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Jacques Heers

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Jacques Heers, né le à Paris et mort le à Angers[1],[2], est un historien français, spécialiste de l’histoire du Moyen Âge, professeur à la faculté des Lettres et Sciences humaines de Paris-Nanterre, puis directeur des études médiévales à Paris IV.

Bien qu’élève de Braudel, il ne se rattache à aucune école historique.

Biographie

Né à Paris, Jacques Heers a été élevé à La Ferté-Bernard dans la Sarthe, où ses parents tenaient un commerce. Après un bon parcours scolaire, il devient instituteur en 1945. Tout en accomplissant sa fonction, il prépare la licence d'histoire à la Sorbonne. Il réussit successivement le Capes puis l'agrégation d'histoire en 1948 et 1949. Entre 1949 et 1951, il devient professeur au Mans, puis à Alençon, et enfin au Prytanée national militaire.

À partir de 1951, il est rattaché au CNRS. Dès lors, il côtoie Fernand Braudel qui l'envoie en Italie préparer un doctorat d'État consacré à Gênes au XVe siècle. Il soutient sa thèse à la Sorbonne en 1958. À son retour d'Italie, il devient l'assistant de Georges Duby à la faculté des Lettres d'Aix-en-Provence. En 1957, il est nommé professeur à l'Université d'Alger où il exerce pendant cinq ans jusqu'en 1962. Par la suite, il est successivement professeur à Caen, Rouen, Université Paris X et à la Sorbonne.

Professeur honoraire de l’Université de Paris IV où il tint de longues années la chaire d'histoire médiévale, il avait été vice-président de la SHMESP (Société des Historiens Médiévistes de l'Enseignement Public) de 1971 à 1973. En retraite, Jacques Heers, et en dehors de l'écriture et de la recherche, était souvent présent dans des émissions de Radio Courtoisie.

Travaux

Ses thèmes de recherche étaient :

  • La ville et les derniers siècles du Moyen Âge : une partie de ses travaux tendaient à démontrer que la tradition historique qui divise l’histoire européenne en Moyen Âge et Renaissance n'est pas fondée, et que la catégorisation en périodes historiques aussi tranchées masque d'une part une véritable continuité et d'autre part des disparités géographiques certaines. C'est l'objet, entre autres, de son essai Le Moyen Âge, une imposture (1999).
  • Le commerce en Méditerranée au XIVe siècle et XVe siècle : sa thèse de doctorat visait à démontrer que l'importance du commerce de l’épice en Méditerranée a été largement surestimée par les historiens. En réalité, d’après ses travaux, le blé, le sel et d'autres produits tenaient bien plus de place que le commerce de l’épice (en termes de volume et de valeur dans les échanges). Fernand Braudel, qui a toujours évoqué l’importance de l’épice dans les échanges, reconnaît le sérieux scientifique des travaux de Jacques Heers.
  • L'apport arabe dans la redécouverte de la pensée grecque en Europe : Jacques Heers pensait qu’on surestime largement la contribution des Arabes dans la redécouverte de la philosophie d’Aristote en Occident. Selon lui, « l’enseignement [de la pensée grecque en Occident], celui de la Logique notamment, n'a jamais cessé dans les écoles cathédrales puis dans les toutes premières universités. L’on se servait alors de traductions latines des textes grecs d’origine que les clercs et les érudits de Constantinople avaient pieusement gardés et largement diffusés. Les traductions du grec en langue arabe et de l’arabe en latin, que l’on attribue généralement à Avicenne et à Averoès sont apparues relativement tard, alors que tous les enseignements étaient déjà en place en Occident et que cela faisait plus d’un siècle que la Logique, directement inspirée d’Aristote, était reconnue comme l’un des sept « arts libéraux » du cursus universitaire[3]. »

Œuvres

  • Gênes au XVe siècle. Activité économique et problèmes sociaux, Paris, S.E.V.P.E.N., 1961.
  • L’Occident aux XIVe et XVe siècles. Aspects économiques et sociaux, Paris, PUF, 1963.
  • Le travail au Moyen Âge, Paris, PUF, Que sais-je ?, 1965.
  • Précis d'histoire du Moyen Âge, Paris, PUF, 1968.
  • Le clan familial au Moyen Âge, Paris, PUF, 1974.
  • Christophe Colomb, Paris, Hachette, 1981.
  • Esclaves et domestiques au Moyen Âge dans le monde méditerranéen, Paris, Fayard, 1981.
  • Fête des fous et carnavals au Moyen Âge, Paris, Fayard, 1983.
  • Marco Polo, Paris, Fayard, 1983.
  • Machiavel, Paris, Fayard, 1985.
  • La vie quotidienne à la cour pontificale au temps des Borgia et des Médicis, Paris, Hachette, 1986.
  • La ville au Moyen Âge, Paris, Fayard, 1990.
  • La découverte de l'Amérique, Bruxelles, Complexe, 1991.
  • La ruée vers l'Amérique. Le mirage et les fièvres, Bruxelles, Complexe, 1992.
  • Le Moyen Âge, une imposture, Paris, Perrin, 1992.
  • Gilles de Rais, Paris, Perrin, 1994.
  • Libérer Jérusalem. La première croisade, Paris, Perrin, 1995.
  • Jacques Cœur, Paris, Perrin, 1997.
  • De Saint Louis à Louis XI. Forger la France, Paris, Bartillat, 1997.
  • Louis XI, Paris, Perrin, 1999.
  • Les Barbaresques, Paris, Perrin, 2001.
  • Les négriers en terres d'islam, Paris, Perrin, 2003.
  • Chute et mort de Constantinople, Paris, Perrin, 2005.
  • L'histoire assassinée. Les pièges de la mémoire, Éditions de Paris, 2005.
  • Un homme, un vote ?, Monaco, Éditions du Rocher, 2007.
  • Le clan des Médicis. Comment Florence perdit ses libertés (1200-1500), Paris, Perrin, 2008.
  • L'histoire oubliée des guerres d'Italie, Via Romana, 2009 (ISBN 978-2-916727-49-3) [présentation en ligne]
  • L'islam cet inconnu, Versailles, Éditions de Paris, 2010.
  • La naissance du capitalisme au Moyen Âge. Changeurs, usuriers et grands financiers, Paris, Perrin, 2012.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Sources

Notes et références

  1. Jacques Heers, RIP, sur le Salon beige, 19 janvier 2013.
  2. Philippe-Jean Catinchi, Jacques Heers, historien du Moyen Âge, Le Monde, 24 janvier 2013.
  3. Entretien de Jacques Heers dans La Nouvelle Revue d'histoire, no 29, mars-avril 2007, p. 13.