Chrysomela lapponica

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Chrysomela lapponica L. est une espèce de coléoptères de la famille des Chrysomelidae (chrysomèles) qui vit dans le centre et le nord de l'Europe et se nourrit de feuilles de saules et de bouleaux. Les adultes font environ 8 mm de long et les motifs colorés de leurs élytres sont parfois différents selon les régions.

Couleurs et plantes hôtes[modifier | modifier le code]

Les coléoptères de différentes populations peuvent être distincts dans leur biologie, comme dans leurs couleurs ou leur comportement. Les larves et les adultes du nord de l'Europe (par ex. en Finlande, en Suède, en Norvège, en Russie et dans les États baltes) se nourrissent et pondent uniquement sur certaines espèces de saules. Les populations d'Europe centrale, réparties de manière inégale en Allemagne, en République tchèque, en Pologne, dans le nord de l'Italie et en France, sont majoritairement monophages sur le bouleau[1]. Le développement de ces insectes est entravé s'ils ne sont pas élevés sur leur hôte naturel, c'est-à-dire si ceux du nord de l'Europe sont nourris avec des feuilles de bouleau ou ceux d'Europe centrale avec des feuilles de saule[2].

La coloration des élytres est constituée de marques rouges et noires. Les marques noires prédominent dans les populations du nord tandis que dans la population d'Europe centrale, les couleurs rouge et noir sont à peu près également représentées. Les formes les plus sombres se réchauffent plus rapidement au soleil et cela pourrait être une adaptation à l'environnement plus froid du nord de l'Europe[2].

Statut de ravageur[modifier | modifier le code]

Dans la péninsule de Kola, au nord-ouest de la Russie, des foyers de Chrysomela lapponica ont entraîné une grave défoliation de l'espèce de saule Salix borealis en août 1993, puis à nouveau en 1994 et 1995. Des études ont montré que les plantes stressées par la défoliation de l'année précédente étaient moins favorables au développement des chrysomèles. Le déclin des foyers semble donc être lié au développement d'une résistance chez les saules[3],[4].

Ennemis naturels[modifier | modifier le code]

Comme d'autres insectes, Chrysomela lapponica est attaquée par une variété d'ennemis naturels, principalement d'autres insectes qui s'attaquent à ses larves ou les parasitent[5],[6]. C. lapponica a développé des défenses contre ces ennemis naturels. Les larves possèdent des glandes défensives remplies de composés volatils qui dissuadent leurs ennemis naturels de les attaquer et ont une activité antimicrobienne. Ces composés chimiques défensifs ont des compositions différentes dans des populations géographiquement séparées, apparemment liées à la plante hôte dont elles se nourrissent[1],[7]. Bien que ces composés défensifs soient généralement des répulsifs, certains ennemis naturels sont en fait attirés par eux et les utilisent pour localiser leur proie ou leur hôte. Cela a été démontré pour le syrphe prédateur Parasyrphus nigritarsis (en)[6],[8] et la mouche Megaselia opacicornis (famille des Phoridae)[9].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (de) Gross, J., « Speziation beim Blattkäfer Chrysomela lapponica L.: Vergleichende Studien zu Chemischer Ökologie, Verhalten und Morphologie verschiedener Ontogenesestadien aus zwei allopatrischen Populationen [Speciation in the leaf beetle Chrysomela lapponica L.: Comparative studies in chemoecology, ethology and morphology of different stages of two allopatric populations] », Sitzungsberichte der Gesellschaft naturforschender Freunde zu Berlin, vol. 36,‎ , p. 125–142
  2. a et b (en) Gross, Jürgen, Schmolz, Erik et Hilker, Monika, « Thermal adaptations of the leaf beetle Chrysomela lapponica (Coleoptera: Chrysomelidae) to different climes of central and northern Europe », Environmental Entomology, vol. 33, no 4,‎ , p. 799–806 (DOI 10.1603/0046-225X-33.4.799, lire en ligne)
  3. (en) Zvereva, Elena L., Kozlov, Mikhail V., Niemelä, Pekka et Haukioja, Erkki, « Delayed induced resistance and increase in leaf fluctuating asymmetry as responses of Salix borealis to insect herbivory », Oecologia, vol. 109, no 3,‎ , p. 368–373 (DOI 10.1007/s004420050095)
  4. (en) Zvereva, Elena L., « Effects of host plant quality on overwintering success of the leaf beetle Chrysomela lapponica (Coleoptera: Chrysomelidae) », European Journal of Entomology, vol. 99, no 2,‎ , p. 189–195 (DOI 10.14411/eje.2002.027, lire en ligne)
  5. (en) Zvereva, Elena L. et Rank, N.E., « Host plant effects on parasitoid attack on the leaf beetle Chrysomela lapponica », Oecologia, vol. 135, no 2,‎ , p. 258–267 (PMID 12698348, DOI 10.1007/s00442-003-1184-9)
  6. a et b (en) Gross, Jürgen, Fatouros, Nina E., Neuvonen, Seppo et Hilker, Monika, « The importance of specialist natural enemies for Chrysomela lapponica in pioneering a new host plant », Ecological Entomology, vol. 29, no 5,‎ , p. 584–593 (DOI 10.1111/j.0307-6946.2004.00632.x)
  7. (en) Gross, Jürgen, Podsiadlowski, Lars et Hilker, Monika, « Antimicrobial activity of exocrine glandular secretion of Chrysomela larvae », Journal of Chemical Ecology, vol. 28, no 2,‎ , p. 317–331 (PMID 11925070, DOI 10.1023/A:1017934124650)
  8. (en) Köpf, Alfred, Rank, Nathan, Roininen, Heikki et Tahvanainen, Jorma, « Defensive larval secretions of leaf beetles attract a specialist predator Parasyrphus nigritarsis », Ecological Entomology, vol. 22, no 2,‎ , p. 176–183 (DOI 10.1046/j.1365-2311.1997.t01-1-00061.x)
  9. (en) Zvereva, Elena L. et Rank, N.E., « Fly parasitoid Megaselia opacicornis uses defensive secretions of the leaf beetle Chrysomela lapponica to locate its host », Oecologia, vol. 140, no 3,‎ , p. 516–522 (PMID 15146325, DOI 10.1007/s00442-004-1602-7)