Camp de Nexon

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Camp d'internement de Nexon
Présentation
Gestion
Date de création 1940
Créé par Régime de Vichy
Géré par Administration française
Date de fermeture 1945
Victimes
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Nouvelle-Aquitaine
Localité Nexon
Coordonnées 45° 40′ 35″ nord, 1° 11′ 19″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Camp d'internement de Nexon
Géolocalisation sur la carte : Limousin
(Voir situation sur carte : Limousin)
Camp d'internement de Nexon

Le camp d'internement de Nexon est un ancien camp d'internement français situé sur le territoire de la commune de Nexon dans la Haute-Vienne. Fonctionnel de 1940 à 1945, il compte un maximum de 845 détenus et 173 gardiens[1]. Il n'en demeure aucun vestige.

Historique[modifier | modifier le code]

Le , le gouvernement Daladier publie un décret prévoyant la création de centres spéciaux pour l'internement des « étrangers indésirables ».

Un camp pour les prisonniers politiques[modifier | modifier le code]

Le centre de séjour surveillé de Nexon est achevé dans le courant de 1940 et fonctionne jusqu'en 1945. Il est tout d'abord destiné à accueillir des réfugiés espagnols. En , il interne des prisonniers politiques. Proche des camps de Saint-Germain-les-Belles et Saint-Paul-d'Eyjeaux, il prend place comme eux dans les emprises vides des villages édifiés à la hâte au début de la guerre pour accueillir les réfugiés des zones de combat du Nord-Est de la France[2].

Il interne également des Tsiganes. En effet, à partir du décret-loi du 6 avril 1940 d'Albert Lebrun, les "nomades" de France, (qu'ils soient mineurs où majeurs, en témoigne Eugène Fauveau), sont internés "politique" avec l'argumentaire semblable à celui du IIIe Reich en pays occupés de "risque d'espionnage"[3],[4].( ex : Hinrich Lohse en Lettonie) (Voir : Porajmos).

Situé près de la gare ferroviaire, à l'écart du bourg, il est composé de dix-sept baraques entourées de fils de fer barbelés et des chevaux de frise et surveillées par quatre miradors. Il peut accueillir jusque 1 600 prisonniers : opposants politiques (communistes, syndicalistes…), Juifs.

En , un certain nombre d'« indésirables » sont acheminés à Port-Vendres et de là en Afrique du Nord.

À la suite de la dissolution du camp de Gurs, en , les internés de ce camp sont transférés à Nexon[5]. La présence parmi eux du dessinateur Raoul Nobilos permet de connaître aujourd'hui des témoignages artistiques de la détention[2].

Un camp d'internement pour les Juifs étrangers[modifier | modifier le code]

Les Juifs étrangers arrêtés dans la région de Limoges par la police et la gendarmerie française sur ordre du gouvernement de Vichy sont internés à Nexon. C'est de là qu'ils sont transférés au camp de Drancy, puis déportés vers les camps d'extermination, Auschwitz-Birkenau et Treblinka particulièrement.

Le , 450 Juifs dont 68 enfants de la région de Limoges sont arrêtés et internés à Nexon. Ils sont ensuite livrés aux Allemands et déportés à Auschwitz. Des Juifs âgés évacués du camp du Récébédou, près de Toulouse, sont transférés au camp de Nexon[5].

Les conditions de vie au camp de Nexon sont difficiles ; bon nombre d'internés souffrent d'un manque d'hygiène et de malnutrition[6].

Fermeture[modifier | modifier le code]

Le , le camp est attaqué par les résistants des Forces françaises libres menés par Georges Guingouin. Cette opération permet l'évasion de 54 détenus, tandis que les autres prisonniers sont transférés par la Milice à Limoges sous le commandemement de Jean de Vaugelas et Jean Filiol pour les interrogatoires[5]. Le camp ferme définitivement en 1945.

Il ne subsiste aucune trace du camp, dont l'emprise est occupée par un lotissement[7]. Une stèle en rappelle le souvenir.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pascal Coussy, « Nexon, l'un des camps d’internement oubliés du Limousin », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).
  2. a et b Association des Créateurs et Amis du musée départemental de la Résistance de Peyrat-le-Château, « Les camps d'internement de la Haute-Vienne », sur musee-resistance-peyrat.fr, (consulté le ).
  3. Emmanuel Filhol, « L'indifférence collective au sort des Tsiganes internés dans les camps français, 1940-1946 », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 226, no 2,‎ , p. 69–82 (ISSN 0984-2292, DOI 10.3917/gmcc.226.0069, lire en ligne, consulté le )
  4. « FRAD087_993 W 59, Camp de Nexon. Internés. Liste nominative 1943. Pref87 », sur Mémorial des Nomades de France (consulté le )
  5. a b et c Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie, « Camp de Nexon durant la Seconde Guerre mondiale (WWII) », sur ajpn.org, (consulté le ).
  6. Le camp fantôme, Tessa Racine, documentaire, 52 min, France 3 Limousin, 2005, DVD et Blu-ray (ASIN B000NN9X0I).
  7. Angélique Martinez, « Un sentier de la mémoire à Nexon où un camp d'internement a existé durant la 2nde guerre mondiale », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Laurette Alexis-Monet, Les miradors de Vichy, préf. Pierre Vidal-Naquet, Éd. de Paris, Paris, 1994 (ISBN 2905291206) (Camp de Nexon passim; Documents en annexe p. 205–211 ; plan du camp p. 64; descriptif du camp p. 65ss.; photos du camp p. 67–69, 73, 75, 178 (cénotaphe ; stèles, à gauche pour les juifs morts, inauguration le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]