Guy Philippe

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Guy Philippe
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Guy Philippe, né le , à Pestel, Grand-Anse, est un haut fonctionnaire, homme politique et ancien Sénateur de la République d'Haïti.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Pestel dans le Sud-Ouest d'Haïti, le 29 février 1968, Guy Philippe a passé les premières années de sa vie en milieu paysan, ce qui l'a fortement sensibilisé aux problèmes du « pays-en-dehors » et en particulier aux questions agraires. Son père Albert PHILIPPE était Maire de Pestel et dans sa famille, on parlait souvent Politique et Histoire. Guy PHILIPPE est aussi un passionné de Littérature et il cite volontiers CORNEILLE, ROUSSEAU ou MONTESQUIEU.

Après de solides études chez les Frères PAULIN de Jérémie et à St Louis de Gonzague à Port-au-Prince, Guy PHILIPPE part au Mexique, puis aux Etats-Unis. Il semble être prédestiné pour le sport. Il est plusieurs fois champion de tennis de table en Haïti et la presse Mexicaine parlera plus tard de lui comme le "goleador" (buteur) de Puebla.

Après avoir hésité entre la médecine et l'Académie militaire, les hasards de l'existence conduiront, en septembre 1992, Guy PHILIPPE à Quito, en Équateur, où il entre à la « Academia Superior de Policia Alberto Enriquez GALLO ». C'est l'une des meilleures écoles de police de toute l'Amérique : trois ans de formation soutenue avec des stages dans les commissariats et des séances d'entraînement avec les cadets de l'école militaire dans le cadre de simulations d'opérations combinées terre-air-mer. Cette formation comprend aussi 8 semestres de cours à la faculté de droit de Loja.

En cours de formation, Guy PHILIPPE sera intégré au sein des Forces Armées d'Haïti comme cadet stagiaire à l'étranger. Il achève brillamment ses études: deuxième lauréat de la promotion, après avoir pris un temps la tête du classement. Ils étaient 200 à franchir la porte d'entrée, ils n'étaient que 88 gradués en raison de la rigueur de la sélection. Il est également le premier étranger à être décoré en plus de 60 ans d'existence de l'académie. Ce parcours peut ne pas sembler, à première vue, le destiner à se préoccuper globalement des problèmes de son pays, c'est pourtant avec cette préoccupation qu'il rentrera se mettre au service de sa patrie.

La même année, il apprend que le président ARISTIDE a démobilisé l'armée haïtienne en mettant au chômage plus de 6000 soldats sans aucune forme de compensation et au mépris total de la constitution haïtienne. Guy PHILIPPE se voit alors refuser l'entrée dans la toute nouvelle force de police alors qu'il est à ce moment précis l'un des rares haïtiens réellement formés pour assumer un poste de responsabilité dans le maintien de l'ordre. Toutes les portes lui sont fermées sous prétexte qu'il a été boursier des Forces Armées d'Haïti et qu'il représente un « danger » pour le régime en place.

Contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, Guy PHILIPPE n'a donc jamais travaillé sous les ordres d'ARISTIDE. Il a fallu attendre l'arrivée de son successeur en 1995 et en particulier de Pierre DENIZE à la tête de la Police Nationale pour que Guy PHILIPPE obtienne enfin un poste de commissaire à Ouanaminthe, à la frontière dominicaine. Impressionné par les excellents résultats de son travail, la direction générale de la police le fait entrer au poste de Delmas dont dépendent plusieurs bidonvilles, Cité Soleil, entre autres. Il s'agit du commissariat le plus important du pays de par la population qu'il couvre et le nombre d'entreprises concentrées dans la commune.

En 1999, après avoir neutralisé les premiers gangs armés d'ARISTIDE (1), dont la fameuse « Armée Rouge », il réussit là aussi, à rétablir l'ordre et la discipline dans le respect de la loi et des droits de l'Homme. Il fait de Delmas l'un des quartiers les plus sûrs du pays. Après avoir été élu commissaire de l'année, en présence d'observateurs des Droits de l'Homme (venant de la MICIVICH) ainsi que d'experts de police venant de Nations Unies (MINUAH)., il obtient une promotion qui fait de lui le commissaire principal responsable du département du Nord.

La qualité de son travail et son indépendance par rapport au pouvoir en place impressionnent tant que la république entière parle de lui en bons termes. Dans certains milieux, on le voit bien à la tête de la police nationale. De par sa probité, l'ensemble des policiers reconnaissent son autorité et lui témoignent une certaine admiration. Ce qui n'est jamais de bonne augure sous une dictature.

Entre-temps, les élections de 2000 approchent. ARISTIDE s'apprête à revenir au pouvoir après la présidence de PREVAL qui était en fait la version moderne revue, corrigée et augmentée de la politique de doublure en Haïti. On retiendra de ses discours, les uns plus irresponsables que les autres, la fameuse phrase « naje pou n soti » (tirez votre plan, tout seul) ce qui était en fait un aveu d'échec politique. Un laisser-aller complice favorisant le banditisme et la démobilisation des forces vives du pays. Tout son mandat n'a servi qu'à paver la route aux tendances dictatoriales d'Aristide, notamment en muselant les voix dissidentes, comme celle du journaliste Jean DOMINIQUE, des leaders politiques comme le pasteur LEROY ou le sénateur Yvon TOUSSAINT, qui sont assassinés. Les élections législatives ne sont pas organisées simultanément aux présidentielles, laissant ainsi un vide institutionnel qui fragilise notre démocratie.

Tout le groupe d'officiers professionnels formé en Equateur, est accusé de préparer un coup d'état visant à empêcher Aristide de retourner au pouvoir. Ils sont contraints de quitter le pays. Guy Philippe s'exile à Saint Domingue en décembre 2000 avec sa femme et ses deux enfants. Là bas, malgré le climat anti-haïtien qui prévaut, certains militaires dominicains le traitent avec respect et lui font le salut militaire pendant toute la durée de l'exil. S'il demeure reconnaissant de la solidarité des dominicains à son égard, il n'en est pas moins marqué par le sort des travailleurs haïtiens dans la république voisine qu'il dénonce avec courage.

ARISTIDE n'obtiendra pas l'extradition de Guy PHILIPPE. Mais il a bien réussi à ternir son image à l'étranger. De grands journaux internationaux très respectables ont longuement et inlassablement répété les mensonges orchestrés par les propagandistes du régime LAVALAS sur la prétendue fortune de Guy PHILIPPE ou son présumé rôle comme militaire sous DUVALIER... alors qu'il était encore écolier. En Haïti, tantôt on en rit, tantôt on en profite pour nuire à sa popularité, mais dans le fond, personne n'y croit. Guy PHILIPPE est doué d'un sens de l'humour débordant dont il fait preuve même dans les situations les plus catastrophiques.

Dans la presse, ARISTIDE est régulièrement tourné en dérision, souvent à cause de ses réactions disproportionnées qui le ridiculisent davantage. Il attribue tous les mouvements subversifs à la main de Guy PHILIPPE, alimentant ainsi une rumeur croissante à travers le pays : "ARISTIDE n'a peur que de Guy PHILIPPE". Cette idée devient un mythe. Les élections frauduleuses de 2000, dénoncées courageusement par une seule voix dissidente au sein de l'OEA, plongent le pays dans une crise interminable, marquée par la dérive dictatoriale d'ARISTIDE. Des opposants sont arrêtés sans procès, des stations de radio indépendantes sont saccagées, des journalistes, dont Brignol LINDOR, sont assassinés, et même les espaces universitaires sont violés par les chimères, les gangs armés sans foi ni loi d'ARISTIDE. Les manifestations et grèves sont réprimées violemment, entraînant un lourd tribut pour les étudiants.

Malgré la répression, le mouvement étudiant, incarné par le vocable créole "Gren n nan bouda" ou GNB, persiste, démontrant une détermination à toute épreuve face à l'intimidation et aux balles. Pendant ce temps, la société civile et la classe politique traditionnelle hésitent entre soutenir le mouvement étudiant et négocier de nouveaux compromis avec ARISTIDE. Cependant, l'ex-"armée cannibale" aux Gonaïves se retourne contre son chef, marquant un tournant décisif. ARISTIDE doit désormais faire face à une double opposition, dont une armée défiant sa présence aux festivités du bicentenaire aux Gonaïves en janvier 2004.

En février 2004, la crise persiste et s'aggrave. Les routes nationales sont désertées par peur des pillages, des viols, et de l'insécurité causés par les bandes armées d'ARISTIDE. La population est épuisée, ne voyant pas de solution à l'horizon. C'est dans ce contexte que Guy PHILIPPE, après trois années d'exil, traverse la frontière dominicaine avec des patriotes déterminés à libérer Haïti. Accueilli en libérateur à Saint-Michel de l'Attalaye, Guy PHILIPPE rejoint différents mouvements armés, formant le "Front de résistance et de libération nationale". Face aux trahisons, aux promesses non tenues, et à l'échec de la transition, Guy PHILIPPE fonde en mai 2004 le Front pour la Reconstruction Nationale (FRN).

Le FRN, portant comme logo une truelle et un bloc, met l'accent sur le développement endogène, valorisant les potentiels locaux pour construire un État fonctionnel et des institutions indépendantes. Malgré les bavures des forces onusiennes et les pressions internationales, Guy PHILIPPE remet les "clés du pouvoir" aux civils après avoir militairement pris les deux tiers du territoire national. Il devient une figure emblématique du mouvement GNB, symbolisant l'espoir pour la population opprimée. Le 1er mars 2004, Guy PHILIPPE fait son entrée triomphale à Port-au-Prince, acclamé comme "général président". Contrairement à l'histoire habituelle d'Haïti, l'armée victorieuse ne s'empare pas du pouvoir exécutif, et Guy PHILIPPE remet humblement les "clés du pouvoir" aux civils.

Le président provisoire Boniface ALEXANDRE, dans son premier discours à la Nation, s'éloigne de l'aide de Guy PHILIPPE et préfère faire appel à des soldats étrangers pour assurer la sécurité du pays. Malgré les tentatives de minimiser l'apport de Guy PHILIPPE par la classe politique traditionnelle et certains médias, le FRN est créé avec l'objectif de reconstruire Haïti sur les principes du développement endogène. Guy PHILIPPE, conscient des enjeux économiques mondiaux, s'inspire des politiques latino-américaines et propose une voie politique adaptée à la réalité haïtienne. Le FRN, porteur d'espoir, vise à construire un pays nouveau en encourageant chaque Haïtien à donner le meilleur de lui-même.

De son expérience au Mexique et en Equateur, Guy PHILIPPE garde un intérêt certain pour les politiques économiques latino-américaines. Il est particulièrement attentif aux développements récents, d'autant que s'il admet qu'il y a bien eu une certaine croissance économique du Chili sous PINOCHET, il demeure horrifié par son coût humain et par le coté brutal et arbitraire du dictateur Entre CARDENAS et VARGAS. Il propose une voie politique adaptée à la réalité haïtienne tout en tenant compte des exigences de l'ère de la mondialisation, des réponses effectives aux besoins économiques et sociaux de la population haïtienne.

Le programme du parti pourrait se résumer en deux mots: développement endogène. Il s'agit d'une forme moderne de patriotisme économique, une valorisation des potentiels locaux qui va de la stimulation et la protection de la production nationale à la défense de nos valeurs culturelles. Un programme ouvert, progressiste et surtout porteur d'espoir.

Après des accusations de participation à un coup d'État et le renvoi de son poste de chef de la police de Cap-Haïtien en octobre 2000, Philippe fui vers la République dominicaine où il est resté jusqu'au , date à laquelle il est revenu en Haïti afin de se joindre à une rébellion contre le président Jean-Bertrand Aristide. Cinq jours après son retour au pays, où il faisait une déclaration conjointe avec l'ancien chef de la milice Louis-Jodel Chamblain par laquelle il apportait son soutien aux forces anti-gouvernementales, Philippe reçoit le commandement de l'armée rebelle.

Human Rights Watch a signalé le vendredi , que, pendant le mandat de Philippe comme chef de la police de banlieue de Delmas à Port-au-Prince entre 1997 et 1999, des observateurs internationaux ont "appris que des dizaines de présumés membres de gangs ont été sommairement exécutés, principalement par la police sous le commandement de l'inspecteur Berthony Bazile, l'adjoint de Philippe"[1].

Le , Philippe et ses paramilitaires ont repris le contrôle du siège de l'ancienne armée haïtienne situé face du Palais national. Philippe a déclaré à la presse internationale qu'il contrôlait lui-même 90 % des forces armées Haïtiennes. Dans une allocution à la radio, il déclara : « Le pays est dans mes mains. » En il convoqua 20 commandants de la police à se réunir avec lui le jour suivant et les a averti que s’ils ne se présentaient pas, il les arrêterait.

Le même jour, Philippe a annoncé qu'il allait arrêté le Premier ministre haïtien Yvon Neptune, un haut fonctionnaire du parti Lavalas de Aristide. Democracy Now! a été informé par des sources en Haïti que la maison de Neptune a été incendiée et pillée et qu'il était poursuivi par des bandes armées. Les proches de Neptune ont déclaré qu'il craignait pour sa vie. La radio locale a rapporté que Neptune avait été évacué de son bureau en hélicoptère aprèsavoir été alerté que Guy Philippe dirigeait une bande de milices vers son bureau. De cette même période, il existe des rapports de meurtres et d'exécution sommaires sur les littoraux[2].

Dans le même temps, K. A. Paul, un pasteur évangéliste d'origine indienne, s'est rendu en Haïti pour répondre à Philippe. À la suite de cette réunion, Philippe a promis de déposer les armes et d'adopter le défi des méthodes démocratiques.

Le , Guy Philippe a annoncé qu'il se présenterait aux élections présidentielles de Haïti pour le Front pour la reconstruction nationale (FRN). Le FRN est aussi son groupe de guérilla qui a participé à la rébellion de 2004. Au début de l’année 2005, le FRN a été reconnu comme un parti politique. Philippe a critiqué l'administration du gouvernement intérimaire pour la lenteur du processus de mise en place des centres d'inscription dans tout le pays. Considéré au début comme un vainqueur probable du scrutin, plus tard, il tombe derrière les principaux prétendants. À la fin, en dépit de ses soutiens internationaux et locaux de la rébellion, et en dépit de son charme auprès des jeunes Haïtiens, Philippe a remporté moins de 1 % des voix, ce qui démontre qu'il n'était pas un héros populaire et a été le seul leader d'un faux groupe rebelle de mercenaires.

Au petit matin, lundi , cinq hélicoptères, deux avions et plus d'une dizaine d’agents de la Drug Enforcement Administration, ainsi que des agents anti-drogue haïtiens la Brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants (BLTS) lourdement armés ont entouré la villa jaune à deux étages de Philippe dans les collines au-dessus de Les Cayes, dans la péninsule du sud de Haïti[3].

Philippe est recherché en raison de soupçons de liens avec le trafic illicite des drogues dans le pays. Les supporters de Philippe disent que les allégations contre lui cachent des motifs politiques et font remarquer qu’il a récemment fait taire ces soupçons en menaçant d'identifier des Haïtiens puissants qui ont apporté un appui financier pour la rébellion de 2004.

Il est finalement arrêté le jeudi par la BLTS qui est le Bureau de Lutte Contre le Trafic de Stupéfiants, et un avion de la DEA a procédé à son extradition vers les États-Unis.

À noter que Guy Philippe était élu sénateur de la République d'Haïti pour le département de la Grand'Anse lors des élections du . Lors de son arrestation, il venait juste de prendre son certificat au CEP (Conseil Électoral Provisoire). En sortant du CEP, il a passé à une émission dans la radio Scoop Fm et c'est en sortant dans la dite radio que les agents de la BLTS ont procédé à son arrestation. À la suite de son arrestation le dernier, Guy Philippe a finalement accepté de plaider coupable pour les faits qui lui sont reprochés par les autorités américaines. Son procès est fixé pour le mois de .

Après avoir purgé sa peine aux Etats-Unis d'Amériques, Guy Philippe revient en Haïti en décembre 2023. Il semble vouloir retrouver la vie politique et organiser une "révolution pacifique" mais est confronté à la montée en puissance des gangs qui prennent le contrôle de la capitale en mars 2024[4].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Human Rights Watch, 5 février 2006. Récupérée le 13-5-2009
  2. Democracy Now!, 3 mars 2004. Récupérée le 3-5-2009
  3. IJDH Recent News, 18-7-2009. Récupérée le 27-5-2009
  4. « En Haïti, « les gangs ont transformé leur contrôle territorial en domination sociale, économique et militaire » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )