné par la religion, et son désir d’explorer les mystères de la vie l'amène à quitter la maison familiale. Il erre dans toute l'Inde à la façon des sannyasin, les saints hindous. C’est durant cette période qu’il rencontre Kabir (1441-1518), un saint révéré aussi bien par les hindous et que par les musulmans.

Après plusieurs années d'errance, Nanak a la révélation qu’il doit enseigner. Il prêche alors devant les temples jains et hindous, les mosquées et convertit ainsi un certain nombre de sikhs (ou disciples). La religion, pense-t-il, est un lien (du latin "religio" : ce qui relie, même racine que "joug" et que le sanscrit "yug" qui donne yoga) pour unir des hommes, mais dans la pratique il constate qu'elle monte les hommes les uns contre les autres. Il regrette en particulier l'antagonisme entre hindous et musulmans et il se fixe comme but de vie de les réunir. Une sentence bien connue de Nanak est : "Il n'y a ni hindou et ni musulman."

Nanak est opposé au système de caste. Ses fidèles se référent à lui en tant que gourou (professeur). Avant sa mort, il indique un nouveau gourou pour être son successeur et pour mener la communauté. Le dixième et dernier gourou, Gourou Gobind Singh (1666-1708) introduit la cérémonie de baptême sikh en 1699 donnant par là une identité caractéristique aux Sikhs. Les cinq Sikhs nouvellement baptisés sont appelés Panj Pyare (Les Cinq Bien-Aimés), qui baptisent à leur tour le gourou à sa demande.

Peu avant son décès, le gourou commande que le Gourou Granth Sahib, le livre saint sikh soit dorénavant l'autorité spirituelle définitive et que l'autorité temporelle passe au Khalsa Panth – la Communauté des Sikhs. Le livre saint des Sikhs est compilé et édité par le cinquième gourou, Gourou Arjun en 1604. Ce sont les seules écritures saintes dans le monde à avoir été compilées par les fondateurs d'une foi au cours de leur vie. Elle sont rédigées en penjabi qui est ainsi la langue sacrée du Sikhs.

La position doctrinale de Nanak est assez simple, en dépit de son origine, i.e. un mélange de révélations provenant des deux croyances distinctes. La cohérence du sikhisme est à mettre au bénéfice de son concept central simple - la souveraineté d’un Dieu unique, le Créateur. Nanak appele son dieu "Le Nom Vrai" pour éviter d’utiliser un terme qui soit plus restrictif. Il enseigne que "Le Nom Vrai", qui se manifeste de manières diverses, dans des endroits divers et par des noms divers, est éternellement "Un", Dieu souverain et omnipotent, à la fois transcendent et immanent, créateur et destructeur.

Dieu prédestine tous les créatures et ordonne que la plus haute créature, l’homme, soit servi par les créatures inférieures. Selon Nanak discuter quels composants de sa croyance proviennent de l’hindouisme, quels sont musulmans, c’est discuter comme un idiot qui cherche quelle religion possède le droit de professer des concepts universaux tels que la bonté, la charité, l’honnêteté, la vénération du nom de dieu, le respect des autres.

Nanak souscrit également à la croyance en la maya, l’illusion du monde physique. Bien qu’il considère les objets matériels comme des réalités et comme des expressions de la vérité éternelle du créateur, ils tendent à ériger "un mur d’erreurs" autour de ceux qui ne vivent que dans un monde des désirs matériels. Ceci les empêche de voir le Dieu vrai qui a créé la matière comme un voile autour de lui, de sorte que seuls les consciences spirituelles, libérées du désir, puissent le pénétrer.

Le monde est immédiatement vrai dans le sens qu'il est rendu manifeste aux sens par la maya, mais il est finalement irréel puisque seul Dieu est finalement vrai. Conservant la doctrine hindoue de la transmigration des âmes, ainsi que son corollaire, la loi du karma, Nanak conseille aux fidèles de ne pas prolonger leur cycle de réincarnations par une vie hors de Dieu, i.e. par le choix, au travers de l’égoïsme et des plaisirs sensuels, d’une vie matérialiste.

Pour faire ceci il faut accumuler du karma. On doit ne penser qu’à Dieu, répéter sans fin le nom de Dieu (Nama Japam) et ainsi s’unir avec Dieu. Le salut, dit-il, ne signifie pas entrer au paradis après le jugement dernier, mais s’unir Dieu à et se fondre en lui.

La pression politique des nations musulmanes qui les entourent force les Sikhs à se défendre et au milieu du XIXe siècle, la région du Penjab,  préfigurant l’Inde et le Pakistan modernes, se rend autonome. La khalsa (armée) des Sikhs mis plusieurs fois en défaut l'armée coloniale britannique.

Aujourd'hui, Les Sikhs se trouvent en Inde ainsi qu’ailleurs dans le monde. Les pratiquants peuvent être identifiés par leur habitude de toujours porter un turban pour couvrir leurs longs cheveux qu’ils ne coupent jamais (dans quelques pays, les lois exigeant le port du casque pour les motocyclistes ont dû être modifiées à leur avantage) et par leur utilisation presque universelle du nom de famille Singh1 (lion, comme par exemple dans Singapour, la ville (‘’pour’’) du lion (‘’singa’’)).

Cependant, toutes les personnes nommées Singh ne sont pas nécessairement des Sikhs ! Les hommes sikhs sont également censés porter sur eux les articles suivants ou cinq K:

  • Kesh, ou cheveux longs, signe de sainteté;
  • Kangh, un peigne utilisé pour garder les cheveux bien coiffés;
  • Kach, sorte de pantalon ample pour ne pas être gênés pendant les batailles;
  • Kara, un bracelet d'acier symbolisant austérité et sobriété;
  • Kirpan, épée ou une dague défensive.

Dans la société moderne, bien sûr, on ne peut pas se permettre de porter une épée ou même un grand poignard, mais un bon canif ou un poignard miniature sont suffisant pour exprimer la signification symbolique. En portant une arme, les Sikhs rappellent la persécution que leur religion a subi et la nécessité de la défendre contre ses ennemis.

Les femmes de Sikh portent généralement en général la robe indienne du nord ou ‘’panjabi dress’’ plutôt que le sari. En général, elles doivent employer le nom de famille Kaur (censé traditionnellement signifier "princesse", mais qui veut dire en réalité "lionne" pour s’accorder avec les Singh ou ‘’lions’’), plutôt que le nom Singh qui est réservé normallement aux hommes, mais peu de pays permettent cet usage.

Vers la fin des années 70 et au cours des années 80, un mouvement séparatiste émerge qui tente de créer un état sikh séparé appelé Khalistan, dans la région du Pendjab de l'Inde et du Pakistan.

La persécution des Sikhs

En Inde, Les Sikhs font face à une persécution suite à l'assassinat d’Indira Gandhi. Cet assassinat était un acte de vengeance de ses gardes de corps sikh pour le massacre du temple d'or en 1984, quand un groupe de séparatistes sikhs (qualifiés de terroristes par les autorités indiennes), suivant Jarnail Sing Bhindranwale, prend refuge ou occupe le temple d'or à Amritsar, un lieu saint du sikhisme.

Après que les tentatives de négociation aient échoué, Indira Gandhi ordonne que le temple soit vidé de ses occupants par la troupe. Le refus d’un retrait pacifique a comme conséquence une fusillade, entraînant la mort de 83 soldats et de 493 occupants sikhs, et de nombreux blessés. De nombreux Sikhs ont considéré que l'utilisation de la force dans leur lieu saint était une insulte impardonnable, et l’assassinat d’Indira Gandhi en est la conséquence.

Par suite, la communauté sikh subit les attaques du parti du congrès de Gandhi, maintenant aux ordres de son fils Rajiv Gandhi, qui devient premier ministre. Des milliers de Sikhs meurent des suites de cette persécution.

Après le 11 septembre 2001, quelques Américains, confondant les symboles de croyance religieuse, tels que les turbans et les barbes avec ceux des terroristes qui ont effectué les attaques, se retournent contre les Sikhs et maltraitent ou blessent certains membres de la communauté sikh. Dans les mois qui suivent l’attaque, pas loin de 300 incidents sont rapportés sur le sol américain, incluant menaces, actes de violence, et même mort.