Nuit des Crayons

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María Claudia Falcone, 16 ans, desaparecida le . Ses parents déposèrent, sans succès, six habeas corpus, tous rejetés par l'Etat [1].

La nuit des Crayons (La Noche de los Lápices en espagnol) est une opération de répression illégale menée par la police argentine, sous la dictature militaire, engagée dans ce qu'elle appelait une « guerre sale ». Une dizaine d'étudiants mineurs ont alors été enlevés par les forces de sécurité, quatre d'entre eux seulement ont survécu.

La nuit des crayons (La Plata)

Selon le rapport de la CONADEP (« Commission nationale sur la disparition des personnes ») [2] de 1983, qui n'a recensé qu'une petite partie des crimes de la dictature, dix étudiants du secondaire furent enlevés, certains dans la nuit du et les autres les jours suivant, à La Plata, une ville proche de Buenos Aires. La plupart des victimes étaient des militants de l'Union des Étudiants du Secondaire (UES, péroniste et dissoute par la dictature) de La Plata, et faisaient partie d'un groupe de seize collégiens et lycéens qui avaient organisé des manifestations, vers septembre 1975, en faveur du transport gratuit pour les étudiants[2]. Or, selon la CONADEP, la junte de Videla considérait ceci comme de la « subversion dans les écoles »[2]. Des vols de bijoux furent aussi commis, à cette occasion, par les forces de répression[3].

Toutefois, l'une des quatre survivantes, Emilce Moler, raconta en 2006 que la campagne pour les transports gratuits était trop ancienne pour intéresser les militaires, qui les avaient enlevés principalement en raison de leur activité militante (à l'UES) en général[4]. Moler affirme que lors de la transition démocratique, la société argentine n'était pas prête à entendre les motifs véritables des « disparitions », et avait donc mis en avant cette histoire de manifestations pour les transports[4]. Elle rappelle aussi le contexte de l'époque, l'un de leurs camarades ayant été assassiné en décembre 1975 (soit avant le coup d'Etat de mars 1976) pour son activité militante[4]. Par ailleurs, d'autres adolescents avaient été enlevés à La Plata, dont, depuis le , Víctor Treviño (17 ans), Fernanda Gutiérrez (17 ans) et Mercado (également 17 ans)[3].

Plus tard, les militaires dirent à Emilce Moler (fille de policier, ce qui lui valut d'être torturée rien que pour cela), que sa grande sœur, étudiante en philosophie, n'avait pas été enlevée, faute de place dans la voiture[4]. Moler, qui a été détenue plus de deux ans dans des centres clandestins de détention, avant d'être officiellement inculpée et incarcérée à la prison de Devoto pour « association illicite », « possession d'armes » et « d'explosifs » (sic), raconte ainsi qu'on les torturait sans tenter d'obtenir quelque information que ce soit [4].

Toutes les victimes furent détenues dans les centres clandestins de détention, et trois seulement ont été libérées, les autres assassinées[2]. Six sont devenus des desaparecidos et quatre ont survécu. Cette opération fut réalisée par le bataillon 601 des services de l'Intelligence (qui participa ensuite à l'opération Charly), assistée de la Police de la Province de Buenos Aires, le tout sous la direction de Ramón Camps (es), également impliqué dans la disparition de Jacobo Timerman. Selon l'un des survivants, Miguel Etchecolatz et le commissaire Luis Héctor « Lobo » Vides auraient également participé à l'enlèvement et à la torture des adolescents[3].

À partir d'un témoignage d'un survivant de cette opération de répression illégale, Pablo Díaz, lors du Procès de la Junte en 1985, cette histoire fit l'objet d'un film d'Héctor Olivera en 1987.

Les lycéens de Bahía Blanca

Le rapport de la CONADEP a également reçu un témoignage concernant l'enlèvement d'une douzaine de lycéens, âgés de 17 ans, à Bahía Blanca, en décembre 1976. Leur « faute »: leurs parents avaient réclamé la réintégration à leur école après que ceux-ci furent expulsés par leur professeur en raison de chahuts joyeux et « excessifs » [2]. Au moins deux d'entre eux furent torturés à la gégène [2]. Détenus pendant plus d'un mois, ils auraient ensuite été libérés [2]. Claudio Luis Roman Méndez, collégien de Córdoba, enlevé le , n'eut pas cette « chance », son cadavre ayant été rendu, après plusieurs demandes de la famille, à l'hôpital le , avec de nombreuses traces de torture [2].

Les victimes

Les étudiants enlevés lors de la Nuit des crayons furent :[5] [6]

Noms Ages (en 1976) Date de la disparition forcée Etat actuel Précisions
Claudio de Acha 17 ans 16 septembre 1976 Disparu Enlevé dans la maison d'Horacio Ungaro.
Gustavo Calotti 18 ans 8 septembre 1976 Bien qu'il a été enlevé le 8 septembre, Gustavo Calotti est considéré comme étant un des survivants
Maria Clara Ciocchini 18 ans 16 septembre 1976 Disparue enlevée avec María Claudia Falcone.
Pablo Díaz 18 ans 21 septembre 1976 Survivant
María Claudia Falcone 16 ans 16 septembre 1976 Disparue Elle a été enlevée à la maison de sa grand-mère avec Maria Clara Ciocchini
Francisco López Muntaner 16 ans 16 septembre de 1976 Disparu
Patricia Miranda 17 ans 17 septembre 1976 Survivante enlevée le 17 septembre. Etudiante des Beaux Arts, elle ne faisait pas partie de la campagne pour les billets de bus scolaires gratuits. Détenue dans les centres de détention clandestins d' Arana, de Pozo de Quilmes, de Valentin Alsina et de Devoto .
Emilce Moler 17 ans 17 septembre 1976 Survivante
Daniel A. Racero 18 ans 16 septembre 1976 Disparu
Horacio Ungaro 17 ans 16 septembre 1976 Disparu

Notes et références

Annexe

Source originale partielle

Bibliographie

Liens internes

Liens externes