Hexasyllabe

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L'hexasyllabe est un vers de six syllabes.

Usage[modifier | modifier le code]

En métrique syllabique, l'hexasyllabe (en grec, hex ou hexa – forme non attique = « six »[1]) est un vers de six syllabes[1], sans césure[2]. Par exemple, chez Ronsard[2] :

Antres, et vous fontaines

— Pierre de Ronsard, Quatriesme Livre des Odes, IV

L'hexasyllabe est surtout employé en hétérométrie[1],[2].

Au Moyen Âge, il sert à conclure les laisses[2],[3].

Il apparaît souvent dans les strophes à agencement coué ou à clausule, terminées par un vers plus court[2]. Par exemple chez Lamartine[2] :

Ainsi, toujours poussés / vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle / emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais / sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?

— Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques, « Le Lac »

Autre exemple en hétérométrie, chez Charles Baudelaire, avec des tétrasyllabes dans le refrain du « Jet d'eau »[1] :

La gerbe épanouie
En mille fleurs,
Où Phœbé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.

— Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Le Jet d'eau »

En isométrie, il est notamment utilisé dans des poèmes inspirés de la chanson, dans les Odes de Ronsard ou les Odes et ballades de Victor Hugo[2]. Il est alors considéré comme un « sous-multiple » de l'alexandrin[4], tel un demi-alexandrin[3], « permettant des échos sonores deux fois plus rapprochés[5] ». Par exemple, chez Paul Verlaine[5] :

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

— Paul Verlaine, Romances sans paroles, « Ariettes oubliées », III

Ou dans Charmes, où Paul Valéry « multiplie les effets sonores d'une rime plus fréquente[3] » :

– Que portez-vous si haut,
Égales radieuses ?
– Au désir sans défaut
Nos grâces studieuses !

— Paul Valéry, Charmes

Victor Hugo emploie également l'hexasyllabe dans deux strophes des Djinns :

Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

— Victor Hugo, Les Djinns

Et :

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

— Victor Hugo, Les Djinns

Toujours en isométrie, il est aussi utilisé en distiques dans la poésie de Guillevic. Par exemple, ces vers de Carnac[1] :

Tu n'as pour te couvrir
Que le ciel évasé,

Les nuages sans poids
Que du vent fait changer

Tu rêvais de bien plus,
Tu rêvais plus précis.

— Eugène Guillevic, Carnac

Le rythme de l'hexasyllabe est semblable à celui de l'hémistiche d'alexandrin[6].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Aquien 1993, p. 145.
  2. a b c d e f et g Buffard-Moret 2023, p. 50.
  3. a b et c Aquien 2018, p. 34.
  4. Buffard-Moret 2023, p. 50-51.
  5. a et b Buffard-Moret 2023, p. 51.
  6. Aquien 1993, p. 146.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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