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Sisowath Sirik Matak

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Sisowath Sirik Matak

Le prince Sisowath Sirik Matak (), né à Phnom Penh est un homme politique cambodgien.

Membre de la branche royale issue du roi Sisowath, il est le cousin de Norodom Sihanouk. Ministre à de multiples reprises dans les années 1950 et 1960, il était proche de la droite cambodgienne et reprochait au monarque le manque de libéralisme de sa politique.

Vice premier ministre au début de 1970, il est considéré comme un des principaux acteurs des évènements qui amenèrent à la déposition de Norodom Sihanouk le 18 mars et à la mise en place de la république khmère. Premier ministre entre 1971 et 1972, il disparaitra après l'arrivée au pouvoir des troupes khmères rouges, en avril 1975.

Biographie

En 1941, il aurait été un des candidats potentiels au trône, mais les autorités coloniales françaises lui préférèrent son cousin Norodom Sihanouk [note 1].

En 1949, il conduira, avec succès, les négociation avec le dirigeant indépendantiste Dap Chhuon de la région de Siem Reap, qui amèneront son ralliement ainsi que celui de 400 de ses hommes au gouvernement royal au terme d'une cérémonie grandiose à Angkor Thom[2].

Ministre d’État dans le premier gouvernement que ce dernier préside à partir de juin 1952, il se voit confier par le roi en janvier 1953 les portefeuilles de la défense nationale et des postes et télécommunications. Ministre des affaires étrangères du gouvernement dirigé par Penn Nouth (juillet 1953), il a la charge de la défense nationale de janvier à avril 1955, poste qu’il conservera en 1957-1958 en même temps que celui de l’éducation nationale. De 1962 à 1964, il est ambassadeur en Chine, avant de diriger en 1966 et 1967 la mission diplomatique à Tokyo. Vice-Premier ministre du cabinet Lon Nol en août 1969, il est responsable de l’intérieur, de la sécurité, de l’éducation nationale et des affaires religieuses. Il assure l’intérim du Président du Conseil pendant que ce dernier séjourne en France pour raisons de santé jusqu’en février 1970 [3].

Lorsqu’en janvier 1970, Norodom Sihanouk part à son tour suivre un traitement dans le sud de la France, Sirik Matak se retrouve seul à tenir les rênes du pouvoir. Il s’était jusque là opposé à la politique suivie par son cousin. Il reprochait les concessions qu’il avait faites aux communistes chinois et vietnamiens et s’opposait à ses tentatives de collectivisation de l’économie. Proche des États-Unis dont il soutenait les vues en Asie du Sud-est, il est souvent considéré comme l’instigateur du coup de force qui, le amena le parlement à destituer Sihanouk[4].

Le prince apprit sa déposition alors qu’il faisait route vers Pékin. La nouvelle ne fut pas à son goût et outre l’alliance avec les communistes nord-vietnamien et chinois, il se rapprocha des khmers rouges, qu’il pourchassait encore la veille.

Le nouveau gouvernement se rangeât clairement du côté des États-Unis, de qui il reçut sans plus tarder une aide économique et militaire pour réprimer le mouvement khmer rouge en pleine expansion. De plus, la nouvelle république autorisa les forces américaines et sud-vietnamiennes à conduire une série d’opérations destinées à détruire les routes d’approvisionnement des maquis vietnamiens au Cambodge.

L’émergence du mouvement khmer rouge qui en suivit peut être attribuée à plusieurs facteurs, tels que la corruption généralisée au sein du nouveau régime, la fidélité des campagnes au prince déchu, les bombardements qui poussèrent une population de plus en plus démunie et impuissante à rejoindre les maquis … Toujours est-il que le territoire contrôlé par les forces gouvernementales se réduisit comme une peau de chagrin pour se limiter, au début de 1975, aux seuls centres urbains.

Le 1er avril 1975, alors que l’encerclement de la capitale par les troupes khmères rouges devenait de plus en plus contraignant, Lon Nol démissionna et s’envola pour l’exil.

Le , John Gunther Dean, ambassadeur américain au Cambodge offrit l’asile politique aux plus hauts dignitaires de la république khmère, mais la plupart refusèrent. La réponse que fit à cette occasion Sirik Matak est restée célèbre « … Je ne peux hélas partir d’une façon aussi lâche... Je n’ai jamais pensé que vous pourriez un jour abandonner un peuple qui avait choisi la liberté… J’ai fait l’erreur de croire en vous, les Américains. »

Le , les khmers rouges s’emparèrent de la capitale cambodgienne. Sirik Matak arrive à franchir les grilles de l'ambassade de France avec deux gardes du corps. Il demande l'asile politique[note 2]. Les khmers rouges exigent qu'il soit livré. L'ambassade refuse d'assurer sa protection et Sirik Matak se livrera de lui-même le 20 avril[note 3]. Le , le prince Sisowath Sirik Matak est exécuté.

Notes et références

Notes

  1. Sirik Matak ne faisait toutefois figure que d’« outsider » pour la succession du roi Monivong. Les deux « favoris » étaient les princes Sisowath Monireth, fils du souverain défunt, et Norodom Sihanouk qui sera choisi[1].
  2. François Bizot raconte cet épisode dans son livre Le Portail. L'auteur dit lui-même à Sirik Matak que les khmers rouges ne reconnaissent pas ce droit (l'asile politique)[5].
  3. Le consul Dyrac reçoit la consigne du ministère des affaires étrangères de ne pas accorder l'asile politique car ce n'est pas reconnu par le droit international[6].

Références

  1. (fr) Jean-Marie Cambaceres, Sihanouk : le roi insubmersible, Le Cherche Midi, coll. « Documents », , 459 p. (ISBN 978-2749131443, présentation en ligne), « L’enfance et la jeunesse de Norodom Sihanouk », p. 27
  2. (en) V.-M. Reddi, A history of the Cambodian independence movement : 1863-1955, Sri Venkateswara University, , 238 p., p. 162
  3. (fr) « Les nouveaux dirigeants – le prince Sirik Matak », Le Monde,‎
  4. (fr) William Shawcross (trad. Françoise Bonnet), Une Tragédie sans importance : Kissinger, Nixon et l'anéantissement du Cambodge [« Sideshow »], F. Adel, , 438 p. (ISBN 9782715802186), chap. VIII (« Le coup d'État »), p. 115
  5. (fr) François Bizot, Le Portail, La Table ronde, coll. « Vermillon », , 397 p. (ISBN 2702861318)
  6. (fr) Piotr Smolar, « Je devrai, dans un délai qui ne pourra excéder 24 heures, livrer le nom de ces personnalités... », Le Monde,‎ (lire en ligne)