Élection primaire
Une élection primaire permet à un parti de désigner son candidat à une élection.
Type de primaires
Les élections peuvent être de différents types:
- primaire fermée : seuls les adhérents du parti politique sont autorisés à désigner le candidat.
- primaire ouverte : l'ensemble des citoyens peut participer au scrutin. Dans ce cas, la primaire peut être organisée par le parti politique lui-même ou faire l'objet d'une législation. Il est parfois exigé du votant qu'il signe une déclaration morale d'adhésion au projet porté par le parti.
Élections primaires aux Amériques
Argentine
L'Argentine a organisé des premières primaires le 14 août 2011 dans la perspective des élections générales de l'automne. Ces primaires étaient obligatoire pour l'ensemble des partis s'ils voulaient présenter des candidats lors des scrutins présidentiel, législatif et locaux et le vote était obligatoire. Cependant, le système a été contourné par de nombreux partis politiques qui ont décidé de ne présenter qu'un seul candidat pour les primaires, afin d'être sûrs qu'il soit le candidat lors de l'élection générale[1].
Chili
En décembre 2011, le Chili a adopté une loi prévoyant l'organisation d'élections primaires pour les prochaines élections et mettant fin au vote obligatoire[2].
Colombie
En 2006, le Parti libéral et le Pôle démocratique alternatif ont organisé des primaires pour la désignation de leurs candidats à l'élection présidentielle. En 2010, les primaires ont été adoptées par le Parti vert et le Parti conservateur.
États-Unis
Les élections primaires sont la règle pour la désignation des candidats aux deux principaux partis à l'élection présidentielle mais aussi souvent pour les élections sénatoriales ou celle des représentants ainsi qu'au niveau local. Ces élections sont généralement régies par les lois des différents États : la plupart sont fermées, c'est-à-dire réservés aux électeurs qui ont indiqué une préférence partisane lors de leur inscription sur les listes électorales. D'autres sont ouvertes (les électeurs peuvent voter dans la primaire de l'autre parti) ou semi-ouverte (les électeurs qui n'ont pas indiqué de préférence partisane peuvent voter dans la primaire du parti de leur choix le jour de l'élection).
Certains États organisent à la place des primaires des caucus (réunions de désignation des candidats) et, parfois, des primaires dite blanket primaries, non-partisan primary ou Louisiana primary (l'État qui les utilise le plus), qui s'apparentent en fait à un premier tour puisque seuls les deux candidats arrivés en tête, indépendamment de leur parti politique, peuvent se présenter lors de l'élection générale.
Uruguay
Des "élections internes" sont organisées depuis 1999 pour désigner les candidats des partis.
Élections primaires en Asie
République de Chine (Taïwan)
Le Parti démocrate progressiste désigne l'ensemble de ses candidats par des sondages d'opinion. Le Kuomintang utilise un système mixte de sondages (70 %) et d'élections primaires (30 %).
Élections primaires en Europe
Arménie
En 2007, la Fédération révolutionnaire arménienne a organisé une primaire ouverte consultative pour désigner son candidat pour la prochaine élection présidentielle.
France
En France, la plupart des partis qui organisent des primaires la réservent aux seuls adhérents :
- l'Union pour un mouvement populaire a organisé un vote interne pour la désignation de son candidat à l'élection présidentielle de 2007, mais Nicolas Sarkozy était le seul candidat. Des votes sont également organisés pour désigner des candidats aux scrutins locaux, notamment les élections municipales de 2008 à Paris ou pour l'élection régionale de 2010 en Île-de-France.
- Les Verts puis Europe Écologie – Les Verts ont organisé une primaire interne pour désigner son candidat aux élections présidentielles de 2002, 2007 puis une primaire ouverte à l'élection présidentielle française de 2012.
- le Parti socialiste a organisé des primaires internes pour désigner son candidat aux élections présidentielles de 1995, 2007 et organise des votes internes pour la désignation de ses candidats aux élections locales et législatives.
Malgré quelques propositions qui n'ont jamais abouti, aucune loi en France ne réglemente l'organisation de primaires ouvertes à l'ensemble des électeurs. Celles-ci sont donc à la charge des partis. Deux partis ont organisé une primaire ouverte. Europe Écologie – Les Verts a organisé une primaire ouverte[3] pour désigner son candidat qui s'est déroulé le 29 juin et le 12 juillet 2011. Au second tour, Eva Joly est désigné candidate. Le Parti socialiste, en partenariat avec le Parti Radical de Gauche, a également organisé une primaire ouverte afin de désigner un candidat pour la présidentielle de 2012. Cette primaire ouverte en France a eu lieu les 9 et 16 octobre 2011. Près de 3 millions de personnes ont participé au second tour, qui a désigné François Hollande comme candidat.
Grèce
En 2007, le PASOK a organisé une primaire ouverte afin de désigner son leader. George Papandréou a été réélu à la tête du parti.
Italie
Depuis 2005, les partis de gauche organisent des primaires ouvertes pour désigner leur candidat au poste de Premier ministre[4],[5] Ce processus a été inscrit dans les statuts du Parti démocrate (PD) lors de sa création. Il a été étendu à la désignation des candidats de la coalition de centre-gauche dont est membre le PD lors des élections locales à l'occasion des élections régionales de 2010.
Royaume-Uni
En 2009, le Parti conservateur, alors dans l'opposition, a organisé une primaire ouverte par correspondance pour désigner son candidat pour l'élection législative dans la circonscription de Totnes.
Union européenne
Ainsi, suite à la défaite des socialistes, sociaux-démocrates, et travaillistes aux européennes de juin 2009, le Parti socialiste européen a décidé, lors du Congrès de Prague de décembre 2009, qu'il désignera un candidat à la présidence de la Commission avant les européennes de 2014. Une Campagne pour une primaire du PSE[6] a ensuite été lancée par des militants du PSE fin juin 2010. Début décembre 2010, les partisans de cette campagne sont parvenus à convaincre le Conseil du PSE, réuni à Varsovie, de mettre en place un groupe de travail "Candidat 2014", chargé d'élaborer une procédure et un calendrier de désignation du futur candidat, afin de garantir un processus de désignation "démocratique, "transparent", et "associant tous les partis membres et tous les niveaux au sein des partis" [7]. Un système de primaire à l'américaine, voyant chaque parti membre désigner ses délégués selon ses propres règles (primaire ouverte, fermée, vote en Congrès du parti) avant une convention européenne, serait envisagé.
Le think-tank européen Notre Europe évoque par ailleurs l'idée de "tickets présidentiels", sur le modèle américain, avec en première place le candidat à la présidence de la Commission, en seconde place le candidat au poste de Vice-président / Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères[8]. Enfin, le Parlement européen envisage d'introduire, dans le règlement fixant le statut des partis politiques au niveau européen, une exigence de démocratie interne, qui obligerait les partis à impliquer les militants individuels dans leurs décisions importantes telles que la désignation du candidat présidentiel[9].
Notes et références
- Primary elections: What are we voting?, consulté le 21 décembre 2011
- [1], consulté le 21 décembre 2011
- [2]Choix d'une primaire ouverte pour les écologistes
- (fr) Romano Prodi sacré candidat de la gauche
- (fr) Barbara Revelli, Les élections primaires : illusion démocratique ou “révolution” politique ? Quelques réflexions à partir du cas italien du Partito Democratico, EuroCité, 23.09.2010.
- (en) Page internet de la Campagne pour une primaire du PSE
- (en) Résolution adoptée par le Conseil PSE de Varsovie, A democratic and transparent process for designating the PES candidate for the European Commission Presidency, 2 décembre 2010
- (fr) Les Brefs de Notre Europe, Des réformes institutionnelles à la politisation - Ou comment l’Union européenne du Traité de Lisbonne peut intéresser ses citoyens, octobre 2010
- (fr) Communiqué du Parlement européen, Politique européenne : il est temps de prendre parti !, 31 janvier 2011