Production d'huile de palme en Indonésie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 14 août 2013 à 14:15 et modifiée en dernier par Pierre de Munck (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Huile de palme en Indonésie : déforestation

Contexte historique

Si l’introduction du palmier à huile en Asie a lieu en 1848, la production proprement dite d’huile de palme démarre très vite vers 1858. La mise en place de cette production constitue un élément majeur dans le développement de l’agro-industrie et va permettre à ce pays de devenir le second producteur mondial d’huile de palme.  

Cette nouvelle industrie connaît un rapide essor avant la seconde guerre mondiale. Le deuxième conflit mondial constituera un  frein considérable à l’épanouissement de cette activité.  

En 1958, les plantations sont dans un premier temps nationalisée savant d’être rétrocédées par décret aux sociétés belges, anglaises et américaines en 1967. Le secteur connaîtra alors à nouveau un boom de 1968 à 1996.  

Cependant, cette croissance sera mal gérée dans les années 1990. La crise économique, financière et politique de 1998 bouleversera tant la gestion de l’environnement forestier que le développement de la filière elle-même.[1] 

Superficies plantées en palmier en Indonésie et taux de croissance annuels
Superficies plantées en palmier en Indonésie et taux de croissance annuels[2]

Evolution récente

Part relative des différentes huiles végétales[3]  

Au cours des 10 dernières années, la hausse du niveau de vie de la population indonésienne a favorisé l’expansion de ce secteur. La consommation en corps gras par habitant a plus que doublé en Indonésie. Le rendement exceptionnel de la technique de production de cette culture et la maîtrise de ses coûts ont généré des revenus élevés.[4]

De plus, dans un contexte de «révolution énergétique» et de «nouveau pacte vert mondial», les agrocarburants se sont développés et sont désormais présentés comme solution aux nombreuses crises mondiales (économiques et écologiques notamment). Cet environnement a finalement créé une forte demande qui favorise l’émergence d’un nouveau marché mondial. Ce secteur amène donc actuellement des acteurs avides de lancer de nouvelles stratégies foncières visant même à redéfinir l’utilisation des sols. [5]  

Pour sa part, l’Etat Indonésien soutient la production d’huile de palme et des agrocarburants. Cependant, experts et ONG doutent toujours de l’efficacité de ce modèle basé uniquement sur l’exportation. Les populations indigènes s’y opposent également. Elles sont souvent criminalisées par le gouvernement et surtout accusées d’«antidéveloppement ».  

Le marché quand à lui est en situation d’oligopole,seules quelques sociétés contrôlent toute l’industrie, avec des entreprises en grande partie indonésiennes dont 40 % malaisiennes. Certaines lois limitent également la taille maximale des zones d’exploitation à 100.000 ha. Cette ingénierie réglementaire encourage certaines entreprises à créer plusieurs sous-sociétés afin de contourner la législation.  

En ce qui concerne les institutions financières, elles n’en jouent pas moins un rôle important sur le marché de l’huile de palme où elles encouragent le libre-échange, l’investissement privé et l’octroi de crédit comme instruments de développement économique. [6] 

Conséquences

Le développement de l’exportation d’huile de palme et des agrocarburants ainsi que la croissance qui en résulte ont des impacts écologiques et sociales dramatiques.  

L’utilisation du feu en guise de préparation des terrains serait l’une des principales causes de déforestation et de diminution de la biodiversité en Indonésie. [7] 

La concurrence pour l’utilisation de la terre occasionne de sérieux conflits de propriété  qui mettent en évidence l’inégalité du pouvoir de négociation entre les parties impliquées que sont les compagnies d’huile de palme, les autorités étatiques et les villageois[8]  

Le secteur local contrôle de moins en moins de surface depuis 1985 bien qu’il possède encore 54 % des superficies aujourd’hui.[9] 

Le système REDD

C’est avec une volonté réelle de maîtriser les émissions de CO2 de la déforestation et donc de réduire les effets du changement climatique que le système REDD de réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation de la forêt a été initié au niveau mondial. Celui-ci constitue une opportunité pour les pays riches en forêts tropicales de créer de nouvelles sources de revenus, grâce aux rémunérations offertes, tout en protégeant les forêts existantes et en réhabilitant les forêts dégradées. 

L’Indonésie possède des tourbières riches en carbone et est par ce fait le plus gros producteur mondiale de CO2 issu de la déforestation. Ce fût le premier pays à voter des règlements en faveur d’un programme de REDD en 2009.  

Cependant ce programme est loin d’avoir réalisé ses objectifs. Les enseignements et la gouvernance financière fournis par le Fonds de reboisement de l’Indonésie en témoignent. Sa mise en œuvre exige une gestion rigoureuse des institutions et des gouvernements concernés afin de lutter contre la corruption et la fraude.  Pour cela, depuis 1999, de nouvelles institutions et pratiques en vigueur ont été mises en place :audits indépendants et poursuites en justice. Il faut également harmoniser les mesures incitatrices. Celles-ci encouragent en parallèle le développement de nouvelles plantations pour l’industrie du papier et du bois. Il faut aussi garantir la responsabilisation du secteur et une distribution équitable des revenus.[10]

  1. JACQUEMARD J.C.,JANNOT C." L'évolution de la filière du palmier en Indonésie. I. Lacroissance du secteur (1848-1996)", dans Plantations, recherche,développement, vol. 6, no5, Centre de coopération internationale en rechercheagronomique pour le développement, Montpellier, 1999, pp. 303-312.
  2. JACQUEMARD J.C., JANNOT C." L'évolution de la filièredu palmier en Indonésie. I. La croissance du secteur (1848-1996)", dansPlantations, recherche, développement, vol. 6, no5, Centre de coopérationinternationale en recherche agronomique pour le développement, Montpellier,1999, pp. 303-312.
  3. OMONT H.,Contributions de la production d'huile de palme au développement durable, dansOléagineux, Corps Gras, Lipides, Vol 17, Nr 6, Montpellier, novembre-décembre2010, pp.362-367
  4. OMONT H.,Contributions de la production d'huile de palme au développement durable, dansOléagineux, Corps Gras, Lipides, Vol 17, Nr 6, Montpellier, novembre-décembre2010, pp.362-367
  5. PICHLER M.,  «Agrocarburants en Indonésie : logiques, structures, conflits et conséquences »,dans Alternative Sud, vol. 18, 2011, pp.57-75
  6. PICHLER M.,  «Agrocarburants en Indonésie : logiques, structures, conflits et conséquences »,dans Alternative Sud, vol. 18, 2011, pp.57-75
  7. OMONT H., Contributions de la production d'huile de palme audéveloppement durable, dans Oléagineux, Corps Gras, Lipides, Vol 17, Nr 6,Montpellier, novembre-décembre 2010, pp.362-367
  8. PICHLER M.,  «Agrocarburants en Indonésie : logiques, structures, conflits et conséquences »,dans Alternative Sud, vol. 18, 2011, pp.57-75
  9. IMBERNON J., "Déforestation et pression démographique au Rondônia, Brésil : La déforestationet après ?", dans Bois et forêts des tropiques, CIRAD - Forêt,Montpellier, no266, 2000, pp. 23-33 
  10. BARR C., DERMAWAN A., PURNOMO H., KOMARUDIN H., "Préparation à la REDD : Gouvernance financière et enseignements fournis par leFonds de reboisement de l’Indonésie (FR)", dans CIFOR Infobrief, Nr 20F ,Centre de recherche forestière internationale,Bogor, 2010.