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Révolte étudiante du 5 février 1972 en Tunisie

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La révolte étudiante du 5 Février 1972 est un mouvement de contestation des étudiants tunisiens dans le but d'affirmer leur indépendance à l'égard du régime du parti unique, le PSD de Bourguiba.

Origine du mouvement

Depuis le milieu des années 1960', l'université connait plusieurs épisodes de contestations étudiantes (décembre 1966, juin 1967, janvier-mars 1968, février 1970 et février 1971). L'UGET centrale syndicale étudiante est toujours mise au pas par le régime du parti unique le PSD, au pouvoir depuis l'indépendance. Les étudiants considérés comme dissidents sont exclus de sa direction.

En Aout 1971, le 18ème congrès de l'UGET se tient à Korba voit deux camps s'affronter avec d'un côté les tenants de l’autonomie de l’UGET par rapport au parti socialiste destourien (PSD) et de l'autre les étudiants du bureau national des étudiants destouriens. Minoritaires, les étudiants destouriens qui voient certains des leurs prendre le partie de l'autonomie, décident d'arrêter les travaux du congrès et installent une direction qui leur est favorable à la tête de l'UGET. Cette direction est contestée par les partisans de l'autonomie de l'UGET qui tentent alors une négociation avec le minstre de l'éducation. Cette négociation s'étant traduite par un échec, une pétition signée par 91 des congressistes favorables à l'autonomie de l'UGET circule dans les trois facultés et les divers instituts formant l'université tunisienne de l'époque afin de tenir un congrès extraordinaire pour l'UGET [1]. Un mouvement de solidarité pour la réintégration de Ferid Ben Chehida étudiant exclu pour avoir manqué de respect à une assistante va fournir l'occasion pour la tenue d'un congrès extraordinaire le 5 Février 1972.

Chronologie des évènements[2]

  • Vendredi 21 janvier: les étudiants déclenchent une grève afin de demander la réintégration de Férid ben Chehida. La grève est massivement suivie.
  • Samedi 29 janvier: au cours d'un meeting à la faculté des Lettres, les étudiants posent le cas d'Ahmed et de Simone Ben Othman, militants d'extrême gauche devant être jugés pour complots contre la sûreté de l'Etat pour avoir publier des articles dans une revue clandestine. Les étudiants proposent d'investir le Palais de Justice le mardi 1 février. Ils votent aussi la grève des cours pour la journée du lundi 31 janvier.
  • Lundi 31 janvier, la grève générale des cours est largement suivie. Des assemblées générales ont lieu dans toutes les facultés pour discuter du problème de l'exclusion de Ben Chehida et du jugement des Ben Othman. Au cours de ces assemblées, la décision de manifester devant le Palais de justice est prise.
  • Mardi 1 février: La manifestation a lieu devant le palais de justice en même temps que plusieurs centaines d'étudiants assistent au procès. En fin de matinée, la police disperse les manifestants. S'en suit, un chassé-croisée entre les étudiants et les fores de l'ordre. chaque fois que les étudiants sont dispersés ils se rassemblent à nouveau dans un autre quartier de la ville jusqu'au petit matin.
  • Mercredi 2 février: un grand meeting est organisé par les étudiants à l'intérieur du campus universitaire; au cours duquel la question de la représentativité de la de l'UGET est débattue. Le meeting tient lieu de congrès avec diverses commission. En cas d'empêchement, les étudiants menacent de mener une grève illimitée des cours serait prononcée le lundi 7. près de 5000 étudiants sur les 10000 étudiants que comptait l'université tunisienne de l'époque participent à ce congrès.
  • Samedi 5 février: la police envahit le campus universitaire et interrompt par la force les travaux du congrès des étudiants. Les étudiants subissent les violences des brigades anti-émeutes et plusieurs d'entre eux sont blessés.
  • Lundi 7 février devant l'ampleur du mouvement étudiant qui a gagné la sympathie des lycéens se mettant à leur tour en grève, le gouvernement répond par une campagne de répression au cours de laquelle près de 1000 étudiants sont arrêtés. Le jour suivant 8 Février le gouvernement vote la fermeture des facultés de droits et de lettres le 8 Février. Cette décision suscite une grande émotion puisque le discours officiel de l'époque insistait sur les efforts du gouvernement en matière d'éducation considéré comme le principal cheval de bataille pour le développement du pays.

Etant donné le grand nombre des personnes arrêtés, le premier ministre Hédi Nouira demande au parquet de classer l'affaire[1]. Le 16 avril, Bourguiba sollicité par des intellectuels et des universitaires intervient personnellement pour ré-ouvrir les deux facultés.


Symbolique

Pour les mouvements étudiants ainsi que les militants politiques de gauche, le mouvement du 5 février 1972 est équivalent aux contestations de Mai 1968. La révolte du 5 Février 1972 est aussi appelée Samedi Noir en raison des violences et de la répression qui l'a marqué. L'épisode est resté dans la mémoire collective tunisienne comme étant un évènement déclencheur de l'effervescence politique de la Tunisie des années 1970'[1].

Références