Affaire Böhmermann

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L'affaire Böhmermann est une affaire judiciaire survenue en Allemagne à la suite de la récitation par l'humoriste Jan Böhmermann d'un poème satirique à l'encontre du président turc Recep Tayyip Erdoğan, dans un contexte diplomatique rendu délicat par l'accord de entre l'Union européenne et la Turquie au sujet des flux de réfugiés syriens.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Le , l'émission extra 3 de la chaîne publique régionale allemande NDR diffuse une vidéo satirique critiquant Recep Tayyip Erdoğan, le chef de l'État turc, notamment sur ses attaques contre la liberté de la presse. La vidéo, qui utilise des séquences et un montage peu flatteurs pour le président turc, est peu appréciée par le gouvernement turc et l'ambassadeur allemand Martin Erdmann est convoqué le par le ministre turc des Affaires étrangères.

À la suite de cela, le , Jan Böhmermann, un humoriste allemand à la tête de l'émission Neo Magazin Royale de la chaîne ZDFneo, déjà impliqué par le passé dans une affaire diplomatique autour d'une vidéo sur Yánis Varoufákis[1], lit à l'antenne un poème qu'il décrit lui-même comme étant insultant à l'égard du président turc, au-delà des limites imposées par le droit allemand[2]. En effet, l'article 103 du code pénal allemand autorise les chefs d'État étrangers à porter plainte en Allemagne contre des propos injurieux tenus à leur encontre ; la poursuite doit toutefois être autorisée par le gouvernement allemand. Erdoğan poursuit donc Böhmermann, qui risque trois ans de prison[3]. Son émission est temporairement suspendue, la vidéo est effacée, et un débat s'ouvre en Allemagne autour de la liberté d'expression et de l'utilité de l'article 103[4].

Le , le leader de la section berlinoise du Parti pirate allemand, Bruno Kramm, est arrêté à son tour pour avoir récité le poème devant l'ambassade de Turquie à Berlin en soutien à Böhmermann.

Dénouement[modifier | modifier le code]

Le , le tribunal de Hambourg interdit à Jan Böhmermann de déclamer à nouveau son poème satirique, jugé insultant et censuré dans 18 de ses 24 vers[5]. Angela Merkel, qui a autorisé la poursuite judiciaire, a néanmoins promis la suppression de l'article 103[5]. Il est définitivement supprimé le à l’unanimité du parlement[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Nicolas Barotte, « Confusion autour du vrai faux doigt d'honneur de Yanis Varoufakis », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
  2. « Allemagne : l’humoriste allemand qui avait insulté Erdogan suspend son émission », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  3. « Le journaliste satirique Jan Böhmermann, de la chaîne publique ZDF, », sur Liberation.fr, (consulté le )
  4. Nicolas Barotte, « Liberté d'expression : Erdogan somme Merkel de poursuivre un humoriste », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b « En Allemagne, un satiriste prié de la boucler », sur Liberation.fr, (consulté le ).
  6. https://www.bundestag.de/dokumente/textarchiv/2017/kw22-de-majestaetsbeleidigung-508476

Articles connexes[modifier | modifier le code]