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'''Raymond Gurême''', né en 1925 et mort le {{Date|24-05-2020}}, est l'un des derniers survivants de l'[[Roms#Camps d'internement de « nomades » en France|internement des familles « nomades » en France]] de [[1940]] à [[1946]].
'''Raymond Gurême''', né en 1925 et mort le {{Date|24-05-2020}}, est l'un des derniers survivants de l'[[Roms#Camps d'internement de « nomades » en France|internement des « Nomades » en France]] de [[1940]] à [[1946]].


== Biographie ==
== Biographie ==

Version du 26 mai 2020 à 19:46

Raymond Gurême en visite au Riverside Museum de Glasgow en juin 2019.

Raymond Gurême, né en 1925 et mort le , est l'un des derniers survivants de l'internement des « Nomades » en France de 1940 à 1946.

Biographie

Jeunesse

Raymond Gurême naît en 1925 en Seine-et-Marne au sein d'une famille manouche itinérante depuis des générations[1]. Sa mère, Mélanie Gurême, est issue d'une famille de vanniers, et son père, Hubert Leroux, est forain et tient un cirque ainsi qu'un cinéma muet ambulants[1]. Il est le troisième de neuf enfants[1].

Dans son enfance, qu'il décrit comme « magique », il commence très tôt au sein du cirque familial : à deux ans et demi, il est ainsi déjà clown et acrobate[1]. Il assiste aussi son père dans le bon fonctionnement du cinéma[1].

Déportation et résistance pendant la Seconde Guerre mondiale

Depuis la loi du du 16 juillet 1912, les populations itinérantes sont fichées en France. Trois catégories sont mises en place : les commerçants ambulants, les forains et les « nomades » ; ces derniers ont l'obligation d'avoir un Carnet anthropométrique. La famille de Raymond Gurême acquiert le statut de forain. Le 6 avril 1940, un décret est signé par le président Albert Lebrun qui interdit la libre circulation des nomades en les assignant à résidence[2]. En octobre de la même année, l’administration allemande décrète l'internement des Tsiganes en zone occupée dans des camps placés sous la responsabilité de policiers et gendarmes français. Ces internements ne devaient concerner que les personnes nomades et non foraines[2].

Le matin du , les gendarmes l'envoient lui et sa famille à Darnétal pour être confinés dans une usine désaffectée avec d'autres gens du voyage[3]. Ils sont ensuite internés à Linas-Montlhéry[3] dès l’ouverture du camp, le 27 novembre.

Il s'échappe avec son frère en juillet 1941 mais ils sont repris, suite à une dénonciation par le maire de leur village d'origine[4]. Il s'échappe une deuxième fois, en octobre 1941 et rejoint la Bretagne pour travailler dans des fermes. Il retourne à plusieurs reprises à Linas pour amener de la nourriture et des vêtements à sa famille, toujours internée[1].

En avril 1942, le camp est démantelé et les personnes internées sont transférés au camp de Montreuil-Bellay dans le plus grand camp de nomades de la zone occupée. Raymond Gurême continue d'amener de la nourriture à sa famille.

Il est alors placé dans une maison de redressement pour mineurs à l'hôpital d'Angers. Il y détourne au profit du maquis un camion de ravitaillement, ce qui lui vaut d'être déporté dans un camp de travail en Allemagne près de Francfort. Il s'en évade à l'aide du chauffeur français d’un train de marchandises livrant des céréales en Allemagne.

De retour en France, il rejoint les rangs de la Résistance[5].

Après la guerre

En 1951, il s'installe avec sa femme Pauline, elle aussi ancienne internée, avec qui il a 15 enfants. Il retrouve ses parents en 1952 en Belgique[6].

En 1972, il s'installe avec sa famille sur un terrain de la commune de Saint-Germain-lès-Arpajon (Essonne), à quelques kilomètres de l'emplacement du camp de Linas[7].

En 1983, il demande sa carte d'interné politique, qu'il reçoit finalement en 2009[8].

En 2010, il rejoint le collectif Collectif pour la commémoration de l'internement des Tsiganes et gens du voyage au camp de Linas-Montlhéry pour témoigner et réclamer la reconnaissance officielle de l'internement des nomades par l'État Français[9].

Il donne de nombreuses conférences et intervient dans des écoles[10],[11]. En août 2013, il est invité au Festival de cinéma de Douarnenez[1]. En 2014, lors de la conférence sur l'Holocauste des Roms à Cracovie, il témoigne de son vécu avec 4 autres personnes nomades[5].

Le , il est violemment pris à partie par la police, tandis que plusieurs de ses enfants sont emmenés en garde à vue[7]. Raymond Gurême porte alors plainte pour violences, mais elle est classée sans suite début 2015[12].

Il meurt le à Arpajon[13].

Récompense

En 2012, il est fait chevalier des Arts et des Lettres par Frédéric Mitterrand pour avoir « contribué à lutter contre les discriminations que subissent encore les Tsiganes dans notre pays, implantés pourtant sur ce territoire depuis le XVème siècle, et citoyens français à part entière »[14]. Il a passé sa vie à combattre l'antitziganisme[8].

Publication

  • Raymond Gurême et Isabelle Ligner, Interdit aux nomades, Paris, Calmann-Lévy, , 240 p. (ISBN 978-2702142219)[15]

Filmographie

  • En 2013, il témoigne dans un film documentaire Ils ont eu la graisse, ils n’auront pas la peau de Jean-Baptiste Pellerin de sa vie et de son internement[16].
  • Il participe au film Rencontres en Nomadie (2017).

Notes et références

  1. a b c d e f et g Festival de cinéma de Douarnenez, « Raymond Gurême, l'homme révolté », sur blogs.mediapart.fr,
  2. a et b « Internement des nomades entre 1940 et 1946 et politique nationale de la mémoire - Sénat », sur www.senat.fr (consulté le )
  3. a et b « Mémorial de la Shoah : une exposition ravive la mémoire des "nomades" internés pendant la guerre », sur information.tv5monde.com,
  4. « Raymond Gurême - Ép. 1/2 - Résistances tsiganes », sur France Culture (consulté le )
  5. a et b (hu) « Meghalt Raymond Gureme, a roma holokauszt legidősebb túlélője – képekkel emlékezünk », sur nlc.hu, (consulté le )
  6. Raymond Gurême et Isabelle Ligner 2011.
  7. a et b Eugénie Barbezat, « Raymond Gurême : "les mots seront toujours plus forts que les coups" », sur humanite.fr,
  8. a et b « Raymond Gurême : la mémoire et la révolte », sur lutopik.com (consulté le )
  9. « Enfin une stèle pour les nomades internés durant la guerre », sur leparisien.fr, (consulté le )
  10. Cécile Chevallier, « Lilian Thuram parle racisme au collège de Viry-Châtillon », sur leparisien.fr, (consulté le )
  11. Léa Le Breton, « Graignes. Ancien déporté tzigane, il témoigne », sur ouest-france.fr,
  12. Eugénie Barbezat, « Raymond Gurême victime d'un déni de justice ? », sur humanite.fr,
  13. Nolwenn Cosson, « Essonne : Raymond Gurême, figure emblématique des Tsiganes, s’est éteint », sur leparisien.fr,
  14. « Hommage à Raymond Gurème, Gens du voyage », sur culture.gouv.fr,
  15. Élise Vincent, « Mémoires d'un Tzigane de France », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « Ils ont eu la graisse, ils n’auront pas la peau », sur film-documentaire.fr, (consulté le )

Voir aussi

Liens externes