Aller au contenu

Tombe de Vix

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 10 janvier 2011 à 15:38 et modifiée en dernier par 152.77.8.1 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Le Cratère de Vix

La tombe de Vix est une sépulture princière à char du Hallstatt final (fin du VIe siècle av. J.-C.). Elle se situe sur l'actuelle commune de Vix dans le département français de Côte-d'Or, sur un territoire jadis occupé par le peuple gaulois des Lingons. Découverte en 1953, elle est parvenue intacte. En raison de l'importance et de la qualité de son mobilier, elle est considérée comme une découverte de tout premier ordre pour cette période de la civilisation celtique.

Modèle:Monument historique (France)

Le site et sa découverte

En janvier 1953, Maurice Moisson (arriere grand pere de Pierre Yves RABATTU), alors le chef du chantier des fouilles menées par la société archéologique de Châtillon-sur-Seine, remarque un léger monticule et une concentration inusitée de pierres dans un champ au pied de l'Oppidum du Mont Lassois, près du petit village de Vix en Côte-d'Or. Maurice Moisson signale immédiatement sa découverte à René Joffroy, archéologue autodidacte qui était à cette époque le président de la société archéologique locale. Ce dernier s'occupe alors activement de la poursuite des fouilles et de l'exhumation de tous les objets de la tombe. Dans sa première publication au sujet de la découverte de la tombe de Vix, René Joffroy mentionne bien le fait que Maurice Moisson est le véritable découvreur de la tombe de Vix, mais dans les éditions suivantes il ne mentionnera plus le rôle premier de ce dernier et passera ensuite pour le premier et unique découvreur.

L'Oppidum du Mont Lassois est une butte-témoin de grande taille, qui domine la haute vallée de la Seine d'une altitude de 100 m environ, près de Châtillon-sur-Seine. Sa situation en fait un lieu idéal pour commander la circulation dans la vallée où passe un des itinéraires antiques qui ramenaient l'étain de Grande-Bretagne vers l'Italie. Des fouilles ont montré l'occupation de cet oppidum durant le néolithique et plusieurs des périodes postérieures. Il fut déserté à l'époque gallo-romaine au profit de la cité de Vertillum située non loin.

Au VIe siècle av. J.-C., la population celtique locale, rattachée à la culture de Hallstatt et dirigée par une aristocratie féminine, profita de ce site exceptionnel pour prélever sans doute une taxe de passage aux marchands d'étain. La puissance des princesses établies au mont Lassois leur permit, suivant le rite aristocratique de l'époque de la tombe à char, de constituer des sépultures d'une richesse exceptionnelle. Cependant, le plus remarquable est que la sépulture de Vix renfermait les restes d'une femme ayant sans doute le rang de reine et de prêtresse, ce qui est révélateur du statut de la femme dans la société celtique.

Le mobilier de la tombe

Creusé dans le sol, le caveau, d'environ 4 mètres de côté était à l'origine recouvert d'un tumulus de pierres et de terre, aujourd'hui complètement arasé. La fouille minutieuse du contenu de la sépulture en janvier et février 1953 permit la reconstitution des différents éléments.
Le corps était allongé dans la caisse d'un char de parade à timon et quatre roues, décoré d'appliques en bronze. De nombreux bijoux, bracelets, torques, fibules en bronze paraient la défunte. Une pièce exceptionnelle, un torque (ou diadème ?)[1] en or pur pesant 485 g fut retrouvé au niveau de la tête. Sa décoration aux extrémités de deux chevaux ailés rappellent le style orientalisant mais il est probable qu'il a été confectionné localement par des artisans s'inspirant de la stylistique grecque et orientale, des techniques de l'orfèvrerie ibérique. Des études sur l'origine de l'or employé appuient cette hypothèse[2].

Le torque en or

Une phiale d'argent hallstattienne, plusieurs vases de bronze, d'origine étrusque, de la céramique grecque antique, étaient déposés près du cratère, dans le caveau envahi de terre et d'eau lors des crues de la Seine. La coupe attique à figure noire, la plus récente, date la sépulture d'une période légèrement postérieure à 525 av. J.-C.

Mais la pièce principale, le vase de Vix, un gigantesque cratère de bronze, le plus grand parvenu jusqu'à nous, a fait la renommée de cette découverte. Sans doute sorti des ateliers grecs d'Italie du Sud vers 540-530 av. J.-C., et, outre ses dimensions exceptionnelles, (1,64 m de haut pour un poids de 208 kg), sa décoration d'appliques de bronze en haut relief, anses en forme de gorgones et frise de chevaux et hoplites, en font un chef-d'œuvre dans l'art du bronze antique. Sa capacité est de 1100 litres.

Non loin de Vix, sur la commune de Sainte-Colombe-sur-Seine, un autre ensemble d'objets de bronze de la même époque fut découvert au XIXe siècle, dont un grand bassin sur trépied, ou lébès, à décor de griffons d'origine étrusque ou Anatolienne, ils appartenaient à une sépulture féminine à char. Cependant, le contexte archéologique ne fut pas complètement déterminé. D'autres fouilles plus récentes ont exploré cinq autres tumulus postérieurs et proches de la tombe princière ainsi qu'un petit enclos (funéraire ?) associé à deux fragments de statues anthropomorphes[3] datés probablement de la fin du premier âge du fer. Tout cela, ainsi que les trouvailles provenant de la cité gallo-romaine de Vertillum, est exposé dans le musée du Pays Châtillonnais à Châtillon-sur-Seine.

Autres sites hallstattien qui présentent de grandes similitudes avec Vix (nature du gisement, datation, importance des objets découverts) : la sépulture princière de Hochdorf, près de Ludwigsburg (Bade-Wurtemberg), en Allemagne, presque contemporaine de Vix (fin du VIe siècle av. J.-C.) et la citadelle de Heuneburg près de Stuttgart dans le Wurtemberg, oppidum fortifié dominant le Danube et ayant livré de nombreuses pièces de vaisselle d'origine grecques. Un autre site fort comparable est celui de Glauberg en Hesse, où un oppidum énorme est associé avec des sépultures en tumulus et des statues datant de la fin du Modèle:VIe av.

Notes et références

  1. Dans les comptes-rendus de l'Académie des inscriptions et belles lettres en 1953, René Joffroy apportait plusieurs arguments pour définir la pièce comme un diadème et non comme un torque (p.175) Le texte du compte-rendu sur le site Persée
  2. L'or et l'argent de la tombe de Vix - Bulletin de la société préhistorique française, 1989 - ISSN:0249-7638
  3. Rapport détaillé sur l'ensemble des sites et des sépultures site du Graf-Zeppelin-Gymnasium de Friedrichshafen, Allemagne.

Articles connexes

Bibliographie

  • Claude Rolley: La Tombe princière de Vix, pour La Société des Amis du Musée du Châtillonnais - Paris, éditions Picard, 2003 - (ISBN 2-7084-0697-3)
  • Claude Rolley: Vix, le cinquantenaire d’une découverte. Dossiers d'Archéologia N° 284, Juin 2003.Ed: Faton, p. 36-43.
  • Claude Rolley: Vix et son territoire à l'Age du Fer , avec Bruno Chaume & Claude Mordant: fouilles de l'Oppidum du Mont Lassois Ed: Monique Mergoil, Montagnac 2001, 643 p. Planches, cartes, tableaux, plans, schémas, photographies. (ISBN 2-907303-47-3).
  • Claude Rolley: Les Echanges, in : Vix et les éphémères principautés celtiques, Paris 1997, pp.239-242.
  • René Joffroy: Vix et ses trésors-Paris, Ed. Taillandier, 1979.
  • René Joffroy: Le Trésor de Vix (Côte d’Or). Presses Universitaires de France, Paris 1954.
  • René Joffroy: Das Oppidum Mont Lassois, Gemeinde Vix, Dép Côte-d’Or. In: Germania 32, 1954, S. 59-65.
  • René Joffroy: L’Oppidum de Vix et la civilisation Hallstattienne finale dans l’Est de la France. Paris 1960.
  • René Joffroy: Le Trésor de Vix. Histoire et portée d’une grande découverte. Fayard, Paris 1962.
  • Bruno Chaume/Tamara Grübel u.a.: Vix/Le mont Lassois. Recherches récentes sur le complexe aristocratique. In: Bourgogne, du Paléolithique au Moyen Âge, Dossiers d’Archéologie N° Hors Série 11, Dijon 2004, S. 30-37.
  • Franz Fischer: Frühkeltische Fürstengräber in Mitteleuropa. Antike Welt 13, Sondernummer. Raggi-Verl., Feldmeilen/Freiburg. 1982.
  • Bruno Chaume, Walter Reinhard: Fürstensitze westlich des Rheins, in: Archäologie in Deutschland 1, 2002, S. 9–14.

Liens externes

Modèle:Lien BA