Front d'action nouvelle contre l'indépendance et l'autonomie

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Front d'action nouvelle contre l'indépendance et l'autonomie
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FRANCIAVoir et modifier les données sur Wikidata
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Idéologie

Le Front d'action nouvelle contre l'indépendance et l'autonomie, connu sous l'acronyme FRANCIA, est une organisation secrète qui a opéré en Corse à la fin des années et au début des années . Elle s'opposait, par des distributions de tracts et par la violence, aux revendications et aux actions du FLNC.

Contexte[modifier | modifier le code]

En , les groupuscules corses avec des revendications nationalistes sont dissous pour former ensemble le FLNC qui, avant ses différentes scissions, est la seule organisation clandestine nationaliste corse. D'autres organisations, comme la Consulte des comités nationalistes, continuent d'exister et servent alors de vitrines légales aux revendications du FLNC.

FRANCIA se constitue dès avec pour objectif de s'opposer aux revendications indépendantistes comme autonomistes[1]. Ses membres connus sont des adhérents ou des proches du RPR et du Service d'action civique (SAC)[2]. En , l'organisation a reçu le soutien du secrétariat général du comité pour l'indépendance et l'unité de la France présidé par Michel Debré[1].

Idéologie et revendication politique[modifier | modifier le code]

Auditionné par une commission d'enquête parlementaire sur les activités du SAC, Christian Bonnet, ministre de l'Intérieur de à , déclare :« FRANCIA était une organisation d'un type parallèle, composée d'hommes très attachés au maintien de la Corse dans la mouvance française et décidés à aller assez loin pour affirmer leur volonté d'intégrité du territoire français »[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Création[modifier | modifier le code]

Louis Odru, rapporteur de la commission d'enquête sur le SAC, constate l'absence du SAC dans les départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Il attribue cette absence, étrange dans un territoire avec une forte composante gaulliste, à la présence du mouvement FRANCIA, substitut régional du SAC[4].

Les liens entre le SAC et FRANCIA ont été niés par Pierre Bertolini, l'un des chefs reconnus de FRANCIA, tout comme par Pierre Debizet, l'un des dirigeants du SAC. Néanmoins, sur les trois membres de FRANCIA pris en otage par des militants nationalistes corses en , deux, Pierre Bertolini et Alain Oliel, sont membres du SAC[5]. Les responsables du SAC, lors d'une réunion en présence de Jacques Focart, décide d'ailleurs la création d'un comité de soutien à Pierre Bertolini[6].

Toujours selon le même rapport, FRANCIA s'est fait officiellement connaître en , mais existait auparavant sous le nom de « Justice et Liberté »[4].

Principales actions connues[modifier | modifier le code]

Entre et , FRANCIA commet une quarantaine d'attentats par an, dont le plasticage du domicile d'Edmond Simeoni et du siège de l'Unione di u Populu Corsu ou encore la destruction, sur l'île d'Elbe, de l'émetteur de Radio Corse Internationale[7].

Plasticage et incendie de l'imprimerie du journal Arriti[modifier | modifier le code]

Dans la nuit du -, l'imprimerie de l'hebdomadaire nationaliste Arriti est détruite par un plasticage suivi d'un incendie[8]. L'attentat est alors revendiqué par FRANCIA[9]. L'année suivante, en guise de représailles, le capitaine Pierre Bertolini est la cible d'un attentat du FLNC — attribué à Marcel Lorenzoni — dans lequel il perd une jambe[10],[11].

Affaire Bastelica-Fesch[modifier | modifier le code]

Le , le capitaine Bertolini, chef de FRANCIA, Alain Oliel, membre du SAC, et Yannick Leonelli, qui aurait infiltré FRANCIA pour le compte du FLNC, quittent Ajaccio dans une voiture avec des armes pour une action contre Marcel Lorenzoni, militant nationaliste. Ils sont interceptés à Bastelica par un groupe de militants du FLNC qui les prend en otages. L'action des militants corses entraîne une réaction importante des forces policières qui bouclent le village, mais les trois otages sont évacués, tandis qu'un groupe de militants menés par Marcel Lorenzoni forcent les barrages policiers et se retranchent à Ajaccio dans l'hôtel Fesch avec pour objectif d’organiser une conférence de presse[12]. Après une nuit sous haute tension — dans d'autres secteurs de la ville, un CRS est tué à bout portant, et deux habitants, sans aucun lien avec le mouvement nationaliste, sont tués par la police —, le groupe retranché dans l'hôtel se rend aux forces de l'ordre le .

En , lors de leur procès, Pierre Bertolini et Alain Oliel reconnaissent qu'ils sont venus visualiser Marcel Lorenzoni, mais nient toute action violente[13]. Le , Marcel Lorenzoni est quant à lui condamné à 4 ans d'emprisonnement, mais il bénéficiera de l'amnistie accordée par le président François Mitterrand.

Dissolution[modifier | modifier le code]

Le SAC, dont FRANCIA dépend, est dissout par le décret no 82-670 du [14]. Néanmoins, les membres de FRANCIA poursuivent leurs activités au moins jusqu'en [15]. Des actions terroristes sont même revendiquées jusqu'en [16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Une douzaine de membres présumés du groupe " Francia " sont interpellés en Corse », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Gilles Ferragu, « La France et ses « siècles de plomb » », Confluences Méditerranée, vol. N° 102, no 3,‎ , p. 13 (ISSN 1148-2664 et 2102-5991, DOI 10.3917/come.102.0013, lire en ligne, consulté le )
  3. Rapport 1982, p. 929.
  4. a et b Rapport 1982, p. 90-91.
  5. Rapport 1982, p. 279.
  6. Rapport 1982, p. 436-437.
  7. Faligot et Guisnel 2007, p. 432-433.
  8. « Attentat contre l'imprimerie du journal " Arriti " à Bastia », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Assemblée de Corse : les raisons de la colère », sur LaProvence.com, (consulté le )
  10. « Histoire d'une haine », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « AU PROCÈS DES AUTONOMISTES CORSES DEVANT LA COUR DE SÛRETÉ DE L'ÉTAT Les quatre frères Lorenzoni », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « • Des autonomistes se retranchent à Ajaccio dans un hôtel, retenant des voyageurs • Les deux " otages " sont dans un " lieu secret " Le défi », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Barbouzeries... », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. France. « Décret n°82-670 du 3 août 1982 portant dissolution de l'association dénommée Service d'Action Civique (SAC) » [lire en ligne (page consultée le 2023-09-11)]
  15. Faligot et Guisnel 2007, p. 80.
  16. Xavier Crettiez, Les engagements nationalistes radicaux en Corse (1984-1988), Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-8870-7, lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]