Denis Goldberg

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Denis Goldberg
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 87 ans)
Le CapVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Denis Theodore GoldbergVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Université du Cap (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Partis politiques
Influencé par
Distinctions
Liste détaillée
Doctorat honoris causa (Sefako Makgatho Health Sciences University (en)) ()
Ordre de Luthuli (en) ()
Officier de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne ()
Docteur honoris causa de l'université Heriot-Watt ()
Docteur honoris causa de l'université du Cap ()
Isitwalandwe Medal (en) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Denis (ou Dennis) Theodore Goldberg, né le au Cap et mort le dans la même ville, est un militant sud-africain anti-apartheid, membre du Congrès des démocrates puis du Parti communiste sud-africain et d’Umkhonto we Sizwe, la branche militaire du congrès national africain. Condamné à la prison à vie lors du procès de Rivonia, il est finalement libéré en 1985 pour vivre quelques années en Israël puis en Angleterre avant de revenir s'installer en Afrique du Sud au début des années 2000.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Dennis Theodore Goldberg est né le 11 avril 1933 au Cap, en Afrique du Sud[1]. Il est le fils d'Annie Fineberg, une couturière, et de Sam Goldberg, un chauffeur de camion. Ses parents sont nés à Londres, enfants de Juifs lituaniens qui ont émigré en Angleterre dans la seconde moitié du XIXe siècle[2]. Les deux parents étaient des militants communistes actifs lorsqu'ils vivaient à Londres, et après avoir déménagé au Cap, ils ont joué un rôle actif dans la branche locale du Parti communiste sud-africain.

En mars 1950, à l'âge de 16 ans, il commence des études de génie civil à l'université du Cap.

Conjoint et enfants[modifier | modifier le code]

En dernière année de ses études à l'université du Cap, Denis Goldberg rencontre Esme Bodenstein, issue d'une famille active au sein du parti communiste. Esme Bodenstein est membre d'un comité de la Modern Youth Society (MYS), une association de jeunes sans ségrégation raciale, au sein de laquelle Denis Goldberg participe. Ils se marient en janvier 1954. Leur fille Hilary naît en 1955 et leur fils David en 1957.

Militantisme contre l'apartheid[modifier | modifier le code]

En plus de leur activité au sein du MYS, le couple s’engage dans le Congrès des démocrates. Bien que ces activités ne soient pas illégales, ces militants étaient constamment harcelés par la police.

En 1957, Denis Goldberg rejoint le parti communiste (qui avait été interdit en 1950). Il est arrêté le 30 mars 1960 pour avoir soutenu des grévistes dans les townships à la suite du massacre de Sharpeville le 21 mars 1960. Avec sa mère, il passe quatre mois en prison sans procès et perd ensuite son emploi. Face à la répression exercée par le gouvernement sud-africain du parti national, il entre au sein de l’Umkhonto we Sizwe (le « fer de lance de la nation », ou MK)[3], la branche armée du congrès national africain, fondée en décembre 1961.

Le 11 juillet 1963, il est arrêté lors d’une descente de la police sud-africaine dans la ferme de Lillies-Leaf, à Rivonia, dans la banlieue nord de Johannesbourg, lors d'une réunion qui devait être la dernière à s'y tenir, après que cette maison ait été utilisée comme lieu de réunion secret pendant près de deux ans. Il est arrêté avec plus d’une douzaine de personnes, comptant parmi les dirigeants et militants de l’ANC les plus influents, dont Walter Sisulu, Govan Mbeki, Raymond Mhlaba, Ahmed Kathrada, ou encore Andrew Mlangeni.

Le plus jeune accusé du Procès de Rivonia[modifier | modifier le code]

Goldberg devient ainsi l’un des accusés du procès de Rivonia, le plus jeune des accusés, et l’un des 5 blancs. Le procès s’ouvre le 9 octobre 1963. Nelson Mandela n’était pas présent dans cette ferme, étant déjà en prison, y purgeant une peine de cinq ans. Mais lors de la descente, la police a trouvé des documents cachés l’incriminant. En conséquence, il est inculpé et jugé avec les autres[2],[4],[5],[6]. Déclaré coupable de quatre chefs d'accusation, il est condamné à la prison à vie.

Les années de prison[modifier | modifier le code]

Séparé de ses compagnons, qui sont incarcérés notamment à Robben Island, Denis Goldberg est détenu dans un pénitencier de la capitale, Pretoria. Il y subit de longues périodes d’isolement. Il reste 22 ans en prison.

En 1978/1979, il contribue à la préparation puis à l’évasion de trois détenus (dont Tim Jenkin), sans s’évader lui-même. Il contribue à distraire le gardien pendant que les trois évadés s'échappent ; tous trois réussissent à s'enfuir vers les pays voisins et à recouvrer leur liberté[7].

Sa fille, Hilary, vivant dans un kibboutz en Israël, met en place un comité pour tenter d'obtenir la libération de son père. En 1985, ces initiatives en cours bénéficient d’un contexte politique international favorable. Sous la pression des États-Unis, le gouvernement sud-africain propose de libérer des prisonniers politiques s'ils renoncent à la violence. Denis Goldberg accepte de ne plus être directement lié à des actions violentes mais refuse de répudier pour autant sa participation antérieure ni de nier la nécessité d'une lutte armée. Dans une lettre adressée au président Pieter Willem Botha, il expose sa position en détail et accepte de « s'engager à participer à une politique pacifique normale qui puisse être pratiquée librement et de manière significative ». Il s’engage également à quitter immédiatement le territoire sud-africain.

Le 28 février 1985, après 21 ans de prison, il est libéré[8].

Les années d'exil[modifier | modifier le code]

Il est conduit directement de la prison à l'aéroport pour prendre l'avion vers Israël, où il retrouve sa femme et ses enfants. Bien qu'Israël soit intervenu en sa faveur, il critique la façon dont l’État israélien traite les Palestiniens et sa coopération avec l'Afrique du Sud.

Puis il s’exile à Londres avec sa famille. Il continue à faire campagne contre l’apartheid, jusque la fin de ce système politique au début des années 90 et l'investiture de Nelson Mandela, en 1994 ,comme président d'Afrique du Sud.

Goldberg ne décide pas pour autant de retourner en Afrique du Sud immédiatement, principalement pour pouvoir rester avec son épouse Esme, ses enfants et ses petits-enfants, qui veulent rester au Royaume-Uni.

Retour en Afrique du Sud[modifier | modifier le code]

Après la mort de son épouse en 2000 puis de sa fille Hillary en 2002, il retourne en Afrique du Sud, au Cap, accompagné de sa nouvelle épouse (décédée en 2006), et est nommé conseiller du Ministre de l'eau, Ronnie Kasrils[9],[10].

En juillet 2019, il est diagnostiqué d’un cancer du poumon après s'être effondré lors d'une tournée de conférences en Allemagne. Après une chimiothérapie intensive, sa tumeur diminue, mais son cancer réapparaît en mars 2020. Il meurt chez lui à Hout Bay le 29 avril 2020[2],[5].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Denis Theodore Goldberg », sur South African History Online
  2. a b et c (en) Alan Cowell, « Denis Goldberg, South African Freedom Fighter, Is Dead at 87 », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  3. (en) « uMkhonto weSizwe (MK) », sur South African History Online,
  4. Jean Huteau, « Les accusés de Rivonia n'ont pas nié les faits qui leur étaient reprochés », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. a et b « Denis Goldberg, célèbre compagnon de route de Nelson Mandela, est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  6. AFP, « Nelson Mandela : un documentaire à Cannes rend justice à ses co-accusés », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Tim Jenkin, Inside Out : Escape from Pretoria Prison, Johannesbourg, Jacana, (ISBN 9781919931500, OCLC 653065100)
  8. Michel Bole-Richard, « Après vingt et un ans de prison, le militant anti-apartheid Dennis Goldberg a accepté l'offre de libération de M. Pieter Botha », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. (en) « Goldberg comes home », News24,‎ (lire en ligne)
  10. (en) « Anti-apartheid activist Goldberg at 80 », Deutsche Welle,‎ (lire en ligne)