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== Historique ==
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Le manga féminin commence à se structurer depuis la fin des années 1950 avec le {{langue|ja-Latn|''[[shōjo]]''}} manga, mais ce genre est dédié à un public constitué de jeunes adolescentes, tandis qu'apparaît le {{langue|ja-Latn|''[[gekiga]]''}}, un genre dédié à un public adulte et masculin. En 1968 apparaît les tous premiers {{langue|ja-Latn|''gekiga''}} dédiés à un public adulte et féminin ; l'autrice [[Miyako Maki]], après {{unité|10|ans}} de carrière dans le {{langue|ja-Latn|''shōjo''}} manga, souhaite continuer à s'adresser à ses premières lectrices devenues maintenant adultes. Sa première œuvre dans le domaine est {{japonais|''Mashūko banka''|摩周湖晩夏}} publiée dans le magazine féminin ''{{lang|ja-Latn|Josei}} {{lang|en|Seven}}''{{sfn|Toku|2015|id=Toku 2015|p=171}}. Deux magazines dédiés au {{langue|ja-Latn|''gekiga''}} féminin sont alors créés : tout d'abord {{japonais|''Funny''|ファニー|Fanī}} de [[Mushi Production]] à partir de 1969, puis {{japonais|''Papillon''|パピヨン|Papiyon}} [[Futabasha]] à partir de 1972. Mais ces magazines ne parviennent pas à trouver leur lectorat et finissent par disparaître<ref>{{Ouvrage|nom1=Timothy Perper |nom2=Martha Cornog |titre=Mangatopia |sous-titre=essays on manga and anime in the modern world |éditeur=Libraries Unlimited |date=2011 |isbn=978-1-59158-909-9 |oclc=759597788 |p=11}}</ref>.
Le manga féminin commence à se structurer depuis la fin des années 1950 avec le {{langue|ja-Latn|''[[shōjo]]''}} manga, mais ce genre est dédié à un public constitué de jeunes adolescentes, tandis qu'apparaît le {{langue|ja-Latn|''[[gekiga]]''}}, un genre dédié à un public adulte et masculin. En 1968 apparaît les tous premiers {{langue|ja-Latn|''gekiga''}} dédiés à un public adulte et féminin ; l'autrice [[Miyako Maki]], après {{unité|10|ans}} de carrière dans le {{langue|ja-Latn|''shōjo''}} manga, souhaite continuer à s'adresser à ses premières lectrices devenues maintenant adultes. Sa première œuvre dans le domaine est {{japonais|''Mashūko banka''|摩周湖晩夏}} publiée dans le magazine féminin ''{{lang|ja-Latn|Josei}} {{lang|en|Seven}}''{{sfn|Toku|2015|id=Toku 2015|p=171}}. Deux magazines dédiés au {{langue|ja-Latn|''gekiga''}} féminin sont alors créés : tout d'abord {{japonais|''Funny''|ファニー|Fanī}} de [[Mushi Production]] à partir de 1969, puis {{japonais|''Papillon''|パピヨン|Papiyon}} de [[Futabasha]] à partir de 1972. Mais ces magazines ne parviennent pas à trouver leur lectorat et finissent par disparaître<ref>{{Ouvrage|nom1=Timothy Perper |nom2=Martha Cornog |titre=Mangatopia |sous-titre=essays on manga and anime in the modern world |éditeur=Libraries Unlimited |date=2011 |isbn=978-1-59158-909-9 |oclc=759597788 |p=11}}</ref>.


Au cours des années 1970 le {{langue|ja-Latn|''shōjo''}} manga se développe grandement et notamment le [[Groupe de l'an 24]] propose des mangas relativement sophistiqués et matures. Les maisons d'édition tentent de sécuriser ce nouveau lectorat {{langue|ja-Latn|''shōjo''}} plus mature en créant des magazines dédiés : ''[[Be Love]]'' de [[Kōdansha]] et ''[[You (magazine)|You]]'' de [[Shūeisha]] sont lancés en 1980, tandis qu'en 1981 naît le ''[[Big Comic For Lady]]'' de [[Shōgakukan]]{{sfn|Pham|2010|id=Pham 2010|p=82}}. Ces trois magazines ont en commun le fait d'être nés en tant que hors-série de magazines {{langue|ja-Latn|''[[shōjo]]''}} et proposent un même type d'histoire : des histoires d'amour ayant pour finalité l'acte sexuel{{sfn|Pham|2010|id=Pham 2010|p=82}}. Ce nouveau genre gagne le nom de {{langue|en|''ladies' comics''}}, souvent [[Abréviation|abrégé]] en {{citation|{{langue|ja-Latn|''redikomi''}}}}{{sfn|Ito|2002|id=Ito 2002|p=69}}.
Au cours des années 1970 le {{langue|ja-Latn|''shōjo''}} manga se développe grandement et notamment le [[Groupe de l'an 24]] propose des mangas relativement sophistiqués et matures. Les maisons d'édition tentent de sécuriser ce nouveau lectorat {{langue|ja-Latn|''shōjo''}} plus mature en créant des magazines dédiés : ''[[Be Love]]'' de [[Kōdansha]] et ''[[You (magazine)|You]]'' de [[Shūeisha]] sont lancés en 1980, tandis qu'en 1981 naît le ''[[Big Comic For Lady]]'' de [[Shōgakukan]]{{sfn|Pham|2010|id=Pham 2010|p=82}}. Ces trois magazines ont en commun le fait d'être nés en tant que hors-série de magazines {{langue|ja-Latn|''[[shōjo]]''}} et proposent un même type d'histoire : des histoires d'amour ayant pour finalité l'acte sexuel{{sfn|Pham|2010|id=Pham 2010|p=82}}. Ce nouveau genre gagne le nom de {{langue|en|''ladies' comics''}}, souvent [[Abréviation|abrégé]] en {{citation|{{langue|ja-Latn|''redikomi''}}}}{{sfn|Ito|2002|id=Ito 2002|p=69}}.

Version du 10 juin 2020 à 21:55

Modèle:Unicode japonais Le josei manga (女性漫画?, litt. « manga féminin/pour femme »), aussi connu sous les noms de ladies' comics (レディースコミック?) et de redikomi (レディコミ?), est une catégorie éditoriale du manga, aussi parfois qualifié de « genre », apparue dans les années 1980. Formellement le josei se destine à un public de femmes adultes, insérées dans la vie active et/ou mariées et s'adresse ainsi à un lectorat plus âgé que celui du shōjo manga, destiné aux adolescentes et femmes jeunes adultes. Le josei manga est traditionnellement publié dans des magazines de prépublication de manga, qui peuvent se spécialiser sur un genre narratif.

Dans les faits la frontière entre le shōjo et le josei est parfois floue, notamment avec des magazines qui s'adressent explicitement à des femmes adultes mais se revendiquent comme des magazines de shōjo manga. En outre à partir des années 1990 une troisième catégorie éditoriale, le young ladies (ヤングレディース?), apparaît pour se positionner comme catégorie intermédiaire entre le shōjo et le josei.

L'expression « josei manga » est polysémique et peut être aussi utilisée pour décrire l'ensemble de la production de manga adressé à un public féminin, ce qui inclut notamment le shōjo et le boys' love manga, mais aussi les mangas publiés dans la presse féminine généraliste. Dans cet usage, le josei manga s'oppose alors à l'expression dansei manga (男性漫画?, litt. « manga masculin/pour homme ») qui recouvre les catégories du shōnen et du seinen manga.

Historique

Le manga féminin commence à se structurer depuis la fin des années 1950 avec le shōjo manga, mais ce genre est dédié à un public constitué de jeunes adolescentes, tandis qu'apparaît le gekiga, un genre dédié à un public adulte et masculin. En 1968 apparaît les tous premiers gekiga dédiés à un public adulte et féminin ; l'autrice Miyako Maki, après 10 ans de carrière dans le shōjo manga, souhaite continuer à s'adresser à ses premières lectrices devenues maintenant adultes. Sa première œuvre dans le domaine est Mashūko banka (摩周湖晩夏?) publiée dans le magazine féminin Josei Seven[1]. Deux magazines dédiés au gekiga féminin sont alors créés : tout d'abord Funny (ファニー, Fanī?) de Mushi Production à partir de 1969, puis Papillon (パピヨン, Papiyon?) de Futabasha à partir de 1972. Mais ces magazines ne parviennent pas à trouver leur lectorat et finissent par disparaître[2].

Au cours des années 1970 le shōjo manga se développe grandement et notamment le Groupe de l'an 24 propose des mangas relativement sophistiqués et matures. Les maisons d'édition tentent de sécuriser ce nouveau lectorat shōjo plus mature en créant des magazines dédiés : Be Love de Kōdansha et You de Shūeisha sont lancés en 1980, tandis qu'en 1981 naît le Big Comic For Lady de Shōgakukan[3]. Ces trois magazines ont en commun le fait d'être nés en tant que hors-série de magazines shōjo et proposent un même type d'histoire : des histoires d'amour ayant pour finalité l'acte sexuel[3]. Ce nouveau genre gagne le nom de ladies' comics, souvent abrégé en « redikomi »[4].

Le ladies' comics se caractérise alors par son utilisation libre de l'acte sexuel[5], au contraire du shōjo manga où l'acte sexuel est encore très contraint[6]. L'autrice Milk Morizono, réputée pour ses histoires « porno-chic » devient rapidement la cheffe de file du ladies' comics[3]. Le genre se développe rapidement à partir de 1985 avec la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes[7], ainsi en 1991 sont rencensés 48 magazines de ladies' comics[8].

Mais les années 1990 voient un déclin relatif du genre, empiré par la crise financière de la décennie perdue[9] : si les principaux magazines comme You ou Be Love ne contiennent que rarement du sexe, le marché est saturé de petits magazines au contenu érotique et pornographique. Le ladies' comics gagne ainsi la réputation d'être de la « pornographie féminine »[10]. C'est alors qu'apparait les magazines young ladies, qui se placent entre le shōjo manga et le ladies' comics[11]. Ce nouveau genre permet aux mangakas de continuer à dessiner du shōjo manga tout en s'adressant à un public adulte, ceci sans subir le stigma du ladies' comics. En parallèle le ladies' comics est concurrencé par le shōjo manga dans le domaine du manga érotique et pornographique : le sous-genre du Teens' love reprend la même structure narrative, avec pour principale différence l'âge des protagonistes, sensiblement plus jeunes[12].

Des magazines de ladies' comics réagissent à cette nouvelle concurrence en proposant des mangas traitant de sujets sociaux. La stratégie s'avère payante car à partir de la fin des années 1990, de nombreux mangas de ce type sont adaptés au cinéma et à la télévision ; ceci permet de donner de la légitimité au genre et de toucher une audience grand public[10]. L'expression josei manga commence aussi à apparaître[11] pour s'éloigner du stigma associé au ladies' comics[réf. nécessaire].

Le manga pour femmes

Contrairement au shōjo manga (少女漫画?, le manga pour jeune femme), qui traite généralement du grand amour et du rapport à autrui mais de manière édulcorée et platonique, comique et généralement ni immorale ni très violente, le josei manga aborde des sujets plus matures tant dans leur thématique que dans le choix de leur représentation, plus crue et parfois plus violente psychologiquement. Ici, point de prince charmant et de conte de fée, les histoires peuvent être éphémères, les rapports sexuels sont explicitement représentés ou suggérés (personnages partageant le même lit). Des thèmes comme la drogue, la mafia, le viol, le décès sont abordés. Ce qui s'avère un détail offre pourtant un repérage facile : dans un josei, comme dans un seinen, la représentation d'une cigarette n'est pas taboue. Enfin, les personnages sont décrits de manière plus complexe, plus sombres, pas aussi idéalistes (et idéalisés) que les personnages de shōjo. Les josei manga sont créés la plupart du temps par des femmes pour un public adulte.

Annexes

Références

  1. Toku 2015, p. 171.
  2. Timothy Perper et Martha Cornog, Mangatopia : essays on manga and anime in the modern world, Libraries Unlimited, (ISBN 978-1-59158-909-9, OCLC 759597788)
  3. a b et c Pham 2010, p. 82.
  4. Ito 2002, p. 69.
  5. Ito 2002, p. 70.
  6. Ogi 2003, p. 784.
  7. Ogi 2003, p. 781.
  8. Ogi 2003, p. 780.
  9. Pham 2010, p. 81.
  10. a et b Ito 2002, p. 71.
  11. a et b Ogi 2003, p. 791.
  12. Pham 2010, p. 85.

Bibliographie

  • [Ito 2002] (en) Kinko Ito, « The World of Japanese Ladies' Comics : From Romantic Fantasy to Lustful Perversion », The Journal of Popular Culture, Wiley-Blackwell, vol. 36, no 1,‎ (DOI 10.1111/1540-5931.00031).
  • [Ogi 2003] (en) Fusami Ogi, « Female Subjectivity and Shoujo (Girls) Manga (Japanese Comics) : Shoujo in Ladies' Comics and Young Ladies' Comics », The Journal of Popular Culture, Wiley-Blackwell, vol. 36, no 4,‎ (DOI 10.1111/1540-5931.00045).
  • [Pham 2010] Bruno Pham, « Le manga au féminin : « shōjo/josei », la frontière floue », Manga 10 000 images, Versailles, Éditions H, no 3 « Le manga au féminin »,‎ , p. 81-92 (ISBN 978-2-9531781-4-2, OCLC 893733727).
  • [Toku 2015] (en) Masami Toku (dir.), International Perspectives on Shojo and Shojo Manga : The Influence of Girl Culture, Routledge, (ISBN 978-1-31761-075-5).