Édouard Durand

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Édouard Durand
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Tribunal de grande instance de Marseille (d)
Tribunal de grande instance de Bobigny (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Édouard Durand, né le 23 septembre 1975 à Troyes[1], est un magistrat français spécialiste de la protection de l'enfance, des violences conjugales et des violences faites aux enfants[2].

Avec Nathalie Mathieu, il copréside de 2021 à 2023 la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et famille[modifier | modifier le code]

Édouard Durand est né en 1975 à Troyes[3]. Sa mère, fondatrice de la première mission locale de la ville, et son père, avocat, divorcent quand il a cinq ans[3]. Enfant rêveur et solitaire, il passe, aux côtés de son frère aîné et de sa sœur cadette, une enfance heureuse, dans un milieu où la famille tient une grande place. Il lui arrive d'aller écouter plaider son père[3].

Après son baccalauréat, Édouard Durand entame des études de droit, qu'il interrompt à la fin de la première année pour entrer au séminaire dans l'idée de devenir prêtre[3]. Deux ans plus tard, il décide de reprendre ses études de droit pour devenir juge.

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

Protection de l'enfance et lutte contre les violences conjugales[modifier | modifier le code]

Édouard Durand entre en fonction en 2004 à la cour d'appel d'Aix-en-Provence[4],[5]. En 2005, il est juge des enfants à Draguignan[6], puis en poste à Marseille pendant cinq ans[4]. Il devient ensuite juge aux affaires familiales. Il coordonne les formations des auditeurs de justice et des magistrats à l’École nationale de la magistrature[7].

En 2016, il est vice-président chargé des fonctions de juge des enfants au tribunal de grande instance de Bobigny. Il est membre du Conseil national de la protection de l’enfance. Il est membre du conseil scientifique de l’Observatoire national de la protection de l’enfance. Co-président, avec la féministe Ernestine Ronai, de la commission Violence de genre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, il devient un expert reconnu de la lutte contre les violences faites aux femmes[8],[9].

En 2015, il met en place et coordonne, avec Ernestine Ronai, le diplôme universitaire Violences faites aux femmes à l’université Paris VIII[10]. C'est le premier diplôme universitaire en France consacré aux violences faites aux femmes[11]. Édouard Durand publie, seul ou en collaboration avec Ernestine Ronai, plusieurs ouvrages sur le sujet des violences conjugales et sexuelles. Il défend notamment que dans le cas de violences intra-familiales, « protéger la mère, c’est protéger l’enfant »[12] et « un mari violent est un père dangereux »[13].

Le 2 juin 2021, Édouard Durand est nommé inspecteur de la Justice[14].

Par décret du président de la république en date du 8 février 2024 , il est nommé premier vice-président chargé des fonctions de juge des enfants au Tribunal judiciaire de Pontoise au sein du ressort de la Cour d'appel de Versailles[15].

Co-présidence de la Ciivise[modifier | modifier le code]

En janvier 2021, à la suite de la publication du livre de Camille Kouchner, La familia grande, qui raconte les viols sur son frère jumeau dont elle accuse Olivier Duhamel[16], le président de la République Emmanuel Macron annonce la création de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise). Coprésidée par Édouard Durand et Nathalie Mathieu, directrice générale de l'association Docteurs Bru, l'instance est chargée d’élaborer des propositions en vue d’une politique publique de prévention et de lutte contre l'inceste. Elle s'appuie sur les témoignages des victimes. La parole de l'enfant est primordiale et cela ne va pas à l'encontre de la présomption d’innocence du suspect[17].

En moins de deux mois, 6 200 personnes témoignent, dont 90 % de femmes, âgées en moyenne de 44 ans[18]. Au fil des mois, « Je te crois, je te protège » devient la doctrine cardinale de la commission[19]. En , au terme d'une mission de trois années et sur la base de 30 000 témoignages, la Ciivise remet au gouvernement un rapport contenant 82 préconisations[20]. Mais, malgré le soutien de nombreuses associations et spécialistes de la protection de l'enfance, Édouard Durand est écarté de la présidence. Plusieurs personnalités déplorent publiquement son éviction, dont Jean-Marc Sauvé, président de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase)[21], ou Emmanuelle Béart, qui a coréalisé peu de temps avant le documentaire sur l'inceste Un silence si bruyant[22].

En , en signe de protestation, onze membres de la Ciivise démissionnent de la commission, dont Éva Thomas, la psychiatre Muriel Salmona ou l'activiste des droits de l'enfant Arnaud Gallais[23]. Un douzième membre les ayant rejoints, tous signent le dans Libération une tribune intitulée « Inceste : la Ciivise change et nous sommes très inquiets »[24],[25].

Le , Édouard Durand publie 160 000 Enfants. Violences sexuelles et déni social, « court texte précis et d’utilité publique sur l’inceste et les violences sexuelles, et sur le puissant déni collectif qui les entretient » selon Julia Vergely dansTélérama[26].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Édouard Durand, Violences conjugales et parentalité : protéger la mère c'est protéger l'enfant, Paris, L'Harmattan, coll. « Sciences criminelles », 2013 (seconde édition 2022), 110 p. (ISBN 978-2-343-02012-9)
  • Ernestine Ronai et Édouard Durand, Violences conjugales. Le droit d'être protégée, Paris, Dunod, , 292 p. (ISBN 978-2-10-076957-5)
  • Karen Sadlier (dir.), Édouard Durand et Ernestine Ronai (préf. Maurice Berger), Violences conjugales : un défi pour la parentalité, Paris, Dunod, , 162 p. (ISBN 2100802534)

Sources[modifier | modifier le code]

Émissions de radio[modifier | modifier le code]

Documentaires[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Fiche BNF (lire en ligne)
  2. « Édouard Durand : "Violences sexuelles. Il faut en finir avec l'impunité." Témoignages », sur https://www.apprentis-auteuil.org, (consulté le )
  3. a b c et d Giulia Foïs, « Édouard Durand, le juge qui écoutait les enfants [interview] », sur France Inter, En marge, (consulté le )
  4. a et b Sophie Tardy-Joubert, « Édouard Durand : au nom des enfants », sur Actu-juridique, (consulté le )
  5. Décret du 13 août 2004 portant nomination (magistrature), (lire en ligne)
  6. Zoé Varier, « Édouard Durand, juge des enfants : "L'inceste comme crime de masse vient contaminer la société toute entière" », sur www.franceinter.fr, (consulté le )
  7. « Édouard DURAND - CIIVISE Commission Inceste », sur CIIVISE (consulté le )
  8. « Vendée : deux experts contre les violences faites aux femmes à La Roche-sur-Yon », sur actu.fr, (consulté le )
  9. « En finir avec l'impunité des violences faites aux femmes en ligne : une urgence pour les victimes [rapport] », sur www.vie-publique.fr, (consulté le )
  10. « Violences faites aux femmes - DU », Présentations et objectifs, Équipe pédagogique, sur Université Paris-8 (consulté le )
  11. « L’Université Paris 8 lance le premier diplôme universitaire sur les violences faites aux femmes », sur La Gazette des Communes (consulté le )
  12. Isabelle Corpart, « Violences conjugales et parentalité. Protéger la mère c’est protéger l’enfant, Édouard Durand, Paris, coll. « Sciences criminelles », L’Harmattan, 2013, 110 p. », Recherches familiales, vol. 1, no 12,‎ , p. 307-309 (lire en ligne)
  13. Magali Cartigny, « Édouard Durand, juge des enfants à Bobigny : " Un mari violent est un père dangereux " », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne Accès limité, consulté le )
  14. Décret sur Legifrance.
  15. Décret du 8 février 2024 portant nomination (magistrature) - M. DURAND (Edouard) (lire en ligne)
  16. « Inceste. Édouard Durand : « Les enfants ne sont pas assez protégés des violences sexuelles » », sur L'Humanité, (consulté le )
  17. « Edouard Durand, ancien juge des enfants : « On ne banalise plus la parole des victimes » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Virginie Ballet et Chloé Pilorget-Rezzouk, « Inceste : rendre la justice aux victimes », sur Libération, (consulté le )
  19. Virginie Ballet, « Lutte contre l’inceste : «choqués» et «en colère», onze membres de la Ciivise démissionnent », sur Libération, (consulté le )
  20. Solène Cordier, « Le juge Edouard Durand, porte-voix des victimes d’inceste », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne Accès limité, consulté le )
  21. Paula Pinto Gomes, « Inceste : incompréhension après l’éviction d’Édouard Durand de la Ciivise », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  22. Fabrice Tassel, « Emmanuelle Béart, après l’éviction d’Edouard Durand de la Ciivise : " Triste, étrange et indigne " », sur L'Obs, (consulté le )
  23. « Onze membres de la Ciivise démissionnent en signe de protestation, après le remplacement d’Edouard Durand », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. « Inceste : la Ciivise change et nous sommes très inquiets, par douze membres démissionnaires » Accès payant, sur Libération, (consulté le )
  25. Elisa Covo, « Dans Libération, douze membres démissionnaires de la CIIVISE s’inquiètent de son évolution », sur Madmoizelle, (consulté le )
  26. Julia Vergely, « Édouard Durand publie un essai essentiel et implacable sur les violences sexuelles faites aux enfants », sur www.telerama.fr, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]