Théologie de la mort de Dieu

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
La version imprimable n’est plus prise en charge et peut comporter des erreurs de génération. Veuillez mettre à jour les signets de votre navigateur et utiliser à la place la fonction d’impression par défaut de celui-ci.

La théologie de la mort de Dieu, apparue au milieu du XXe siècle, tente de concilier le christianisme avec l'agnosticisme ou l'athéisme dans un contexte de déchristianisation avancée[1].

Histoire

L'expression « mort de Dieu », qui remonte à Nietzsche, n'est reprise par les théologiens qu'à partir du XXe siècle[2].

Gabriel Vahanian est l'un des initiateurs du mouvement de la théologie de la mort de Dieu avec son ouvrage La Mort de Dieu (1957)[3],[4]. À sa suite, William Hamilton a cherché à radicaliser cette théologie avant de prôner un christianisme athée[3]. Bientôt, cette théologie se développe dans des cercles protestants d'Allemagne et d'Amérique du Nord[5].

Le mouvement de la théologie de la mort de Dieu est révélé au grand public par deux articles de Time magazine : l'un daté du 22 octobre 1965 et l'autre intitulé Is God Dead? (en) paru le 8 avril 1966[6]. Outre Gabriel Vahanian, trois théologiens protestants américains sont cités dans ces articles : William Hamilton (en), Paul van Buren (en) et Thomas J. J. Altizer (en). Selon Thomas W. Ogletree, qui fut notamment professeur à la Yale Divinity School, pour ces trois théologiens, « le thème de la « mort de Dieu» est plus que la constatation d'un fait culturel, à savoir la disparition d'une conception de Dieu dans la société moderne, c'est véritablement la suppression du Dieu chrétien »[7].

Influences

Les théologies de la mort de Dieu s'inspirent de Ludwig Feuerbach, Friedrich Nietzsche, Karl Marx et Jean-Paul Sartre dans le champ philosophique ; de Heinrich Heine, Fiodor Dostoïevski, Albert Camus et Georges Bernanos dans le champ littéraire[3].

Le théologien protestant Dietrich Bonhoeffer (1906-1945), exécuté par les nazis au camp de concentration de Flossenbürg à la fin de la guerre, a grandement influencé les théologiens américains de la mort de Dieu, notamment William Hamilton[8],[9] et Paul van Buren. Il s'est interrogé, dans ses dernières lettres de prison, sur le devenir de Jésus-Christ dans un monde sans religion, sans besoin ni de métaphysique, ni d'intériorité[10],[11]. Le Bonhoeffer a notamment écrit : « Dieu nous fait savoir qu'il nous faut vivre en tant qu'hommes qui parviennent à vivre sans Dieu. Le Dieu qui est avec nous est celui qui nous abandonne »[12],[13].

Voir aussi

Articles connexes

Références

  1. Leboeuf 1967.
  2. André Gounelle, « Les théologies de la mort de Dieu ».
  3. a b et c Philippe Aubert, « Théologie de la mort de Dieu », sur Fédération protestante de France (consulté le ).
  4. (en) Patrick Gray, « "God Is Dead" Controversy », sur georgiaencyclopedia.org, (consulté le ).
  5. Henry Duméry, «Mort de Dieu», sur universalis.fr (consulté le )
  6. (en) « Time: Magazine asks 'Is God Dead?' », sur latimes.com (consulté le )
  7. Claude Troisfontaines, « Thomas W. Ogletree, La controverse sur la « mort de Dieu ». Traduction de l'anglais par Jacques Cloarec - Revue Philosophique de Louvain - Année 1970 - Volume 68 - Numéro 97 - pp. 107-109 », sur persee.fr (consulté le )
  8. Fabien Lebœuf, « Les théologies de la mort de Dieu [article], W. Hamilton : l'expérience de la mort de Dieu, Revue des sciences religieuses, volume 41, numéro 2, page 134 », sur persee.fr, (consulté le )
  9. René Marlé, la Théologie dite de la “mort de Dieu”, page 491, 1968.
  10. André Dumas, « Bonhoeffer Dietrich », sur universalis.fr (consulté le )
  11. Arnaud Corbic, « « Dietrich Bonhœffer. Le Christ, Seigneur des non-religieux », Études, 3/2001 (Tome 394), p. 371-382 », sur cairn.info (consulté le )
  12. Cf. Dietrich Bonhœffer, Résistance et soumission, trad. fr., Labor et Fides, Genève, 1963, p. 162.
  13. Emile Poulat, « Bonhoeffer (Dietrich) - Résistance et Soumission, Archives de sociologie des religions, n°16, 1963. p. 165 », sur persee.fr, (consulté le )

Sources

Bibliographie complémentaire

  • André Malet, Bultmann et la mort de Dieu, Seghers, 1968, 190 p.
  • Thomas W. Ogletree (trad. de l'anglais par Jacques Cloarec, préf. René Marlé), La Controverse sur la “mort de Dieu” [« The death of God controversy »], Paris-Tournai, Casterman, coll. « Christianisme en mouvement » (no 8), , 128 p.
  • Xavier Tilliette, Le Christ des philosophes : Du Maître de sagesse au divin Témoin, Culture et Vérité, Namur, 1993, p. 206-225
  • André Gounelle, « Les théologies de la mort de Dieu »
  • Xavier Tilliette, « Nietzsche et le dysangile de Zarathoustra », in Les philosophes lisent la Bible, Cerf, 2001