« Raymond Gurême » : différence entre les versions

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'''Raymond Gurême''', né en 1925 et mort le {{Date|24-05-2020}}, est l'un des derniers survivants de l'[[Roms#Camps d'internement de « nomades » en France|internement des « Nomades » en France]] de [[1940]] à [[1946]].
'''Raymond Gurême''', né le {{Date|11-08-1925}} à [[Meigneux (Seine-et-Marne)|Meigneux]] ([[Seine-et-Marne]]) et mort le {{Date|24-05-2020}} à [[Arpajon]], est un [[forain]] [[France|français]], l'un des derniers survivants de l'[[Rroms#Camps d'internement de « nomades » en France|internement des « Nomades » en France]] de [[1940]] à [[1946]].

[[Résistance intérieure française|Résistant]] pendant la [[Seconde Guerre mondiale|guerre]], il consacre ensuite sa vie à la lutte contre l'[[antitziganisme]].


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Jeunesse ===
=== Jeunesse ===
Raymond Gurême naît en [[1925]] en [[Seine-et-Marne]] au sein d'une famille [[Sinté|manouche]] itinérante depuis des générations<ref name=":1">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Festival de cinéma de Douarnenez|titre=Raymond Gurême, l'homme révolté|url=https://blogs.mediapart.fr/infofestival-douarnenezcom/blog/210813/raymond-gureme-lhomme-revolte|site=blogs.mediapart.fr|périodique=|date=21-08-2013|consulté le=}}</ref>. Sa mère, Mélanie Gurême, est issue d'une famille de vanniers, et son père, Hubert Leroux, est [[forain]] et tient un [[cirque]] ainsi qu'un cinéma muet ambulants<ref name=":1" />. Il est le troisième de neuf enfants<ref name=":1" />.
Raymond Gurême naît en 1925 à [[Meigneux (Seine-et-Marne)|Meigneux]]<ref name="carte">{{Lien web |langue=en |auteur1= |titre=From Circus Acrobat To Resistance Fighter: The Story Of Raymond Gurême |url=http://www.forgottencosmopolitans.eu/?p=584 |site=forgottencosmopolitans.eu|date=25-11-2019 |consulté le=27-05-2020}}</ref> au sein d'une famille [[Sinté|manouche]] itinérante depuis des générations<ref name=":1">{{Lien web |langue=fr |auteur1=Festival de cinéma de Douarnenez |titre=Raymond Gurême, l'homme révolté |url=https://blogs.mediapart.fr/infofestival-douarnenezcom/blog/210813/raymond-gureme-lhomme-revolte |site=blogs.mediapart.fr|date=21-08-2013 |consulté le=}}</ref>. Sa mère, Mélanie Gurême, est issue d'une famille de [[Vannier (métier)|vanniers]], et son père, Hubert Leroux, est [[forain]] et tient un [[cirque]] ainsi qu'un cinéma muet ambulants<ref name=":1" />. Il est le troisième de neuf enfants<ref name=":1" />.


Dans son enfance, qu'il décrit comme « magique », il commence très tôt au sein du cirque familial : à deux ans et demi, il est ainsi déjà [[clown]] et [[Acrobatie|acrobate]]<ref name=":1" />. Il assiste aussi son père dans le bon fonctionnement du cinéma<ref name=":1" />.
Dans son enfance, qu'il décrit comme « magique », il commence très tôt au sein du cirque familial : à deux ans et demi, il est ainsi déjà [[clown]] et [[Acrobatie|acrobate]]<ref name=":1" />. Il assiste aussi son père dans le bon fonctionnement du cinéma<ref name=":1" />.


=== Déportation et résistance pendant la Seconde Guerre mondiale ===
=== Déportation et résistance pendant la Seconde Guerre mondiale ===
Depuis la loi du du 16 juillet 1912, les populations itinérantes sont fichées en France. Trois catégories sont mises en place : les commerçants ambulants, les forains et les « nomades » ; ces derniers ont l'obligation d'avoir un [[Carnet anthropométrique|Carnet anthropométrique.]] La famille de Raymond Gurême acquiert le statut de forain. Le 6 avril 1940, un décret est signé par le président [[Albert Lebrun]] qui interdit la libre circulation des nomades en les assignant à résidence<ref name=":22">{{Lien web|titre=Internement des nomades entre 1940 et 1946 et politique nationale de la mémoire - Sénat|url=https://www.senat.fr/questions/base/2013/qSEQ130506636.html|site=www.senat.fr|consulté le=2020-05-26}}</ref>. En octobre de la même année, l’administration allemande décrète l'internement des Tsiganes en [[zone occupée]] dans des camps placés sous la responsabilité de policiers et gendarmes français. Ces internements ne devaient concerner que les personnes nomades et non foraines<ref name=":22" />.
Depuis la loi du {{date-|16 juillet 1912}}, les populations itinérantes sont fichées en France. Trois catégories sont mises en place : les commerçants ambulants, les forains et les « nomades » ; ces derniers ont l'obligation d'avoir un [[Carnet anthropométrique]]. La famille de Raymond Gurême acquiert le statut de forain. Le {{date-|6 avril 1940}}, un décret est signé par le président [[Albert Lebrun]] qui interdit la libre circulation des nomades en les assignant à résidence<ref name=":22">{{Lien web |langue=fr|titre=Internement des nomades entre 1940 et 1946 et politique nationale de la mémoire : Question écrite n° 06636 de M. Jean-Jacques Lozach |url=https://www.senat.fr/questions/base/2013/qSEQ130506636.html |site=senat.fr |date=30-05-2013 |consulté le=2020-05-26}}</ref>. En octobre de la même année, l’administration allemande décrète l'internement des Tsiganes de la [[zone occupée]] dans des camps placés sous la responsabilité de policiers et gendarmes français. Ces internements ne devaient concerner que les personnes nomades et non foraines<ref name=":22" />.


Le matin du {{Date|04-10-1940}}, les gendarmes l'envoient lui et sa famille à [[Darnétal]] pour être confinés dans une usine désaffectée avec d'autres gens du voyage<ref name=":2">{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Mémorial de la Shoah : une exposition ravive la mémoire des "nomades" internés pendant la guerre|url=https://information.tv5monde.com/culture/memorial-de-la-shoah-une-exposition-ravive-la-memoire-des-nomades-internes-pendant-la-guerre|site=information.tv5monde.com|périodique=|date=09-12-2018|consulté le=}}</ref>. Ils sont ensuite internés à [[Autodrome de Linas-Montlhéry#La_guerre|Linas-Montlhéry]]<ref name=":2" /> dès l’ouverture du camp, le 27 novembre.
Le matin du {{Date|04-10-1940}}, les gendarmes l'envoient lui et sa famille à [[Darnétal]] pour être confinés dans une usine désaffectée avec d'autres gens du voyage<ref name=":2">{{Lien web |langue=fr |auteur1= |titre=Mémorial de la Shoah : une exposition ravive la mémoire des "nomades" internés pendant la guerre |url=https://information.tv5monde.com/culture/memorial-de-la-shoah-une-exposition-ravive-la-memoire-des-nomades-internes-pendant-la-guerre |site=information.tv5monde.com|date=09-12-2018 |consulté le=}}</ref>. Ils sont ensuite internés à [[Autodrome de Linas-Montlhéry#La_guerre|Linas-Montlhéry]]<ref name=":2" /> dès l’ouverture du camp, le {{date-|27 novembre}}.


Il s'échappe avec son frère en juillet 1941 mais ils sont repris, suite à une dénonciation par le maire de leur village d'origine<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Raymond Gurême - Ép. 1/2 - Résistances tsiganes|url=https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/resistances-tsiganes-12-raymond-gureme|site=France Culture|consulté le=2020-05-26}}</ref>. Il s'échappe une deuxième fois, en octobre 1941 et rejoint la Bretagne pour travailler dans des fermes. Il retourne à plusieurs reprises à Linas pour amener de la nourriture et des vêtements à sa famille, toujours internée<ref name=":1" />.
Il s'échappe avec son frère en juillet 1941 mais ils sont repris, à la suite d'une dénonciation par le maire de leur village d'origine<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Raymond Gurême - Ép. 1/2 - Résistances tsiganes |url=https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/resistances-tsiganes-12-raymond-gureme |site=France Culture |consulté le=2020-05-26}}</ref>. Il s'échappe une deuxième fois, en {{date-|octobre 1941}} et rejoint la Bretagne pour travailler dans des fermes. Il retourne à plusieurs reprises à Linas pour apporter de la nourriture et des vêtements à sa famille, toujours internée<ref name=":1" />.


En avril 1942, le camp est démantelé et les personnes internées sont transférés au [[Camp de concentration de Montreuil-Bellay|camp de Montreuil-Bellay]] dans le plus grand camp de nomades de la zone occupée. Raymond Gurême continue d'amener de la nourriture à sa famille.
En {{date-|avril 1942}}, le camp est démantelé et les personnes internées sont transférés au [[Camp de concentration de Montreuil-Bellay|camp de Montreuil-Bellay]], le plus grand camp de nomades de la zone occupée. Raymond Gurême continue d'apporter de la nourriture à sa famille.


Il est alors placé dans une maison de redressement pour mineurs à l'hôpital d'[[Angers]]. Il y détourne au profit du [[Maquis (résistance)|maquis]] un camion de ravitaillement, ce qui lui vaut d'être déporté dans un camp de travail en Allemagne près de [[Francfort-sur-le-Main|Francfort]]. Il s'en évade à l'aide du chauffeur français d’un train de marchandises livrant des céréales en Allemagne.
Il est alors placé dans une maison de redressement pour mineurs à l'hôpital d'[[Angers]]. Il y détourne au profit du [[Maquis (résistance)|maquis]] un camion de ravitaillement, ce qui lui vaut d'être déporté dans un camp de travail en Allemagne près de [[Francfort-sur-le-Main|Francfort]]. Il s'en évade à l'aide du chauffeur français d’un train de marchandises livrant des céréales en Allemagne.


De retour en France, il rejoint les rangs de la [[Résistance intérieure française|Résistance]]<ref name=":02">{{Lien web|langue=hu|auteur1=|titre=Meghalt Raymond Gureme, a roma holokauszt legidősebb túlélője – képekkel emlékezünk|url=https://nlc.hu/foto/20200526/meghalt-raymond-guerme-roma-holokauszt-tulelo/|site=nlc.hu|périodique=|date=2020-05-26|consulté le=2020-05-26}}</ref>.
De retour en France, il rejoint les rangs de la [[Résistance intérieure française|Résistance]]<ref name=":02">{{Lien web |langue=hu |auteur1= |titre=Meghalt Raymond Gureme, a roma holokauszt legidősebb túlélője – képekkel emlékezünk |url=https://nlc.hu/foto/20200526/meghalt-raymond-guerme-roma-holokauszt-tulelo/ |site=nlc.hu|date=2020-05-26 |consulté le=2020-05-26}}</ref>.


=== Après la guerre ===
=== Après la guerre ===
En 1951, il s'installe avec sa femme Pauline, elle aussi ancienne internée, avec qui il a 15 enfants. Il retrouve ses parents en 1952 en [[Belgique]]{{Sfn|Raymond Gurême|Isabelle Ligner|5=2011}}.
En 1951, Raymond Gurême s'installe avec sa femme Pauline, elle aussi ancienne internée, avec qui il aura 15 enfants. Il retrouve ses parents en 1952 en [[Belgique]]{{Sfn|Raymond Gurême|Isabelle Ligner|5=2011}}.


En 1972, il s'installe avec sa famille sur un terrain de la commune de [[Saint-Germain-lès-Arpajon]] ([[Essonne (département)|Essonne]]), à quelques kilomètres de l'emplacement du camp de Linas<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Eugénie Barbezat|titre=Raymond Gurême : "les mots seront toujours plus forts que les coups"|url=https://www.humanite.fr/raymond-gureme-les-mots-seront-toujours-plus-forts-que-les-coups-555111|site=humanite.fr|périodique=|date=20-10-2014|consulté le=}}</ref>.
En 1972, il s'installe avec sa famille sur un terrain de la commune de [[Saint-Germain-lès-Arpajon]] ([[Essonne (département)|Essonne]]), à quelques kilomètres de l'emplacement du camp de Linas<ref name=":0">{{Lien web |langue=fr |auteur1=Eugénie Barbezat |titre=Raymond Gurême : "les mots seront toujours plus forts que les coups" |url=https://www.humanite.fr/raymond-gureme-les-mots-seront-toujours-plus-forts-que-les-coups-555111 |site=humanite.fr|date=20-10-2014 |consulté le=}}</ref>.


En 1983, il demande sa carte d'interné politique, qu'il reçoit finalement en 2009<ref name=":3" />.
En 1983, il demande sa carte d'interné politique, qu'il reçoit finalement en 2009<ref name=":3" />.


En 2010, il rejoint le collectif ''Collectif pour la commémoration de l'internement des Tsiganes et gens du voyage au camp de Linas-Montlhéry'' pour témoigner et réclamer la reconnaissance officielle de l'internement des nomades par l'État Français<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Enfin une stèle pour les nomades internés durant la guerre|url=https://www.leparisien.fr/essonne-91/linas-91310/enfin-une-stele-pour-les-nomades-internes-durant-la-guerre-28-11-2011-1741570.php|site=leparisien.fr|périodique=|date=2011-11-28|consulté le=2020-05-26}}</ref>.
En 2010, il rejoint le collectif ''Collectif pour la commémoration de l'internement des Tsiganes et gens du voyage au camp de Linas-Montlhéry'' pour témoigner et réclamer la reconnaissance officielle de l'internement des nomades par l'État Français<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur1= |titre=Enfin une stèle pour les nomades internés durant la guerre |url=https://www.leparisien.fr/essonne-91/linas-91310/enfin-une-stele-pour-les-nomades-internes-durant-la-guerre-28-11-2011-1741570.php |site=leparisien.fr|date=2011-11-28 |consulté le=2020-05-26}}</ref>.


Il donne de nombreuses conférences et intervient dans des écoles<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Cécile Chevallier|titre=Lilian Thuram parle racisme au collège de Viry-Châtillon|url=http://www.leparisien.fr/essonne-91/lilian-thuram-parle-racisme-au-college-de-viry-chatillon-13-05-2019-8071071.php|site=leparisien.fr|périodique=|date=2019-05-13|consulté le=2020-05-26}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Léa Le Breton|titre=Graignes. Ancien déporté tzigane, il témoigne|url=https://www.ouest-france.fr/normandie/graignes-mesnil-angot-50620/graignes-ancien-deporte-tzigane-il-temoigne-6085535|site=ouest-france.fr|périodique=|date=22-11-2018|consulté le=}}</ref>. En août 2013, il est invité au [[Festival de cinéma de Douarnenez]]<ref name=":1" />. En 2014, lors de la conférence sur l'Holocauste des Roms à Cracovie, il témoigne de son vécu avec 4 autres personnes nomades<ref name=":02" />.
Il donne de nombreuses conférences et intervient dans des écoles<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur1=Cécile Chevallier |titre=Lilian Thuram parle racisme au collège de Viry-Châtillon |url=http://www.leparisien.fr/essonne-91/lilian-thuram-parle-racisme-au-college-de-viry-chatillon-13-05-2019-8071071.php |site=leparisien.fr|date=2019-05-13 |consulté le=2020-05-26}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur1=Léa Le Breton |titre=Graignes. Ancien déporté tzigane, il témoigne |url=https://www.ouest-france.fr/normandie/graignes-mesnil-angot-50620/graignes-ancien-deporte-tzigane-il-temoigne-6085535 |site=ouest-france.fr|date=22-11-2018 |consulté le=}}</ref>. En {{date-|août 2013}}, il est invité au [[Festival de cinéma de Douarnenez]]<ref name=":1" />. En 2014, lors de la conférence sur l'Holocauste des Rroms à [[Cracovie]], il témoigne de son vécu avec quatre autres personnes nomades<ref name=":02" />.


Le {{Date|23-09-2014}}, il est violemment pris à partie par la police, tandis que plusieurs de ses enfants sont emmenés en garde à vue<ref name=":0" />. Raymond Gurême porte alors plainte pour violences, mais elle est classée sans suite début 2015<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Eugénie Barbezat|titre=Raymond Gurême victime d'un déni de justice ?|url=https://www.humanite.fr/raymond-gureme-victime-dun-deni-de-justice-563212|site=humanite.fr|périodique=|date=20-01-2015|consulté le=}}</ref>.
Le {{Date|23-09-2014}}, il aurait été violemment pris à partie par la police tandis que plusieurs de ses enfants sont emmenés en garde à vue<ref name=":0" />. Raymond Gurême porte alors plainte pour violences, mais elle est classée sans suite début 2015<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur1=Eugénie Barbezat |titre=Raymond Gurême victime d'un déni de justice ? |url=https://www.humanite.fr/raymond-gureme-victime-dun-deni-de-justice-563212 |site=humanite.fr|date=20-01-2015 |consulté le=}}</ref>. La version policière diffère avec les propos de Raymond Gurême : {{cita|malgré l’état de nervosité des individus, la visite s’opère sans incident jusqu’à la visite de la caravane du patriarche}}<ref name=":4">{{Lien web |langue=fr |auteur= |titre=Raymond Gurême agressé et blessé chez lui par la police, qui conteste sa version des faits |url=http://www.citoyens-resistants.fr/spip.php?article354 |site=citoyens-resistants.fr |date=03-10-2014 |consulté le=}}</ref>. Les policiers auraient été victimes de jets de pierres, d’insultes, et de menaces de mort de la part des habitants au nombre d’une trentaine environ<ref name=":4" />.


Il meurt le {{Date|24-05-2020}} à [[Arpajon]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Nolwenn Cosson|titre=Essonne : Raymond Gurême, figure emblématique des Tsiganes, s’est éteint|url=http://www.leparisien.fr/essonne-91/essonne-raymond-gureme-figure-emblematique-des-tsiganes-s-est-eteint-26-05-2020-8323794.php|site=leparisien.fr|périodique=|date=26-05-2020|consulté le=}}</ref>.
Après avoir passé sa vie à combattre l'[[antitziganisme]]<ref name=":3">{{Lien web |titre=Raymond Gurême : la mémoire et la révolte |url=https://www.lutopik.com/article/raymond-gureme-memoire-revolte |site=lutopik.com |consulté le=2020-05-26}}</ref>, il meurt le {{Date|24-05-2020}} à [[Arpajon]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur1=Nolwenn Cosson |titre=Essonne : Raymond Gurême, figure emblématique des Tsiganes, s’est éteint |url=http://www.leparisien.fr/essonne-91/essonne-raymond-gureme-figure-emblematique-des-tsiganes-s-est-eteint-26-05-2020-8323794.php |site=leparisien.fr|date=26-05-2020 |consulté le=}}</ref>.


== Récompense ==
== Décoration ==
En 2012, il est fait [[Ordre des Arts et des Lettres|chevalier des Arts et des Lettres]] par [[Frédéric Mitterrand]] pour avoir « contribué à lutter contre les discriminations que subissent encore les Tsiganes dans notre pays, implantés pourtant sur ce territoire depuis le XVème siècle, et citoyens français à part entière »<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Hommage à Raymond Gurème, Gens du voyage|url=https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Developpement-culturel/Le-developpement-culturel-en-France/Solidarite/Gens-du-voyage/Actualites-Gens-du-voyage/Hommage-a-Raymond-Gureme-Gens-du-voyage|site=culture.gouv.fr|périodique=|date=19-04-2012|consulté le=}}</ref>. Il a passé sa vie à combattre l'[[antitziganisme]]<ref name=":3">{{Lien web|titre=Raymond Gurême : la mémoire et la révolte|url=https://www.lutopik.com/article/raymond-gureme-memoire-revolte|site=lutopik.com|consulté le=2020-05-26}}</ref>.
* {{Déco Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres}} en 2012 par [[Frédéric Mitterrand]], dans la dynamique de la Charte culture, gens du voyage et Tsiganes de France et sur proposition de la Fnasat, pour avoir {{cita|contribué à lutter contre les discriminations que subissent encore les Tsiganes dans notre pays, implantés pourtant sur ce territoire depuis le {{s-|XV|e}}, et citoyens français à part entière}}<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Hommage à Raymond Gurème, Gens du voyage |url=https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Developpement-culturel/Le-developpement-culturel-en-France/Solidarite/Gens-du-voyage/Actualites-Gens-du-voyage/Hommage-a-Raymond-Gureme-Gens-du-voyage |site=culture.gouv.fr|date=19-04-2012 |consulté le=}}</ref>.


== Publication ==
== Publication ==
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Raymond Gurême|auteur2=Isabelle Ligner|titre=Interdit aux nomades|passage=|lieu=Paris|éditeur=Calmann-Lévy|date=2011|pages totales=240|isbn=978-2702142219|lire en ligne=}}<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Élise Vincent |titre=Mémoires d'un Tzigane de France |périodique=Le Monde.fr |date=2011-05-24 |issn= |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/24/memoires-d-un-tzigane-de-france_1526632_3232.html |consulté le=2020-05-26 |pages= }}</ref>
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Raymond Gurême|auteur2=Isabelle Ligner|titre=Interdit aux nomades|lieu=Paris|éditeur=[[Calmann-Lévy]]|année=2011|pages totales=240|isbn=978-2-7021-4221-9}}<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Élise Vincent |titre=Mémoires d'un Tzigane de France |périodique=Le Monde.fr |date=2011-05-24 |issn= |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/24/memoires-d-un-tzigane-de-france_1526632_3232.html |consulté le=2020-05-26 |pages= }}</ref>


== Filmographie ==
== Filmographie ==
* En 2013, il témoigne dans un film documentaire ''Ils ont eu la graisse, ils n’auront pas la peau'' de Jean-Baptiste Pellerin de sa vie et de son internement<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Ils ont eu la graisse, ils n’auront pas la peau|url=http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/40484_1|site=film-documentaire.fr|périodique=|date=2013|consulté le=2020-05-26}}</ref>.
* En 2013, Raymond Gurême témoigne de sa vie et de son internement dans ''Ils ont eu la graisse, ils n’auront pas la peau'', film documentaire de Jean-Baptiste Pellerin<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur1= |titre=Ils ont eu la graisse, ils n’auront pas la peau |url=http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/40484_1 |site=film-documentaire.fr|date=2013 |consulté le=2020-05-26}}</ref>.
* Il participe au film [[Rencontres en Nomadie|''Rencontres en Nomadie'']] (2017).
* Il participe au film ''Rencontres en Nomadie'', sur les « gens du voyage », réalisé par Frantz Glowacki et diffusé en 2017.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{Chapitre|langue=en|auteur1=Lise Foisneau|auteur2=Valentin Merlin|titre chapitre=French Nomads' Resistance (1939-1946)|auteurs ouvrage=Angela Kocze et Anna Lujza Szasz|titre ouvrage=Roma Resistance during the Holocaust and in its Aftermath|lieu=Budapest|éditeur=Tom Lantos Institute|collection=Working Papers|année=2018|pages totales=|isbn=|lire en ligne=https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01884555|passage=57-101}}
* {{Chapitre|langue=en|auteur1=Lise Foisneau|auteur2=Valentin Merlin|titre chapitre=French Nomads' Resistance (1939-1946)|auteurs ouvrage=Angela Kocze et Anna Lujza Szasz|titre ouvrage=Roma Resistance during the Holocaust and in its Aftermath|lieu=Budapest|éditeur=Tom Lantos Institute|collection=Working Papers|année=2018|pages totales=|isbn=|lire en ligne=https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01884555|passage=57-101}}.


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
* {{Autorité}}
* {{Bases audiovisuel}}
* {{Dictionnaires}}
* {{Bases}}
* [https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/resistances-tsiganes-12-raymond-gureme Reportage] de France Culture, « Résistances tsiganes », dont l'épisode 1 est consacré à Raymond Gurême ({{date-|8 septembre 2018}}).
* http://exposition-raymond-gureme.fnasat.asso.fr/ http://www.memoires-tsiganes1939-1946.fr/accueil.html


{{Palette|Roms}}
{{Palette|Roms}}
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{{DEFAULTSORT:Gureme, Raymond}}
{{DEFAULTSORT:Gureme, Raymond}}
[[Catégorie:Naissance en 1925]]
[[Catégorie:Naissance en août 1925]]
[[Catégorie:Décès en mai 2020]]
[[Catégorie:Naissance en Seine-et-Marne]]
[[Catégorie:Résistant français]]
[[Catégorie:Résistant français]]
[[Catégorie:Décès à 94 ans]]
[[Catégorie:Sinti et manouche]]
[[Catégorie:Sinti et manouche]]
[[Catégorie:Chevalier des Arts et des Lettres]]
[[Catégorie:Chevalier des Arts et des Lettres]]
[[Catégorie:Décès à Arpajon]]
[[Catégorie:Décès à 94 ans]]
[[Catégorie:Décès en mai 2020]]

Dernière version du 25 avril 2024 à 17:44

Raymond Gurême
Raymond Gurême en visite au Riverside Museum de Glasgow en juin 2019
Biographie
Naissance
Décès
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Raymond Gurême, né le à Meigneux (Seine-et-Marne) et mort le à Arpajon, est un forain français, l'un des derniers survivants de l'internement des « Nomades » en France de 1940 à 1946.

Résistant pendant la guerre, il consacre ensuite sa vie à la lutte contre l'antitziganisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Raymond Gurême naît en 1925 à Meigneux[1] au sein d'une famille manouche itinérante depuis des générations[2]. Sa mère, Mélanie Gurême, est issue d'une famille de vanniers, et son père, Hubert Leroux, est forain et tient un cirque ainsi qu'un cinéma muet ambulants[2]. Il est le troisième de neuf enfants[2].

Dans son enfance, qu'il décrit comme « magique », il commence très tôt au sein du cirque familial : à deux ans et demi, il est ainsi déjà clown et acrobate[2]. Il assiste aussi son père dans le bon fonctionnement du cinéma[2].

Déportation et résistance pendant la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Depuis la loi du , les populations itinérantes sont fichées en France. Trois catégories sont mises en place : les commerçants ambulants, les forains et les « nomades » ; ces derniers ont l'obligation d'avoir un Carnet anthropométrique. La famille de Raymond Gurême acquiert le statut de forain. Le , un décret est signé par le président Albert Lebrun qui interdit la libre circulation des nomades en les assignant à résidence[3]. En octobre de la même année, l’administration allemande décrète l'internement des Tsiganes de la zone occupée dans des camps placés sous la responsabilité de policiers et gendarmes français. Ces internements ne devaient concerner que les personnes nomades et non foraines[3].

Le matin du , les gendarmes l'envoient lui et sa famille à Darnétal pour être confinés dans une usine désaffectée avec d'autres gens du voyage[4]. Ils sont ensuite internés à Linas-Montlhéry[4] dès l’ouverture du camp, le .

Il s'échappe avec son frère en juillet 1941 mais ils sont repris, à la suite d'une dénonciation par le maire de leur village d'origine[5]. Il s'échappe une deuxième fois, en et rejoint la Bretagne pour travailler dans des fermes. Il retourne à plusieurs reprises à Linas pour apporter de la nourriture et des vêtements à sa famille, toujours internée[2].

En , le camp est démantelé et les personnes internées sont transférés au camp de Montreuil-Bellay, le plus grand camp de nomades de la zone occupée. Raymond Gurême continue d'apporter de la nourriture à sa famille.

Il est alors placé dans une maison de redressement pour mineurs à l'hôpital d'Angers. Il y détourne au profit du maquis un camion de ravitaillement, ce qui lui vaut d'être déporté dans un camp de travail en Allemagne près de Francfort. Il s'en évade à l'aide du chauffeur français d’un train de marchandises livrant des céréales en Allemagne.

De retour en France, il rejoint les rangs de la Résistance[6].

Après la guerre[modifier | modifier le code]

En 1951, Raymond Gurême s'installe avec sa femme Pauline, elle aussi ancienne internée, avec qui il aura 15 enfants. Il retrouve ses parents en 1952 en Belgique[7].

En 1972, il s'installe avec sa famille sur un terrain de la commune de Saint-Germain-lès-Arpajon (Essonne), à quelques kilomètres de l'emplacement du camp de Linas[8].

En 1983, il demande sa carte d'interné politique, qu'il reçoit finalement en 2009[9].

En 2010, il rejoint le collectif Collectif pour la commémoration de l'internement des Tsiganes et gens du voyage au camp de Linas-Montlhéry pour témoigner et réclamer la reconnaissance officielle de l'internement des nomades par l'État Français[10].

Il donne de nombreuses conférences et intervient dans des écoles[11],[12]. En , il est invité au Festival de cinéma de Douarnenez[2]. En 2014, lors de la conférence sur l'Holocauste des Rroms à Cracovie, il témoigne de son vécu avec quatre autres personnes nomades[6].

Le , il aurait été violemment pris à partie par la police tandis que plusieurs de ses enfants sont emmenés en garde à vue[8]. Raymond Gurême porte alors plainte pour violences, mais elle est classée sans suite début 2015[13]. La version policière diffère avec les propos de Raymond Gurême : « malgré l’état de nervosité des individus, la visite s’opère sans incident jusqu’à la visite de la caravane du patriarche »[14]. Les policiers auraient été victimes de jets de pierres, d’insultes, et de menaces de mort de la part des habitants au nombre d’une trentaine environ[14].

Après avoir passé sa vie à combattre l'antitziganisme[9], il meurt le à Arpajon[15].

Décoration[modifier | modifier le code]

  • Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres en 2012 par Frédéric Mitterrand, dans la dynamique de la Charte culture, gens du voyage et Tsiganes de France et sur proposition de la Fnasat, pour avoir « contribué à lutter contre les discriminations que subissent encore les Tsiganes dans notre pays, implantés pourtant sur ce territoire depuis le XVe siècle, et citoyens français à part entière »[16].

Publication[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • En 2013, Raymond Gurême témoigne de sa vie et de son internement dans Ils ont eu la graisse, ils n’auront pas la peau, film documentaire de Jean-Baptiste Pellerin[18].
  • Il participe au film Rencontres en Nomadie, sur les « gens du voyage », réalisé par Frantz Glowacki et diffusé en 2017.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « From Circus Acrobat To Resistance Fighter: The Story Of Raymond Gurême », sur forgottencosmopolitans.eu, (consulté le )
  2. a b c d e f et g Festival de cinéma de Douarnenez, « Raymond Gurême, l'homme révolté », sur blogs.mediapart.fr,
  3. a et b « Internement des nomades entre 1940 et 1946 et politique nationale de la mémoire : Question écrite n° 06636 de M. Jean-Jacques Lozach », sur senat.fr, (consulté le )
  4. a et b « Mémorial de la Shoah : une exposition ravive la mémoire des "nomades" internés pendant la guerre », sur information.tv5monde.com,
  5. « Raymond Gurême - Ép. 1/2 - Résistances tsiganes », sur France Culture (consulté le )
  6. a et b (hu) « Meghalt Raymond Gureme, a roma holokauszt legidősebb túlélője – képekkel emlékezünk », sur nlc.hu, (consulté le )
  7. Raymond Gurême et Isabelle Ligner 2011.
  8. a et b Eugénie Barbezat, « Raymond Gurême : "les mots seront toujours plus forts que les coups" », sur humanite.fr,
  9. a et b « Raymond Gurême : la mémoire et la révolte », sur lutopik.com (consulté le )
  10. « Enfin une stèle pour les nomades internés durant la guerre », sur leparisien.fr, (consulté le )
  11. Cécile Chevallier, « Lilian Thuram parle racisme au collège de Viry-Châtillon », sur leparisien.fr, (consulté le )
  12. Léa Le Breton, « Graignes. Ancien déporté tzigane, il témoigne », sur ouest-france.fr,
  13. Eugénie Barbezat, « Raymond Gurême victime d'un déni de justice ? », sur humanite.fr,
  14. a et b « Raymond Gurême agressé et blessé chez lui par la police, qui conteste sa version des faits », sur citoyens-resistants.fr,
  15. Nolwenn Cosson, « Essonne : Raymond Gurême, figure emblématique des Tsiganes, s’est éteint », sur leparisien.fr,
  16. « Hommage à Raymond Gurème, Gens du voyage », sur culture.gouv.fr,
  17. Élise Vincent, « Mémoires d'un Tzigane de France », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. « Ils ont eu la graisse, ils n’auront pas la peau », sur film-documentaire.fr, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Lise Foisneau et Valentin Merlin, « French Nomads' Resistance (1939-1946) », dans Angela Kocze et Anna Lujza Szasz, Roma Resistance during the Holocaust and in its Aftermath, Budapest, Tom Lantos Institute, coll. « Working Papers », (lire en ligne), p. 57-101.

Liens externes[modifier | modifier le code]