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Monique Charlotte Hakim, née Monique Jafé le {{date de naissance |21 novembre 1937}} à [[Marseille]] et morte le {{date de décès| 27 septembre 2013}} à [[Los Angeles]], en [[Californie]], est une mathématicienne française, professeur des universités à l’université de Paris X-Nanterre. Elle est spécialiste de [[géométrie algébrique]], d’[[analyse complexe]] à plusieurs variables et de [[dynamique holomorphe]].
'''Monique Charlotte Hakim''', née '''Monique Jafé''' le {{date de naissance |21 novembre 1937}} à [[Marseille]] et morte le {{date de décès| 27 septembre 2013}} à [[Los Angeles]], en [[Californie]], est une mathématicienne française, professeur des universités à l’université de Paris X-Nanterre. Elle est spécialiste de [[géométrie algébrique]], d’[[analyse complexe]] à plusieurs variables et de [[dynamique holomorphe]].


== Biographie ==
== Biographie ==
Après des études au [[lycée Thiers]] de [[Marseille]], Monique Jafé est reçue première en 1957 à l’[[École normale supérieure de jeunes filles|École normale supérieure de Sèvres]]<ref name="Annuaire">{{lien web|site=Annuaire de l’association des anciens élèves, élèves et amis de l’École normale supérieure|titre=Monique Hakim|consulté le=2 mai 2024|url=https://www.archicubes.ens.fr/lannuaire#annuaire_chercher?identite=jafé}}.</ref>, elle passe en 1960 l’[[agrégation de mathématiques]]<ref>{{lien web|auteur=André Chervel|titre=Les agrégés de l'enseignement secondaire|date= 2015|consulté le=2 mai 2024|url=https://rhe.ish-lyon.cnrs.fr/?q=agregsecondaire_laureats}}.</ref>. Elle prépare ensuite sous la direction d’[[Alexandre Grothendieck]] une thèse de l'[[Université de Paris (1896-1970)|université de Paris]], intitulée «  Schémas Relatifs », qu’elle soutient en 1967 à la Faculté des sciences d'Orsay<ref>{{lien web|titre= Thèses de l’université de Paris (1866-1971)|consulté le=2 mai 2024|url=https://bibliotheque.imo.universite-paris-saclay.fr/bibliotheques-numeriques-theses-et-publications-du-laboratoire/theses/liste-des-theses-de-l-universite-de-paris-1866-1971/}}.</ref>.
Après des études au [[lycée Thiers]] de [[Marseille]], Monique Jafé est reçue première en 1957 à l’[[École normale supérieure de jeunes filles|École normale supérieure de Sèvres]]<ref name="Annuaire">{{lien web|site=Annuaire de l’association des anciens élèves, élèves et amis de l’École normale supérieure|titre=Monique Hakim|consulté le=2 mai 2024|url=https://www.archicubes.ens.fr/lannuaire#annuaire_chercher?identite=jafé}}.</ref>, elle passe en 1960 l’[[agrégation de mathématiques]]<ref>{{lien web|auteur=André Chervel|titre=Les agrégés de l'enseignement secondaire|date= 2015|consulté le=2 mai 2024|url=https://rhe.ish-lyon.cnrs.fr/?q=agregsecondaire_laureats}}.</ref>. Elle prépare ensuite sous la direction d’[[Alexandre Grothendieck]] une thèse de l'[[Université de Paris (1896-1970)|université de Paris]], intitulée «  Schémas Relatifs », qu’elle soutient en 1967 à la Faculté des sciences d'Orsay<ref>{{lien web|titre= Thèses de l’université de Paris (1866-1971)|consulté le=2 mai 2024|url=https://bibliotheque.imo.universite-paris-saclay.fr/bibliotheques-numeriques-theses-et-publications-du-laboratoire/theses/liste-des-theses-de-l-universite-de-paris-1866-1971/}}.</ref>.


Pendant cette période, Jafé-Hakim est chercheuse au CNRS. Elle obtient après sa thèse un poste à l’[[université de Montpellier]] jusqu’à 1975, où elle est nommée professeure à l'[[université Paris-Nanterre|université Paris X-Nanterre]]<ref name="Annuaire"/>. Parallèlement, de 1975 à 1979, elle est aussi chargée de cours à l’[[École polytechnique (France)|École Polytechnique]]<ref name="archi">{{article|auteur= Rémi Hakim|titre=Monique Jafé-Hakim|périodique= Archicubes: Vie de l’association des anciens élèves l’École normale supérieure| date=2015|volume=17bis|passage=206-208}}</ref>.
Pendant cette période, Jafé-Hakim est chercheuse au CNRS. Elle obtient après sa thèse un poste à l’[[université de Montpellier]] jusqu’à 1975, où elle est nommée professeure à l'[[université Paris-Nanterre|université Paris X-Nanterre]]<ref name="Annuaire"/>. Parallèlement, de 1975 à 1979, elle est aussi chargée de cours à l'[[École polytechnique (France)|École Polytechnique]]<ref name="archi">{{article|auteur= Rémi Hakim|titre=Monique Jafé-Hakim|périodique= Archicubes: Vie de l’association des anciens élèves l’École normale supérieure| date=2015|volume=17bis|passage=206-208}}</ref>.


== Travaux ==
== Travaux ==
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Enfin Monique Hakim s’est intéressée à la [[dynamique holomorphe]]<ref>{{article|auteur=Monique Hakim|titre=Analytic transformation of (<math>C^p</math>, 0) tangent to the identity|périodique=Duke Mathematical Journal|volume= 92|date=1998|numéro=2|pages=403-428}}.</ref>. Comme l'expliquent M. Arizzi et J. Raissy dans leur article de synthèse : « Les techniques de Hakim ont été largement utilisées dans l'étude de l'existence de courbes paraboliques, de bassins d'attraction et de {{lien|trad=domaines de Fatou-Bieberbach}}, c'est-à-dire des ouverts propres de <math>C^p</math> biholomorphes à <math>C^p</math><ref>{{chapitre|auteur1=M. Arizzi|auteur2=J. Raissy|titre chapitre= On Ecalle-Hakim’s theorems in holomorphic dynamics|auteurs ouvrage=Araceli Bonifant, Misha Lyubich, and Scott Sutherland|titre ouvrage=Frontiers in Complex Dynamics: in Celebration of John Milnor’s 80th Birthday|date=2014|passage=387-449|éditeur=Princeton University Press}}.</ref> ».
Enfin Monique Hakim s’est intéressée à la [[dynamique holomorphe]]<ref>{{article|auteur=Monique Hakim|titre=Analytic transformation of (<math>C^p</math>, 0) tangent to the identity|périodique=Duke Mathematical Journal|volume= 92|date=1998|numéro=2|pages=403-428}}.</ref>. Comme l'expliquent M. Arizzi et J. Raissy dans leur article de synthèse : « Les techniques de Hakim ont été largement utilisées dans l'étude de l'existence de courbes paraboliques, de bassins d'attraction et de {{lien|trad=domaines de Fatou-Bieberbach}}, c'est-à-dire des ouverts propres de <math>C^p</math> biholomorphes à <math>C^p</math><ref>{{chapitre|auteur1=M. Arizzi|auteur2=J. Raissy|titre chapitre= On Ecalle-Hakim’s theorems in holomorphic dynamics|auteurs ouvrage=Araceli Bonifant, Misha Lyubich, and Scott Sutherland|titre ouvrage=Frontiers in Complex Dynamics: in Celebration of John Milnor’s 80th Birthday|date=2014|passage=387-449|éditeur=Princeton University Press}}.</ref> ».


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Version du 21 mai 2024 à 23:34

Monique Charlotte Hakim, née Monique Jafé le à Marseille et morte le à Los Angeles, en Californie, est une mathématicienne française, professeur des universités à l’université de Paris X-Nanterre. Elle est spécialiste de géométrie algébrique, d’analyse complexe à plusieurs variables et de dynamique holomorphe.

Biographie

Après des études au lycée Thiers de Marseille, Monique Jafé est reçue première en 1957 à l’École normale supérieure de Sèvres[1], elle passe en 1960 l’agrégation de mathématiques[2]. Elle prépare ensuite sous la direction d’Alexandre Grothendieck une thèse de l'université de Paris, intitulée «  Schémas Relatifs », qu’elle soutient en 1967 à la Faculté des sciences d'Orsay[3].

Pendant cette période, Jafé-Hakim est chercheuse au CNRS. Elle obtient après sa thèse un poste à l’université de Montpellier jusqu’à 1975, où elle est nommée professeure à l'université Paris X-Nanterre[1]. Parallèlement, de 1975 à 1979, elle est aussi chargée de cours à l'École Polytechnique[4].

Travaux

Monique Hakim a apporté d'importantes contributions dans trois domaines distincts.

Les premiers travaux de Monique Hakim s'inscrivent dans le programme lancé par Alexandre Grothendieck pour refonder la géométrie algébrique. Il s'agit en particulier dans la thèse de Hakim de formaliser une théorie de schémas relatifs qui rende compte d'une notion intuitive de famille de schémas paramétrée par un espace annelé et de mettre au point un cadre qui permette ainsi de faire de la géométrie algébrique relative sur des variétés différentiables ou des espaces analytiques[5]. Hakim l'a formulée dans le cadre des topos[6]. Ce travail considéré comme pionnier[7], a été un point de départ dans l'usage de la théorie des topos classifiants, en particulier en logique.  

Dans son cours à l’IHES en 2015, Laurent Lafforgue explique par exemple : « La notion de topos classifiant d’une théorie du premier ordre (au sens de la logique) est apparue dans des cas particuliers dans la thèse de M. Hakim dirigée par Grothendieck et a été progressivement systématisée dans la première moitié des années 1970 par Lawvere, Cole, Reyes, Joyal, Makkai et d’autres[8] ».  Avec Olivia Caramello, il précise : « Moins universellement connue [que les invariants des topos associés aux objets géométriques] mais tout aussi remarquable et importante est la possibilité, découverte dans les années 1970 par des logiciens  à partir de premiers exemples donnés dans la thèse de Monique Hakim, d'associer à toute théorie du premier ordre (au sens de la logique) qui est « géométrique », un topos bien défini à équivalence près, appelé son topos classifiant, qui incarne le contenu mathématique de cette théorie[9] ».

Après cette thèse, Monique s’intéresse brièvement à la recherche opérationnelle, puis plus durablement à l’analyse à plusieurs variables complexes, tout en étant chercheuse associée au laboratoire de mathématiques de l’université de Paris-Sud.

En analyse complexe, elle étudie les valeurs au bord des fonctions holomorphes bornées dans la boule unité B de l'espace complexe de dimension p, , pour p supérieur ou égal à 2 ; en particulier elle s'intéresse aux fonctions intérieures, c’est-à-dire les fonctions holomorphes bornées non constantes sur B dont la limite radiale est de module 1 presque partout sur le bord de la boule unité ; la limite radiale en un point z du bord de B est la limite le long du segment joignant le centre de la boule à z, c’est-à-dire la limite des quand r, plus petit que 1, tend vers 1. On savait caractériser ces fonctions en dimension 1, mais en dimension supérieure, Walter Rudin avait conjecturé en 1965 qu’il n’en existe pas. En 1981, à quelques semaines d’intervalle, indépendamment et avec une approche différente, A.B. Alexandrov, d’une part, et M. Hakim et Nessim Sibony, d’autre part, démontrent des résultats qui semblent infirmer la conjecture de Rudin et font penser que des fonctions intérieures peuvent en fait exister. C’est en raffinant la méthode de Hakim-Sibony que E. Løw montre quelques semaines plus tard que l’on peut en effet construire des fonctions intérieures. L’ensemble de ces résultats feront l’objet d’un exposé au séminaire Nicolas Bourbaki en 1983 [10]. La méthode constructive de Hakim et Sibony leur a aussi fourni des informations sur les zéros ou les valeurs au bord des modules de fonctions holomorphes bornées sur la boule unité, en dimension p≥2[11].

Enfin Monique Hakim s’est intéressée à la dynamique holomorphe[12]. Comme l'expliquent M. Arizzi et J. Raissy dans leur article de synthèse : « Les techniques de Hakim ont été largement utilisées dans l'étude de l'existence de courbes paraboliques, de bassins d'attraction et de domaines de Fatou-Bieberbach, c'est-à-dire des ouverts propres de biholomorphes à [13] ».

Notes et références

  1. a et b « Monique Hakim », sur Annuaire de l’association des anciens élèves, élèves et amis de l’École normale supérieure (consulté le ).
  2. André Chervel, « Les agrégés de l'enseignement secondaire », (consulté le ).
  3. « Thèses de l’université de Paris (1866-1971) » (consulté le ).
  4. Rémi Hakim, « Monique Jafé-Hakim », Archicubes: Vie de l’association des anciens élèves l’École normale supérieure, vol. 17bis,‎ , p. 206-208
  5. Michel Raynaud, « Grothendieck et la théorie des schémas », dans Leila Schneps (ed.), Alexandre Grothendieck: a mathematical portrait, International Press, , p. 25–34.
  6. Monique Hakim, Topos annelés et schémas relatifs, vol. 64, Berlin, New York, Springer, coll. « Ergebnisse der Mathematik und ihrer Grenzgebiete », .
  7. Gustavo Corach, « Moerdijk, I., Ngô Van Quê and Reyes, G. E, Rings of smooth functions and their localizations. II », MathSciNet - Mathematical Reviews,‎ .
  8. Laurent Lafforgue, « Cours sur les motifs », .
  9. Olivia Caramello et Laurent Lafforgue, « Sur la dualité des topos et de leurs présentations et ses applications: une introduction », .
  10. Monique Hakim, « Valeurs au bord de fonctions holomorphes bornées en plusieurs variables complexes », Séminaire Bourbaki, vol. 35,‎ 1982-1983, p. 293-305.
  11. Monique Hakim et Nessim Sibony, « Zéros des fonctions holomorphes bornées dans la boule unité de  », Mathematische Annalen, vol. 260,‎ , p. 469-474.
  12. Monique Hakim, « Analytic transformation of (, 0) tangent to the identity », Duke Mathematical Journal, vol. 92, no 2,‎ , p. 403-428.
  13. M. Arizzi et J. Raissy, «  On Ecalle-Hakim’s theorems in holomorphic dynamics », dans Araceli Bonifant, Misha Lyubich, and Scott Sutherland, Frontiers in Complex Dynamics: in Celebration of John Milnor’s 80th Birthday, Princeton University Press, , p. 387-449.

Liens externes