Contes et nouvelles en vers (Jean de La Fontaine)

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Contes et nouvelles en vers (Jean de La Fontaine)
Image illustrative de l’article Contes et nouvelles en vers (Jean de La Fontaine)
Frontispice du tome I d'une édition de 1928 :
La coupe enchantée, par Gerda Wegener.

Pays France
Genre Contes licencieux
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1665, 1666, 1671
Nombre de pages 202 et 231

Contes et nouvelles en vers est un recueil de divers contes et nouvelles grivois, recueillis et versifiés par Jean de La Fontaine et publiés en trois parties par Claude Barbin, en 1665, 1666 et 1671.

Pour écrire ces contes, La Fontaine s'est inspiré de plusieurs œuvres françaises et italiennes des XVe et XVIe siècles, dont le Décaméron de Giovanni Boccace, Orlando furioso de Ludovico Ariosto, le recueil anonyme des Cent Nouvelles Nouvelles et l'œuvre de Bonaventure Des Périers.

Les contes de la Fontaine[modifier | modifier le code]

La crispation religieuse de la fin du règne de Louis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont mis dans l’ombre ces contes licencieux dont le défi poétique consiste à jouer de l'implicite pour ne pas nommer la sexualité, à « dire sans dire », dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la complicité du lecteur[1].

Deux recueils de contes et nouvelles en vers, dont les canevas licencieux sont tirés notamment de Boccace et des Cent nouvelles nouvelles, paraissent en 1665 et 1666[2]. Continuation de cette expérience narrative mais sous une forme brève et, cette fois, respectant la morale, les Fables choisies et mises en vers, dédiées au Grand Dauphin, paraissent en 1668[3].

Auparavant, bien qu'au service de Nicolas Fouquet[4] et même s'il est connu à ce titre, il n'a encore rien vendu de sa production littéraire ; L'Eunuque (1654) passe inaperçu[5], Adonis (1658) ne paraîtra qu'en 1669, Les Rieurs du Beau-Richard (1659) est destiné à moquer les habitants de Château-Thierry[6], Élégie aux nymphes de Vaux (1660) et l'Ode au roi (1663) sont publiées clandestinement sur feuille volante[7].

La Fontaine connaît ses premiers succès littéraires grâce à ces contes qualifiés de licencieux, libertins, coquins, grivois, lestes, érotiques ou encore gaillards. Il s'inscrit dans une vieille tradition littéraire mais le fait à sa manière, en transformant les contes grossiers en œuvres plus raffinées. Il prend ainsi soin d'emprunter des détours, de suggérer, de voiler ses propos pour les rendre plus amusants[8].

Dès la sortie de son premier recueil de contes, les critiques applaudissent et le succès est tel qu'il faut réimprimer l'ouvrage par deux fois au cours de l'année[9]. La Fontaine devient célèbre, avec une réputation particulière : il est qualifié d'excellent conteur doublé d'un esprit libre et original[9].

La Fontaine a mené simultanément cette activité de conteur à celle de fabuliste, jusqu'à joindre des contes à son ultime recueil de fables de 1693.

Contenu des Contes et nouvelles en vers[modifier | modifier le code]

Première partie (1665)[modifier | modifier le code]

Le cocu battu et content, par Jean-Louis Delignon (v. 1795), d'après Jean-Honoré Fragonard.
Le gascon puni, par Nicolas Lancret (v. 1738).
  • Joconde, nouvelle tirée de l'Arioste.
  • Richard Minutolo, nouvelle tirée de Bocace.
  • Le cocu battu et content, nouvelle tirée de Bocace.
  • Le mari confesseur, conte tiré des Cent nouvelles nouvelles.
  • Conte d'une Chose arrivée à C.
  • Conte tiré d'Athénée.
  • Autre Conte tiré d'Athénée.
  • Conte de ***.
  • Conte du Juge de Mesle.
  • Conte d'un Paysan qui avoit offensé son Seigneur.
  • Imitation d'un livre intitulé « Les Arrêts d'amours ».
  • Les Amours de Mars et de Vénus.
  • Ballade.

Deuxième partie (1666)[modifier | modifier le code]

L'hermite, par Jean-Honoré Fragonard.
Le diable de Papefiguière, par Charles Eisen (1896).
Les lunettes, par Johann Heinrich Ramberg (1800).
  • Le Faiseur d'oreilles et le raccommodeur de moules
  • Les Frères de Catalogne
  • Le Berceau
  • Le Muletier
  • L'Oraison de Saint Julien
  • La Servante justifiée
  • La Gageure des trois commères
  • Le Calendrier des vieillards
  • A Femme avare galant escroc
  • On ne s'avise jamais de tout
  • Le Villageois qui cherche son veau
  • L'Anneau d'Hans Carvel
  • Le Gascon puni
  • La Fiancée du roi de Garbe
  • L'Hermite
  • Mazet de Lamporechio

Troisième partie (1671)[modifier | modifier le code]

  • Les Oies de frère Philippe
  • La Mandragore
  • Les Rémois
  • La Coupe enchantée
  • Le Faucon
  • La Courtisane amoureuse
  • Nicaise
  • Le Bât
  • Le Baiser rendu
  • Epigramme
  • Imitation d'Anacréon
  • Autre imitation d'Anacréon
  • Le Différant de Beaux Yeux et de Belle Bouche
  • Le Petit Chien qui secoue de l'argent et des pierreries
  • Clymène

Nouveaux Contes (1674)[modifier | modifier le code]

  • Comment l'esprit vient aux filles
  • L'Abbesse
  • Les Troqueurs
  • Le Cas de conscience
  • Le Diable de Papefiguière
  • Féronde ou le purgatoire
  • Le Psautier
  • Le Roi Candaule, et le maître en droit
  • Le Diable en enfer
  • La Jument du compère Pierre
  • Pâté d'anguille
  • Les Lunettes
    Les Lunettes (1892) - Jean-Baptiste Cariven
  • Janot et Catin
  • Le Cuvier
  • La Chose impossible
  • Le Magnifique
  • Le Tableau

Derniers Contes[modifier | modifier le code]

Contes publiés en 1682[modifier | modifier le code]

  • La Matrone d'Ephèse
  • Belphégor

Contes publiés en 1685[modifier | modifier le code]

  • La Clochette
  • Le Fleuve Scamandre
  • La Confidente sans le savoir, ou le stratagème
  • Le Remède
  • Les Aveux indiscrets

Contes posthumes[modifier | modifier le code]

  • Les Quiproquos
  • Conte tiré d'Athénée

Éditions[modifier | modifier le code]

Autres contes[modifier | modifier le code]

Les contes de La Fontaine ultérieurs aux trois premières parties sont tirés de différentes publications et ont par la suite été compilés dans des éditions complètes[10].

  • Nouveaux contes de M. de La Fontaine, Mons, Gaspar Migeon, 1674 lire en ligne sur Gallica
  • Poème du quinquina et autres ouvrages en vers, Denis Thierry et Claude Barbin, 1682 lire en ligne sur Gallica
  • Les Ouvrages de prose et de poésie des Sieurs de Maucroy et de La Fontaine, Paris, Claude Barbin, 1685

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Dodeller, p. 54.
  2. Dodeller, p. 54-55.
  3. Dodeller, p. 60.
  4. Dodeller, p. 40-45.
  5. Dodeller, p. 36-38
  6. Dodeller, p. 7
  7. Dodeller, p. 48
  8. Dodeller, p. 55.
  9. a et b Dodeller, p. 56.
  10. Alain-Marie Bassy, Contes et nouvelles en vers, Gallimard, , 560 p. (ISBN 2-07-037404-1 et 978-2-07-037404-5, OCLC 10784193, lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gaston Paris, « La Source italienne de La Courtisane amoureuse », Raccolta di Studi critici dedicati ad. A. d'Ancona, Florence, 1901, p. 375-385
  • Gérard Genot, « La Fontaine et Boccace », Il Boccacio nella cultura francese, Florence, Olschki, 1971
  • John C. Lapp, The esthetics of Negligence, La Fontaine's Contes, Cambridge University Press, 1971
  • Gérard Genot, « Le Récit du déclassé, Boccace et La Fontaine », Revue romane, 7, 1972, p. 204-232
  • Fannie S. Howard, « La Fontaine's Le Tableau : a consideration of the parallel of poetry and painting », The French Short Story, Seventeenth Century French Literature Studies, n°2, 1975, p. 15-26
  • Fannie S. Howard, « La Fontaine on fiction writing : reality and illusion in the Contes », The French Short Story, Seventeenth Century French Literature Studies, n°2, 1975, p. 167-171
  • Jane Merino, « The Play of Deferred Communication in La Fontaine's La Confidente sans le savoir », Papers on French Seventeenth Century Literature, n°11, été 1979, p. 107-112
  • Tiphaine Rolland, L’Atelier du conteur. Les Contes et nouvelles de La Fontaine. Ascendances, influences, confluences, Paris, H. Champion, 2014
  • Sylvie Dodeller, La Fontaine : En vers et contre tout !, Paris, L'École des loisirs, , 609 p. (ISBN 978-2-2112-373-90) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Tiphaine Rolland et Romain Weber, Ventre d’un petit poisson, rions ! Liminaires des recueils plaisants (XVe-XVIIe s.), Reims, Éditions et Presses Universitaires de Reims, coll. Héritages critiques, 2022, p. 487-500

Liens externes[modifier | modifier le code]