Koko Abeberry

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Koko Abeberry
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 84 ans)
BiarritzVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean Claude Martin Michel AbeberryVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
KokoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Fratrie
Autres informations
Parti politique
Membre de
Euskal Herriko Giza Eskubideen Babeserako Batzordea (d)
Syndicat des avocats de France
Euskaltzaleen Biltzarra
Ligue des droits de l'hommeVoir et modifier les données sur Wikidata

Jean-Claude Abeberry[1], dit Koko Abeberry (né à Biarritz le et mort dans la même ville le [2]) est un lettré[Quoi ?], avocat, défenseur des droits de l'homme au Pays basque[3] et une figure du mouvement abertzale en Pays basque français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Koko Abeberry est l'un des cinq fils de Jean Abeberry, boulanger biarrot, catholique de droite et Croix-de-feu, originaire d’Arcangues et d'Ernestine Etcheverry, institutrice fille d'instituteur, native de Halsou.

Avec sa femme Pantxika, ils étaient les accompagnateurs de son frère Maurice lorsque celui-ci trouva la mort sur les pentes de La Rhune, au pied du col de Zizkoitz, le .

Lors de ses obsèques civiles, Mikel Epalza dit de lui : « Koko a tracé parmi nous le sillage d’un gizon, d’un humaniste, d’un passionné du pays Basque et d’un monde de justice. Oui «Irria luze». C’est la première image de Koko, celle d’un homme toujours souriant, qui partout où il passait transpirait une sorte de paix, car il était lui-même pacifié, doux et résistant à la fois »[4].

Les études et les années étudiantes[modifier | modifier le code]

Après des études au lycée de Bayonne, c'est à l'université de Bordeaux qu'il est licencié en lettres françaises et espagnol.

Pour financer ses études, il travaille entre et comme « pion », c'est-à-dire surveillant, notamment à Blaye, au lycée français de Saint-Sébastien (1898-1998[5]), au lycée Bertran de Born à Périgueux, au lycée Montesquieu à Bordeaux, à l'Institut national des jeunes sourds de Paris fin 1957.

Il reste quelques mois à Paris et va ensuite travailler deux années à Londres ce qui lui permet d'ajouter l'anglais à sa pratique des langues.

Les années parisiennes[modifier | modifier le code]

Il vit ensuite une dizaine d'années à Paris en travaillant chez Hermès jusqu'en 1969[6] et participant à la vie de l’Euskal Etxea de la rue Duban[7].

Il est un membre actif d’Eskualzaleen Biltzarra de Paris[8].

Comme de nombreux jeunes Basques, il se décide au retour au pays[9].

Vivre le Pays et travailler au Pays[modifier | modifier le code]

Il entreprend des études de droit à Bayonne, où est implanté depuis 1970 l’Institut d’études juridiques et économiques (IEJE)[10],[11], et de licence et de maîtrise à Pau ; il devient avocat en 1976 et entre au barreau de Bayonne[12].

Il marque ensuite de son empreinte les prisonniers basques et autres qu'il défend et qu'il visite régulièrement en prison[13],[14].

Fin 1972, il participe pendant 32 jours à la grande grève de la faim contre les expulsions de réfugiés basques qui se tient à l'intérieur de la cathédrale de Bayonne.

Il est le directeur de publication, du no 332 du jusqu'au no 759 du [15], d'Enbata[16], un journal abertzale[17].

Le , alors qu'il se rend du Pays basque espagnol au Pays basque français, il est détenu par la Guardia Civil espagnole puis remis en liberté sans charge[18].

Défense des droits de l'homme et des libertés[modifier | modifier le code]

Membre du Syndicat des Avocats de France (SAF)[19] et de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), Koko Abeberry est membre fondateur avec une trentaine de personnes du Comité pour la défense des droits de l’homme en Pays basque (CDDHPB) au mois de [20]. Koko Abeberry est témoin, lors d'un congrès du Syndicat des Avocats de France à Paris, de la prise de parole d'Yves Jouffa (1920-1999), qui était alors président de la LDH, justifiant les extraditions[21].

Il est pendant longtemps l'un des co-présidents du CDDHPB et l'un des contributeurs réguliers du journal Jakilea (« le témoin » en euskara) publié chaque trimestre par le CDDHPB[22].

Michel Berger, longtemps co-président du CDDHPB avec Koko Abeberry, écrira de lui : « Comme tous les membres du CDDHPB et de bien d'autres encore, il recherchait la résolution de la paix au Pays Basque dans le dialogue et la justice, associé à toutes les personnes de bonne volonté qui y sont attachées »[23].

Depuis 1984, le CDDHPB poursuit toujours les buts suivants : « Prendre la défense des droits de l’Homme en Pays basque. Intenter toute action non-violente en vue de cette défense. Promouvoir la solidarité avec toute personne dont la liberté est menacée ou dont les droits sont violés. Agir pour qu’une information complète passe dans le public. »[24]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Claude Abeberry sur Auñamendi Eusko Entziklopedia.
  2. « Koko Abeberry est mort », sur mediabask.naiz.eus, 21 février 2017.
  3. « Deux cents ans avant la Petition of Rights de 1648 et la loi anglaise de 1679..., les Fors basques... renferment des dispositions, issues d'usages ancestraux, garantissant les droits naturels de l'homme : la liberté et l'égalité. » in Maïté Lafourcade, Les fors basques et les droits de l'homme, Lapurdum 2003-VIII, p. 329-348.
  4. abbé Mikel Epalza : Hommage à Koko Abeberry lors de ses obsèques civiles.
  5. Sur la fermeture du lycée français de Donostia/San Sebastián, voir El País du 17 juin 1998 : « Au revoir les enfants ».
  6. « Poète vagabond, pacifiste, marqué par la décolonisation, Koko, lui, lit L'Express en cachette chez Hermès, où il a posé ses bagages pour dix ans » in L'Express du 9 mai 2002 : « Les grandes familles du Pays basque. Les Abeberry. L'âme basque. ».
  7. « Un concours réussi en 1965 m’a procuré une formation d’enseignant à Paris. Enseignement public, cette fois. Bien entendu, j’ai vite commencé à fréquenter l’euskal etxea, rue Duban. C’était un concentré de Pays Basque chaque dimanche. Le journal Enbata ne pouvait pas être exposé à l’intérieur comme d’autres publications. Les réfugiés n’y sont pas les bienvenus. Mais un consul d’Espagne y était invité à l’occasion. Nous étions tout un groupe à vouloir virer la direction. Légalement, bien sûr. Je peux dénoncer quelques conspirateurs : Patxi Noblia, Peio Uhalde et Maite Egurbide, Jean Idieder, Koko Abeberry, Claude Harlouchet et Mixu Mendy, Ramuntxo Camblong, Jacqueline Idiart, Michel et Mirentxu Irigoyen, Andoni Etxarri, et j’en oublie… L’opération réussit et l’atmosphère changea complètement à l’euskal etxea. Nous plaisantions à propos d’une opération Itzul, d’un hypothétique retour au pays… » E.-B- Larçabal au Journal du Pays basque du 23 et 24 mars 2013 : Devenir abertzale il y a 50 ans… ».
  8. Argitxu Camus Etchecopar : La Maison Basque de Paris = Pariseko Eskual Etxea : 1952-20021re éd. – Vitoria-Gasteiz : Eusko Jaurlaritzaren Argitalpen Zerbitzu Nagusia = Servicio Central de Publicaciones del Gobierno Vasco, 2003 – (Urazandi ; 10) (ISBN 84-457-2001-5), p. 205.
  9. « Cette motivation politique les poussait de l’avant. Le mouvement «itzul» se développe en droite ligne avec les slogans d’Enbata : Koko Abeberry « on voulait arrêter l’hémorragie (l’émigration) d’autant plus que ce sont les plus intelligents qui partent » », in Argitxu Camus Etchecopar : La Maison Basque de Paris = Pariseko Eskual Etxea : 1952-2002, p. 132.
  10. Cf. l'historique de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour ; les premiers enseignements impartis en novembre 1970 à Bayonne seront ceux de capacité en droit avec un effectif de 108 étudiants et 2 enseignants vacataires, la deuxième année de capacité en droit en octobre 1971, la première année de licence en droit en 1972, la première année d'économie en 1975, la troisième année de licence droit en 1982...
  11. « L'IEJE s'installe dans les locaux du groupe scolaire des Arènes à Bayonne, locaux dans lesquels il fonctionnera jusqu'à la rentrée 1975 », cf. l'historique du certificat de capacité en droit.
  12. « Koko laissera le souvenir d'un être prévenant, doux, amical et à l'écoute de son prochain. Il était idéaliste et avait à cœur de faire partager avec sa douceur naturelle, sa foi en l'homme », Bâtonnier Gilles Violante à la famille Abeberry, le 25 février 2017.
  13. « Koko Abeberry avait cette qualité d’apporter une certaine forme de légèreté en prison. Une qualité peu commune. Quand il venait nous voir en détention, il nous amenait un témoignage de la vie extérieure sans complexe. Et nombre de prisonniers appréciaient cette légèreté confraternelle. », Gabi Mouesca à Mediabask, le 21 février 2017 (lire en ligne).
  14. « Je le dis en conscience et avec le poids de l'expérience qui est la mienne, Koko nous a apporté, en un lieu mortifère comme l'est la prison, de la vie », Gabi Mouesca in Jakilea, bulletin du Comité pour la Défense des Droits de l'Homme en Pays basque, p. 14, n° 123, juin 2017.
  15. Hemeroteca Uzturre, catálogo de publicaciones periódicas, 2012 [PDF].
  16. Enbata. [puis Journal nationaliste basque et fédéraliste européen puis Hebdomadaire politique basque]. Mensuel puis hebdomadaire. févr./mars 1961 (1re année, n°1), Bayonne, de 27 × 21 à 44 × 32 cm. N’a pas paru entre mai et le 9 oct. 1968 ; après son interdiction n’a pas paru entre le 30 janvier 1974 et le 30 janvier 1975 ; n’a pas paru entre le 9 févr. et le 8 mars 1984. – En français ; quelques textes basques ; au début rares textes espagnols. – De mai 1962 à janvier 1974 publ. par le mouvement : Enbata [Bayonne]. – Quelques erreurs de numérotation. – Suite de : Embata. Bulletin de l’association. – Pour le suppl. voir Aburu. – Voir aussi Ekin.
  17. Lire l'histoire d'Enbata sur leur site Internet.
  18. El Pais, 11 avril 1979 (lire en ligne).
  19. Il est membre du conseil syndical en 1984 et en 1985. Source : Annales du Syndicats des Avocats de France, tome 1 : 1972 -1992 LES VINGT ANS DU SAF.
  20. « Ils étaient une poignée de militants à quitter la Ligue des droits de l’homme (LDH), au début de l’été 1984, pour « rompre un silence assourdissant » contre les expulsions des réfugiés basques, menées par les autorités françaises. », Sud-Ouest, 24 septembre 2014 (lire en ligne).
  21. Cf. entrevue au quotidien Gara, publiée le 29 septembre 2014, à l'occasion des 30 ans du CDDHPB : « Sobre todo aquellas que nos llevaron a crear el Comité de Defensa de los Derechos Humanos del País Vasco (CDDHPB). Primeramente las extradiciones de exiliados vascos de las que nos ocupamos muy de cerca. Personalmente estuve en París en el Congreso del Sindicato de Abogados de Francia cuando el entonces presidente de la LDH (Liga de Derechos Humanos), Yves Jouffa, muy próximo del ministro de Justicia socialista Robert Badinter, justificó las extradiciones. Aquello hizo que se alzaran muchas y provocó un shock en el seno del movimiento progresista porque abría la puerta a extraditar a personas que hasta entonces habían sido consideradas como resistentes » (lire en ligne).
  22. « Je me dois de saluer l’homme attaché aux droits des prisonniers qui a lutté contre leur violation. Porté sur l’analyse politique du Pays basque, il nous apportait ses lumières », Gabi Mouesca à Mediabask, 21 février 2017 (lire en ligne).
  23. Michel Berger poursuit ainsi : « Sa profession d'avocat, défenseur des prisonniers politiques, complétait, ou corrigeait avec rigueur, nos sensibilités, nos réactions et nos révoltes lors des événements qui nous opposaient et nous opposent encore aux pouvoirs publics: prisons, extraditions, exils, répressions, procès, etc. Face à la condamnation systématique, il contribuait efficacement à la recherche des solutions rationnelles et humaines » in Jakilea, Bulletin du Comité pour la Défense des Droits de l'Homme en Pays Basque no 123, juin 2017, p. 12
  24. 30e anniversaire du Comité pour la Défense des Droits de l’Homme en Pays basque (CDDHPB) (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]