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« Économie de l'Afrique du Sud » : différence entre les versions

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== Historique ==
== Historique ==
=== Une économie marquée par l'apartheid ===
=== Une économie marquée par l'apartheid ===
[[Fichier:FC Georgio Avion SAA, Jan Smuts Airport, Johannesburg 1991.jpg|vignette|250px|La [[Suid-Afrikaanse Lugdiens]] va connaître un boycott massif du fait de la politique d'apartheid pratiquée en RSA.]]

Après la [[seconde guerre des Boers]] (1899-1902), la spoliation des populations noires a été institutionnalisée. En 1913, le [[Natives Land Act]] limite la propriété foncière des personnes noires à 7 % du territoire (étendu à 13 % en 1936). Quatre millions de paysans perdent alors les terres qu'ils possédaient encore et deviennent généralement métayers ou mineurs, une main d’œuvre peu couteuse pour les propriétaires<ref name=":0">{{Article |auteur1=Cédric Gouverneur |titre=En Afrique du Sud, la terre n’éponge pas le sang |périodique=Le Monde diplomatique |date=octobre 2019 |lire en ligne=https://www.monde-diplomatique.fr/2019/10/GOUVERNEUR/60474 }}</ref>.
Après la [[seconde guerre des Boers]] (1899-1902), la spoliation des populations noires a été institutionnalisée. En 1913, le [[Natives Land Act]] limite la propriété foncière des personnes noires à 7 % du territoire (étendu à 13 % en 1936). Quatre millions de paysans perdent alors les terres qu'ils possédaient encore et deviennent généralement métayers ou mineurs, une main d’œuvre peu couteuse pour les propriétaires<ref name=":0">{{Article |auteur1=Cédric Gouverneur |titre=En Afrique du Sud, la terre n’éponge pas le sang |périodique=Le Monde diplomatique |date=octobre 2019 |lire en ligne=https://www.monde-diplomatique.fr/2019/10/GOUVERNEUR/60474 }}</ref>.


L'activité extractive en Afrique du Sud de l'or et du diamant remonte à la fin du {{s-|XIX|e}} mais le développement industriel n'a vraiment commencé qu'à la [[Seconde Guerre mondiale]] quand l'économie tout entière de l'Afrique du Sud fut réorientée vers l'[[effort de guerre]] et le soutien à la [[Grande-Bretagne]]. De [[1946]] à [[1974]], le pays connait un taux de croissance économique continue de 5 % en moyenne par an<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Pierre Beaudet |titre=Les grandes mutations de l'apartheid |éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]] |année=1991 |pages totales=199 |passage=p.7 |isbn=978-2-296-23401-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=yEUScSvRZM0C&printsec=frontcover}}. </ref> tandis qu'à partir de 1961, l'Afrique du sud connait un afflux de capitaux étrangers, surtout américains et anglais<ref name="encyclopédie91"/>.
L'activité extractive en Afrique du Sud de l'or et du diamant remonte à la fin du {{s-|XIX|e}} mais le développement industriel n'a vraiment commencé qu'à la [[Seconde Guerre mondiale]] quand l'économie tout entière de l'Afrique du Sud fut réorientée vers l'[[effort de guerre]] et le soutien à la [[Grande-Bretagne]]. De [[1946]] à [[1974]], le pays connait un taux de croissance économique continue de 5 % en moyenne par an<name="Beaudet6">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Pierre Beaudet |titre=Les grandes mutations de l'apartheid |éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]] |année=1991 |pages totales=199 |passage=p.7 |isbn=978-2-296-23401-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=yEUScSvRZM0C&printsec=frontcover}}. </ref> tandis qu'à partir de 1961, l'Afrique du sud connait un afflux de capitaux étrangers, surtout américains et anglais<ref name="encyclopédie91"/>.


L'expansion économique repose alors sur une structure de production adaptée pour l'exploitation des ressources naturelles et sur une main d'œuvre disponible et à très bas coûts. La politique d'[[apartheid]], alors menée de 1948 à 1991, entretient cependant de fortes tensions sociales et maintient un développement réduit du marché intérieur inhabituel pour un pays industriel moderne. La moitié de la population noire, majoritaire dans le pays, subvient à ses besoins via l'économie parallèle<ref name="encyclopédie91"/>.
L'expansion économique repose alors sur une structure de production adaptée pour l'exploitation des ressources naturelles et sur une main d'œuvre disponible et à très bas coûts. La politique d'[[apartheid]], alors menée de 1948 à 1991, entretient cependant de fortes tensions sociales et maintient un développement réduit du marché intérieur inhabituel pour un pays industriel moderne. La moitié de la population noire, majoritaire dans le pays, subvient à ses besoins via l'économie parallèle<ref name="encyclopédie91"/>.


Ainsi, si durant les [[années 1960]], l'économie sud-africaine est parmi les plus performantes au monde, du point de vue des [[taux de profit]], elle subit de graves crises périodiques surtout après les [[émeutes de Soweto]] de [[1976]]<ref name="Beaudet6"/>. La dégradation de son économie ne manque pas d'avoir un impact sur les pays de l'[[Afrique australe]], très dépendants de l'Afrique du Sud et qui absorbent 10 % des exportations sud-africaines<ref name="Beaudet45"/>.
Le gouvernement avait pendant longtemps réussi à maintenir des échanges internationaux très intenses avec ses partenaires commerciaux mais l'application de sanctions internationales dans le domaine de l'économie à partir surtout de 1986 entrainent une diminution des investissements étrangers, un exode des capitaux, une baisse de la croissance économique (0,7 %) et une augmentation du chômage<ref name="encyclopédie91"/>. Ainsi, en 1985, à la suite du non-renouvellement de prêts à l'Afrique du Sud par la [[Chase Manhattan Bank]], suivies par plusieurs autres banques prêteuses, le [[rand (monnaie)|rand]] perd 50 % de sa valeur tandis qu'au fil des mois, plusieurs sociétés étrangères liquident leurs avoirs en Afrique du Sud. Cependant, en 1986, l'Afrique du sud réussit à renégocier un rééchelonnement de sa dette grâce à l'appui des banquiers européens et la valeur du rand se stabilise tandis que le taux d'inflation élevé diminue de 18 % à moins de 15 %. En 1987, le niveau des investissements est toutefois inférieur de 70 % au niveau de 1981 alors que se creuse la dette fiscale<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Pierre Beaudet |titre=Les grandes mutations de l'apartheid |éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]] |année=1991 |pages totales=199 |passage=p.7-10 |isbn=978-2-296-23401-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=yEUScSvRZM0C&printsec=frontcover}}. </ref>.

À partir de [[1975]], l'Afrique du Sud enregistre une croissance économique relativement faible (2 % en moyenne) avec une tendance au ralentissement (moins de 1 % en [[1990]]), alors que la croissance démographique globale dépasse 2,5 % par an (dont 3 % pour les [[Noir (humain)|Noirs]] contre 0,8 % pour les [[Blancs sud-africains|Blancs]]). En termes de revenu par habitant l'Afrique du Sud se place au troisième rang en Afrique avec près de {{unité|2500|[[dollars]]}}, mais le revenu d'un Noir représente le quart de celui d'un Blanc et le tiers de celui d'un Asiatique.

L'Afrique du Sud doit faire face au problème du [[chômage]] qui touche 20 % de la [[population active]], mais 40 % des salariés [[Noir (humain)|noirs]]. Compte tenu du rythme d'entrée des jeunes sur le marché du travail ({{formatnum:350000}} par an), il faudrait une [[Croissance économique|croissance]] de l'économie de 5 % par an pour envisager une réduction significative du nombre de chômeurs. Pour lutter contre une [[inflation]] qui dépasse 14 % par an, le gouvernement a mis en place un « plan d'austérité » destiné à ramener la confiance dans les milieux d'affaires et à freiner la fuite des capitaux, indispensables à la modernisation du pays.

'''Les inégalités sociales entre Noirs et Blancs'''<ref>Tiré de ''Géographie du temps présent'' (1983), classiques Hachette, page 372.</ref>
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! '''[[Blancs sud-africains|Blancs]]'''
! '''[[Noir (humain)|Noirs]]'''
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| Population active
| align="right" | 18 %
| align="right" | 70 %
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| Part du revenu
| align="right" | 64 %
| align="right" | 26 %
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| Salaire d'un mineur blanc
| align="right" | six fois celui d'un Noir
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| mortalité infantile
| align="right" | 12 pour mille
| align="right" | 282 pour mille
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| élève de l'enseignement secondaire par rapport à la classe d'âge
| align="right" | 95 %
| align="right" | 5 %
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Le gouvernement avait pendant longtemps réussi à maintenir des échanges internationaux très intenses avec ses partenaires commerciaux mais l'application de sanctions internationales dans le domaine de l'économie à partir surtout de 1986 entraînent une diminution des investissements étrangers, un exode des capitaux, une baisse de la croissance économique (0,7 %) et une augmentation du chômage<ref name="encyclopédie91"/>. L'exode des capitaux, débuté au milieu des années 1970, s'accélère non seulement à cause des campagnes anti-apartheid mais aussi en raison de la baisse de rentabilité des firmes étrangères implantées en Afrique du Sud<ref name="Beaudet6"/>.

En [[1985]], la [[dette extérieure]] atteint 24 milliards de $. Toujours en 1985, à la suite du non-renouvellement de prêts à l'Afrique du Sud par la [[Chase Manhattan Bank]], suivies par plusieurs autres banques prêteuses, le [[rand (monnaie)|rand]] perd 50 % de sa valeur tandis qu'au fil des mois, plusieurs sociétés étrangères liquident leurs avoirs en Afrique du Sud. Cependant, en 1986, l'Afrique du sud réussit à renégocier un rééchelonnement de sa dette grâce à l'appui des banquiers européens et la valeur du rand se stabilise tandis que le taux d'inflation élevé diminue de 18 % à moins de 15 %.

Au début de l'année [[1986]], plus de 54 ''townships'' du pays sont en guerre ouverte contre le gouvernement et sa politique d'apartheid, deux millions d'étudiants sont en grève et plus de 2 millions de salariés font grève au début du mois de mai<ref name="Beaudet6" />. Le gouvernement est divisé entre faucons et réformistes. En mai, une médiation est tentée par les pays du Commonwealth pour amorcer des pourparlers entre l'État et le [[Congrès national africain]] (ANC). Ils proposent qu'en échange de la libération de [[Nelson Mandela]] et de tous les prisonniers politiques par le gouvernement, l'ANC renonce à la [[lutte armée]] et accepte de négocier une nouvelle constitution sur le modèle des [[accords de Lancaster House]] pour la [[Rhodésie du Sud]]. Parallèlement, des représentants des plus grandes entreprises sud-africaines rencontrent des membres de l'ANC à [[Lusaka]] en [[Zambie]]<ref name="Beaudet6" />. En juin [[1986]], le gouvernement proclame l'[[état d'urgence]] et déploie l'armée dans les ''townships''. Les partenaires commerciaux de l'Afrique du Sud sont inquiets mais peu imposent de sanctions véritablement sévères. En fait, l'État sud-africain reprend les choses en main, parvient à renégocier un rééchelonnement de sa dette grâce à l'appui des banquiers européens, stabilise le rand et profite d'une nouvelle flambée du prix de l'or à partir de [[1987]]. Une nouvelle récession frappe cependant le pays à partir de 1988.

En plus des pressions propres au marché intérieur sud-africain et sa difficulté à produire ce qu'elle consomme, l'impact propre des sanctions économiques et financières reste difficile à évaluer mais il est indéniable que des facteurs extra-économiques ont perturbé les échanges commerciaux et financiers de l'Afrique du Sud. Les premières sanctions ont été posées en 1962 sans être contraignantes. Avant 1984, seul un embargo sur les ventes de pétrole par les membres de l'[[OPEP]] et un embargo sur les ventes d'armes, proclamé par les Nations unies, avaient eu un minimum d'effets. À partir de [[1984]], alors que la situation intérieure se dégrade, quelques pays proclament et appliquent un embargo total sur le commerce avec l'Afrique du Sud ([[Suède]], [[Danemark]] et [[Norvège]]) sans être suivis par les partenaires commerciaux traditionnels de l'Afrique du Sud. Les restrictions que ces derniers appliquent sont principalement diplomatiques ou commerciales comme l'[[embargo]] sur les importations de charbon, la fermeture de consulats ou le refus d'exportation de technologies. Seuls les [[États-Unis]], premier partenaire commercial de l'Afrique du Sud en [[1985]], adoptent une position dure avec le ''comprehensive anti-apartheid act'' de 1986 : arrêt de nouveaux investissements, embargo sur plusieurs produits comme le [[charbon]] et l'acier, arrêt des liaisons aériennes<ref name="Beaudet45" />. En 1987, seulement 8 % des exportations sud-africaines ont été affectées alors que l'or et les métaux dits stratégiques n'ont été frappés d'aucun embargo. Si les [[exportation]]s sud-africaines vers les États-Unis ont chuté de 44,4 %, cela résulte surtout de l'embargo sur le charbon et sur l'[[uranium]]. Le [[Japon]] a quant à lui remplacé les États-Unis comme premier partenaire commercial de l'Afrique du Sud en devenant le principal importateur de produits sud-africains suivi par l'[[Allemagne]] et l'[[Angleterre]]<ref name="Beaudet45" />. Des études ont également démontré que le départ des firmes internationales s'était effectué de manière à maintenir des liens financiers et technologiques entre les multinationales et leurs ex-filiales sud-africaines. Ainsi, 53 % des groupes américains ayant désinvesti d'Afrique du Sud ont néanmoins assuré la persistance d'un certain nombre d'accords de licence, de fabrication, d'accords de franchise ou d'échanges technologiques ([[IBM]] ou [[Ford]] par exemple)<ref name="Beaudet45" />.

Ainsi le secteur minier, qui représente 70 % des exportations, stagne et le secteur industriel, le plus vaste du continent, décline faisant perdre à l'Afrique du Sud son statut de pays nouvellement industrialisé<ref name="Beaudet6"/>. De [[1981]] à [[1988]], 40 % des [[multinationale]]s opérant en Afrique du Sud quittent le pays (soit 445 firmes)<ref name="Beaudet45"/>. En 1987, le niveau des investissements est toutefois inférieur de 70 % au niveau de 1981 alors que se creuse la dette fiscale<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Pierre Beaudet |titre=Les grandes mutations de l'apartheid |éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]] |année=1991 |pages totales=199 |passage=p.7-10 |isbn=978-2-296-23401-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=yEUScSvRZM0C&printsec=frontcover}}. </ref>.


En 1985, les activités du secteur industriel représentent 22 % du PNB et dépassent les valeurs minières (15 %). L'extraction des minerais est le monopole de puissants conglomérats internationaux ou sud-africains tels la [[De Beers]] pour le diamant. L'Afrique du Sud est alors le premier pays extracteur d'or et de platine (67 % de la production totale mondiale en 1985)<ref name="encyclopédie91"/>. La présence de minerais rares (65 % des réserves mondiales de [[chrome]], 25 % du marché mondial de [[manganèse]]) recherchés pour les industries de défense, scientifiques et pour la production énergétique font alors de l'Afrique du Sud un pays indispensable à maintenir dans la zone d'influence des pays occidentaux<ref name="encyclopédie91"/>. Le charbon fournit plus de 93 % de l'énergie électrique qui est alors l'une des moins chères au monde en raison des faibles couts de l'extraction de ce minerai de base. Le secteur des [[industrie de transformation|industries de transformations]], qui fournit 75 % de la production et de l'emploi en 1988, est de loin le plus solide et le mieux organisé du continent africain, parvenant sur de nombreux aspects au niveau des pays européens<ref name="encyclopédie91"/>.
En 1985, les activités du secteur industriel représentent 22 % du PNB et dépassent les valeurs minières (15 %). L'extraction des minerais est le monopole de puissants conglomérats internationaux ou sud-africains tels la [[De Beers]] pour le diamant. L'Afrique du Sud est alors le premier pays extracteur d'or et de platine (67 % de la production totale mondiale en 1985)<ref name="encyclopédie91"/>. La présence de minerais rares (65 % des réserves mondiales de [[chrome]], 25 % du marché mondial de [[manganèse]]) recherchés pour les industries de défense, scientifiques et pour la production énergétique font alors de l'Afrique du Sud un pays indispensable à maintenir dans la zone d'influence des pays occidentaux<ref name="encyclopédie91"/>. Le charbon fournit plus de 93 % de l'énergie électrique qui est alors l'une des moins chères au monde en raison des faibles couts de l'extraction de ce minerai de base. Le secteur des [[industrie de transformation|industries de transformations]], qui fournit 75 % de la production et de l'emploi en 1988, est de loin le plus solide et le mieux organisé du continent africain, parvenant sur de nombreux aspects au niveau des pays européens<ref name="encyclopédie91"/>.

Version du 24 décembre 2021 à 01:50

Économie de l'Afrique du Sud
Image illustrative de l’article Économie de l'Afrique du Sud
Johannesburg est le poumon économique et financier de l'Afrique du Sud, et de manière plus générale, du continent africain.

Monnaie Rand sud-africain
Année fiscale 1er avril - 31 mars (en)
Organisations internationales OCDE, OMC, SACU, G20
Statistiques
Produit intérieur brut (parité nominale) en diminution 344 milliards $ (2016)[1]
Produit intérieur brut en PPA en augmentation 595,7 milliards $ (2013)
Rang pour le PIB en PPA 29e
83e par habitant
Croissance du PIB en diminution 0,6 % (2016)[1]
PIB par habitant en PPA en diminution 5 261 $ (2016)[1]
PIB par secteur agriculture : 26 %
industrie : 129 %
services : 100%
Inflation (IPC) 6,7 % (2016)[1]
Pop. sous le seuil de pauvreté 31,3 % (2009)
Indice de développement humain (IDH) en augmentation 0,658 (118e)
Population active 18,54 millions (2013)
Population active par secteur agriculture : 9 %
industrie : 26 %
services : 65 % (2007)
Taux de chômage 27,7 % (2019)[2]
Principales industries Industrie minière (Or, Chrome, Platine), Assemblage automobile, Métallurgie, Machines, Textile, Fer et Acier, Produits chimiques, Engrais, Agroalimentaire, Chantiers navals, Secteur financier, Télécommunications
Commerce extérieur
Exportations en diminution 91,05 milliards $ (2013)
Biens exportés Or, Diamants, Platine, Autres métaux et minéraux, Machines et équipements
Principaux clients Drapeau de la République populaire de Chine Chine 11.8%
Drapeau des États-Unis États-Unis 8.3%
Drapeau du Japon Japon 6%
Drapeau de l'Allemagne Allemagne 5.7%
Drapeau de l'Inde Inde 4.2% (2012)
Importations en diminution 99,55 milliards $ (2013)
Biens importés Machines et équipements, Produits chimiques, Produits pétrochimiques, Instruments scientifiques, Agroalimentaire
Principaux fournisseurs Drapeau de la République populaire de Chine Chine 14.4%
Drapeau de l'Allemagne Allemagne 10.1%
Drapeau de l'Arabie saoudite Arabie saoudite 7.7%
Drapeau des États-Unis États-Unis 7.4%
Drapeau du Japon Japon 4.6%
Drapeau de l'Inde Inde 4.5% (2012)
Finances publiques
Dette publique 52,6 % du PIB (2017)[1]
Dette extérieure 139 milliards $ (2013)
Recettes publiques 88,53 milliards $ (2013)
Dépenses publiques 105,5 milliards $ (2013)
Déficit public -4,3 % du PIB (2018)
Aide au développement 1,28 milliard $ (2013)
Sources :
CIA World Factbook, IDH, Aide au développement

L'économie de l'Afrique du Sud est à deux vitesses : une partie est de pair avec les pays industrialisés et l'autre a des besoins criants d'infrastructures de base. L'Afrique du Sud est la deuxième plus grosse puissance économique d'Afrique en termes de PIB[3], cependant le pays est considéré comme le plus industrialisé et avec les technologies les plus avancées du continent[4]. Bien que l'industrie d'extraction de ressources naturelles (notamment chrome, manganèse, or et platine) reste une des plus importantes du pays avec une contribution annuelle au PIB de 13,5 milliards de dollars[5], l'économie d'Afrique du Sud s'est diversifiée depuis la fin de l'apartheid notamment dans les services. En 2019, l'industrie financière a contribué 41,4 millards de dollars au PIB de l'Afrique du Sud[6]. En 2021, les institutions financières basées en Afrique du Sud géraient plus de 1,41 mille millards de dollars en actifs[7]. En octobre 2021, la capitalisation boursière totale de la Bourse de Johannesbourg s'élève à 1,28 mille milliards de dollars[8].

Selon l'indicateur du développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l'Afrique du Sud a reculé de 35 places dans leur classement entre 1990 et 2005, constatant l'appauvrissement général de la population. Au Zimbabwe et en Côte d’Ivoire, ces dernières ont généré des vagues d'immigration vers l'Afrique du Sud. De nombreux africains immigrent en Afrique du Sud pour gagner plus d’argent que dans leurs pays d’origine.

Historique

Une économie marquée par l'apartheid

La Suid-Afrikaanse Lugdiens va connaître un boycott massif du fait de la politique d'apartheid pratiquée en RSA.

Après la seconde guerre des Boers (1899-1902), la spoliation des populations noires a été institutionnalisée. En 1913, le Natives Land Act limite la propriété foncière des personnes noires à 7 % du territoire (étendu à 13 % en 1936). Quatre millions de paysans perdent alors les terres qu'ils possédaient encore et deviennent généralement métayers ou mineurs, une main d’œuvre peu couteuse pour les propriétaires[9].

L'activité extractive en Afrique du Sud de l'or et du diamant remonte à la fin du XIXe siècle mais le développement industriel n'a vraiment commencé qu'à la Seconde Guerre mondiale quand l'économie tout entière de l'Afrique du Sud fut réorientée vers l'effort de guerre et le soutien à la Grande-Bretagne. De 1946 à 1974, le pays connait un taux de croissance économique continue de 5 % en moyenne par an<name="Beaudet6">Pierre Beaudet, Les grandes mutations de l'apartheid, L'Harmattan, , 199 p. (ISBN 978-2-296-23401-7, lire en ligne), p.7. </ref> tandis qu'à partir de 1961, l'Afrique du sud connait un afflux de capitaux étrangers, surtout américains et anglais[10].

L'expansion économique repose alors sur une structure de production adaptée pour l'exploitation des ressources naturelles et sur une main d'œuvre disponible et à très bas coûts. La politique d'apartheid, alors menée de 1948 à 1991, entretient cependant de fortes tensions sociales et maintient un développement réduit du marché intérieur inhabituel pour un pays industriel moderne. La moitié de la population noire, majoritaire dans le pays, subvient à ses besoins via l'économie parallèle[10].

Ainsi, si durant les années 1960, l'économie sud-africaine est parmi les plus performantes au monde, du point de vue des taux de profit, elle subit de graves crises périodiques surtout après les émeutes de Soweto de 1976[11]. La dégradation de son économie ne manque pas d'avoir un impact sur les pays de l'Afrique australe, très dépendants de l'Afrique du Sud et qui absorbent 10 % des exportations sud-africaines[12].

À partir de 1975, l'Afrique du Sud enregistre une croissance économique relativement faible (2 % en moyenne) avec une tendance au ralentissement (moins de 1 % en 1990), alors que la croissance démographique globale dépasse 2,5 % par an (dont 3 % pour les Noirs contre 0,8 % pour les Blancs). En termes de revenu par habitant l'Afrique du Sud se place au troisième rang en Afrique avec près de 2 500 dollars, mais le revenu d'un Noir représente le quart de celui d'un Blanc et le tiers de celui d'un Asiatique.

L'Afrique du Sud doit faire face au problème du chômage qui touche 20 % de la population active, mais 40 % des salariés noirs. Compte tenu du rythme d'entrée des jeunes sur le marché du travail (350 000 par an), il faudrait une croissance de l'économie de 5 % par an pour envisager une réduction significative du nombre de chômeurs. Pour lutter contre une inflation qui dépasse 14 % par an, le gouvernement a mis en place un « plan d'austérité » destiné à ramener la confiance dans les milieux d'affaires et à freiner la fuite des capitaux, indispensables à la modernisation du pays.

Les inégalités sociales entre Noirs et Blancs[13]

Blancs Noirs
Population active 18 % 70 %
Part du revenu 64 % 26 %
Salaire d'un mineur blanc six fois celui d'un Noir
mortalité infantile 12 pour mille 282 pour mille
élève de l'enseignement secondaire par rapport à la classe d'âge 95 % 5 %

Le gouvernement avait pendant longtemps réussi à maintenir des échanges internationaux très intenses avec ses partenaires commerciaux mais l'application de sanctions internationales dans le domaine de l'économie à partir surtout de 1986 entraînent une diminution des investissements étrangers, un exode des capitaux, une baisse de la croissance économique (0,7 %) et une augmentation du chômage[10]. L'exode des capitaux, débuté au milieu des années 1970, s'accélère non seulement à cause des campagnes anti-apartheid mais aussi en raison de la baisse de rentabilité des firmes étrangères implantées en Afrique du Sud[11].

En 1985, la dette extérieure atteint 24 milliards de $. Toujours en 1985, à la suite du non-renouvellement de prêts à l'Afrique du Sud par la Chase Manhattan Bank, suivies par plusieurs autres banques prêteuses, le rand perd 50 % de sa valeur tandis qu'au fil des mois, plusieurs sociétés étrangères liquident leurs avoirs en Afrique du Sud. Cependant, en 1986, l'Afrique du sud réussit à renégocier un rééchelonnement de sa dette grâce à l'appui des banquiers européens et la valeur du rand se stabilise tandis que le taux d'inflation élevé diminue de 18 % à moins de 15 %.

Au début de l'année 1986, plus de 54 townships du pays sont en guerre ouverte contre le gouvernement et sa politique d'apartheid, deux millions d'étudiants sont en grève et plus de 2 millions de salariés font grève au début du mois de mai[11]. Le gouvernement est divisé entre faucons et réformistes. En mai, une médiation est tentée par les pays du Commonwealth pour amorcer des pourparlers entre l'État et le Congrès national africain (ANC). Ils proposent qu'en échange de la libération de Nelson Mandela et de tous les prisonniers politiques par le gouvernement, l'ANC renonce à la lutte armée et accepte de négocier une nouvelle constitution sur le modèle des accords de Lancaster House pour la Rhodésie du Sud. Parallèlement, des représentants des plus grandes entreprises sud-africaines rencontrent des membres de l'ANC à Lusaka en Zambie[11]. En juin 1986, le gouvernement proclame l'état d'urgence et déploie l'armée dans les townships. Les partenaires commerciaux de l'Afrique du Sud sont inquiets mais peu imposent de sanctions véritablement sévères. En fait, l'État sud-africain reprend les choses en main, parvient à renégocier un rééchelonnement de sa dette grâce à l'appui des banquiers européens, stabilise le rand et profite d'une nouvelle flambée du prix de l'or à partir de 1987. Une nouvelle récession frappe cependant le pays à partir de 1988.

En plus des pressions propres au marché intérieur sud-africain et sa difficulté à produire ce qu'elle consomme, l'impact propre des sanctions économiques et financières reste difficile à évaluer mais il est indéniable que des facteurs extra-économiques ont perturbé les échanges commerciaux et financiers de l'Afrique du Sud. Les premières sanctions ont été posées en 1962 sans être contraignantes. Avant 1984, seul un embargo sur les ventes de pétrole par les membres de l'OPEP et un embargo sur les ventes d'armes, proclamé par les Nations unies, avaient eu un minimum d'effets. À partir de 1984, alors que la situation intérieure se dégrade, quelques pays proclament et appliquent un embargo total sur le commerce avec l'Afrique du Sud (Suède, Danemark et Norvège) sans être suivis par les partenaires commerciaux traditionnels de l'Afrique du Sud. Les restrictions que ces derniers appliquent sont principalement diplomatiques ou commerciales comme l'embargo sur les importations de charbon, la fermeture de consulats ou le refus d'exportation de technologies. Seuls les États-Unis, premier partenaire commercial de l'Afrique du Sud en 1985, adoptent une position dure avec le comprehensive anti-apartheid act de 1986 : arrêt de nouveaux investissements, embargo sur plusieurs produits comme le charbon et l'acier, arrêt des liaisons aériennes[12]. En 1987, seulement 8 % des exportations sud-africaines ont été affectées alors que l'or et les métaux dits stratégiques n'ont été frappés d'aucun embargo. Si les exportations sud-africaines vers les États-Unis ont chuté de 44,4 %, cela résulte surtout de l'embargo sur le charbon et sur l'uranium. Le Japon a quant à lui remplacé les États-Unis comme premier partenaire commercial de l'Afrique du Sud en devenant le principal importateur de produits sud-africains suivi par l'Allemagne et l'Angleterre[12]. Des études ont également démontré que le départ des firmes internationales s'était effectué de manière à maintenir des liens financiers et technologiques entre les multinationales et leurs ex-filiales sud-africaines. Ainsi, 53 % des groupes américains ayant désinvesti d'Afrique du Sud ont néanmoins assuré la persistance d'un certain nombre d'accords de licence, de fabrication, d'accords de franchise ou d'échanges technologiques (IBM ou Ford par exemple)[12].

Ainsi le secteur minier, qui représente 70 % des exportations, stagne et le secteur industriel, le plus vaste du continent, décline faisant perdre à l'Afrique du Sud son statut de pays nouvellement industrialisé[11]. De 1981 à 1988, 40 % des multinationales opérant en Afrique du Sud quittent le pays (soit 445 firmes)[12]. En 1987, le niveau des investissements est toutefois inférieur de 70 % au niveau de 1981 alors que se creuse la dette fiscale[14].

En 1985, les activités du secteur industriel représentent 22 % du PNB et dépassent les valeurs minières (15 %). L'extraction des minerais est le monopole de puissants conglomérats internationaux ou sud-africains tels la De Beers pour le diamant. L'Afrique du Sud est alors le premier pays extracteur d'or et de platine (67 % de la production totale mondiale en 1985)[10]. La présence de minerais rares (65 % des réserves mondiales de chrome, 25 % du marché mondial de manganèse) recherchés pour les industries de défense, scientifiques et pour la production énergétique font alors de l'Afrique du Sud un pays indispensable à maintenir dans la zone d'influence des pays occidentaux[10]. Le charbon fournit plus de 93 % de l'énergie électrique qui est alors l'une des moins chères au monde en raison des faibles couts de l'extraction de ce minerai de base. Le secteur des industries de transformations, qui fournit 75 % de la production et de l'emploi en 1988, est de loin le plus solide et le mieux organisé du continent africain, parvenant sur de nombreux aspects au niveau des pays européens[10].

Le secteur agricole connait pour sa part un grand déséquilibre entre la main d'œuvre et la production. Avec 11,2 % de surface cultivables, l'Afrique du Sud présente un visage contrasté où coexistent des exploitations modernes appartenant à des blancs et établies sur les meilleures terres du pays et des exploitations sous-développées appartenant à des agriculteurs noirs et situés dans des bantoustans surpeuplés[10]. Surtout, la superficie des surfaces cultivables ne peut s'étendre en raison des conditions naturelles (sol aride) et d'un processus de dégradation des terres dans les zones où persistent des techniques traditionnelles de culture et d'élevage et dans les zones où des monocultures spéculatives ont entrainé un déboisement radical[10]. L'élevage (principalement de bœufs et de moutons) constitue un secteur clef important (les pâturages représentent 65 % du territoire)[10].

Le pays présente à la fin des années 1980 un système de transport interne efficace et bien structuré, inégalé sur le continent africain. Le réseau routier compte plus de 183 000 km dont 37 000 de routes goudronnées reliant tous les centres urbains. Les lignes de chemins de fer comptent plus de 23 000 km et relient le Botswana, le Zimbabwe et la Namibie. Le pays possède trois grands aéroports internationaux à Johannesbourg (Jan-Smuts), Le Cap (Daniel-François-Malan) et Durban (Louis-Botha)[10].

L'économie de l'Afrique du Sud après l'apartheid

Black Economic Empowerment

Revenu personnel par habitant annuel, par groupe raciaux en Afrique du Sud par rapport aux niveaux du groupe racial blanc.

Depuis 1994, les autorités sud-africaines ont mis en œuvre une politique d’affirmative action visant à promouvoir une meilleure représentation de la majorité noire dans les différents secteurs du pays (administration, services publics et parapublics, sociétés nationalisées et privées). Ainsi, dans de nombreux secteurs, des blancs ont été invités à faire valoir leurs droits à la retraite ou à accepter des licenciements, moyennant une forte indemnité de départ. Un des résultats fut l’appauvrissement d’une partie de cette minorité blanche (10 % de ses membres vivent aujourd’hui avec 1 000 euros par an).

En regard au secteur privé, Warren Piton ainsi que le gouvernement ont mis au point la réforme du Black Economic Empowerment. Il s'agit d'une politique qui touche pour l'instant surtout les entreprises minières, financières, ou celles qui tentent d'obtenir un contrat du gouvernement. Ces dernières doivent démontrer qu'elles ont fait une place aux noirs dans toutes les couches de l'entreprise. Du coup, plusieurs sociétés ont réalisé une transaction au capital-action, invitant des groupes de noirs à acquérir jusqu'à 26 % des actions. Encore, le gouvernement exige des quotas de travailleurs noirs à différents niveaux de gestion.

Mais cette politique d’affirmative action est critiquée d'autant plus qu'elle aurait surtout bénéficié aux proches de l’ANC et favorisé la constitution d’une classe moyenne noire qui s'est empressée d'investir certains quartiers chics réservés autrefois aux seuls blancs au lieu d'aider au développement des anciens townships (les ventes à la communauté noire ont augmenté de 700 % depuis l'année 2000 dans les banlieues riches du nord de Johannesbourg). Fin 2005, selon The Sunday Independent, les Noirs d'Afrique du Sud représentaient désormais plus de la moitié de la classe moyenne, profitant d’une inflation faible et de taux d’intérêt qui n’ont jamais été aussi bas depuis trente ans (en 1994, les Noirs représentaient alors 29 % de cette classe moyenne).

Cette ascension sociale de la communauté noire s'est traduite par l'acquisition de voitures neuves (en 2004, 31 % des propriétaires de véhicules neufs appartenaient à la communauté noire, contre seulement 11 % en 1990), par les acquisitions de logements dans des quartiers fortunés et par l'ouverture de comptes en banque (le nombre de comptes en banque ouverts à la Wesbank, par des clients noirs a augmenté de 40 % entre 2001 et 2005 lesquels représentent désormais 22 % de la clientèle).

Mais en embauchant des noirs, uniquement sur des critères raciaux et quelquefois pour de la figuration, les entreprises sud-africaines ont contribué à alimenter l'inquiétude de la communauté blanche quant à son avenir en Afrique du Sud. Ainsi, selon l'hebdomadaire Marianne, entre 1994 et 1999, cette politique de discrimination positive, associée à l'insécurité, a amené plus d’un million de Sud-Africains blancs, parmi les plus qualifiés, à s’expatrier en Australie, au Royaume-Uni, en Israël ou aux États-Unis. La conséquence immédiate a été une pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs (ingénierie, santé, éducation) et le recours notamment à des médecins cubains pour maintenir le niveau du système de santé.

En 2005, le gouvernement sud-africain redéfinit sa politique d'affirmative action en cherchant à favoriser le retour au pays de ces trop nombreux et trop qualifiés expatriés. C'est la vice-présidente, pourtant une radicale, qui est chargé de leur faire cet appel du pied en promouvant des salaires incitatifs à ceux qui reviendraient au pays.

L’économie sud-africaine est tout de même en bonne santé avec une croissance plus rapide que prévu (5,1 % en 2006) et un endettement des ménages atteignant, au troisième trimestre, 63,5 % du revenu disponible.

En 2019, le salaire moyen des Sud-africains blancs est 3,5 fois plus élevé que celui des Sud-africains noirs ; 20 % des foyers noirs vivent dans une extrême pauvreté contre 2,9 % des foyers blancs[15]. Le chômage frappe 27 % de la population et trois millions de personnes ont basculé dans la pauvreté entre 2011 et 2015[16].

La réforme agraire

Depuis 1994, seulement 5 % à peine des fermes ont été redistribuées aux 1,2 million de noirs alors que 60 000 propriétaires blancs possèdent et gèrent toujours 80 % des surfaces cultivables. Le gouvernement s'était donné en 1994 comme objectif de redistribuer 30 % des terres d’ici 2014 mais le plan de réforme agraire qui devait se terminer à cette date a été repoussé en 2025[17].

La loi prévoit que les descendants des fermiers noirs, dépossédés par la force ou injustement indemnisés dans le cadre des lois adoptées depuis 1913, peuvent demander la restitution de leurs terres. C'est l’État qui finance leur rachat, en négociant le prix avec le propriétaire. En cas d’échec, une expropriation peut intervenir (alors que seulement 1 % du budget national est affecté à la redistribution). Le fermier peut ensuite faire appel auprès du ministre de la Terre avant d'aller en justice. La Constitution sud-africaine garantit qu’en cas d’expropriation, la victime doit être équitablement indemnisée.

En , la majorité des 4 000 participants au «Sommet sur la terre», a recommandé des expropriations alors que la vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka demandait d'«importer des experts du Zimbabwe».

Ainsi, pour contrer cette galvanisation des noirs sud-africains sensibles aux expropriations forcées (et sans indemnités) du Zimbabwe de Robert Mugabe, c'est en que pour la première fois la commission chargée de la restitution des terres aux Noirs demande l'expropriation d'un fermier blanc marquant la volonté du gouvernement d’accélérer la réforme agraire afin d'éviter qu'un « Mouvement des sans terres » politisé et violent ne se développe dans le pays. La victime de l'expropriation est un fermier afrikaner de Lichtenburg (province du Nord-Ouest) et les biens expropriés sont sa ferme d’élevage de 500 hectares, son petit abattoir et sa maison. Sa famille avait racheté ces biens en 1968 au précédent propriétaire qui avait acheté ces terres en 1942.

Cependant, cette redistribution ne doit pas affecter la rentabilité économique de ces terres car la restitution à des Noirs de la majorité des fermes des vallées fertiles du Limpopo a tourné au désastre, faute d’encadrement technique et financier.

Le secteur agricole doit par ailleurs faire face à la sécheresse : dans la province du Cap, celle-ci a fait baisser la production de 20 % en 2019[9].

En 2018, 30 000 fermes commerciales emploient environ 840 000 ouvriers agricoles. Les conditions de vie de ces derniers sont souvent difficiles ; beaucoup vivent dans des taudis dépourvus d'eau courante. La directrice de l'association pour l'avancement rural, Laurel Oettle, souligne que « les saisonniers n'ont pas revenus pendant des mois. Certains sont parfois payés en produits agricoles. Les cas d'abus sexuels son nombreux. L'accès aux tombes des ancêtres donne lieu à des conflits avec les propriétaires des terres[9]. »

Le développement du capitalisme noir

Depuis 1994 et sur la base du volontariat, pratiquement tous les grands groupes miniers et les banques ont cédé entre 10 et 26 % de leur capital à des noirs, indiens et métis. Dans un premier temps, une petite élite noire, issue des leaders de l'ANC, s'est reconvertie dans les affaires en bénéficiant de grosses cessions de capital d'entreprises. Le plus riche d'entre eux est Patrice Motsepe qui a accumulé une fortune de plus de 500 millions de dollars en à peine dix ans.

Depuis 2000, des objectifs précis ont été négociés dans certains secteurs (mines, banques, distribution du pétrole, etc.). Ainsi, selon la charte minière de 2002, toutes les compagnies doivent céder 26 % de leur capital d'ici à 2014. Les Noirs devront représenter 40 % des cadres en 2009. Les compagnies qui ne respecteront pas ces conditions pourront perdre leurs droits d'exploitation.

C'est dans ce cadre que De Beers, premier producteur mondial de diamant, a annoncé le , qu'il cédait 26 % de ses mines en Afrique du Sud à un consortium noir, Ponahalo (détenu à 50 % par De Beers) présidé par Manne Dipico, ancien premier ministre du Cap-Nord. À la fin de l'année 2005, Jonathan Oppenheimer, le directeur exécutif de la De Beers, devrait laisser son poste à un noir pour ne garder que la présidence. Les autres bénéficiaires de l'opération sont alors l'ancienne ambassadrice sud-africaine en Grande-Bretagne, tout comme les 18 000 employés de De Beers, qui détiennent 50 % de Ponahalo. Ce consortium regroupe pas moins de 80 000 personnes. il a annoncé qu'il réinvestira une partie de ses dividendes dans des projets sociaux. Ces changements devraient ainsi dissiper le climat de méfiance qui pèse sur les relations entre le gouvernement et De Beers. Elle pourrait ainsi empêcher le gouvernement de mettre en action ses menaces de taxation des exportations de diamants.

Le gouvernement de l'ANC a adopté en un code des meilleurs pratiques du Black Economic Empowerment, afin de guider les entreprises qui désirent effectuer une transformation au profit des noirs. Des chartes ayant pouvoir législatif ont été adoptées pour les industries minières, pétrolières, financières et de la construction. D'autres chartes sont à l'étude les industries du transport maritime, de l'import-export, des technologies de l'information et du tourisme.

Toutes les entreprises y compris les PME devront remplir un bulletin de note (ceux qui auront les meilleures notes auront plus de chance de remporter les marchés publics). Les multinationales sont cependant exemptées.

Crise économique

En 2019, l'économie sud africaine est à bout de souffle. Les indicateurs économiques sont dans le rouge[18]. Les raisons sont une croissance économique nulle et des passifs considérables[19]. Le chômage est au plus haut à 27,7 %. La monnaie est dévaluée et l'endettement croissant (à plus de 60 % du PIB). Les dernières années du règne de Jacob Zuma (2009-2018) ont été rythmées par une "litanie de scandales de corruption" frappant le plus haut sommet de l'État qui ont été sévèrement sanctionnées par les marchés[2]. La situation sociale et politique est explosive. Selon un proche de l’ex-président Thabo Mbeki, la situation économique est même catastrophique. L'Afrique du Sud est officiellement revenue en récession ou la deuxième fois en deux ans, lorsque le Covid-19 a atteint le pays. Reconnaissant l'impact potentiellement drastique de la pandémie sur l'économie sud-africaine, le président Cyril Ramaphosa a annoncé plusieurs mesures pour contenir la propagation du virus, qui avait touché 61 personnes en 10 jours depuis le . Citant les facteurs, l'agence de notation Moody a estimé que L'Afrique du Sud devrait faire face à une croissance réduite de 0,7% à 0,4% en 2020[20].

Évaluer le niveau de vie

Le Rapport sur le Développement humain 2008 indique que l'Afrique du Sud se place à la 121e place sur 177 avec un IDH de 0,674. Ce chiffre reste en fait très faible si on le compare aux indices des pays développés. L'espérance de vie à la naissance n'est que de 50,8 ans. Le taux d'alphabétisation des adultes est de 82,4 % et le PIB par habitant (en PPA) est de 9.800 $ US.

Persistance des inégalités (2020).

23,2 % de la population active est au chômage en , selon l'OIT[21]. Ce taux est monté à 27,1 % en 2016, selon l'Agence nationale des statistiques d'Afrique du Sud. Cela représente d'après cette dernière, 5,9 millions de personnes en plus de 2,9 millions de personnes qui ont quitté le marché du travail par découragement. 54,2 % de la population active entre 15 et 24 ans est également au chômage[22].

Il est important de noter qu'en Afrique du Sud, les blancs ont un mode de vie et un niveau de vie similaire à celui de l'Occident. Les noirs ont un mode de vie et un niveau de vie similaire à celui des autres pays africains. Les métis et les indiens constituent une couche intermédiaire. Un rapport gouvernemental paru en 2019 précise que le salaire mensuel moyen des noirs s'établissait à 6 899 rands, soit 422 euros, contre 24 646 rands, 1 506 euros, pour les blancs. Les noirs ont les niveaux d'accès les plus bas à l'Internet et à l'assurance maladie, selon l'étude. Le responsable des statistiques nationales indique également que « les Africains noirs sont généralement plus vulnérables sur le marché du travail et le chômage est élevé dans ce groupe de population », Il a par ailleurs souligné les disparités qui persistent entre les régions du pays : « Le Cap-Oriental, le KwaZulu-Natal et le Limpopo, avec une population rurale importante, comptent une plus grande proportion de ménages pauvres[23]. »

Le , le gouvernement opte pour la mise en place d'un salaire minimum à partir du . Il est fixé à 20 rands (1,3 euro) l’heure ou 3.500 rands par mois[24].

Structure économique

Croissance économique de l'Afrique du Sud par année[25]
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Taux ~5 % ~ 5 % 5,3 % 5,1 % 3,1 % - 1,8 % 2,8 %

L'Afrique du Sud est un pays émergent. Son économie est de plus en plus diversifiée, mais elle reste incapable d'assurer une réduction spectaculaire de la grande pauvreté. Cela explique pourquoi la recherche d'une forte croissance économique est prioritaire sur les autres progrès, dans la lutte contre la pollution par exemple. Cette croissance est forte mais reste fragile : 5,1 % en 2007, 3 % en 2008 (estimation gouvernementale de )[26]. Cependant, avec la crise économique l'Afrique du Sud est entrée en récession ce qui va à terme entrainer de graves problèmes économiques et sociaux.

Caractéristiques structurelles

L'Afrique du Sud est un pays extrêmement riche en ressources de base marquées par l'abondance et la variété de ses minerais et par des exploitations agricoles modernes[10].

L'Afrique du Sud est le premier pays extracteur d'or et de platine et l'un des premiers pour le diamant et l'argent. Le pays possède de larges gisements de vanadium, de chrome (65 % des réserves mondiales), de manganèse, de fluorine, de fer, d'uranium, de zinc, d'antimoine, de cuivre, de charbon, et de tungstène.

Secteur primaire

Col de la vallée viticole de Franschhoek.

Des ressources minières très riches

L'Afrique du Sud bénéficie d'un sous-sol particulièrement riche en ressources naturelles très demandées par l'industrie. Le secteur minier traverse une phase de crise, en particulier au niveau de la production trop irrégulière d'électricité, dont a pourtant tant besoin son vaste système minier.

  • Le deuxième pays producteur d'or du monde (272 tonnes produites en 2007, soit 15 % du volume total) après la République populaire de Chine et en possèderait encore plus de 25 % des réserves mondiales.
    • Le groupe Gold Fields, constatant une baisse de plus de 16 % de sa production d'or sur l'année 2007, envisage une poursuite de cette baisse et la suppression de 7000 emplois.
  • Le leader de la production minière de platine, métal précieux stratégique, avec 75 % de la production mondiale.
  • Une des autres ressources notables est le diamant, dont l'Afrique du Sud est le 5ème producteur mondial. On y trouve aussi de l'uranium, du cuivre, du nickel et de la houille

Une agriculture d'importance variable selon les régions

La production agricole se répartit entre : le maïs, le blé, la canne à sucre, les fruits, les légumes, la viande, la volaille, le mouton, la laine, les produits laitiers, les huiles essentielles.

Secteur tertiaire

Télécommunication

Les zones urbaines bénéficient d'infrastructures de télécommunication modernes et efficaces, particulièrement en ce qui concerne la téléphonie mobile et le réseau Internet. Quatre entreprises de téléphonie mobile existent sur le marché, et offrent leurs services a plus de 42 millions d'abonnés (2007), 82 % de la population était abonnés à la téléphonie mobile[27]. Ces quatre entreprises sont Vodacom, MTN, Cell C et Virgin Mobile SA.

Énergie

Une centrale thermique dans la province de Mpumalanga.

La production d'électricité était de 221,9 TWh en 2004. La consommation de 204,26 TWh. L'Afrique du Sud a exporté 12,45 TWh en 2004, principalement vers le Botswana et a importé 8,03 TWh.

L'électricité locale dépend essentiellement de la production locale de houille, à 94 % en 2007.

Les centrales électriques ainsi que les routes et d'autres infrastructures fondamentales à la bonne marche de l'économie sud africaine (notamment les mines et les quartiers financiers) ont été ignorés par les différents gouvernements noirs (post-apartheid) d'Afrique du Sud. D'autre part le black empowerment a créé des situations ubuesques chez le principal fournisseur d'électricité du pays. Par exemple les entreprises chargées de transporter la houille jusqu'aux centrales ont changé au profit d'entreprises gérées par des noirs qui ont été incapables de gérer l'approvisionnement des centrales. Dans les centrales les hommes blancs n'ont aucune perspective d'évolution, des postes à responsabilité sont donc attribués à des noirs qui ne doivent leur emploi qu'à leur couleur de peau tandis que de nombreux techniciens blancs se reconvertissent ou émigrent hors d'Afrique.

L'acquisition de deux centrales nucléaires est programmée à terme[26].

Commerce extérieur et finance

  • Exportations : or, diamants, d'autres métaux et minéraux, les machines et équipements. Le pays exporte beaucoup vers les États de la partie Sud du continent. Par exemple, c'est le cas de plus de 50 % des importations du Zimbabwe[26].
  • Importations : machines, produits alimentaires et équipements, produits chimiques, produits pétroliers, des instruments scientifiques. Les importations en provenance de l'Union européenne se développent régulièrement, croissant de 11,8 milliards d'euros à 20,5 milliards d'euros[26].
  • Dette : 25,9 milliards de dollars.
  • Réserves de change : $ 17,618 milliards ()

Notes et références

  1. a b c d et e « Présentation de l'Afrique du Sud », sur diplomatie.gouv.fr.
  2. a et b « Elections générales en Afrique du Sud, défis économiques immenses », .
  3. (en) « GDP by Country - Worldometer », sur www.worldometers.info (consulté le )
  4. (en-US) « Home », sur InvestSA (consulté le )
  5. (en) « Topic: Mining industry in South Africa », sur Statista (consulté le )
  6. (en) « South Africa: finance sector's value added to GDP 2014-2020 », sur Statista (consulté le )
  7. (en) « Topic: Financial market in Africa », sur Statista (consulté le )
  8. (en) Johannesburg Stock Exchange, « JSE: Weekly Market Data », sur jse.co.za, (consulté le )
  9. a b et c Cédric Gouverneur, « En Afrique du Sud, la terre n’éponge pas le sang », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)
  10. a b c d e f g h i j et k Encyclopédie géographique 1991, Afrique du Sud, pp. 308-309, La Pochotèque, 1991
  11. a b c d et e Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Beaudet6
  12. a b c d et e Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Beaudet45
  13. Tiré de Géographie du temps présent (1983), classiques Hachette, page 372.
  14. Pierre Beaudet, Les grandes mutations de l'apartheid, L'Harmattan, , 199 p. (ISBN 978-2-296-23401-7, lire en ligne), p.7-10.
  15. « Vingt-cinq ans après la fin de l’apartheid, les Sud-Africains ne sont toujours « pas libres », selon le président », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « En Afrique du Sud, vingt-cinq ans après la fin de l’apartheid, « seuls les riches sont libres » », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  17. article de Radio France International du 14 octobre 2010
  18. « L'économie sud-africaine à bout de souffle », Le Point,‎ (lire en ligne).
  19. https://www.jeuneafrique.com/mag/491244/economie/afrique-du-sud-une-situation-economique-catastrophique/
  20. « Coronavirus : l’Afrique du Sud, déjà en récession, craint l’impact de l’épidémie sur son économie », (consulté le )
  21. [PDF] (en) « Unemployment (aggregate level and rate) Dec 2008 », Organisation internationale du travail, (consulté le )
  22. « Chômage record en Afrique du Sud », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  23. https://www.lepoint.fr/afrique/afrique-du-sud-les-inegalites-entre-blancs-et-noirs-persistent-toujours-15-11-2019-2347610_3826.php
  24. « Un salaire minimum en vigueur en Afrique du Sud dès le 1er janvier », sur La Libre Afrique, (consulté le )
  25. (fr) Taux de croissance
  26. a b c et d Les Échos, 25/07/08
  27. Union internationale des télécommunications, ICT statistics (www.itu.int)

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Janine Aron, Brian Kahn et Geeta Kingdon (dir.), South African economic policy under democracy, Oxford University Press, Oxford, 2009, 366 p. (ISBN 978-0-19-955146-0)
  • (fr) Jean-Pierre Cling, L'économie sud-africaine au sortir de l'apartheid, Karthala, Paris, 2000, 259 p. (ISBN 2-8458-6016-1)
  • (fr) « Afrique du Sud », in Bilan Économie 2010. L'atlas de 179 pays, hors-série Le Monde, p. 104-105
  • (fr) « Afrique du Sud : le test de l'après-Mondial », in L'État de l'Afrique 2010, hors-série Jeune Afrique no 24, p. 150-151

Liens externes

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