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La coopérative Humar-Marinaleda comprend une [[conserverie]], un [[moulin à huile]], des [[serre]]s, des équipements d'élevage ainsi qu'un magasin. Les travailleurs produisent notamment des [[fève]]s, des [[artichaut]]s, des [[poivron]]s et de l'[[huile d'olive]]<ref>[http://www.courrierinternational.com/article/2012/08/21/une-utopie-anti-crise-en-andalousie « Une utopie anti-crise en Andalousie »] ''[[Courrier international]]'', 21 août 2012</ref>. Les [[bénéfice]]s produits par la communauté ne sont pas distribués, mais réinvestis pour financer la création de nouveaux [[emploi]]s ainsi que divers services et [[équipement]]s municipaux ([[piscine]], [[terrain]] de sport{{etc.}}) que sont tous gratuits, exceptée la piscine pour laquelle l'abonnement annuel bon marché coûte 3 €.
La coopérative Humar-Marinaleda comprend une [[conserverie]], un [[moulin à huile]], des [[serre]]s, des équipements d'élevage ainsi qu'un magasin. Les travailleurs produisent notamment des [[fève]]s, des [[artichaut]]s, des [[poivron]]s et de l'[[huile d'olive]]<ref>[http://www.courrierinternational.com/article/2012/08/21/une-utopie-anti-crise-en-andalousie « Une utopie anti-crise en Andalousie »] ''[[Courrier international]]'', 21 août 2012</ref>. Les [[bénéfice]]s produits par la communauté ne sont pas distribués, mais réinvestis pour financer la création de nouveaux [[emploi]]s ainsi que divers services et [[équipement]]s municipaux ([[piscine]], [[terrain]] de sport{{etc.}}) que sont tous gratuits, exceptée la piscine pour laquelle l'abonnement annuel bon marché coûte 3 €.
Sous la pression des habitants, à travers des demandes puis par des manifestations et [[occupation]]s (terres, aéroport de Séville, gare…), le duc de l'Infantado, principal propriétaire terrien de la région avec {{Unité|17000|hectares}} et le gouvernement ont fini par se mettre d'accord en [[1991]]. L'État a acheté {{Unité|1259|hectares}} au [[duc]], les a données à la municipalité. La terre ainsi récupérée est exploitée en coopérative et fait vivre la population.
Sous la pression des habitants, à travers des demandes puis par des manifestations et [[occupation]]s (terres, aéroport de Séville, gare…), le duc de l'Infantado, principal propriétaire terrien de la région avec {{Unité|17000|hectares}} et le gouvernement ont fini par se mettre d'accord en [[1991]]. L'État a acheté {{Unité|1259|hectares}} au [[duc]], les a donnés à la municipalité. La terre ainsi récupérée est exploitée en coopérative et fait vivre la population.
Le salaire de tous les travailleurs, quel que soit leur poste, est de {{unité|47|euros}} par jour à raison de six heures et demie de travail quotidien aux champs et huit quand il s'agit d'un poste à l'usine<ref>Guy Dufau, [http://www.mediapart.fr/club/blog/guy-dufau/190110/marinaleda-un-pradis-anticapitaliste « Marinaleda, un paradis anticapitaliste »], blog, ''Mediapart Le club''</ref>. La moyenne du salaire dans le reste de l'Andalousie est de 30 à 35 euros par jour.
Le salaire de tous les travailleurs, quel que soit leur poste, est de {{unité|47|euros}} par jour à raison de six heures et demie de travail quotidien aux champs et huit quand il s'agit d'un poste à l'usine<ref>Guy Dufau, [http://www.mediapart.fr/club/blog/guy-dufau/190110/marinaleda-un-pradis-anticapitaliste « Marinaleda, un paradis anticapitaliste »], blog, ''Mediapart Le club''</ref>. La moyenne du salaire dans le reste de l'Andalousie est de 30 à 35 euros par jour.

Version du 7 décembre 2016 à 21:05

Marinaleda
Blason de Marinaleda
Héraldique
Drapeau de Marinaleda
Drapeau
Marinaleda
La salle polyvalente de Marinaleda ornée avec le portrait d'Ernesto Che Guevara
Administration
Pays Drapeau de l'Espagne Espagne
Communauté autonome Drapeau de l'Andalousie Andalousie
Province Drapeau de la province de Séville Province de Séville
Comarque Sierra sud de Séville
Maire Juan Manuel Sánchez Gordillo (CUT-BAI)
Code postal 41569
Démographie
Gentilé Marinaleño/ña
Population 2 778 hab. (2011)
Densité 111 hab./km2
Géographie
Coordonnées 37° 22′ 40″ nord, 4° 57′ 20″ ouest
Altitude 205 m
Superficie 2 500 ha = 25 km2
Localisation
Localisation de Marinaleda
Géolocalisation sur la carte : Espagne
Voir sur la carte topographique d'Espagne
Marinaleda
Géolocalisation sur la carte : Espagne
Voir sur la carte administrative d'Espagne
Marinaleda
Liens
Site web www.marinaleda.com

Marinaleda est une commune de la province de Séville située dans le comarque de Sierra sud de Séville, dans le bassin de Genil, en Andalousie, Espagne. Elle compte une superficie de 24,8 km² et une population de 2 778 habitants selon le recensement de 2011, avec une densité de population de 112,01 hab./km². Sur le plan judiciaire, elle dépend de la juridiction d'Estepa.

Son économie repose essentiellement sur l'agriculture. Elle est connue pour son expérience sociale fondée sur une idéologie de gauche. Expérience dirigée par Juan Manuel Sánchez Gordillo maire de la commune depuis 1979 et membre du Colectivo de Unidad de los Trabajadores - Bloque Andaluz de Izquierdas (CUT). La lutte ouvrière et paysanne organisée a permis d'atteindre un haut niveau de développement et quasiment le plein emploi pour tous les habitants. Le développement d'un modèle économique alternatif au capitalisme a donné des résultats remarquables, y compris depuis le début de la crise en 2008[1].

Cette expérience est la source d'une certaine polémique et les critiques disent cependant que le progrès économique et social est en grande partie dû au fait que près de 80 % du revenu reçu par la ville de Marinaleda provient de transferts d'argent venant d'administrations centrales telles que l'état, la communauté autonome d'Andalousie ou la députation de Séville[2].

Marinaleda appartient au « Red de Municipios por la Tercera República » (Réseau de municipalités pour la Troisième République) et le drapeau républicain espagnol est présent dans les bâtiments civils.

Géographie

Situation

La ville se trouve à 91,76 km de Séville à vol d'oiseau et à 110 km en empruntant la voie rapide[3]. Cet itinéraire passe par Ecija[4].

Marinaleda est située dans la partie sud-est de la province de Séville, dans le bassin de Genil.

Ses coordonnées géographiques sont 37º 22' N, 4º 57' O. Elle est située à une altitude de 205 mètres, à 20 km de la capitale de sa comarca Estepa.

Marinaleda a comme frontières les communes suivantes : à l'ouest El Rubio, au sud Estepa, à l'est Herrera et au nord Ecija.

Climat

Accès

Marinaleda a un tissu urbain irrégulier, son noyau principal est aligné le long de la voie rapide A-388 qui relie El Rubio à Herrera. Marinaleda et Matarredonda sont reliées entre elles par l'avenue de la Liberté, qui traverse l'A-388.

La principale voie d'accès est la carretera (voie rapide) SE-9211 qui relie Marinaleda à Écija et cette dernière avec l'autovía (autoroute) A-92. La A-388, qui passe par le centre du noyau urbain, relie Écija à Herrera et Écija avec l’autovía A-4. La carretera SE-8202 relie la ville avec la commune d'Osuna en passant par El Rubio.

Histoire

Jusqu'au XIXe siècle

Les premières traces de présence humaine dans la site de Marinaleda remontent à la fin du Néolithique et au début de l'âge des métaux durant la période chalcolithique, il y a environ 5000 ans. Des outils lithiques ont été retrouvés, ainsi que des restes de semences et d'habitations.

La présence romaine est importante. c'est à cette époque qu'a été fondée Marinaleda. Elle est alors traversée par la voie romaine qui relie les villes de Astigi, actuelle Ecija, et Ostippo, actuel Estepa. Beaucoup de vestiges de cette période historique ont été retrouvés.

La présence arabe est attestée par des monuments tels que les tours de Gallape ou la forteresse arabe d'Alhonoz. La conquête de la terre par les royaumes chrétiens a lieu au XIIIe siècle. Marinaleda passe sous le pouvoir de l'Ordre de Santiago. Le roi Philippe II donne Marinaleda au premier marquis d'Estepa. Elle restera la propriété de cette famille jusqu'au XIXe siècle.

Marinaleda se développe avec une population de journaliers sans terre travaillant pour les grands propriétaires terriens, en particulier pour le marquis d'Estepa. En 1751, le village compte 60 maisons habitées par des journaliers sans terre qui sont payés chacun deux reals pour une journée de travail du lever au coucher du soleil. Au XVIIIe siècle quatre ecclésiastiques exercent leur ministère à Marinaleda. L'activité principale est l'aridoculture. Au cours du XIXe siècle, sur les terres de Marinaleda et ses environs vivent plusieurs groupes de brigands. Particulièrement connus sont restés José María Hinojosa Cobacho « El Tempranillo », Francisco González Ríos « El Pernales » et Juan Caballero.

République espagnole et Espagne franquiste

En 1931, la population de Marinaleda compte 2 318 habitants dont seuls 317 ont le droit de vote. Les élections du 12 avril 1931 sont remportées par les forces royalistes. Mais les élections du 31 mai de la même année sont gagnées par les républicains. Lors des dernières élections la période républicaine le 16 février 1936 triomphe le Front populaire.

La guerre civile commence à Marinaleda par l'assassinat du maire de la ville Cejas Vicente Moreno et de son fils. Les troupes putschistes tuent avec eux pas moins de trente autres habitants. L'après-guerre civile voit la population souffrir de la famine, et pour y faire face forcée de glaner des olives ou des glands dans les champs et subissant une forte répression. Le développement industriel survenant en Espagne à partir des années 1960 favorise l'émigration de la population de Marinaleda vers la Catalogne et aussi l'Allemagne, la France et la Suisse.

Avec la mort de Francisco Franco en 1975 c'est le recul de la dictature. En 1977, à Marinaleda est fondé le Sindicato de Obreros del Campo (Syndicat des Travailleurs de la Terre). L'année suivante, commence la lutte pour la terre avec l'occupation de la ferme de Bocatinaja entre Osuna et Los Corrales durant deux jours.

Transformation en une municipalité coopérative

En 1979, se déroulent les premières élections municipales démocratiques depuis la fin de la dictature franquiste. Elles sont remportées à Marinaleda par le Colectivo de Unidad de los Trabajadores (Collectif d'Unité des Travailleurs) qui obtient 9 des 11 sièges d'élus au Conseil municipal. À l'époque la ville est des plus misérables, autant les habitations que les rues en terre battue. Les habitants sont pauvres. La mairie n'est pas fonctionnelle, la présence médicale et les infrastructures scolaires insuffisantes[5].

Juan Manuel Sánchez Gordillo devient maire. Né en 1952, il a 27 ans. C'est à l'époque le plus jeune maire d'Espagne[5]. Cette année-là, il est victime d'une tentative d'assassinat de la part de l'extrême droite espagnole [6].

En 1980, 700 habitants de Marinaleda font une grève de la faim qui dure treize jours. Ils revendiquent plus d'argent et un contrôle plus précis de l'antique Empleo Comunitario (Emploi Communautaire). Puis se développent des actions d'occupation de fermes appartenant à des grands propriétaires terriens, avec le slogan : « la tierra para el que la trabaja » (la terre appartient à qui la travaille). L'étang de Cordobilla est occupé durant trente jours en 1984 pour demander l'irrigation de la ferme el Humoso, propriété du duc de l'Infantado, et l'expropriation de celle-ci.

En 1985, les occupations de fermes sont de plus en plus nombreuses, et montent à plus de cent. Ce qui occasionne une grande quantité de procédures judiciaires intentées contre les occupants.

La protestation populaire est toujours non violente. De son côté, le duc de l'Infantado, principal propriétaire terrien « terratenente » de la région résiste et ne cède rien durant des années. Un été, il fait même abattre toute une rangée de grands arbres à l'ombre desquels se trouvent les occupants de ses terres, afin qu'ils se retrouvent au soleil. Cependant qu'en face, la police est abritée par l'ombrage des oliviers[7].

En 1991, le duc de l'Infantado lâche enfin du terrain. Sont cédés à la commune de Marinaleda 1 200 hectares de la ferme el Humoso qui seront exploités en coopérative par la population. Les mouvements de mobilisations de protestations pour une vie meilleure se poursuivent durant les années 1992 à 1994 avec quantité d'occupations de bâtiments officiels et institutions.

En 1997, avec un système d'irrigation de la ferme de el Humoso, commence l'exploitation collective avec la fondation de la cooperative Marinaleda S.C.A. Trois ans plus tard est créée une conserverie qui met en boîtes ou en bocaux la production de la coopérative : piments, fèves, artichauts et olives. Un moulin est construit pour la production de l'huile d'olive.

En 2008 commence une grave crise économique qui, à partir de l'année 2010, va affecter toute la Communauté européenne et en particulier les pays du sud de celle-ci. En Andalousie le chômage frappe 30 % de la population active. L'organisation originale économique et politique de Marinaleda lui permet d'y échapper et conserver le plein emploi.

Le système social et politique qui a été mis en œuvre avec succès pour le développement et le bien-être de ses habitants fait que Marinaleda suscite à présent la curiosité des médias espagnols et internationaux.

Le maire de la ville relève cependant que « si le modèle ne s’exporte pas, c’est par manque de volonté politique et d’intérêt[8]. »

En 2010, il déclarait : « Il nous a fallu trente ans pour en arriver là. Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que ce sont nos solutions qui marchent. La spéculation immobilière, elle, ne pouvait rien donner de bon. C’est la cupidité qui a plongé le monde dans la crise. Les gens sont surpris lorsqu’ils voient qu’ici, il n’y a presque pas de chômeurs et que tout le monde a sa propre maison. Mais c’est pourtant ça qui est normal. Ce qui n’a pas de sens, c’est ce qui se fait ailleurs. Et qu’on ne vienne pas me dire que notre expérience n’est pas transposable : n’importe quelle ville peut faire la même chose si elle le souhaite[9]. »

Politique et administration

Juan Manuel Sánchez Gordillo maire de Marinaleda depuis 1979.

Marinaleda a une longue tradition de lutte ouvrière des travailleurs sans terre (« jornaleros »), qui a permis de manière décisive de larges avancées politiques et sociales. Depuis la fin de l'ère franquiste, Marinaleda fonctionne en démocratie directe. Tous les aspects de la vie sociale, politique et économique de la commune y sont discutés et mis en œuvre collectivement par les citoyens. Juan Manuel Sánchez Gordillo, maire de Marinaleda, est un militant de la gauche anticapitaliste régulièrement réélu depuis plus de 30 ans[5].

Marinaleda est gouvernée depuis 1979 par le Colectivo de Unidad de los Trabajadores - Bloque Andaluz de Izquierdas (CUT), parti indépendantiste andalou de gauche qui a remporté à chaque élection la majorité absolue. En 1986 le CUT a été une des organisations fondatrices de l'Izquierda Unida - IU. Depuis cette date le CUT se présente aux élections sur les listes de cette coalition l'Izquierda Unida Los Verdes-Convocatoria por Andalucía – IULV-CA.

Aux dernières élections locales, les élections municipales de 2011, l'IULV-CA a eu neuf conseillers élus (avec 73,08 % des votes) et le PSOE d'Andalousie deux conseillers (21,39 %). Le PP n'a obtenu aucun élu (4,06 %).

Le maire et les autres élus de la ville ne reçoivent aucune rémunération au titre de leur charge[10]. Toutes les décisions de la municipalité sur l’impôt, le logement, l'emploi, les équipements, etc. sont soumises à la discussion et au verdict du peuple qui vote à main levée, et parfois par scrutin secret, au cours d'une centaine d'assemblées générales ou assemblées de quartier qui ont lieu chaque année.

Absence de police locale

Il n'y a pas de police à Marinaleda car il n'y a pas de délinquance[1].

Concernant cet aspect de la vie de la ville, un certificat officiel consultable sur le site Internet de la mairie précise à son point no 6[10] :

« Que no existe cuerpo de la Policía Local, no existiendo ningún funcionario del cuerpo, y, por tanto, tampoco existe el cargo de Jefe de la Policia Local. »
Qu'il n'y a pas de corps de police locale, qu'il n'existe aucun fonctionnaire de ce corps, et, par conséquent, il n'existe pas de poste de chef de la police locale.

Oppositions

Au conseil municipal, l'opposition minoritaire est représentée par le PSOE.

Économie et société

Principes

L'économie locale est principalement portée par le secteur agricole. L'organisation d'une coopérative agricole populaire dotée d'une usine en représente l'atout majeur[5].

La coopérative Humar-Marinaleda comprend une conserverie, un moulin à huile, des serres, des équipements d'élevage ainsi qu'un magasin. Les travailleurs produisent notamment des fèves, des artichauts, des poivrons et de l'huile d'olive[11]. Les bénéfices produits par la communauté ne sont pas distribués, mais réinvestis pour financer la création de nouveaux emplois ainsi que divers services et équipements municipaux (piscine, terrain de sport, etc.) que sont tous gratuits, exceptée la piscine pour laquelle l'abonnement annuel bon marché coûte 3 €.

Sous la pression des habitants, à travers des demandes puis par des manifestations et occupations (terres, aéroport de Séville, gare…), le duc de l'Infantado, principal propriétaire terrien de la région avec 17 000 hectares et le gouvernement ont fini par se mettre d'accord en 1991. L'État a acheté 1 259 hectares au duc, les a donnés à la municipalité. La terre ainsi récupérée est exploitée en coopérative et fait vivre la population.

Le salaire de tous les travailleurs, quel que soit leur poste, est de 47 euros par jour à raison de six heures et demie de travail quotidien aux champs et huit quand il s'agit d'un poste à l'usine[12]. La moyenne du salaire dans le reste de l'Andalousie est de 30 à 35 euros par jour.

Le coût de la vie à Marinaleda est faible, à l'image du prix de location des logements (15 euros/mois) ou de celui de la garderie d'enfant (12 euros/mois cantine comprise)[5].

Critiques

Urbanisme

Une rue de Marinaleda.

La commune de Marinaleda est composée de deux noyaux de population, le noyau urbain de Marinaleda et celui plus petit de Matarredonda qui regroupe 571 habitants, et se situe à proximité et à l'est du premier.

Services municipaux

La mairie offre divers services aux habitants[13] :

  • à part la piscine, l'accès à toutes les installations sportives est gratuite ;
  • les habitants règlent seulement la moitié de leurs taxes d'habitation. Le reste est pris en charge par la commune ;
  • un restaurant communal dit : « syndicat » offre une restauration très bon marché, subventionnée par la mairie. Un plat y coûte au consommateur 1 € ;
  • l’eau potable est distribuée à la population par une régie communale. Le montant à payer est de 5 € par mois. Il est inchangé depuis 1979 ;
  • la crèche pour un enfant coûte 12 € par mois nourriture comprise ;
  • la mairie a créé une chaîne de télévision locale et associative où les habitants ont la possibilité de venir s'exprimer ;
  • la population est invitée à se servir des murs pour s'exprimer graphiquement et ne s'en prive pas.

Logement

La somme à acquitter pour un logement se monte finalement à 15,52 euros par mois[14], dont 50 centimes de frais bancaires[8].

À tout fils ou à toute fille d'habitant qui a besoin d'une maison, la mairie fournit le terrain, le matériel et l'architecte gratuitement, à condition que le futur habitant de ladite maison participe à la construction.

Les ouvriers qui édifient la structure sont des professionnels de la construction, des maçons sous contrat de la mairie, qui viennent en renfort pour diriger les « autoconstructeurs » et pallier le manque de savoir-faire des habitants. Les futurs voisins d'un même quartier se mettent à travailler ensemble sur le groupe de maisons à construire[5],[15].

Rues

La nouvelle municipalité rebaptise un certain nombre de rues de la ville, qui portaient des noms honorant les vainqueurs franquistes de la guerre civile[16] :

Population et culture

Démographie

La population de Marinaleda a connu peu de variations au cours de son histoire. Vers le deuxième quart du XXe siècle elle atteint 2 000 habitants. En 1960, elle atteint son niveau record avec 3 387 habitants. Pendant la période de développement économique de l'Espagne de Franco une forte migration se produit qui va réduire la population à environ 2 500 habitants. Elle se maintient depuis à ce niveau avec une petite augmentation annuelle.

Monuments

Le théâtre municipal de Marinaleda.

Iglesia Parroquial de Nuestra Señora de la Esperanza (Église Paroissiale de Notre-Dame de l'Espérance), datant du XVIIe siècle, consacrée en 1666. C'est une église avec une seule nef de style classique avec des modifications plus tardives. À l'intérieur, on trouve un retable en bois polychrome réalisé en 1859. D'un intérêt particulier sont deux sculptures faites par le sculpteur Joseph Fabre en 1776, un Jésus de Nazareth et une Vierge des Douleurs, et un tableau du XVIIIe siècle figurant le calvaire. Également à remarquer sont un calice du XVIe siècle et un ostensoir de la fin du XVIIIe siècle.

Fêtes et animations

Le maire de la ville Juan Manuel Sánchez Gordillo dit à propos de la festivité à Marinaleda[17] :

Nous faisons beaucoup de fêtes avec des repas communs gratuits, et il y a toujours assez de volontaires pour organiser tout cela. La joie et la fête doivent être un droit, gratuites et pour tous. Ce n’est pas la mayonnaise des médias qui vont nous dicter ce qui doit nous plaire, nous avons une culture à nous.

Le site Internet officiel de la ville proclame à sa page « Fiestas » (Fêtes[18]) :

« La alegría es un derecho del pueblo. El dinero no puede ser la barrera entre los que se divierten y los que no pueden divertirse. »
La joie est un droit du peuple. L'argent ne doit pas être la barrière entre ceux qui s'amusent et ceux qui ne peuvent pas s'amuser.

Les festivités à Marinaleda comprennent des fêtes et des foires. Certaines relèvent d'anciennes traditions. D'autres sont apparues récemment, comme l'expression des nouvelles valeurs qui ont surgit dans la population depuis 1979.

  • Candelaria (Chandeleur), le 2 février. Elle est célébrée avec des feux où sont brûlées de grandes figures allégoriques. Autour de ces feux sont organisés des bals populaires.
  • Carnaval, avec une grande participation populaire, bals, mascarades et musiciens de rue.
  • Semaine sainte et Semaine pour la Paix : le Jeudi saint est porté en procession la statue « la Hermandad del Cristo atado a la Columna y la Virgen de la Esperanza » (la Fraternité du Christ attaché à la colonne et la Vierge de l'Espérance) et le Vendredi saint la statue de la «  Hermandad de nuestro Padre Jesús Nazareno y María santísima de los Dolores » (la Fraternité de Notre Père Jésus le Nazaréen et la très sainte Marie des Douleurs). Ces statues sont portées sur les épaules des porteurs à travers les rues de la ville. Il y a également une procession le dimanche des Rameaux avec la « Borriquilla » (la bourrique[19]) et le dimanche de Pâques avec la Sainte Patronne « Nuestra Señora de la Esperanza » (Notre-Dame de l'Espérance). Comme une alternative à la fête religieuse est fêtée la « Semana por la Paz » (Semaine pour la Paix) avec un caractère éminemment culturel où on voit intervenir des artistes connus comme El Cabrero, Paco Ibáñez, Jarcha, José Mercé ou le théâtre de Alberti.
  • Nuestra Señora de los Caminos (Notre-Dame des Chemins), pèlerinage durant la troisième semaine de mai.
  • Feria de Santiago (Foire de Santiago), à la mi-juillet. C'est une foire autogérée qui a lieu chaque année avec un thème choisi différent (contre le Ve Centenaire[20], pour la Réforme agraire, en l'honneur d'Ernesto Che Guevara ou en faveur du peuple sahraoui…) et des actions sont développées autour de ce thème. Des bénévoles se relaient pour organiser ces événements. Les organisateurs de cette foire disent qu'elle est « la respuesta a la antigua celebración donde existía una caseta cercada con cañizos con una entrada que no podían pagar los más humildes y donde sólo se divertían un puñado de familias de la pequeña burguesía, el boticario y la guardia civil[21] » (la réponse à la vieille fête qui se tenait dans un local fermé avec une entrée payante empêchant les pauvres d'y participer et où seuls pouvaient se divertirent une poignée de familles de la petite bourgeoisie, l'apothicaire et la police).
  • San Nicolás de Tolentino (Saint Nicolas de Tolentino), le 10 septembre, est la fête du saint patron de la ville.
  • Noche Vieja (Saint Sylvestre) : organisation d'un repas collectif et gratuit, par le Sindicato de Obreros del Campo (Syndicat des Travailleurs de la Terre) et la mairie de Marinaleda. C'est également une fête populaire. Son objectif est de développer la convivialité, briser les malentendus et marquer les défis de l'année qui arrive.
  • Festival Flamenco de Marinaleda : l'événement se caractérise par son format, seuls quatre artistes y participent, et par son soutien explicite au flamenco authentique et sans additifs. Il est organisé par la mairie.
  • Día de la Paz (Journée de la Paix), le 30 janvier, date anniversaire de l'assassinat du Mahatma Gandhi. C'est une fête pour les enfants, où la paix est mise en valeur. Des jouets guerriers sont brulés et remplacés par d'autres d'un genre différent, et sont organisés également d'autres événements culturels.

Emblèmes

Marinaleda s'est choisi des armoiries municipales qui reflètent les objectifs et principes fondamentaux qui sont à la base de son organisation sociale et politique.

Les armoiries des villes d'Espagne ont la forme d'un blason sommé d'une couronne. La forme circulaire inhabituelle choisie ici, l'absence de couronne qu'elle implique, rejoint l'absence du drapeau royal et du portrait du roi d'Espagne dans les bâtiments officiels de la ville.

Les armoiries circulaires de Marinaleda portent en leur centre une colombe sur fond azur, tenant en son bec un rameau d'olivier, symbolisant la lutte constante d'un peuple pour arriver à la paix. Ce qui représente la conscience collective, l'union dans la lutte pour le bien-être de tous.

À droite de la colombe un soleil rouge représente la Nature et le respect indispensable qu'il faut avoir pour elle.

Les champs représentent également la Nature et cette revendication que nous avons de lutter non seulement pour les richesses et la terre, mais aussi pour empêcher la destruction de la planète et son environnement où nous sommes seulement de passage.

Le village représente notre esprit collectif. Il représente le savoir qui vient de la collectivité dans les domaines économique, politique et social. Les objectifs que nous pouvons atteindre et qui nous amène à la philosophie de combattre d'abord ensemble pour ensuite répartir le bien-être que nous sommes en mesure d'atteindre avec notre effort.

  • La bordure, dans sa partie supérieure verte, représente l'utopie nécessaire pour convertir les rêves les plus nobles du peuple en réalité grâce à la lutte organisée des travailleurs.
  • La bordure, dans sa partie inférieure rouge, représente la lutte pour les droits essentiels auxquels aspire l'homme.
  • La bande blanche séparant les deux bandes de couleurs représente le désir de paix compris non seulement comme l'absence de violence, mais aussi comme pratique de la justice. Paix de l'égalité, paix qui implique la disparition de l'injustice et des classes sociales.

Sur la bande inférieure rouge est écrit le nom de la ville : « Marinaleda ». Sur la bande supérieure verte la devise de la ville[22] : « Una utopía hacia la paz » : Une utopie vers la paix.

Le drapeau de Marinaleda est formé de trois bandes horizontales de même largeur qui reprennent la symbolique des bandes de couleurs autour des armoiries :

  • celle du haut, verte, représente l'utopie ;
  • celle du centre, blanche, représente la paix ;
  • celle du bas, rouge, représente la lutte pour les droits auxquels aspire l'homme.

Au centre du drapeau se trouvent les armoiries de la ville.


Notes et références

  1. a et b (es) «La economía según Sánchez Gordillo». Publicación:Público.com. Autor:LUIS GIMÉNEZ SAN MIGUEL. Lugar de la edición:Madrid. Fecha: 11/08/2012
  2. Publicación: Intereconomía. Autor:Jesús Andrés Lombardero. Fecha: 10/08/2012
  3. (es) Distancia entre ciudades
  4. (es) Ruta por carretera de Sevilla a Marinaleda
  5. a b c d e et f Gilbert Haffner, « Marinaleda, phalanstère andalou dans une Espagne en crise : Une expérience qui dure depuis trente-cinq ans », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)
  6. (es) http://www.huffingtonpost.es/2012/08/23/sanchez-gordillo-sobre-la-portada-de-la-razon-terrorismo-informativo_n_1824406.html
  7. Marinaleda, un village en utopie, reportage de Michel Mompontet, Antoine Morel et Mathilde Rougeron, 39 min, diffusé le 23 mars 2013 sur France 2.
  8. a et b Marinaleda (Séville, Espagne) : un pas de plus sur le chemin de l’utopie
  9. Extrait de l'article « Marinaleda, un îlot d'anticapitalisme » Tout est à nous ! no 38 du 14 janvier 2010 page 10.
  10. a et b Site Internet officiel de Marinaleda Inicio, La verdad sobre los sueldos (Accueil, La vérité sur les salaires)
  11. « Une utopie anti-crise en Andalousie » Courrier international, 21 août 2012
  12. Guy Dufau, « Marinaleda, un paradis anticapitaliste », blog, Mediapart Le club
  13. Un autre monde existe : Marinaleda
  14. Montant confirmé dans l'émission 13 h 15, le samedi, séquence Mon œil, sur France 2 le 23 mars 2013.
  15. http://www.lepost.fr/article/2010/04/20/2040973_marinaleda-un-modele-d-auto-gestion-unique-en-europe.html
  16. Rubrique « Datos generales - Historia » du site Internet officiel de Marinaleda.
  17. 6 juillet 2013 « Marinaleda, un village en utopie » Du droit à terre au droit au logement. Marinaleda, un village andalou en autogestion unique en Europe
  18. (es) FIESTAS - Sur le site Internet officiel de la mairie de Marinaleda.
  19. Il s'agit de l'effigie de l'âne qui porte Jésus entrant à Jérusalem le dimanche des Rameaux, figure animale populaire traditionnellement honorée en Andalousie.
  20. Il s'agit du cinquième centenaire de l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique en 1492, qui a été marqué par de nombreuses et très coûteuses manifestations officielles en Espagne en 1992. Au nombre de celles-ci l'Exposition universelle de 1992, l'inauguration du Pont du Cinquième Centenaire à Séville, le pont le plus cher construit dans cette ville.
  21. FIESTAS - LA FERIA
  22. DATOS GENERALES - HERÁLDICA

Voir aussi

Documentation

Liens externes