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[[File:Gipsy caravan, Fishers Farm - geograph.org.uk - 238741.jpg|thumb|Verdine d'origine anglaise]]
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Une '''verdine''' est une [[roulotte]] qui a été utilisée par les populations nomades, essentiellement [[Roms|tzigane]]s du milieu du XIX{{e}} et milieu du XX{{e}} siècle. Elle était tirée par des chevaux ou des bœufs et aménagée telle une maison.
Une '''verdine''' est une [[roulotte]] qui a été utilisée par les [[Nomadisme|populations nomades]], essentiellement [[Roms|tzigane]]s du milieu du {{s mini-|XIX|e}} au milieu du {{s-|XX|e}}. Elle était [[traction hippomobile|tirée par des chevaux]] ou des bœufs et aménagée en habitation.


==Origine==
==Origine==
[[File:Vincent van Gogh - Les roulottes, campement de bohémiens.jpg|thumb|Les verdines de Van Gogh en 1888]]
[[File:Vincent van Gogh - Les roulottes, campement de bohémiens.jpg|thumb|[[Les Roulottes, campement de Bohémiens|Les verdines de Van Gogh en 1888.]]]]
Les premiers chariots servant d'habitat sont attestés en [[Albanie]] au début du XIX{{e}} siècle. Ils se présentaient comme une sorte de cabane tirée par des bœufs tandis que la famille cheminait à côté<ref name="roulottes">[http://la-cle-des-roulottes.com/histoire_gites_roulottes.php Histoire des roulottes]</ref>.
Les premiers chariots servant d'habitat sont attestés en [[Albanie]] au début du {{s-|XIX|e}}. Ils se présentaient comme une sorte de cabane tirée par des bœufs tandis que la famille cheminait à côté<ref name="roulottes">[http://la-cle-des-roulottes.com/histoire_gites_roulottes.php Histoire des roulottes]</ref>.


Au milieu du XIX{{e}} siècle apparait la verdine. [[François Jourda de Vaux de Foletier]] indique que c'est en [[1833]] qu'elle se répand en [[Angleterre]]. Véritable maison, elle possède porte, fenêtres, volets et un escalier escamotable permet d'y accéder. Selon les procès-verbaux du recensement des nomades, elle n'est repérée en France qu'en [[1895]], mais [[Van Gogh]] en peint trois près d'[[Arles]] en [[1888]]<ref name="roulottes"/>{{,}}<ref name="Humeau">[http://books.google.fr/books?id=huKkxcD-3xQC&pg=PA48&dq=Verdine+roulotte&hl=fr&sa=X&ei=j04jT7cSxvDxA8Xo3Y8L&sqi=2&ved=0CEwQ6AEwAQ#v=onepage&q=Verdine%20roulotte&f=false Jean-Baptiste Humeau, ''Tsiganes en France: de l'assignation au droit d'habiter'', Page 48]</ref>.
Au milieu du {{s-|XIX|e}} apparait la verdine. [[François Jourda de Vaux de Foletier]] indique que c'est en [[1833]] qu'elle se répand en [[Angleterre]]. Véritable maison, elle possède porte, fenêtres, volets et un escalier escamotable permet d'y accéder. Selon les procès-verbaux du recensement des nomades, elle n'est repérée en France qu'en [[1895]], mais [[Vincent van Gogh]] en peint trois près d'[[Arles]] en [[1888]]<ref name="roulottes"/>{{,}}<ref name="Humeau">[https://books.google.fr/books?id=huKkxcD-3xQC&pg=PA48&dq=Verdine+roulotte&hl=fr&sa=X&ei=j04jT7cSxvDxA8Xo3Y8L&sqi=2&ved=0CEwQ6AEwAQ#v=onepage&q=Verdine%20roulotte&f=false Jean-Baptiste Humeau, ''Tsiganes en France: de l'assignation au droit d'habiter'', Page 48]</ref>.


==Étymologie==
==Étymologie==
Elles se nomment aussi ''vagi'' ou ''verdon''<ref name="Humeau"/>. Il semble d'ailleurs que verdine soit une déformation de ''verdon'', mot d'origine ossète désignant une roulotte<ref name="Praneuf">[http://books.google.fr/books?id=9q4G3ZrxV4AC&pg=PA169&dq=Verdine+roulotte&hl=fr&sa=X&ei=zVAjT77qAs2Y8gPv06CrBw&ved=0CEgQ6AEwADgU#v=onepage&q=Verdine%20roulotte&f=false Michel Praneuf, ''Peuple des Balkans'', Pages 169-170]</ref>.
Elles se nomment aussi ''vagi'' ou ''verdon''<ref name="Humeau"/>. Il semble d'ailleurs que verdine soit une déformation de ''verdon'', mot d'origine [[ossète]] désignant une roulotte<ref name="Praneuf">[https://books.google.fr/books?id=9q4G3ZrxV4AC&pg=PA169&dq=Verdine+roulotte&hl=fr&sa=X&ei=zVAjT77qAs2Y8gPv06CrBw&ved=0CEgQ6AEwADgU#v=onepage&q=Verdine%20roulotte&f=false Michel Praneuf, ''Peuple des Balkans'', Pages 169-170]</ref>. Il est aussi possible que ''verdine'' provienne de l'adjectif ''verte'', qui désignait la couleur des roulottes utilisé pour se fondre dans le paysage.


==Usage et construction==
==Usage et construction==
Les dernières ont été construites dans les [[années 1950]]. Seuls les pneus les différenciaient de celles du XIX{{e}} siècle<ref name="Haler">[http://books.google.fr/books?id=KRLdQILeHPsC&pg=PA31&dq=Verdine+gitan&hl=fr&sa=X&ei=3UojT5PXG8jr8QPd8IThBw&sqi=2&ved=0CDwQ6AEwAA#v=onepage&q=Verdine%20gitan&f=false Miguel Haler, ''La route des Gitans'', p. 31]</ref>. En France, elles furent principalement utilisées par les [[Sinti|Manouches]] et les [[Yéniches]]<ref name="Humeau"/>.
Les dernières ont été construites dans les [[années 1950]]. Seuls les pneus les différenciaient de celles du {{s-|XIX|e}}<ref name="Haler">[https://books.google.fr/books?id=KRLdQILeHPsC&pg=PA31&dq=Verdine+gitan&hl=fr&sa=X&ei=3UojT5PXG8jr8QPd8IThBw&sqi=2&ved=0CDwQ6AEwAA#v=onepage&q=Verdine%20gitan&f=false Miguel Haler, ''La route des Gitans'', {{p.|31}}]</ref>. En France, elles furent principalement utilisées par les [[Sinté|Manouches]] et les [[Yéniches]]<ref name="Humeau"/>.


La verdine était entièrement construite en bois par des [[charpentier]]s et des [[Charron (métier)|charron]]s. Son futur propriétaire, avant d'en prendre possession, y passait toute une nuit avec une [[bougie]] pour vérifier la présence de courants d'air<ref name="Haler"/>. La richesse des occupants se devinait à l’aspect extérieur. Ornements finement sculptés, cuivres astiqués, couleurs chatoyantes étaient des signes d’aisance<ref name="roulottes"/>. Les autres étaient le plus souvent peintes à l'extérieur et le temps faisait apparaître des écailles d'usure<ref name="Audidier">[http://books.google.fr/books?id=MeOjxLpWqXAC&pg=PA135&dq=Verdine+roulotte&hl=fr&sa=X&ei=u1IjT6PSGo-AhQfphLmJCw&ved=0CGoQ6AEwBzgo#v=onepage&q=Verdine%20roulotte&f=false René Audidier, ''Les sentiers de traverse'' Page 135]</ref>.
La verdine était entièrement construite en bois par des [[charpentier]]s et des [[Charron (métier)|charron]]s. Son futur propriétaire, avant d'en prendre possession, y passait toute une nuit avec une [[bougie]] pour vérifier la présence de courants d'air<ref name="Haler"/>. La richesse des occupants se devinait à l’aspect extérieur. Ornements finement sculptés, cuivres astiqués, couleurs chatoyantes étaient des signes d’aisance<ref name="roulottes"/>. Les autres étaient le plus souvent simplement extérieurement peintes, d'une peinture que le temps faisait s'écailler<ref name="Audidier">[https://books.google.fr/books?id=MeOjxLpWqXAC&pg=PA135&dq=Verdine+roulotte&hl=fr&sa=X&ei=u1IjT6PSGo-AhQfphLmJCw&ved=0CGoQ6AEwBzgo#v=onepage&q=Verdine%20roulotte&f=false René Audidier, ''Les sentiers de traverse'' Page 135]</ref>.
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File:Riche verdine.jpg|Riche verdine
Fichier:Riche verdine.jpg|Riche verdine.
File:Convoi de verdines.jpg|Convoi de verdines
Fichier:Convoi de verdines.jpg|Convoi de verdines.
File:Intérieur de Verdine.jpg|Intérieur d'une verdine
Fichier:Intérieur de Verdine.jpg|Intérieur d'une verdine.
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Mue sur de hautes roues en bois cerclées de fer, tirée par deux chevaux, cette roulotte était placée sur deux essieux dont celui de l'avant pivotait. Elle avait une largeur maximale de 2,50 mètres, et sa longueur pouvait aller jusqu'à 7 mètres. Son toit arrondi fait auvent pour protéger le conducteur<ref name="Haler"/>.
Assise sur de hautes roues en bois cerclées de fer, tirée par deux chevaux, cette roulotte était placée sur deux essieux dont celui de l'avant pivotait. Elle avait une largeur maximale de {{unité|2.50|mètres}}, et sa longueur pouvait aller jusqu'à {{unité|7|mètres}}. Son toit arrondi se prolongeait en auvent pour protéger le conducteur<ref name="Haler"/>.


L’intérieur était chauffé grâce à un [[brasero]], un [[poêle]] à bois ou à charbon. Elle possédait un buffet, la cuisine regorgeait d'ustensiles, de casseroles et de paniers d'osier emplis de légumes. Le lit des parents, en alcôve, était situé au fond. En dessous se trouvait un placard où dormaient les enfants, il servait de rangement pendant la journée. Des ridelles et des placards permettaient de stocker ustensiles et denrées. Un garde-manger était aménagé sous le [[plancher]], près des roues, à côté du seau hygiénique. Les banquettes et la table étaient pliantes et une [[trappe]] prévue dans le plancher pour fuir la police en cas de nécessité<ref name="roulottes"/>{{,}}<ref name="Haler"/>{{,}}<ref name="Audidier"/>.
L’intérieur était chauffé grâce à un [[brasero]], un [[poêle (chauffage)|poêle]] à bois ou à charbon. Elle possédait un buffet, la cuisine regorgeait d'ustensiles, de casseroles et de paniers d'osier emplis de légumes. Le lit des parents, en [[alcôve]], était situé au fond. En dessous se trouvait un placard où dormaient les enfants. Il servait de rangement pendant la journée. Des ridelles et des placards permettaient de serrer ustensiles et denrées. Un garde-manger était aménagé sous le [[plancher]], près des roues, à côté du seau hygiénique. Les banquettes et la table étaient pliantes et une [[trappe (menuiserie)|trappe]] était prévue dans le plancher pour fuir la police en cas de nécessité<ref name="roulottes"/>{{,}}<ref name="Haler"/>{{,}}<ref name="Audidier"/>.


Ce lieu de résidence était sacré. Il était interdit aux femmes d’y accoucher et on ne pouvait y mourir, sinon l'endroit devenait impur. Comme personne n'aurait acheté une verdine dans laquelle il y avait eu un décès<ref name="roulottes"/>, il était de coutume de brûler tout ce qui avait appartenu au mort, verdine comprise pour empêcher son âme de venir la hanter<ref name="Praneuf"/>.
Ce lieu de résidence était sacré. Il était interdit aux femmes d’y accoucher et on ne pouvait y mourir, sinon l'endroit devenait impur. Comme personne n'aurait acheté une verdine dans laquelle il y avait eu un décès<ref name="roulottes"/>, il était de coutume de brûler tout ce qui avait appartenu au mort, verdine comprise pour empêcher son âme de venir la hanter<ref name="Praneuf"/>.


== Voir aussi ==
== Annexes ==
=== Articles connexes ===
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* [[Liste des véhicules hippomobiles]]
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==Notes et références==
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Version du 24 mars 2024 à 16:10

Verdine d'origine anglaise.

Une verdine est une roulotte qui a été utilisée par les populations nomades, essentiellement tziganes du milieu du XIXe au milieu du XXe siècle. Elle était tirée par des chevaux ou des bœufs et aménagée en habitation.

Origine

Les verdines de Van Gogh en 1888.

Les premiers chariots servant d'habitat sont attestés en Albanie au début du XIXe siècle. Ils se présentaient comme une sorte de cabane tirée par des bœufs tandis que la famille cheminait à côté[1].

Au milieu du XIXe siècle apparait la verdine. François Jourda de Vaux de Foletier indique que c'est en 1833 qu'elle se répand en Angleterre. Véritable maison, elle possède porte, fenêtres, volets et un escalier escamotable permet d'y accéder. Selon les procès-verbaux du recensement des nomades, elle n'est repérée en France qu'en 1895, mais Vincent van Gogh en peint trois près d'Arles en 1888[1],[2].

Étymologie

Elles se nomment aussi vagi ou verdon[2]. Il semble d'ailleurs que verdine soit une déformation de verdon, mot d'origine ossète désignant une roulotte[3]. Il est aussi possible que verdine provienne de l'adjectif verte, qui désignait la couleur des roulottes utilisé pour se fondre dans le paysage.

Usage et construction

Les dernières ont été construites dans les années 1950. Seuls les pneus les différenciaient de celles du XIXe siècle[4]. En France, elles furent principalement utilisées par les Manouches et les Yéniches[2].

La verdine était entièrement construite en bois par des charpentiers et des charrons. Son futur propriétaire, avant d'en prendre possession, y passait toute une nuit avec une bougie pour vérifier la présence de courants d'air[4]. La richesse des occupants se devinait à l’aspect extérieur. Ornements finement sculptés, cuivres astiqués, couleurs chatoyantes étaient des signes d’aisance[1]. Les autres étaient le plus souvent simplement extérieurement peintes, d'une peinture que le temps faisait s'écailler[5].

Assise sur de hautes roues en bois cerclées de fer, tirée par deux chevaux, cette roulotte était placée sur deux essieux dont celui de l'avant pivotait. Elle avait une largeur maximale de 2,50 mètres, et sa longueur pouvait aller jusqu'à 7 mètres. Son toit arrondi se prolongeait en auvent pour protéger le conducteur[4].

L’intérieur était chauffé grâce à un brasero, un poêle à bois ou à charbon. Elle possédait un buffet, la cuisine regorgeait d'ustensiles, de casseroles et de paniers d'osier emplis de légumes. Le lit des parents, en alcôve, était situé au fond. En dessous se trouvait un placard où dormaient les enfants. Il servait de rangement pendant la journée. Des ridelles et des placards permettaient de serrer ustensiles et denrées. Un garde-manger était aménagé sous le plancher, près des roues, à côté du seau hygiénique. Les banquettes et la table étaient pliantes et une trappe était prévue dans le plancher pour fuir la police en cas de nécessité[1],[4],[5].

Ce lieu de résidence était sacré. Il était interdit aux femmes d’y accoucher et on ne pouvait y mourir, sinon l'endroit devenait impur. Comme personne n'aurait acheté une verdine dans laquelle il y avait eu un décès[1], il était de coutume de brûler tout ce qui avait appartenu au mort, verdine comprise pour empêcher son âme de venir la hanter[3].

Annexes

Articles connexes

Notes et références

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