Odonymie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 23 février 2006 à 03:08 et modifiée en dernier par David.perrusselmorin (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Un odonyme, que l'on peut trouver parfois écrit hodonyme, est un nom de lieu qui se réfère à une voie de communication. L'étude des odonymes s'inscrit dans le domaine de la toponymie qui étudie plus largement les noms de lieux en géographie.

Un odonyme peut aussi bien être le nom d'une rue, d'une route, d'une place ou d'un chemin (etc..;). le terme odonyme vient du grec hodos, "la route" adossé à la racine -nymie que l'on retrouve dans anthroponymie (l'étude des noms de personnes, noms de famille et prénom).


L'odonymie véhicule des valeurs

Au même titre qu'un pays, une ville se veut le porte drapeau de certaines valeurs. Le fait est que ce sentiment se traduit dans le nom des rues et des places parce que l'attribution des noms est le privilège des municipalités. Chaque ville défend, par ses plaques, l'image qu'elle donne d'elle même et la plus part du temps ses habitants soutiennent cette image. Une ville religieuse mettra en avant ces lieux saints et les piliers de la religion qu'elle accueille, « rue du mausolée » ou « place de la miséricorde ». Une ville qui se veut à l'avant-garde de l'urbanisme choisira ses noms parmi les grands architectes. De même Paris est la ville au monde où le nombre de rues portant le nom d'un soldat (surtout des officiers) est le plus important au monde (juste devant Londres), cela illustre le passé combatif et courageux de la cité.

Selon les pays la volonté politique exprime des images différentes. En Angleterre l'accent est mis sur l'Empire Britannique. En France la plupart des villes arborent une Rue de la République, souvent issue des percées Haussmanniennes du XIXème siècle. Au Etats-Unis ont met l'accent sur l'Acte d'Indépendance. En Allemagne ce sont les philosophes et les compositeurs, en Italie les artisans de l'unification.

Il est rare de trouver des odonymes qui fassent légion dans tous les pays. Bien sur les nombreuses rues, les quartiers et les places des Etats-Unis montrent bien la théorie de l'image commune que veulent se donner les pays occidentaux. L'odonyme Etat-Unis était très utilisé durant les années 60-70 pour signifier la réussite économique, les urbanistes l'ont souvent donné à des quartiers nouveaux comme Tony Garnier à Lyon et son Quartier des Etats-Unis. De la même manière beaucoup de villes anglo-saxonnes utilisent le nom de Paris Street ou France Avenue pour indiquer la rue où se trouve le théâtre ou les galeries d'art.

Pour ce qui est de trouver des personnes qui aient donné leurs noms à des voies dans plusieurs pays, la tache est plus difficile. En effet, peu nombreuses sont les personnalités qui ont imposé leurs noms de telle manière que ceux-ci aient réussit a passer les barrière nationaliste inhérentes à toute institution étatique. Notons cependant des noms comme Mozart, Martin Luther King ou Kennedy.


Une autre vision des noms de rues

Aux Etats-Unis les grandes villes de l'est n'ont jamais utilisée les noms que pour les grandes voies et aussi pour les plus anciennes. La plupart du temps, pour un soucis de repérage et de facilité, les rues ont été numérotée.

Toujours par facilité, les villes, et surtout celles qui se dotent ou qui refondent leurs noms de rues, adoptent des noms de fleures ou d'arbres. Ces odonymes là n'entrent que très rarement dans les études.

Enfin il faut noter les traditions locales. Souvent elles s'appuient sur le milieu naturel antérieur à la fondation de la ville. On trouve aussi des appellations traditionnelles a une région : la rue de la cave dans les régions viticoles, la place du peuple dans les villes de tradition marxiste...


Histoire des odonymes en France

Les historiens donnent cinq époques où l'on peut observée une typologie similaire sur tout le territoire.

  • Le Moyen-Age : les dénominations répondent à une logique fonctionnelle. Le nom de la voie est celui du lieu qu'elle desserre, ce lieu étant religieux ou civil. "Place de l'Eglise", "Place du Marché".
  • XVIIème et XVIIIème siècle : Rupture avec le Moyen-Age et la dénomination fonctionnelle. Les voies portent alors le nom des Grands du royaume. (ce procédé aurait été inspiré par Sully). "Place Louis-Le-Grand", "Rue de Condé".
  • Révolution Française : La débaptisation est courante, au delà de changer les noms des rues, les instances révolutionnaires changent les noms propres des villes. Les "Rue de l'Egalité", "Place de la Nation" apparaissent dans la plupart des cités.
  • L'Empire : Déjà sous le Directoire, la débaptisation s'essouffle. Sous l'Empire le phénomène s'inverse et les "Rue Saint-Antoine" ou "Rue de l'Eglise" sont réintroduites. C'est aussi l'époque de l'apparition des noms de généraux et de victoires militaires dans les villes françaises, "Rue de Wagram", "Rue Ney".
  • XXème siècle : C'est l'éclectisme. Les courants principaux sont les personnages célèbres majoritairement masculins, les régions géographiques et les pays (Rue de Colmar, Avenue du Japon...) et enfin les références à la nature (Allée des Roses, Rue des Alouettes...).

Source : D. Badariotti, Les noms de rues en géographie. Plaidoyer pour une recherche sur les odonymes, Les Annales de Géographie, n°625 mai-juin 2002, Ed. Armand Collin.