Accident ferroviaire de Saint-Jacques-de-Compostelle

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Accident ferroviaire
de Saint-Jacques de Compostelle
Vue du site de l'accident, peu après le déraillement.
Vue du site de l'accident, peu après le déraillement.
Caractéristiques de l'accident
Date
TypeDéraillement
Coordonnées 42° 51′ 34″ nord, 8° 31′ 40″ ouest
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilRenfe AVE-S730 (Talgo 250)
CompagnieRenfe
No  d'identificationAlvia 151
Passagers218
Morts79 (bilan provisoire)
Blessés131 (bilan provisoire)

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Accident ferroviaire de Saint-Jacques de Compostelle
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Accident ferroviaire de Saint-Jacques de Compostelle

L'accident ferroviaire de Saint-Jacques-de-Compostelle est un déraillement du train Alvia 151 survenu le à 20 h 41, peu avant la gare de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Galice, dans le nord-ouest de l'Espagne. Quelques jours après la catastrophe, le bilan provisoire faisait état de 79 morts et 131 blessés[1].

Le train de la Renfe qui transportait 218 passagers et 4 employés, assurait la liaison partiellement à grande vitesse entre Madrid-Chamartin et Ferrol[2]. L’accident, qui s'est produit à la veille de la Saint-Jacques[note 1], est considéré comme le second plus grave de l'histoire du pays, juste après celui de Torre del Bierzo en 1944[3]. C'est aussi le premier accident sur une liaison à grande vitesse espagnole[4].

Description

À 20 h 41 CEST (18 h 41 UTC) le 24 juillet 2013[5],[6], un train RENFE S-730, qui assure la liaison entre les gares de Madrid-Chamartín et Ferrol, après avoir quitté, en provenance d’Ourense, un tronçon de ligne à grande vitesse[note 2] (200 km/h), déraille peu après un tunnel, dans une courbe à gauche de faible rayon nommée « A Grandeira ». La rame percute et ripe violemment la paroi en béton bordant la courbe et se disloque. Ce virage, presque à angle droit, où l’accident se produit est situé sur un tronçon (à voie large, écartement ibérique)[7],[8] ancien, à environ trois kilomètres en amont de la gare de Saint-Jacques-de-Compostelle que le train devait desservir. Angrois (es), le quartier au sud de la ville où se situe « A Grandeira », est également contourné par la ligne par d’autres courbes serrées, ce qui impose une vitesse modérée aux convois sur cette section. Les huit voitures passagers, la voiture restaurant ainsi que les deux motrices et les deux fourgons Diesel qui composaient le train ont déraillé. Quatre de ces voitures se sont retournées et une a pris feu. Le train transportait 218 passagers et 4 employés de la Renfe au moment de l'accident[9].

Causes

Selon la quasi totalité des sources, le déraillement du train serait dû à une vitesse largement excessive par rapport à la courbure de la voie[10]. Dans un premier temps, El Mundo notamment indique que la vitesse du train aurait été de 192 km/h, plus tard, les informations de la boite noire donnèrent une indication précise sur la vitesse au moment du déraillement qui était de l'ordre de 130-150kmh. En l'absence de limitation de vitesse spécifique, la vitesse de référence de la courbe indiquée sur la feuille de route est de 80 km/h [11] sur le tronçon de la voie où a eu lieu l'accident. Il s'agit d'une courbe serrée, située dans la banlieue de Saint-Jacques, à un endroit où la ligne a grande vitesse ne s'est pas encore disjointe du tracé de la ligne historique[12]. Lors de son inauguration le , cette courbe avait déjà mis à mal le confort des passagers du train inaugural[13].

Ce tronçon n'est pas équipé du système européen de surveillance du trafic ferroviaire, qui permet la limitation automatique de la vitesse[14]. Selon le quotidien La Voz de Galicia, l'enregistreur de bord aurait enregistré une vitesse proche de 200 km/h dans la section de voie précédant celle où se situe la courbe, et un enregistrement vocal du machiniste évoquerait une vitesse supérieure à 190 km/h lors de l'accident[15].

De plus, les systèmes de sécurité présents (en l'occurence l'ASFA) ne permet pas la limitation automatique de la vitesse.

La défaillance du système de freinage est également mise en cause. Par radio, le conducteur du train a crié « Je devrais être à 80 km/h, je vais à 190 km/h »[16]. Il a indiqué aux enquêteurs avoir aperçu l'alarme se déclencher et commander un freinage, lequel aurait tardé à se produire[17].

Le tronçon de ligne concerné par l'accident est équipé du système de sécurité espagnol ASFA (Anuncio de señales y frenado automatico) qui répète les indications en cabines, mais ne freine pas le train en cas de vitesse excessive (ce n'est qu'un système de signalisation), sauf au delà de 200 km/h[18] (La vitesse de 200 kmh est la vitesse à partir de laquelle l'ERTMS est obligatoire d'après la directive européenne). Ce système est ainsi moins perfectionné qu'ERTMS qui est lui installé -- sans être mis en service -- quelques kilomètres plus tôt sur la ligne. Le syndicat SEMAF[19] critique le fait que le tronçon impliqué ne soit pas équipé du système ERTMS, au motif que ce tronçon n'est pas un tronçon grande vitesse[réf. nécessaire], même si n'étant relié qu'à la seule LGV, des trains à grande vitesse y circulent. Toutefois, pour le gestionnaire de réseau, le système ASFA est suffisant dans une entrée d'agglomération[20].

Le second conducteur a du être occupé à réinitialiser le système d'air conditionné qui a été défaillant deux fois juste avant l'accident[21].

Le conducteur répondait sur son téléphone mobile professionnel pendant les deux minutes et six kilomètres précédent l'accident, au moment ou le freinage aurait du être déclenché.

Le conducteur ne se rendu compte de sa position que lorsqu'il a vu de visu la courbe et a cessé de téléphoner. Il a alors activé tous les freins, alors qu'il était trop tard pour pouvoir arrêter le train avant la courbe.

Le fait que le train Talgo soit léger et que les voitures ne comportent qu'un seul essieu aurait pu être un facteur agravant en terme de nombre de victimes du fait de la faible résistance [22]

Coordination des secours

Les secours ne se sont coordonnés que tardivement. Montrant des déficiences éventuelles et une faible réactivité des services concernés (Adif, Renfe, pompier, police, 112, etc.)[23].

Réactions

Les cérémonies prévues dans la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle en l'honneur de Saint Jacques, le patron de la ville, devant avoir lieu le lendemain sont annulées par les autorités locales[2]. Le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, d’autant plus affecté par cet accident qu’il est né à Saint-Jacques-de-Compostelle, a exprimé sa solidarité aux victimes suite à ce « terrible accident ferroviaire à Santiago[24],[25], et s'est rendu sur les lieux de l'accident. Avant l'annonce du bilan provisoire, le président de la Junte de Galice Alberto Núñez Feijóo explique à la radio qu'« il n'y aura pas moins de 45 morts », et parle de « scène dantesque »[8],[26],[27] ». Plus de 320 policiers ont été déployés sur le lieu de l'accident[8]. Le roi Juan Carlos et le prince-héritier Felipe ont annoncé qu'ils suspendaient leurs activités officielles en signe de deuil[28]. Le roi et la reine se sont également rendus au chevet des victimes dans un hôpital de Saint-Jacques-de Compostelle[9].

Trois jours de deuil national ont été décrétés par le gouvernement espagnol, étendus à sept dans la région de Galice[28]. Par ailleurs, une minute de silence a été observée aux championnats du monde de natation, qui se déroulent à Barcelone[29]. Un communiqué de l'Élysée datant du jeudi indique que « Le président de la République a adressé aux autorités espagnoles un message de soutien et de compassion, et s’associe à la peine des familles des victimes[29]. » Le président des États-Unis Barack Obama s'est dit « choqué et attristé par la catastrophe », et a proposé à l'Espagne, l'aide des services américains[30]. Le président russe Vladimir Poutine a également exprimé ses condoléances[31].

Enquêtes

Deux enquêtes ont été lancées, l'une judiciaire, l'autre administrative[32], menée par la Comisión de Investigación de Accidentes Ferroviarios (es), une commission d'enquête du ministère espagnol de l'Équipement[13]. Le groupe Bombardier a annoncé l'envoi de personnel sur place pour collaborer à l'enquête[9].

Dans ce cadre, Francisco José Garzón Amo, conducteur du train accidenté, va être entendu[13].

Il avait posté, sur son profil du réseau social Facebook, une photographie prise depuis la cabine de conduite ; le tachymètre y indiquait une vitesse de 200 km/h[33]. Cette photographie n'indique cependant pas si elle a été prise sur un tronçon limité à une vitesse inférieure, sachant qu'une telle vitesse de 200 km/h est classique dans le domaine ferroviaire[34], [35].

Les enquêtes de la CIAF durent environ neuf mois [36] et peuvent conduire à des recommandations et éventuellement suggérer des améliorations de signalisation[37], le facteur humain étant généralement privilégié.

Galerie

Notes et références

Notes

  1. Fête traditionnelle du saint patron des Galiciens dans cette région.
  2. Ligne de grande vitesse Olmedo-Zamora-Galicia

Références

  1. « Espagne : le bilan de l'accident de train monte à 79 morts », sur le site romandie.com du 28 juillet 2013.
  2. a et b « Espagne : au moins 35 morts et 200 blessés dans le déraillement d’un train », sur DNA, (consulté le )
  3. « Un accident de train fait des dizaines de mort en Espagne », sur Tribune de Genève, (consulté le Date invalide (25 juillet 2013 (archive non consultable))).
  4. (es)« Técnicos de Fomento dijeron en la inauguración que el tramo era 'una curva difícil' », sur El Mundo, (consulté le )
  5. (es) « Descarrilo del tren Alvia Madrid-Ferrol », sur RENFE, (consulté le )
  6. (es) « Descarrila un tren de pasajeros en Santiago », sur El Mundo, (consulté le )
  7. (es) « 60 muertos y 126 heridos al descarrilar un tren de pasajeros en Santiago », sur El Mundo, (consulté le )
  8. a b et c (en) « Dozens die as Spanish train derails in Galicia », sur BBC, (consulté le )
  9. a b et c « Catastrophe ferroviaire en Espagne : au moins 77 morts et 143 blessés (vidéos, photos, historique) », sur Le Parisien, (consulté le )
  10. Teresa Medrano, Miguel Vidal, « Le roi d'Espagne au chevet des blessés, le conducteur en garde à vue », (consulté le ) : « De source autorisée proche de l'enquête, on a confirmé qu'une vitesse excessive était à l'origine de l'accident. »
  11. (es) Natalia Puga, Ana Bravo, Marcos Sueiro, « El conductor del tren entró en la curva a 190 kilómetros en un tramo limitado a 80 », sur El Mundo, (consulté le )
  12. (es) « Descarrila un tren Alvia que cubría la ruta entre Madrid y Ferrol », sur El Mundo (consulté le ) (avec plan détaillé du lieu de l'accident).
  13. a b et c « Espagne : un des conducteurs du train entendu par la police », sur Le Monde,
  14. « Pourquoi le train a déraillé », sur Libération, (consulté le )
  15. (es) « Accidente en Santiago : La caja negra confirma que el tren iba a más de 190 km/h », sur La Voz de Galicia, (consulté le )
  16. (es) « El maquinista del tren del accidente de Santiago frenó muy tarde », sur El Pais (consulté le ).
  17. (fr) « Espagne : le conducteur du train, en garde à vue, se mure dans le silence », (consulté le ).
  18. La seguridad del tramo no era la del AVE, sur El Pais. Consulté le 27 juillet 2013.
  19. SEMAF : Sindicato Español de Maquinistas y Ayudantes Ferroviarios
  20. « Vitesse, sécurité... les points-clés autour de l'accident de train en Espagne », sur LeMonde.fr, (consulté le )
  21. http://ccaa.elpais.com/ccaa/2013/07/30/galicia/1375141713_867254.html
  22. Michel Chevalet, journaliste scientifique Video iTélé 25 juillet 2013 Qu'est qu'un Talgo ?
  23. (es) http://ccaa.elpais.com/ccaa/2013/07/27/galicia/1374958484_530107.html
  24. (en) « Train crash in Spain », sur Sky News, (consulté le )
  25. « Espagne: accident de train meurtrier à Saint-Jacques-de-Compostelle », sur RFI, (consulté le )
  26. « Espagne: au moins 35 morts, 200 blessés dans le déraillement d'un train », sur BFM TV (consulté le )
  27. « Espagne: Au moins 45 morts et 200 blessés dans le déraillement d'un train », sur 20 minutes, (consulté le )
  28. a et b « Catastrophe ferroviaire en Espagne : le bilan s'alourdit, sept jours de deuil », sur Metronews, (consulté le ) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « deuil » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  29. a et b « Espagne: Le conducteur placé en détention à l'hôpital… Le cheminot se vantait sur Facebook de rouler à 200km/h… », sur 20 minutes, (consulté le ) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « solidarite » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  30. « Catastrophe ferroviaire: Obama, choqué et attristé, propose d'aider l'Espagne », sur romandie.com, (consulté le )
  31. « Espagne/déraillement d’un train : Poutine présente ses condoléances », sur La Voix de la Russie, (consulté le )
  32. « Catastrophe ferroviaire en Espagne : le conducteur du train au cœur de l'enquête (vidéo) », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  33. (es) « El piloto que descarriló su suerte », sur El Pais, (consulté le ).
  34. Blandine Grosjean, « Tragédie ferroviaire en Espagne : le conducteur, les freins et Facebook », sur Le Nouvel observateur, (consulté le )
  35. Bruno Meignien, « Saint-Jacques-de-Compostelle: chronique d'un lynchage médiatique », sur Le Huffington Post, (consulté le )
  36. Constaté lors des derniers accidents
  37. (es) « La investigación técnica tarda meses y solo emite recomendaciones », sur El País, (consulté le )

Annexes

Articles connexes

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Liens externes