Arthur Mitchell (danseur)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Arthur Mitchell
Description de cette image, également commentée ci-après
Arthur Mitchell à la fin des années 1950.

Naissance
Harlem, New York, États-Unis
Décès (à 84 ans)
Manhattan, New York, États-Unis
Activité principale Chorégraphe, danseur, cofondateur du Dance Theatre of Harlem
Style Danse classique
Années d'activité 1954-2018
Distinctions honorifiques Laurence Olivier Award en 1984, National Medal of Arts en 1995

Œuvres principales

Creole Giselle (1984)

Arthur Mitchell, né le à New York dans le quartier de Harlem et mort le dans la même ville, est un danseur et chorégraphe américain, connu comme le premier afro-américain engagé par une grande compagnie de ballet, et également créateur du Dance Theatre of Harlem.

Né dans le quartier pauvre et à la population majoritairement noire de Harlem, il suit des études de danse moderne puis classique au début des années 1950. Intégrant le New-York City Ballet (NYCB) en 1955, il y est nommé en 1962 principal dancer, le niveau le plus élevé au sein d'une compagnie de danse aux États-Unis, sous la direction de George Balanchine.

Fortement affecté par l'assassinat de Martin Luther King en 1968, il décide de créer une école de danse dans son quartier natal, qui devient le Dance Theatre of Harlem (DTH), une compagnie de renommée mondiale. Il en est le directeur artistique jusqu'en 2010 avant de passer à la main à une ancienne ballerine de sa compagnie, Virginia Johnson.

Il meurt à Manhattan à l'âge de 84 ans.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et études[modifier | modifier le code]

Arthur Mitchell nait dans le quartier de Harlem en 1934. Il est l'un des cinq enfants d'un père concierge et d'une mère femme de ménage[1]. Il montre une vocation artistique précoce, chantant dans des chorales du quartier, et prenant des cours de claquettes dans les années 1940 et 1950[2]. Il soutient sa famille en se faisant cireur de chaussures, et livreur de journaux à douze ans[3].

Il se dirige vers la danse suite aux remarques d'un conseiller d'orientation qui le voit danser à l'occasion d'une fête de classe et lui suggère d'auditionner pour la High School of Performing Arts (en)de Manhattan[3]. Dans cette école, il danse avec la troupe de danse moderne aux États-Unis et en Europe, et réalise ses premières chorégraphies. Il commence à travailler avec Karel Shook en 1952, un professeur de ballet qui encourage les noirs à pratiquer la danse classique[1].

Principal danser du New York City Ballet[modifier | modifier le code]

Diplômé de la High School of Performing Arts, il décroche une bourse qui lui permet d'intégrer la School of American Ballet, école rattachée au prestigieux New York City Ballet, alors qu'à l'époque il n'y a quasiment aucun rôle pour un danseur classique noir[2]. Le co-fondateur du New York City Ballet, Lincoln Kirstein, le prévient qu'il doit avoir le niveau d'un principal dancer s'il veut rejoindre la troupe [1]. Il y est admis en 1955[2].

Lors de sa première apparition publique en 1956 dans le ballet Western Symphony (en), il est victime de réactions racistes provenant du public. Bien qu'encore membre du corps de ballet, il remplace souvent des principal dancers indisponibles[1].

Il est nommé soliste en 1958[3], et principal dancer en 1962, étant ainsi le premier afro-américain distingué de la sorte[4].

George Balanchine crée le pas de deux du chef-d'œuvre Agon, sur une musique d'Igor Stravinsky, spécialement pour Arthur Mitchell et la ballerine Diana Adams[1]. Dans une Amérique ségrégationniste, une partie importante du public est scandalisée de voir un duo mixte et la télévision refuse de diffuser ce pas de deux avant 1968 dans le Tonight Show[5]. Pour le critique Walter Terry, cité par le New York Times, le rôle de sa vie est celui de Puck dans A Midsummer Night's Dream, en 1962[1]. Sa prestation dans ce ballet inspire un poème à Marianne Moore[6].

Arthur Mitchell dans le rôle de Puck (1962)
Arthur Mitchell dans le rôle de Puck (1962).

Jacques d'Amboise signale par ailleurs que Mitchell est l'attraction des tournées européennes du New York City Ballet dans les années 1960[3]. En parallèle de son travail pour le NYCB, il se produit à Broadway et pour la télévision. Il réalise sa première chorégraphie professionnelle en 1957 pour le spectacle musical Shinbone Alley. Il est également danseur et chorégraphe la même année au Newport Jazz Festival, et en 1960 et 1961 au festival de Spolète. En 1967, il est sollicité par la United States Information Agency pour créer le Ballet national du Brésil[1].

Fondateur et directeur artistique du Dance Theatre of Harlem[modifier | modifier le code]

À la suite de l'assassinat de Martin Luther King en 1968, Arthur Mitchell fonde à Harlem une école de danse classique puis une compagnie de ballet, le Dance Theatre of Harlem, Karel Shook l'y rejoignant très rapidement[7]. Il n'y danse pas mais y enseigne et est le chorégraphe de la compagnie. Il y introduit l'usage de pointes et vêtements de la couleur de la peau des danseurs, s'inscrivant ainsi dans le mouvement culturel Black is Beautiful (en)[8].

La première représentation officielle du Dance Theatre of Harlem a lieu en 1971 au musée Guggenheim de New York. La compagnie devient rapidement connue au niveau international, se produisant en Europe, URSS, Afrique du Sud[1].

Image externe
Arthur Mitchell et George Balanchine en 1971 lors d'une répétition pour un ballet interprété conjointement par leurs deux compagnies

Creole Giselle (1984), une adaptation du grand ballet romantique classique Giselle, qui pour Mitchell se déroule au XIXe siècle dans une plantation, remporte en Angleterre en 1985 trois Laurence Olivier Awards[9].

Lors de la première tournée du DTH en Afrique du Sud en 1992, laquelle est sollicitée par Nelson Mandela, Mitchell apprend la danse à des enfants des townships. De retour aux États-Unis, il crée le programme éducatif Dancing Through Barriers au sein du Dance Theatre of Harlem[8].

Progressivement, Arthur Mitchell se détache de la chorégraphie, s'occupant de la programmation artistique de la compagnie, mêlant œuvres classiques adaptées à l'exemple de Giselle, et modernes[1]. En 2011, il laisse la direction artistique du Dance Theatre of Harlem à l'une de ses anciennes ballerines, Virginia Johnson[10].

Il meurt en 2018 à la suite d'un malaise cardiaque[1].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Il est docteur honoris causa de l'Université Brown[14], d'Harvard[15], Yale[16] et Columbia[17], et également distingué par l'Hamilton College[18], The Juilliard School[19], la New School for Social Research[réf. nécessaire], la North Carolina School of the Arts[20] et le Williams College[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l et m (en) Jennifer Dunning, « Arthur Mitchell Is Dead at 84; Showed the Way for Black Dancers », sur The New York Times, (consulté le )
  2. a b et c Alexis Magnaval, « Arthur Mitchell, le premier danseur étoile noir qui a dynamité le ballet américain », sur France Culture, (consulté le )
  3. a b c et d (en-GB) Wendy Perron, « Arthur Mitchell obituary », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Walter Rutledge, « How the Legacy of Martin Luther King, Jr. Inspired the Dance Theatre of Harlem », Playbill,‎ (lire en ligne)
  5. (en) « Mitchell » [PDF], sur the-ballet.com (consulté le ).
  6. « Columbia University Libraries Online Exhibitions | Arthur Mitchell: Harlem's Ballet Trailblazer », sur exhibitions.library.columbia.edu (consulté le )
  7. (en) « Arthur Mitchell: Strike a pose », sur The Independent, (consulté le )
  8. a et b (en-GB) Wendy Perron, « Arthur Mitchell obituary », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  9. (en-US) Alison Roberts-Tse, « Creole Giselle: Dance Theatre of Harlem », sur Dance Dispatches, (consulté le )
  10. « Dance Theatre of Harlem », sur NYC-Arts
  11. (en) Arthur Mitchell profile, theblackmarket.com, consulté le 23 mai 2008.
  12. a b et c (en-US) Alanna Love, « Legendary Ballet Dancer | Arts Ambassador | Passionate Educator | Visionary | ARTHUR MITCHELL », sur En Face Magazine, (consulté le )
  13. (en) Arthur Mitchell aux Heinz Awards
  14. (en) The Brown University News Bureau, « Commencement 1996 »
  15. a et b (en-US) BExcellence Team, « Remembering Arthur Mitchell, First Black Dancer to Join New York City Ballet », sur Black Excellence, (consulté le )
  16. (en-US) « Honorary Doctorate to Arthur Mitchell », sur Ballet Alert!, (consulté le )
  17. (en-US) admin, « Arthur Mitchell to receive honorary degree from Columbia University », sur Dance Informa USA, (consulté le )
  18. (en) « Dance and Jazz Legends Among Honorary Degree Recipients at Hamilton College », sur Hamilton College (consulté le )
  19. (en-US) Robert E. Tomasson, « Chronicle », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  20. (en) Kait Dorsky, « Library & Learning Commons: UNCSA Archives: Home », sur library.uncsa.edu (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :