Musique sérielle

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La musique sérielle ou sérialisme est un mouvement musical du XXe siècle. Ce concept englobe les musiques dont le principe de construction se fonde sur une succession rigoureusement préétablie et invariable de sons appelée série. Les rapports d'intervalle propres à la série restent stables. Elle fut initiée par la seconde école de Vienne avec Arnold Schönberg, Alban Berg et Anton Webern, qui ont érigé en système une certaine évolution du langage musical déjà perceptible chez Gustav Mahler et d'autres précurseurs qui poussèrent les schémas de la tonalité jusqu'à créer une absence de repères tellement les modulations étaient nombreuses.

Musique sérielle

En réaction aux « diktats » de la tonalité, le mouvement de la musique sérielle a conçu une nouvelle théorie compositionnelle, susceptible de supplanter l'harmonie tonale qui prévalait depuis le XVIIIe siècle. Le dodécaphonisme consiste à utiliser les 12 sons chromatiques, le plus souvent selon un principe d'énumération et sans répétition. La musique sérielle est une extension du dodécaphonisme. Elle n'apparaît réellement qu'avec la Klavierstück V de l'opus 23 de Schönberg ; il s'agit ici de n'utiliser qu'une seule et unique suite de 12 sons (appelée série).

  • dans sa forme originelle (Grundgestalt) appelée aussi forme droite
  • en récurrence (la série est prise par la fin) appelée aussi forme rétrograde
  • en renversement (tous les intervalles sont imités en mouvement contraire, c’est-à-dire qu'un intervalle descendant devient ascendant et vice-versa) appelée aussi forme miroir
  • en récurrence du renversement appelée aussi forme miroir du rétrograde

L'intérêt compositionnel du procédé provient du fait que les intervalles (ou plutôt les parités intervalliques) sont récurrents et proposent à l'audition une couleur harmonico-mélodique spécifique délivrée de toute polarité tonale : les mélodies ne sont plus soumises aux lois harmoniques d'attirance vers une note ou un accord.

Extension du domaine de la série

La généralisation aux rythmes et aux durées puis aux timbres et à tous les paramètres du son, conduit, au milieu du XXe siècle, à un sérialisme intégral (Karlheinz Stockhausen, Jean Barraqué, Pierre Boulez, Luigi Nono, Milton Babbitt, Józef Koffler…). Les Three Compositions for Piano de Milton Babbitt (1947) furent les toutes premières œuvres à appliquer les procédures sérielles aux hauteurs, durées, nuances, timbres et registres [1],[2].

Mais une critique sérieuse s'engage contre ce sérialisme intégral qui débouche dans les années 1980 sur de nouvelles théories musicales (« courbure du temps » de François Leclère, musique spectrale de Gérard Grisey).

Notes et références

Sources

  • Guide de la théorie de la musique, par Claude Abromont et Eugène de Montalembert, Fayard, 2001, p. 331 & 498 ;
  • La Musique du XXe siècle d’Arnold Schoenberg à nos jours, par Caroline Delume et Ann-Dominique Merlet, Fuzeau, 2001 ;
  • Les Musiques du Chaos, par Nicolas Darbon, L’Harmattan, 2006.

Notes

  1. (en) Andrew Ford, Illegal Harmonies: Music in the Modern Age, Black Inc., 2011, p.125
  2. (en) Don Michael Randel (éd.), « Serial Music » in The Harvard Concise Dictionary of Music and Musicians,Harvard University Press,1999 p.603

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) M. J. Grant, Serial Music, Serial Aesthetics : compositional theory in post-war Europe, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 2001, 272 p. (ISBN 0-521-61992-0)
  • (en) Arnold Whittall, The Cambridge Introduction to Serialism, Cambridge University Press, Cambridge, 2008, XIV-285 p. (ISBN 978-0-521-68200-8)
  • (es)(fr) Líneas de composición : el serialismo ante el juicio del siglo XXI / Lignes de composition : le sérialisme devant le jugement du XXIe siècle, Doce Notas, Madrid, 2008, 159 p.
  • Gaëtan Robichaud, La Musique sérielle, Université de Montréal, Montréal, 1969, 160 p. (thèse)

Articles connexes

Lien externe